La mascarade électorale américaine, édition 2020 (Partie 4)

La mascarade électorale américaine, édition 2020 (Partie 4)

COMMENT « INSTRUMENTALISER » UNE POTICHE CAPITALISTE ?
(Stratégie et tactique) (Partie 4)

Sous le mode de production capitaliste, la guerre est inévitable

Depuis sa création, en 1776, la République des États-Unis d’Amérique a été en guerre pendant 220 de ses 244 années d’existence. Chaque Président yankee a promis la paix et a semé la guerre. Donald Trump promet la paix et la prospérité, il fera la guerre et il sèmera la pauvreté ni plus ni moins que le prétendant Joe Biden s’il est élu. Ajoutons que depuis 1945 les É.-U. ont prémédité plus de 200 conflits armés dans le monde (1).

Dans les articles précédents, https://les7duquebec.net/archives/259261  nous avons décortiqué les tenants et les aboutissants du processus électoral « absolutiste » américain, un modèle du genre en Occident. Intellectuels petits-bourgeois, experts, analystes universitaires, politiciens à la «pensée unique-formatée», de gauche comme de droite, suite à leurs prédictions grotesques et à leurs calomnies ubuesques contre le prolétariat américain, qu’ils ont qualifié de crétin, ont repris le stylo et le micro et nous enfume depuis des mois de leurs fadaises patentées. Ils ont écrit «Stupeur générale», une deuxième «Révolution dans l’ État profond» américain, et d’autres forfanteries du même acabit, comme si un multimilliardaire issu du sérail était susceptible de se retourner contre la tribu qui le coopte et le supporte. Le tissu financier qui forge la classe des milliardaires mondiaux est tissé serré et ne permet aucune échappée. S’il fallait assassiner le président, ils le referaient.

La source de l’effroi de ces petits bourgeois des médias à la solde est de constater que les électeurs américains ne vont pas obtempérer à leurs injonctions mille fois répétées. La «désobéissance électorale» d’une portion de l’électorat sera la seule surprise de cette mascarade électorale triviale.

Une tactique issue de la conscience de classe

La conscience sociale collective est davantage que la somme des consciences individuelles. Bien que la conscience sociale d’une classe émerge de la multitude des consciences issue des expériences de luttes individuelles, dialectiquement, le total est plus grand que la somme de ses parties. Nous allons en faire la démonstration. C’est à travers diverses activités tactiques, luttes quotidiennes sur les fronts économique, politique, social, médiatique et idéologique, qu’une classe accumule de l’expérience et réalise ses apprentissages, qu’elle synthétise et concentre ensuite au niveau stratégique se constituant ainsi un patrimoine historique et une conscience de classe idoine.

C’est au niveau stratégique – à l’échelon des orientations fondamentales et des activités à long terme – que se manifeste la conscience sociale d’une classe, mais c’est à l’échelon tactique que s’expriment sa cohésion et sa détermination dans la lutte. Ceci est vrai pour les deux classes sociales antagonistes qui caractérisent le mode de production capitaliste, la classe bourgeoise, incluant son fer-de-lance du grand capital mondial, et la classe prolétarienne, incluant son fer-de-lance ouvrier. Ce sont ces deux classes sociales qui élaborent et défendent consciemment, et parfois inconsciemment, des orientations stratégiques appelant des mesures tactiques en fonction d’une conjoncture spécifique.

Seules ces deux classes sociales maîtrisent un volet essentiel du mode de production capitaliste (capital et travail) et peuvent ainsi mener une politique de classe indépendante et conséquente ce qui n’est pas le cas de la petite bourgeoisie, ni des reliquats de la paysannerie ou de l’aristocratie. Par la grève (cessation du travail et donc castration de la production de plus-value) la classe prolétarienne stop l’accumulation des profits et asphyxie le capital, ce qui, à terme, détruira ce mode de production et ses institutions.

La mission stratégique de la classe prolétarienne est de mettre fin aux tribulations et aux soubresauts chaotiques du mode de production capitaliste à bout de souffle, puis, sur les cendres du capitalisme déchu, de construire le mode de production prolétarien qui assurera la reproduction élargie de l’espèce humaine. L’émancipation de la classe prolétarienne ne consistera pas à détruire le mode de production capitaliste (y compris son État), mais à construire le nouveau mode de production prolétarien. C’est le rôle de l’insurrection populaire que de détruire l’ancien mode de production. La révolution sociale prolétarienne consiste à construire le nouveau mode de production émancipateur, sans classe sociale. Afin d’accomplir cette mission historique la classe prolétarienne, et surtout son fer de lance ouvrier, mène une guerre tactique par ses résistances quotidiennes, ses luttes grévistes répétées, le mode privilégié de lutte ouvrière, et parfois, par de brèves incursions sur le terrain politique bourgeois, mais qui ne dure pas, contrairement à ce que pontifient les partis de la gauche opportuniste, réformiste, électoraliste.

