par Maya Ksouri.
De commémoration en commémoration l’escalade dans le forçage du trait d’une « révolution exceptionnelle » est telle aujourd’hui qu’elle nous rappelle « le trop plein de mémoire » dont parle Paul Ricœur mais aussi Todorov auquel nous faisons référence en titre en évoquant les abus de la mémoire.
Une déclaration de Neziha Rjiba, ancienne opposante modérée à Ben Ali, illustre à elle seule cette mémoire qui s’abuse elle seule, s’en revendique même, pour asseoir une nouvelle légitimité. Lors d’une interview au journal Assarih, elle déclarera ceci : « Je couvrirai d’imprécations quiconque dirait du bien de Ben Ali… et moi-même, si je venais à lui trouver une qualité, je le nierai avec toute l’impudence possible ».
Pour cette mémoire collective, traumatisée par le deuil non effectué d’une révolution qui devait révéler le meilleur de nous-même mais qui a lamentablement échoué révélant au passage les tares d’un peuple longtemps fantasmé, les commémorations et les mantras révolutionnaires ne sont que la traduction d’une compulsion de la répétition d’une mémoire empêchée, une mémoire malade qui est dans le déni.
Le déni de l’échec… que l’après révolution n’est pas meilleur que le passé comme il le devrait… et ce déni est volontaire pour légitimer le système actuel, et surtout en retirer une légitimité pour les porte-paroles de ce nouveau système.
En cette 10ème commémoration, si le retour incantatoire habituel sur le 14 janvier correspond aux ressorts exposés ci-dessus, il est un élément nouveau qui corse l’exercice mémoriel et empêche de plus en plus tout examen apaise du passé et donc du futur.
La montée du PDL (Parti destourien libre), présenté comme une continuation de l’ancien régime, en raison de l’appartenance passée de sa présidente au RCD et de son récit politique récusant la révolution, dynamite à elle seule tous les ressorts du déni dont use depuis une décennie la mémoire révolutionnaire pour s’entretenir dans le ressentiment à l’égard du régime de Ben Ali.
Pour expurger ce grain de sable qui grippe la machine mémorielle, dont se repaissent les légitimités nouvelles, ça redouble donc de professions de foi comme ces couples qui, se sachant morts, s’empressent de faire un enfant pour exorciser le mal… en vain.
Pourquoi la montée du PDL oblige-t-elle la mémoire abusée à redoubler d’efforts ?
Notons d’abord que le zèle mémoriel sera plus le fait des porte-paroles autoproclamés que des véritables acteurs, ceux connus et reconnus pour s’être opposé publiquement à l’ancien régime.
Cela redouble d’efforts car le système dont est héritier le PDL, qui monte, est assimilé à la dictature et le nouveau système à la démocratie, permise grâce à la révolution, et qu’il n’est pas « normal » en définitive qu’un peuple choisisse la dictature à la démocratie… à moins de dynamiter tous les éléments du storytelling révolutionnaire et que donc « la dictature » n’en était pas une et que « la démocratie nouvelle » soit du toc.
Les raccourcis et subterfuges de la mémoire manipulée sont tels qu’une question aussi importante que celle-là : « L’ancien système était-il une dictature et le nouveau une démocratie ? » est éludée car l’émotion doit primer sur les faits qui deviennent secondaires.
Pour ne pas ergoter (malgré les relativisations apportées par des opposants notoires, sur lesquels on peut difficilement surencherir, tels que Néjib Chebbi et Mohamed Abbou qui ont conclu tous deux que l’ancien système avait des gardes fous et des lignes rouges et des qualités), mettons que l’ancien système soit une dictature inégalable, les responsables de cette « dictature » n’ont-ils pas été désignés à l’opprobre via un livre noir officiel et désignés en tant que bourreaux, lors de séances publiques d’écoute organisées par une instance de justice transitionnelle, n’ont-ils pas été arrêtés, jugés par les « tribunaux révolutionnaires », vu leur bien saisis et frappés d’illégibilité ?
Faudrait-il donc les pendre sur la place publique pour que l’on dépasse cette posture de ressentiment rendant tout débat sur « la révolution » et sur tout le reste impossible et empêchant donc de passer à l’avenir ?
