Se dirige-t-on vers un réchauffement des relations entre Qataris et Saoudiens ? L’émir du Qatar est arrivé en Arabie Saoudite, mardi, dans l’ancienne ville désertique d’Al-Ula, afin de participer au sommet du Conseil de Coopération du Golfe. Il s’agit de la première visite du cheikh Tamim al-Thani dans le royaume saoudien depuis 2017. La veille, le Koweït, qui conjointement avec les États-Unis mène depuis plusieurs semaines une mission de médiation, avait annoncé « la réouverture de l’espace aérien ainsi que des frontières terrestres et maritimes entre l’Arabie Saoudite et le Qatar à compter de ce soir ».
Les relations entre les deux voisins, tous deux partenaires de défense de Washington, se sont assombries en juin 2017, lorsque Riyad – suivie par les Émirats Arabes Unis (EAU), le Bahreïn et l’Égypte – a décidé d’ériger un blocus diplomatique et économique autour du Qatar, sous prétexte que ce dernier s’était rapproché de l’Iran – la bête noire des Saoudiens – et soutenait le terrorisme dans la région.
À l’approche de la passation de pouvoir entre le président américain Donald Trump et le démocrate Joe Biden, l’Arabie Saoudite a sans doute souhaité « offrir » une victoire diplomatique finale au premier, tout en cherchant à faciliter l’établissement de liens avec le second, qui devrait adopter une position plus ferme que celle de son prédécesseur vis-à-vis du royaume saoudien.
Compromis
Mais « si la décision de mettre fin à l’embargo marque une étape importante vers la résolution du conflit, le chemin vers une réconciliation totale est loin d’être garanti, estime l’agence américaine Associated Press (AP). Le fossé entre Abou Dabi et Doha est le plus profond, les EAU et le Qatar étant en proie à de vives divergences idéologiques ». « Il reste du travail », a d’ailleurs tweeté Anwar Gargash, le ministre émirati des Affaires étrangères, lundi dernier.
Au cœur des préoccupations : les relations étroites du Qatar avec la Turquie et l’Iran, qui ont sapé la sécurité régionale. L’Égypte et les Émirats Arabes Unis considèrent le soutien du Qatar et de la Turquie aux Frères musulmans comme une menace pour la sécurité et ont considéré le groupe comme une organisation terroriste. L’Arabie Saoudite et le Bahreïn, de leur côté, sont principalement préoccupés par les liens étroits du Qatar avec l’ennemi régional qu’est l’Iran.
Quoi qu’il en soit, le sommet d’Al-Ula, présidé par le roi saoudien Salman – le père de l’actuel prince héritier, qui pilote tous les dossiers importants du royaume –, devrait déboucher sur une forme de détente entre Doha, d’un côté, et Abou Dhabi, Manama et Le Caire de l’autre. Cette normalisation des relations permettra sans doute à Riyad de trouver des compromis avec l’administration Biden sur des questions primordiales, comme celle de la guerre au Yémen, où les Saoudiens interviennent depuis mars 2015, qualifiée de « pire crise humanitaire du monde » par les Nations Unies.
illustration : Mohammed ben Salman (à droite) accueille l’émir du Qatar, le cheikh Tamim al-Thani, le 5 janvier, à son arrivée à Al-Ula, dans le nord-ouest de l’Arabie Saoudite, pour le sommet du Conseil de coopération du Golfe
source : https://lemonde-arabe.fr
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