2020 s’achève… le cru 2021 sera-t-il meilleur?

2020 s’achève… le cru 2021 sera-t-il meilleur?

Avec la fin de l’année qui approche, les analyses de 2020 vont fleurir et occuper l’ensemble des médias… avec en prime, les perspectives pour 2021. La nouvelle année qui se profile aura-t-elle dans ses bagages quelque parfum qui permettrait d’oublier le sérieux goût de bouchon de 2020? Rien n’est moins sûr… mais, plutôt que de se perdre en conjectures, il faudrait peut-être en profiter pour tirer les leçons de cette année particulièrement difficile à plus d’un titre.

A l’échelle internationale, on parlera probablement des élections américaines, de la Chine, de la Russie, de la Syrie, du Yémen, de l’Irak, de la Libye, de l’’Afghanistan, du Liban, sans oublier l’Iran. Il sera question de l’Arabie saoudite, du Bahreïn et des Emirats arabes unis, de l’Algérie, du Maroc, du Sahara occidental et d’Israël. On évoquera peut-être la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Sans oublier l’Europe. Mais il ne sera sans doute pas question des lambeaux qui restent de la Palestine. Ni de l’Afrique sub-saharienne, comme d’habitude. Y a-t-il des leçons à tirer de ces théâtres d’événements? Beaucoup, sans doute… mais, l’approche occidentale réduite souvent à une vision ‘terroriste’ des acteurs de ces lieux éloignés, biaise les analyses et ne semble pas intéresser grand monde, sinon les marchands d’armes, malheureusement.

A l’échelle nationale, en-dehors d’alimenter le vivier électoraliste de l’anti-islamisme-musulman, le plus gros des sujets qui occupera ‘experts & spécialistes’ habituels des médias sera évidement la crise sanitaire et ses conséquences qui ont quasiment touché toute la planète. Y a-t-il des leçons à tirer de cette crise Covid-19? Beaucoup, assurément… mais, les autorités les tireront-elles dans le bon sens? Au vu de ce qu’elles ont décidé jusqu’à présent, rien n’est moins sûr. Et donc, cela vaut sans doute le coup de s’y arrêter pour un moment de réflexion.

On entend parfois qu’on a les responsables politiques que l’on mérite. Qu’est-ce à dire et cette déclaration est-elle fondée? Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup de vrai dans cette affirmation. On lit régulièrement que l’UE est ‘un géant économique mais un nain politique’. (lequotidien.lu). Mais, pourrait-il en être autrement d’un tel patchwork aux cultures si variées – ce qui en fait une richesse – et aux intérêts nationaux souvent opposés? En France, p.ex. nombreux sont ceux qui déplorent la perte d’influence du pays dans le monde. Sa diplomatie est à l’image d’une idée surannée traînant dans l’inconscient collectif qui se pense encore en tant que grande puissance aux relents impériaux d’antan. Et il n’est pas rare d’en entendre évoquer les ‘Lumières’… sauf qu’il y a déjà quelques décennies qu’elles sont éteintes, et que le pays n’a pratiquement plus d’écoute de la part des réelles grandes puissances actuelles que sont les USA, la Chine, la Russie, l’Inde, et d’autres encore. Est-ce une question de taille du pays ou est-ce le fruit de hasards? Ni l’un, ni l’autre, ce serait trop aisé. Sans dire que ce soit un modèle à suivre au niveau des libertés individuelles, la petite Corée du Nord sait se faire respecter par le mastodonte américain. Et Cuba a toujours gardé la tête haute.

Cette perte de crédibilité de la France résulte plutôt des choix désastreux des responsables de sa politique extérieure démontrant à plusieurs occasions leur incompétence notoire. Quand, malgré les pressions de toutes parts,  la France osait garder son rang et sa dignité, et refusait de s’engager aux côtés de la coalition américano-britannique dans sa guerre de 2003 contre l’Irak sous fausse allégation d’armes de destruction massive, le pays alors emmené par J.Chirac et D.de Villepin comme ministre des Affaires étrangères, bénéficiait d’une aura inédite de par le monde. Ce n’est donc pas une question de taille ou de quoi que ce soit d’autre. Mais de principes, d’éthique, de probité, d’honneur. Et de compétence.