Les luttes nationalistes pour la soi-disant « libération nationale » bourgeoise (en fait, pour le partage de la plus-value nationale entre les factions du capital national et mondial), les luttes de genre (LGBT), les empoignades pour les droits des animaux, les kermesses électorales, les jérémiades et les pétitions pour obtenir des réformes fiscales, bancaires ou boursières et pour réclamer des droits démocratiques – antiracistes systémique (sic), en faveur de la décroissance écologique et misérabiliste, ou pour obtenir la paix impossible sous le capitalisme, ne font pas partie de la panoplie des outils de lutte de la classe ouvrière. Ce sont des batailles opportunistes et réformistes introduites parmi la classe par les syndicats bourgeois, les ONG stipendiées, les partis de gauche embourgeoisés et par la sous-classe petite-bourgeoise chien de garde et courroie de transmission du grand capital.

La petite bourgeoisie parasitaire

Entre ces deux classes sociales antagonistes a surgi, à la faveur de la phase impérialiste de croissance du capitalisme (1890-1975), d’abondants segments de petits bourgeois, que d’aucuns appellent «aristocrates ouvriers», ou classe petite bourgeoisie citoyenne, ou encore « classe moyenne » (moyenne de quoi, comment une classe peut-elle être «moyennement» émancipée ou jouer un rôle social «moyen»?). D’un point de vue économique cette sous-classe sociale est parasitaire, en ce sens qu’elle ne produit pas de plus-value et vit de la plus-value produite par la classe ouvrière, expropriée par la classe capitaliste qui redistribue le fruit de ses larcins (via l’État bourgeois), laissant entendre au petit-bourgeois que sa pitance lui vient de son maître milliardaire et de l’État fétiche des riches, dont la conquête, et l’équité distributive des richesses doivent être les objectifs de la révolution prolétarienne selon la petite bourgeoisie radicalisée et désespérée. L’objectif de la révolution prolétarienne est de détruire les institutions du mode de production capitaliste et sur ces cendres de construire le nouveau mode de production prolétarien.

La crise économique systémique du capitalisme s’approfondissant la petite bourgeoisie est en voie de paupérisation, de précarisation et de prolétarisation, car la classe capitaliste ne parvient plus à maintenir ses taux de profits réels (hors spéculation boursière bidon et hors inflation) ni à valoriser l’ensemble de son capital – qui reste en partie inoccupé (non réinvesti, improductif et en jachère financière). La petite bourgeoisie est aujourd’hui une sous-classe sacrifiée et «insoumise» électoralement parlant.

Vous l’entendez vociférer et crier son amertume contre sa mauvaise fortune.  Vous verrez dans la suite de ce texte le rôle joué par les différentes fractions de cette petite bourgeoisie qui contaminent le mouvement ouvrier. Ils sont exubérants au point de monopoliser l’attention médiatique, ce qui fait l’affaire des possédants. Le petit bourgeois manifeste beaucoup (promenade sous la bannière de la révolte contre ses maîtres grands bourgeois), mais elle « grève » très peu comme l’a démontré la révolte des gilets jaunes https://les7duquebec.net/archives/253109.

De toute manière comme disent ces intellectuels méprisants : «l’ouvrier ne sait pas s’exprimer ni s’organiser» et il doit compter sur l’«avant-garde» (sic). Pendant toute la phase ascendante de l’impérialisme moderne et dans tous les pays, y compris aux États-Unis – la matrice des pays capitalistes modernes – la petite bourgeoisie s’est déployée dans toutes les sphères de l’activité sociale, dont les sphères politique et idéologique (médiatique, philosophique, éducatif, scientifique, sanitaire comme on le voit à l’occasion de cette pandémie https://les7duquebec.net/archives/259317 ), monopolisant la parole dans les médias à la solde des riches et dans les partis politiques bourgeois de gauche comme de droite. Cette fraction de la classe bourgeoise en a fait son domaine d’activité privilégié. Ce sont eux que l’on a vus s’agiter à la télé au cours de l’élection de Donald en 2016 et en 2020  (idem pour l’élection du pion Macron).

