Les manifestations contre les guerres impérialistes, ni aucune des manifestations remettant en cause d’une manière ou d’une autre le système établi, n’ont pas non plus pu franchir la barrière policière ; mais c’est par contre avec une étonnante facilité que sont entrées les hordes fanatiques de la droite la plus aliénée, qui n’ont évidemment aucune revendication de fond, structurelle, contre le système établi.
Les assaillants tolérés dans le Congrès, représentent la population la plus aliénée par ce système, leur action, en appui d’un magnat capitaliste face à une autre également fonctionnel au pouvoir économique, s’est déroulée avec passion car ils croient vraiment que soutenir un magnat capitaliste face à un autre c’est « lutter pour la liberté » (évidemment leur concept de « liberté » est l’escroquerie imposée par ce même système). C’est pour cela qu’ils les ont laissés entrer. Ce n’est qu’après le déploiement d’un spectacle de selfies et d’images rocambolesques que les forces répressives sont entrées pour expulser les « pèlerins ».
Parmi les occupants du Congrès, fanatiques religieux, nationalistes, militants de l’aberrante « suprématie blanche » et autres aliénations, s’est distingué par sa tenue un homme portant un couvre-chef en fourrure à cornes et la poitrine découverte, remplie de symboles contradictoires, qui s’est même fait photographier à la tribune du Congrès et pendant des échanges verbaux avec la police inhabituellement « aimable ».
Dans une interview d’il y a quelques mois, le sujet, du nom de Jake Angeli, exprimait la pensée anticommuniste et saturée de confusion que l’appareil d’aliénation du capitalisme a réussi à répandre chez de nombreux individus. Angeli déclarait que son objectif était : «récupérer notre nation des communistes et des mondialistes qui ont infiltré notre gouvernement au plus haut niveau pour le détruire de l’intérieur et créer un nouvel ordre mondial»[1].
Dans la pensée confuse que les moyens d’aliénation de la bourgeoisie sont arrivés à imposer à des esprits comme celui d’Angeli, il y a une incohérence destinée à empêcher toute possibilité d’analyse et de compréhension de la réalité. L’idée est de semer la confusion pour exalter le fascisme fonctionnel à la bourgeoisie, le fascisme qui feint de remettre en question l’injustice tout en la renforçant. Cette confuse pensée fascistoïde ne comprend pas que l’ordre mondial actuel c’est le capitalisme, que le capitalisme est transnational et qu’il opère son pillage au niveau mondial, qu’il augmente chaque jour l’exploitation et le pillage. Elle ne comprend pas qu’il n’y a aucun « nouvel ordre » dans l’augmentation de l’exploitation mais que c’est l’évolution logique du système actuel, que le caractère « mondialiste » est consubstantiel de l’expansion capitaliste et que le magnat Trump lui-même, perpètre le pillage capitaliste au niveau local et mondial alors même qu’il se gargarise avec un discours « protectionniste » pour tromper ses hordes ; que le communisme auquel ils vouent tant de haine n’a justement rien à voir avec le capitalisme. Les sujets à ce point aliénés ne comprennent pas que ce qui les opprime dans le système actuel ne sera pas changé par un « messie » ni par un magnat capitaliste, au contraire. Il faut remettre en question ce système à la racine pour apporter des changements en faveur de l’émancipation humaine et de la nature, et non défendre le fascisme systémique.
L’ignorance est le terrain fertile du fascisme ; l’ignorance est favorisée par le capitalisme, un système de profonde injustice sociale dans lequel la classe dominante maintient son hégémonie par l’aliénation et la violence répressive; le fascisme est l’outil de choc de la bourgeoisie pour perpétuer le capitalisme. Ainsi la bourgeoisie s’assure, au travers de l’aliénation, que ce soient les opprimés eux-mêmes qui défendent avec ferveur leurs oppresseurs.
Après tout le cirque, le Congrès a rendu effective la présidence de Biden, une autre carte du capitalisme. Nous ne devons pas nous leurrer, quel que soit le caractère répugnant de Trump et de ses hordes, sur le caractère tout aussi impérialiste et prédateur de la nouvelle présidence des États-Unis.
Tout ce cirque sert aux médias étasuniens et internationaux pour alimenter leur propagande destinée à faire croire à la prétendue « alternance démocratique » qui n’est qu’un leurre dans le capitalisme, car ce sont toujours les mêmes pouvoirs économiques qui gouvernent, indépendamment du nom du président en exercice. Mais ils feront couler des rivières d’encre et satureront les émissions avec le thème de la prétendue « démocratie en danger et retrouvée », afin de soutenir les mécanismes plus que discrédités d’un système pourri.