La réponse à cette question serait d’ailleurs plus aisée si l’appréhension des figures de l’ancien système n’était empreinte de sélectivité… Les uns sont acceptés, encensés, honorés (Kamel Morjane, Mohamed Ghariani, BCE lui-même… Ceci pour la haute extraction, pour la basse, nous citerons Borhene Bsaiess et Imed Dghij petits larbins de l’ancien régime auxquels a été même confié le soin d’animer la soirée de commémoration du dixième anniversaire d’une révolution dont les voies sont devenues de plus en plus impénétrables) et d’autres ostracisés (l’exemple le plus frappant est Abir Moussi).
Si le système de justice transitionnelle appelé « vérité et dignité », a failli dans l’apurement du ressentiment, est-ce la faute de l’ancien régime ou du nouveau régime qui n’est finalement pas mieux qu’une dictature pour avoir justement failli en cela…
L’officiante de la réconciliation nationale, qui aurait dû être disqualifiée in limine litis du fait de sa perception de sa personne comme d’une victime du régime ancien, ne s’est-elle pas livrée à tous les actes disqualifiant son travail du montage des témoignages des perpetrators, à la corruption et clientélisme qui ont caractérisé sa gestion d’une instance qui devait être exemplaire… la fixation de l’année 55 comme date du début de la période interrogée ne donne t-elle pas à elle seule une lumière suffisante sur la volonté de vindicte et de chantage qui animera un processus censé être d’apaisement et de réconciliation ?
Est-ce la faute de l’ancien régime si les documents d’époque désignant les vrais tortionnaires, les vrais délateurs, n’aient pas été ouverts au public comme cela s’est fait dans d’autres expériences (en Europe de l’est par exemple) et comme on l’a demandé sans relâche, ce qui aurait annihilé toute possibilité de ces chantages politiques et de ces fuites de document sélectives en fonction des intérêts politiques, auxquels nous assistons aujourd’hui.
Pourquoi ne pas se demander pourquoi ce peuple dont on considère le soulèvement de 2011 comme sacro-saint, s’est-il tourné (comme en attestent les sondages) au bout de dix ans vers le PDL considéré comme issu de l’ancien régime ? Pourquoi ce retournement annoncé à l’ancien système n’est-il pas sacro-saint et indiscutable aussi si la volonté du peuple l’est toujours ?
« Le peuple est ignorant et c’est l’ancien système qui l’a fait ignorant », selon les vestales de la révolution et « c’est pour cela qu’il est nostalgique de la dictature » mais que vaut donc aussi une révolution faite par des ignorants… car c’est toujours le même peuple.
Est-ce en « démocratie » ou en « dictature » que l’on a assassiné et décapité en plein jour ? Est-ce en dictature ou en démocratie que la Tunisie est devenue un pays incapable de pourvoir aux besoins premiers de ses citoyens et de devoir mendier comme il en est pour le vaccin anti-covid ? Est-ce en démocratie ou en dictature que des homosexuels à Kairouan se sont vus proscrire et interdire de cité par la justice… Est-ce en dictature ou en démocratie que l’on a vu des citoyens baiser en public la main d’un chef de parti… Est-ce en démocratie ou en dictature que l’on a vu la justice aussi noyautée et avilie ? Est-ce en dictature ou en démocratie que l’on a vu l’argent incontrôlé fausser les élections, la cour des comptes le confirmer sans que rien ne soit entrepris ? Est-ce en démocratie ou en dictature que l’on a jeté en prison Jabeur Mejri pour une œuvre artistique représentant la divinité et lynché les artistes de Abdellya ? Est-ce en dictature ou en démocratie que certains journalistes et intellectuels sont condamnés à une escorte policière car leur vie est menacée ? Est-ce en dictature ou en démocratie qu’un investisseur tunisien est obligé d’être associé à du capital étranger, turc en l’occurrence, pour pouvoir s’adonner à son activité ? Est-ce en dictature ou en démocratie qu’une poignée de politiques venus d’outre-mer, n’ayant jamais travaillé sont devenus richissimes sans que personne n’ose les interroger sur l’origine de leur enrichissement soudain ? Est- ce en démocratie ou en dictature que des mandats de mise en liberté dûment émis ne sont pas appliqués car la tête du client n’était pas la bonne ??