Sur le plan idéologique et politique, la petite bourgeoisie se subdivise en de multiples courants et partis qui traversent et structurent le tissu médiatique et politique capitaliste. Chacun offre sa camelote idéologique sous la houlette d’un gourou dogmatique et sectaire jaloux de son pouvoir communaliste. Passant de la gauche anarchiste, maoïste, trotskiste, marxiste-léniniste, communiste, socialiste, travailliste, écologiste, altermondialiste, démondialiste, populiste, à la droite démocratique, républicaine, libérale, néolibérale, libertarienne, conservatrice, le penniste ou «populiste» suprémaciste – la nouvelle appellation qui remplace les termes «fasciste et national-socialiste», le vieux stratagème imaginé au siècle dernier. Cette fois l’expérience tactique des Fonts unis et populistes des années trente aidant, la classe ouvrière américaine ne s’est pas laissée prendre au jeu des amalgames au grand dam des gauchistes nostalgiques de la Grande Guerre patriotique (Seconde Guerre mondiale).

La petite bourgeoisie parasitaire et l’État capitaliste

Si au cours des années de prospérité de l’impérialisme moderne le capital avait les ressources pour sacrifier une part de la plus-value extorquée aux ouvriers pour entretenir une pléthore de fonctionnaires, de thuriféraires, de courroies de transmission, de chiens de garde, de perroquets médiatiques, d’experts et de militants de l’industrie des ONG stipendiées, et de bureaucrates syndicaux biens payés, ce n’est plus le cas dorénavant et voici que le plein poids de la crise s’abat sur le dos de millions de petits bourgeois paupérisés, précarisés, désespérés, jetés sur le pavé comme on a pu le voir en Argentine, aux États-Unis depuis 2008, en Tunisie, en Égypte, à Chypre, en Grèce, en Espagne, en Italie, en France, en Grande-Bretagne et au Canada, et ça ne fait que commencer.

Pendant un certain temps, le grand capital a confié à son État «providence» (sic) le soin de soutenir la petite bourgeoisie afin qu’elle assure les services, sanitaires notamment, de reproduction de la classe prolétarienne, sa fonction sociale principale. Pendant ces années on a vu gonfler les effectifs de la machine d’État capitaliste, phénomène que ces mêmes capitalistes désignent aujourd’hui à la vindicte populiste. L’État fétiche c’est le pain et le beurre «providentiel» du petit bourgeois parasite, vous comprenez maintenant pourquoi leurs prières se tournent sans cesse vers L’État absolutiste que le petit bourgeois voudrait «démocratique», c’est-à-dire à son service, alors que la tendance naturelle de l’État des riches est le totalitarisme et le militarisme. De cette dichotomie paradoxale surgissent les organisations petites-bourgeoises «populistes» et «centristes» financées par de grands capitalistes, et vouées à remplacer les organisations politiques «extrémistes» de la gauche opportuniste et réformiste contraintes de se quereller pour leur financement et leur survie.

Au milieu de la crise économique qui fait rage et qui se répercute dans les sphères politique, idéologique, social, militaire, juridique et diplomatique, le capital exige que son État mette le prolétariat au pas et fasse accepter une série de sacrifices d’austérité et le berger gouvernemental entend bien que son chien de garde petit-bourgeois s’emploie à endiguer le mécontentement et à produire du consentement…sinon gare à lui, la manne gouvernementale va se tarir comme le montre le présent confinement «sanitaire» débilitant.

Le cirque électoraliste

Que chaque parti et que chaque organisation politique prenne ses marques sur la ligne de départ électoral et que chacun démontre au capital ses capacités à faire cracher leurs deniers aux prolétaires de son entité (pays, nation, état, province, région, municipalité, unions d’États, «indépendants», «autonomes» ou «souverains», etc.). Chaque organisation a le droit de présenter les arguments démagogiques les plus outranciers – de gauche comme de droite – c’est sans importance, seule compte le résultat. Le trophée attaché à la clé? La prise de contrôle de l’appareil d’État fétiche à administrer pour le bénéfice exclusif de la classe hégémonique des riches dont les miettes seront abandonnées aux administrateurs locaux ou nationaux soudoyés, et comme les temps sont difficiles économiquement parlant la petite bourgeoisie verra son auge rétrécir comme peau de chagrin d’où les incessantes récriminations des malandrins de la faim. Mais avant de mordre la main qui vous nourrit, songez-y petits parasites du paradis capitaliste. C’est à cette farandole d’hésitation petite-bourgeoise que nous assistons depuis quelques décennies et particulièrement depuis la pandémie https://les7duquebec.net/archives/259159.