Consolider la tromperie d’une prétendue « démocratie » sous le capitalisme est la pierre angulaire du récit qui perpétue le système. D’autant plus si il s’agit de la puissance impérialiste qui a déchaîné le plus d’agressions contre les libertés des peuples du monde au cours du siècle dernier, qui a promu le plus de coups d’États contre des gouvernements qui ne se sont pas totalement agenouillés devant le pillage capitaliste, qui a mis en place le plus de plans d’ingérence et d’extermination contre des mouvements révolutionnaires dans le monde entier.
L’impérialisme étasunien et européen a planifié des exterminations massives, entraînant même en techniques de torture et de guerre sale les militaires et paramilitaires de régimes sanguinaires (comme en Colombie, pour citer un génocide colossal contre l’opposition au pillage capitaliste), a déclenché des guerres impérialistes avec leur effrayante charge de bombardements, mercenaires, imposition de régimes totalement asservis au capitalisme transnational (comme il l’a fait contre la Libye, l’Irak, etc.). L’impérialisme a promu le fondamentalisme religieux pour lutter contre les processus d’émancipation des peuples (comme il l’a fait contre l’Afghanistan, en créant les Talibans qui ont détruit l’émancipation afghane et qui règnent encore aujourd’hui sous les auspices des États-Unis), il a promu les bandes telles que les « Maras » et autres groupes paramilitaires (en Amérique Latine) afin de semer le « chaos contrôlé » pour « tuer dans l’œuf » toute possibilité d’organisation politique solide à caractère de classe, qui remette en cause le pillage capitaliste. Il a bloqué et saboté des pays (comme Cuba) dans une tentative constante d’effacer de la surface de la terre toute tentative de système socio-économique autre que le capitalisme.
Les États-Unis et l’Europe, dans leur profond caractère impérialiste et antidémocratique, ont besoin de ré-impulser de temps en temps la fable de la « démocratie », et plus encore dans des moments historiques d’accélération exponentielle de l’accumulation capitaliste et d’accentuation des antagonismes de classe, quand l’injustice sociale hurle sa souffrance même au sein des métropoles capitalistes.
La « crise » de Trump, bon connaisseur des mécanismes réels du système, fait peut-être partie d’un macro théâtre ou peut-être est-ce la véritable crise de nerf d’un mégalomane ; ce qui est clair, c’est comment l’appareil médiatique du système met en scène ses cirques.
La bourgeoisie organise et règle au millimètre le jeu électoral (surtout dans des pays comme les États-Unis), pour que la classe ouvrière croie qu’elle « choisit » quelque chose. Alors qu’en réalité c’est la bourgeoisie qui dicte dans une large mesure qui on « élit », car, sans les sommes de plusieurs millions de dollars, personne ne peut faire campagne et c’est précisément la bourgeoisie qui finance ses candidats (parfois plusieurs en même temps) qui lui rembourseront l’investissement avec bénéfices en se servant des budgets de l’État. Les budgets publics (argent récolté par les contributions de tous) sont régulièrement utilisés pour enrichir les plus grandes fortunes : les gestionnaires de l’État bourgeois injectent des sommes milliardaires dans la banque privée, la grande entreprise, le complexe militaro-industriel, des multinationales colossales, laissant de maigres miettes pour les budgets de la santé, de l’éducation, des retraites, des services sociaux, etc. Sous la forme de « contrats », « exonérations d’impôts », « subventions » (etc.) les États bourgeois effectuent un transfert constant de l’argent public vers le capital privé.
Ils nous vendent l’escroquerie majuscule que sous le système capitaliste existe la « démocratie » (pouvoir du peuple, étymologiquement) alors qu’en réalité c’est la classe bourgeoise qui dicte ce qu’on fait et comment on le fait. Le concept de dictature du Capital est sans doute celui qui correspond le plus à la réalité que nous vivons, puisque les diktats d’une poignée de capitalistes s’imposent à l’immense majorité de la population, à travers différents mécanismes . La propriété des moyens de production assure à ceux qui les possèdent le pouvoir sur la classe ouvrière, obligée a vendre sa force de travail pour subsister ; la propriété des médias et de l’industrie culturelle assure l’aliénation voulue par la classe dominante ; l’appareil de l’État bourgeois assure l’ordre social injuste tout en revêtant l’illusion de « démocratie » ; la répression et même la violence génocidaire se chargent de réduire les opposants à l’exploitation.
En tant que classe ouvrière, il est important que nous cherchions à discerner la paille du grain, que nous comprenions le fonctionnement structurel du système actuel qui nous opprime, que nous ne succombions pas aux tromperies de la bourgeoisie et au continuel cirque destiné à maintenir notre vision à la surface, que nous élevions les niveaux de conscience pour pouvoir nourrir la lutte nécessaire pour abolir le capitalisme et toute sa barbarie, pour abolir ce système de classes qui détruit l’humanité et la planète.
Cecilia Zamudio
www.cecilia-zamudio.blogspot.com
Texte original écrit en espagnol, traduction pour ce texte par Rose Marie Lou (révision de traduction C. Zamudio). Ce texte a été publié initialement sur le blog de Cecilia Zamudio.
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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