L’échec est patent …
S’en gargariser comme d’un succès, comme on le voit lors de ces commémorations, ne révèle-t-il pas une révolution devenue système oppresseur elle-même et générateur de son propre récit désincarné des réalités et de ses propres chiens de garde ?
Ces chiens de garde ont certes des mobiles différents, de l’opportunisme, la volonté d’effacer les casseroles du passé, pour les plus âgés au simple désir de se donner une cause à défendre, de se trouver une place et à l’ignorance pour les plus jeunes… mais ils sont là et redoublent d’efforts a l’occasion de ce dixième anniversaire ou le système issu de la révolution est plus que jamais en crise.
Et dans ce système en crise, le PDL a agi comme révélateur pour mettre en abyme l’abîme même… comme dans un drame antique.
À ce titre, Yadh Ben Achour, l’éminent juriste et ancien président de l’instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, lors d’une récente interview, considère la percée du PDL, comme une « manifestation de crise de la démocratie, alors que ni les textes fondateurs de ce parti, ni sa pratique ne dérogent aux règles de la démocratie (et même qu’il s’est signalé au sein de l’ARP comme le plus farouche défenseur des valeurs démocratiques tel que la transparence et l’attachement à la légalité)… paradoxalement , personne parmi ceux qui disqualifient aujourd’hui le PDL n’a parlé de crise de démocratie au sujet du parti qui tire toutes les ficelles du nouveau système qui est un parti religieux, une secte dans ses chartes et dans sa pratique et qui considère comme martyrs ses criminels ayant porté les armes contre l’État tunisien… Ce parti-secte est tout au plus critiqué mais jamais remis en cause dans son existence en l’assimilant à un dysfonctionnement de la démocratie par ceux-là même qui s’inquiètent aujourd’hui de la menace que constitue le PDL pour cette même démocratie.
Les choses en sont qu’une association de défense des martyrs de la révolution a décidé de porter plainte contre la chef du PDL pour « négationnisme révolutionnaire » alors que point de lois mémorielles en Tunisie…
Que faut-il de plus que tout le dispositif révolutionnaire mis en branle, explicité ci-dessus, pour dépasser le ressentiment premier et pour initier un vrai débat non tronqué, repartir sur le chemin de la construction ?
Pourquoi la procédure de « redémarrage » serait simple pour certains et compliquée pour les autres ? L’arbitraire nous mine
Lotfi Zitoun, cheville ouvrière d’un système fasciste qui a terrorisé et racketté ses concitoyens à coup de menaces de listes à paraitre, de sit-in violents, un système dont il a lui-même favorisé la violence par ses prises de paroles et qui a abouti à des assassinats et au terrorisme, peut par exemple facilement rebondir et rejouer un rôle sans qu’on le disqualifie et même devenir la coqueluche des salons des démocrates… Il suffit qu’il dise en passant qu’il s’est trompé dans certains de ses jugements… Point de reddition de compte demandée, point de jugement demandé, point de confiscation, point de vérification du dossier TNN et des panamas papers… rien… il est blanchi sur parole.
Abir Moussi est à l’opposé : le système auquel elle a appartenu a été jugé (pour des vétilles finalement car rien de ce qui fait les dictatures n’a été trouvé), ses fauteurs condamnés, la justice n’a jamais rien trouvé à lui reprocher a elle-même personnellement… mais elle demeure disqualifiée pour les démocrates qui adoubent Zitoun sur parole… Pour être qualifiée à figurer dans leur cour des miracles démocratiques, la présidente du PDL doit présenter d’autres gages : reconnaître la révolution, le sésame… car cette révolution est devenue religion avec profession de foi… « la chaheda ».
Mais qu’est-ce que reconnaître la révolution ? Quelle valeur a cette reconnaissance ? Reconnaître la révolution peut-il être une ligne fiable de départage ? Si oui, départage entre quelles deux parties ?
Reconnaître l’instant insurrectionnel ? C’est un instant historique, un fait attesté… le reconnaître n’a donc aucun sens.