L’impuissance militante de la petite bourgeoisie décadente

La petite bourgeoisie est parfaitement consciente de son impuissance stratégique et de sa faiblesse tactique. La puissance politique du petit bourgeois qui œuvre derrière son bureau ou dans sa microentreprise improvisée (TTPE) est à l’image de sa puissance économique, quasi inexistante. C’est pourquoi les armes ultimes du petit bourgeois sont à l’image de cette impuissance: les manifestations dérisoires, les processions de fierté gaie, les prières pour la paix, les forums d’incantations à répétition, les pétitions bonbons, les sit-in dans les parcs et sur les places boursières d’«Occupy Wall Street» jamais bloquées, et des «Nuits debout» déglinguées, et enfin, le terrorisme désespéré. On reconnaît la même impuissance chez les fonctionnaires, employés d’hôpitaux, enseignants, et engagés des médias et des services sociaux, dont le grand capital pourrait tolérer les grèves interminables https://les7duquebec.net/archives/259317  – ce que pour l’instant il ne fait pas – mais attendez que la situation économique se dégrade et que les déficits publics s’approfondissent, et ils les laisseront poiroter sur le pavé pendant des mois comme ces enseignants de Colombie-Britannique au Canada. Incidemment, cette pandémie qui n’en finit plus pourrait bien être un exercice de survie sans services sociaux avant le grand «Reset» de l’économie du Nouvel ordre mondial (sic). Ridicule prétention d’une faction du grand capital mondial, incapable d’enrayer le déclin du mode de production capitaliste et prétendant que son effondrement constitue le «Reset» d’un monde décadent.

La classe prolétarienne possède une réelle puissance tactique à la mesure du capital qu’elle régénère, valorise et enrichit de plus-value par son travail salarié spolié. Une grève ouvrière implique toujours une rupture immédiate du cycle de circulation du capital. Chaque jour de grève, c’est un peu ou beaucoup de capital qui s’éteint comme l’ont démontré au prix de leur vie les héroïques mineurs sud-africains.15  Le prolétariat en grève générale asphyxie le capital en le privant de plus-value, et cela le grand capital ne peut pas le tolérer. La classe ouvrière sait ces choses et ne recourt à la grève qu’avec parcimonie, conservant ses énergies pour les affrontements importants. La classe ouvrière ne verse jamais dans le terrorisme et depuis les «Fronts populaires» et les «Fronts unis patriotiques» elle a compris que ce compromis organisé par la petite bourgeoisie n’est que rififi. Pour l’instant, l’endettement catastrophique des prolétaires les fait hésiter à se lancer à fond dans la bataille de classe, mais la dégradation de leurs conditions de vie et de travail les y forcera, peu importe le locataire de la Maison-Blanche à Washington.

Pour le moment nous assistons à des escarmouches nécessaires, question de prendre le pouls de l’adversaire. Les petits bourgeois, qui se croient à l’avant-garde, ne perçoivent rien de cette lutte de classe souterraine (même pas quand les trois quarts des membres de la classe ouvrière suivent un mot d’ordre implicite d’abstention électorale), et ils croient que leur mission est «d’éduquer» le prolétaire à la pensée dialectique, sans imaginer que le prolétaire la vie dans sa chair la dialectique révolutionnaire.

Déclin du réformisme de gauche, montée du réformisme de droite

Quelle que soit l’orientation de gauche ou l’orientation de droite des organisations qui participent aux élections bidon, elles poursuivent toutes un objectif réformiste unique, en ce sens que tout parti qui se présente aux élections bourgeoises tente de proposer des correctifs au mauvais fonctionnement du mode de production capitaliste, ce qui est évidemment superfétatoire. Les multimilliardaires retors ne parviennent pas à réformer leur carrosse déglingué comment voulez-vous qu’une secte de vassaux aliénés répare ce système débringuer.

Ce qui distingue les révolutionnaires prolétariens des courants politiques et idéologiques gauchistes et/ou droitistes, c’est que le prolétaire est convaincu qu’il faut cesser de rafistoler ce rafiot ivre et qu’il faut l’aider à sombrer. Après chaque ronde électorale américaine, chacun est à même d’apprécier la réaction hystérique de l’intelligentsia, des journalistes, des professeurs d’université, ces porte-parole de haut vol du magma de la go-gauche répudiée suite aux élections. Sur certaines chaînes européennes ou canadiennes, on se croirait à Washington DC. Pourquoi une telle hystérie médiatique mondiale suite à une deuxième élection américaine chaudement disputée? Au cours de ces séances de sanglots communaux, la question fut posée et la réponse fut donnée par un panel de bobos : « Le risque de contagion «populiste» est inquiétant» oubliant que le grand capital mondial a ses propres intérêts et son propre plan de match. Le prolétariat américain a lancé un avertissement retentissant qui demain risque d’être suivi dans les capitales du monde occidental: «Couper les coupures ou alors nous voterons pour un cheval d’alternance aussi dangereux soit-il!» ce qui convient parfaitement au grand capital qui sait bien lui que «baudet de gauche ou baudet de droite, c’est du pareil au même, cet argent emprunté et dépensé n’existe pas dans les deux cas».