Mais quand N.Sarkozy a fait réintégrer l’armée française dans l’OTAN, et se faisant ‘conseiller’ par un scribouillard sioniste a dévasté la Libye et assassiné son président, le crédit moral dont bénéficiait la France en a pris un coup. Et quand quelques années plus tard, Fr.Hollande a voulu s’aventurer contre la Syrie sous les mauvais prétextes que l’on sait, il en a rajouté une couche. Et l’approche d’E.Macron et son ministre Le Drian qui prétendent donner des leçons à la Russie, l’Iran, la Chine et coopèrent – entre-autres – dans les guerres dévastatrices contre la Syrie, le Yémen et toujours la Libye, ont définitivement enterré le pays. Ajoutez-y que les trois présidents ont embrassé l’idéologie sioniste, favorisant à l’instar des USA la formation des forces de l’ordre de la république par les services israéliens, vous aurez le tableau complet et ne devrez plus être choqués de voir comme il y a quelques jours, un enfant de 12 ans emmené manu-militari au commissariat au motif qu’il aurait ‘lancé une pierre’ (mediapart.fr)

Dès lors, oui la France prend l’eau de toutes parts à l’international au point que  Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, s’en est mêlée une première fois en mars 2019 pour demander une enquête sur les violences policières à l’encontre des Gilets Jaunes, et encore ce 09 décembre pour demander le retrait de l’article 24 de la loi sur la Sécurité globale. Quel revers et quelle honte pour ce président dandy ayant endossé un costume manifestement trop large pour ses frêles épaules! (france24.com)

Et il en est de même à l’intérieur. Il suffit de voir les équipes qui se sont succédé lors de ces gouvernements pour se rendre compte de leur indigence intellectuelle et de leur amateurisme. Ecoutez les actuels Darmanin, Schiappa, Borne, Blanquer, Parly, Castex, Belloubet, Véran et autres guignols qui président à la destinée du pays… et en parallèle, jetez aussi un regard pour voir qui sont les détenteurs des médias, ce soi-disant 5è pouvoir dont on voit bien aujourd’hui qu’il est le relais de responsables du gouvernement aux intérêts mutuellement liés. Voyez la hausse de la pauvreté qui atteint désormais le seuil des 10%, et au passage, regardez les résultats scolaires en mathématique entre pays et la lanterne rouge qu’y occupe désormais la France. Tout cela ne dépend pas des autres ni de hasards, mais uniquement de ceux qui sont aux commandes de l’État et à leurs prises de décisions politiques désastreuses. (liberation.fr)

Si la majorité des citoyens avaient encore un tant soit peu la notion que recouvrent les valeurs telles que ‘Liberté, Egalité, Fraternité’ ainsi que celles des Droits de l’Homme qu’ils convoquent régulièrement – surtout quand ça les arrange – et qui ont fait sa grandeur d’antan, ils ne laisseraient pas leurs responsables prendre les mesures anti-sociales que l’on voit s’enfiler les unes aux autres depuis des années. Comme ils ne laisseraient pas leurs médias être aux mains d’une poignée de milliardaires qui font la pluie et le beau temps pour leurs petits copains du gouvernement. Ils n’accepteraient pas que des milliards soient dilapidés dans des guerres absurdes contre des pays qui ne leur sont pas hostiles. Ils refuseraient de porter des muselières et s’opposeraient à y contraindre leurs enfants de 6 ans. Et surtout, ils ne porteraient pas aux plus hautes fonctions de l’État des imposteurs comme les derniers présidents et leurs équipes corrompues dont les frasques judiciaires sont régulièrement épinglées par quelques journalistes encore intègres.