Il s’agit plutôt de ceci : Reconnaître que ce qui est venu après l’instant insurrectionnel, le terrorisme, le tribalisme, l’État déliquescent sont, quand même meilleurs qu’avant ? Pourquoi devoir succomber à une irrationalité pareille et empêcher ainsi tout débat réel ? Juste pour asseoir la légitimité du nouvel establishment.
Si cette reconnaissance-profession de foi est la condition suffisante, alors les franges les plus réactionnaires, les plus corrompues, les plus violentes, les plus anarchiques, qui reconnaissent, plus que tout le monde, la révolution et s’en proclament nuit et jour (qui ,elles, n’inquiètent pas nos démocrates qui sont toujours prompts à frayer avec elles à l’occasion des dialogues nationaux et autres inepties) doivent être à ce titre nos guides et nos chefs et les seuls qualifiés pour s’organiser politiquement pour gérer le pays ??
Toute la supercherie est là… Cette mémoire « révolutionnaire » tour à tour obligée, empêchée et manipulée a été l’instrument de la mainmise de ce que le pays compte de plus inapte, corrompu, sectaire et vil sur les affaires d’un pays aujourd’hui exsangue.
La manipulation de la mémoire et la fixation des rites du nouveau récit issu de cette mémoire est l’enjeu le plus important car au-delà de la légitimation, mais aussi comme son corollaire, il permet le monopole de la fixation de la règle du jeu politique.
L’appendice des frères musulmans en Tunisie, Ennahdha, secte et non pas parti comme vient de le reconnaître inconsciemment Lotfi Zitoun, l’un de ses ex-leaders (« nous ne sommes pas réunis autour d’une idée partisane » affirme-t-il lors d’une interview parue cette semaine) s’est arrogé dès les premiers moments succédant à l’insurrection, la fixation unilatérale de la règle du jeu… la règle du jeu servant bien sûr à désigner l’ennemi, l’ennemi étant changeant, la règle changera en fonction de son identité.
Les progressistes ont perdu depuis la révolution toutes les élections… sauf une… celle de 2014 où ils s’accorderont, bon an mal an, à ignorer la règle du jeu édictée par le parti islamiste. Malheureusement, la défection de BCE annulera ce camouflet tactique.
Ainsi lors de la rédaction de la loi électorale par la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution en 2011, le mot d’ordre, fourbement défendu par Ennahdha, sera la parité. Les progressistes tomberont dans le velours des bons sentiments de ce panneau en choisissant le mode de scrutin favorable à Ennahdha et présenté comme le seul à même de défendre la parité. Ce mode de scrutin mine aujourd’hui la vie politique tunisienne de l’aveu même de Yadh Ben Achour le président de l’instance qui a défendu ce même mode de scrutin.
En 2011, la règle du départage édictée par Ennahdha était « révolutionnaire contre suppôts de la dictature » couplée à « identité arabo islamique vs acculturation et valets francophones du progressisme » : les démocrates perdront car ils participeront au lynchage des « azlems » (terme de novlangue révolutionnaire désignant les affidés au régime de Ben Ali) et à leur disqualification et ils jetteront le bébé avec l’eau du bain, les « azlems » appartenant pour la plupart au système séculier, progressiste et anti islamiste.
En 2014, les islamistes exhumeront la règle de jeu de 2011 « ancien régime/preux révolutionnaires », BCE étant un homme de l’ancien système et son parti, Nidaa, un conglomérat de sensibilités dont celle RCDiste , très présente… Les Tunisiens échaudés par l’expérience de 2011, par les assassinats politiques, la paupérisation et la déliquescence de l’État, ne souscriront pas à la règle de départage de 2011 et en choisiront une autre et ils gagneront les élections au grand étonnement des islamistes.
Battus, ceux-ci proposeront une nouvelle règle du jeu : le « tawafok » (un autre terme de novlangue révolutionnaire désignant un consensus qui fait abstraction de l’opération électorale)… Cela deviendra le maître mot du jeu politique et permettra aux islamistes, grands perdants de l’élection de 2014, de s’implanter et de noyauter tranquillement l’État cachés dans la manche de BCE.
