Le néolibéralisme, qui a eu une influence considérable et durable dans les sociétés occidentales industrielles, a aussi glorifié l’individu, et l’individualisme. En retour, cette vision du monde a contribué à pousser les sciences, et la biologie en particulier, à trop s’attacher au concept d’espèce, au caractère unique du vivant, au lieu de s’intéresser à celui des communautés, à celui de la pluralité du vivant, aux notions de flux d’énergie entre les composantes de l’écosystème, d’interrelations, de collaboration, d’entraide entre les organismes.
Ce même néolibéralisme nous force encore aujourd’hui à considérer la nature sous un certain angle, celui de l’utilitarisme; celui d’une nature dotée d’une unique valeur utilitaire, d’une nature faite de ressources à exploiter rapidement, à court terme, pour le seul bénéfice des humains. Et non pas à regarder la nature sous l’angle de sa valeur intrinsèque, en elle-même, pour elle-même, et j’oserais dire dans un autre espace-temps.
(…) Tant que nous ne changerons pas notre manière de voir les choses, nous ne parviendrons pas à modifier fondamentalement notre relation à la nature.
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Dans La descendance de l’homme, Charles Darwin souligne que toute l’évolution de la moralité humaine est marquée par l’expansion continuelle de l’empathie chez Homo sapiens. À l’origine, chaque personne ne s’intéressait qu’à elle-même et à ses proches (le clan rapproché) puis, progressivement, l’humain a développé des mécanismes et des outils sociaux pour s’occuper des moins fortunées, des déshérités, des enfants, des personnes malades ou en perte d’autonomie.
L’histoire de l’application des lois dans les sociétés humaines a suivi un développement similaire ; à preuve, l’émergence graduelle d’une reconnaissance juridique, dans les derniers siècles ou les dernières décennies, des droits des femmes, de l’enfance ou de ceux des peuples autochtones.
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De plus, les lois protègent mieux aujourd’hui les animaux domestiques, les animaux d’élevage ou ceux de laboratoire : il n’y pas si longtemps, les animaux domestiques pouvaient être battus, martyrisés, enchaînés, sans que quiconque puisse intervenir contre leur propriétaire.
Nous en sommes maintenant rendus à l’heure de nous préoccuper du sort des autres espèces sauvages avec qui nous partageons la planète. Il est plus que temps de reconnaître des droits, semblables à ceux des humains, à la nature et à ses composantes.
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