La vérité qu’il faudra avoir le courage de regarder en face si l’on veut que les choses changent, en France mais aussi en Europe, est que les citoyens se sont reposés sur les acquis de leurs aînés les croyant définitifs, qu’ils n’ont eu d’autres préoccupations que leur petit confort et leur bout de trottoir, et qu’ils se sont majoritairement dépolitisés se laissant alors manipuler, désunir, séparer, cataloguer en communautés sans voir le piège qui leur était tendu par les tenants du pouvoir qui savent qu’ils doivent diviser pour régner. 

Quand ‘les quartiers’ dénonçaient les excès des sanctions judiciaires, le racisme des forces de l’ordre, les brutalités policières et les condamnations à l’emporte-pièce, les citoyens lambda détournaient le regard et se bouchaient les oreilles. Maintenant qu’eux-mêmes découvrent depuis les Gilets Jaunes que ces brutalités policières s’abattent sur eux sans retenue, ils s’offusquent et crient à l’injustice, sans voir qu’elle existe depuis 30 ans pour ceux qui ont été fustigés, dénigrés, discriminés par un Etat policier dont l’étreinte se referme aujourd’hui sur les ‘bons citoyens’ de la nation. Ils ne reconnaissent plus leur police et d’ailleurs, certains la houspillent et la somment d’aller plutôt ‘dans les quartiers’ où se jouent toutes sortes de trafics… Ce sont les mêmes qui bien souvent traitent de ‘profiteurs’, les chômeurs et autres populations précaires pour les quelques euros que l’État leur verse, mais ignorent les milliards que les plus fortunés de la nation planquent dans des paradis fiscaux. 

«…honteux mais confus, il jura mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus…» – J.de la Fontaine (Le Corbeau et le Renard – extrait)

Au vu de ce qui précède – et il y aurait encore tant à en dire – le cru 2021 risque de n’être pas meilleur que 2020… Le peu de culture et de conscience politique de la majorité de populations égocentrées ne les aidera pas. Tant qu’il ne se dessinera pas un profond mouvement de solidarité entre les classes, âges, professions, origines, appartenances à ceci ou cela,… qui ne mettra pas 100.000 manifestants dans la rue, mais 10.000.000 comme cela a pu se passer en Algérie pendant des mois, et tant que ‘l’étranger’ restera le suspect dont il faut se méfier, voire dénoncer parfois, les pouvoirs passés maîtres dans la façon de dresser les citoyens les uns contre les autres ont encore de la marge. Beaucoup de marge… et ils le prouvent tous les jours. Ici dans des répressions sans précédent, là dans la fermeture d’associations qui n’ont pas la bonne appartenance religieuse ou encore, dans la censure de ceux qui dérangent leurs petites affaires – comme les Pr. Raoult et Perronne à propos de leur gestion de la crise sanitaire – ou en fichant de simples citoyens et leurs proches pour leur participation aux manifs et leurs opinions politiques. Lentement mais sûrement, l’Etat de droits si cher aux Occidentaux cède à l’autoritarisme d’une bande de prédateurs maffieux qui (ab)usent de leurs pouvoirs et instaurent dans les pays un courant d’extrême-droite fascisant. La plus cinglante illustration de cette ‘dépolitisation’ des citoyens en est l’oubli et l’abandon de J.Assange à qui l’on doit tant dans la dénonciation des mensonges et des manipulations d’Etats!

En France, E.Macron a déclaré lors d’une interview sur ‘Brut’, il y a quelques jours: «Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année, dans les derniers mois, parce que les circonstances l’exigeront et qui rendront impossibles le fait que je sois candidat». Chacun est prévenu. Il conviendra donc de ne pas se tromper dans les choix, les priorités et les combats à mener. Le résultat se jouera au solitairement… ou solidairement!

Daniel Vanhove

18.12.20


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