En 2019, le filon révolutionnaire s’étant érodé au vu de leur compromission, les islamistes jetèrent leur dévolu sur une nouvelle règle du jeu. Cette règle fut comme d’habitude choisie en fonction de l’identité de l’ennemi politique le plus en vue. La lutte contre la corruption devint le nouveau mantra car le parti pouvant leur damer le pion dans les législatives, Qalb Tounes, est conduit par un homme d’affaires sulfureux… Les progressistes s’y jetteront la tête la première sans réfléchir a ce que cette démarche induisait du passage d’un terrorisme avéré, entretenu à coup de chambre noires, à un second plan de dangerosité devant une corruption supposée et surtout sans prêter attention à ce que cette démarche contenait d’absolution des islamistes d’une corruption dont ils sont en fait les champions… donc une règle du jeu qui permet de relâcher la pression sur un parti islamiste en difficulté par rapport a l’affaire de la chambre noire mettant en évidence leur rôle dans le terrorisme qui a assailli le pays depuis leur arrivée et qui par la même occasion les éloigne du cercle de la désignation de corruption, la corruption étant devenue une exclusivité de Nabil Karoui… Toute personne rejetant cette règle de jeu unilatérale devenant le suppôt du seul corrompu de la scène.
À l’orée du dixième anniversaire du 14 janvier et en dépit de tous les malheurs occasionnés à ce pays par cette mémoire manipulée pour la satisfaction d’intérêts sectaires, comme nous venons de l’exposer, nous assistons aujourd’hui au même manège par la volonté de résurrection de la règle du jeu de 2011…
Malgré les 10 ans écoulés, la justice transitionnelle, les compensations, les séances publiques d’écoute, nous devons rester figés, nourrir une mémoire qui a pour seul but de légitimer l’establishment actuel qui a perdu toute légitimité factuelle.
En étudiant les abus de la mémoire, Todorov mettra l’accent sur les stratégies de victimisation dont use la mémoire manipulée ; être victime fonde à réclamer pour toujours… et 10 ans après les Tunisiens commémorateurs n’ont pas encore quitté cette case… et même qu’il est question ces jour-ci de verser le montant astronomique de trois mille milliards comme réparation par un État qui peine à payer le rang de ses salaries (multipliés à l’envi depuis 2011 pour placer les victimes de l’ancien régime, des islamistes, sans qualification dans la fonction publique).
Et qu’a-t-on trouvé à l’issue des écoutes menées par l’IVD et des procès qui justifie ces réparations astronomiques ? Qu’a t-on trouvé que des actions non systémiques qui ont finalement conduit à condamner les pontes de l’ancien régime juste pour de vulgaires et piètres malversations et ses ministres pour le financement de leur parti… un système qui est sorti, en somme, blanchi de toute dictature à tel point que son troisième homme, le secrétaire général du parti unique lui-même, est aujourd’hui le très honorable conseiller auprès du président du Parlement et chef du parti islamiste !
Donc si « la dictature » n’en était pas réellement une, quid de cette démocratie ?
Un système démocratique où ne sont disqualifiés ni les falsificateurs d’élections, ni les provocateurs à la violence, ni les homophobes, ni les misogynes, ni les thuriféraires du terrorisme et ses acteurs, ni les encenseurs de la charia négation de l’alternance, ni les contrebandiers, ni les négateurs de la démocratie… Ils ne sont pas disqualifiés car reconnaissant la révolution… et sans cette révolution, qui aurait organisé cette ochlocratie qui leur permet de répandre leur poison ?
Le poison est là, bien clair inoculé par mithridatisation ou assaut violent… L’antidote est là aussi : le refus de toute règle du jeu de cet ennemi de l’État… La règle de jeu qu’il veut imposer aujourd’hui et qui divise les rangs des démocrates anti-islamistes pour des raisons plus ou moins valables… Adopter une règle de départage en fonction de l’intérêt de l’État et de son régime républicain, tel est l’antidote.
La seule règle de départage tactiquement efficace est celle-là : « patriote républicain anti-ikhwane contre pro-ikhwane ».
Une fois l’exérèse du mal, le plus grand, qui ronge le pays, effectuée, on pourra se livrer à nos palabres citoyennes sur un socle commun de valeurs sans terrorisme, sans « takfir » et sans violence et parler alors des conditions d’une démocratie, une vraie.
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envoyé par Rania Tahar
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