Ainsi, la menace d’abrogation de l’«Obama care» sera remplacée par des propositions de modification du cadeau financier accordé à l’industrie de l’assurance et à Big Pharma. Encore une fois la classe prolétarienne se sera fait flouer croit le petit-bourgeois gauchiste surexcité. Que non, le prolétariat américain subodorait ces finasseries qu’il connaît bien. Il a simplement surestimé la capacité de nuisance de Donald le déplorable et de Joe le sleepy. Nous l’avons écrit, ce sont les classes sociales qui fabriquent leurs chefs, jamais l’inverse.

Donald Trump n’est qu’une variante particulièrement exubérante de la faction milliardaire de la classe capitaliste américaine qui prépare son baroud d’honneur avant d’être écartée de la scène internationale où la Chine l’attend patiemment.

Tactique – Joe Biden, le sacrifié pour la patrie ?

Tous les analystes bourgeois ont conclu que le candidat Donald Trump, bien qu’inexpérimenté en politique avait su d’instinct saisir l’humeur de l’électorat des «déplorables» étatsuniens et leur servir les phrases démagogiques nécessaires pour les satisfaire. Vous aurez remarqué le mépris qu’affiche un tel jugement contre la classe prolétarienne américaine. Féministe, LGBTW, intellectuel, syndicaliste, écologiste, altermondialiste, gauchiste et propagandiste des médias à la solde maudissent le prolétariat de préféré le prédateur de la Trump Tower plutôt que le faussaire de l’Ukrainegate. C’est là une analyse naïve des mouvements politiques et sociaux dans une société capitaliste hautement industrialisée, numérisée et financiarisée.

La petite bourgeoisie chargée de mener les campagnes électorales «démocratiques» est rompue à la tâche de mystifier la classe prolétarienne par des lois et des politiques réformistes comme ces politiques fiscales vindicatives présentées contre les riches, jamais appliquées et qui se retournent contre la classe «moyenne»; les manigances de genre et la défense des droits des minorités propulsées en guerres contre les majorités pour diviser et pour assurer le règne des riches; le pacifisme verbal et le militarisme global; l’écologisme comme religion de l’apologie de la pauvreté, de l’austérité et de la décroissance alors que les pauvres loin de gaspiller n’ont pas de quoi manger; la lutte aux changements climatiques pour justifier les subventions aux pollueurs non payeurs; davantage de chômage et de déficit gouvernemental jusqu’à la faillite inévitable sous prétexte de «sauver des vies avant l’économie». Sleepy Joe et sa clique n’auront d’autre choix que de poursuivre sur cette voie. Et chaque fois qu’il prononce quelques phrases convenues la coterie des petits bourgeois parvenus lui réserve une ovation l’assurant qu’il a trouvé la formulation démagogique pour véhiculer ces billevesées auxquelles le prolétariat américain ne croit rien, «Ce sont tous des menteurs et des voleurs» pense l’électeur maintes fois arnaquer. Prenez note que chaque fois que le candidat démocrate conspue le candidat Trump  il contribue à accréditer la fadaise du multimilliardaire «révolutionnaire anti État profond», ce qui est l’effet recherché.

Tactique – Trump le candidat « instrumentalisé », mais par qui ?

Donald Trump se trouve dans une situation différente puisque quatre ans auparavant l’électorat républicain rétrécissant comme peau de chagrin a quand même suffi à ramener le pouvoir politique exécutif aux mains de leur clique. Donald, dont la carrière d’affaires dépend des largesses de sa clique, a l’idée de jouer la carte «anti-establishment». Le pari était risqué, car les millions de prolétaires désabusés ne fréquentent plus les isoloirs dérisoires. Ils ne représentent donc aucun vote potentiel. Que faire pour les ramener dans l’isoloir? Quel subterfuge mettre en place pour les attirer vers la «démocratie» des riches? La campagne des primaires lui a servi de banc d’essai et chaque fois que le candidat Trump répudie la doxa du pouvoir bourgeois l’électorat présent applaudissait à tout rompre signifiant à leur candidat président «instrumentalisé» la vague démagogique sur laquelle il devait «surfer». Bien entendu, bien peu d’ouvriers dans l’assemblée croient aux vœux psalmodiés, fort heureusement, car très peu seront exhaussés. Mais pour les représentants de la classe prolétarienne présents, le seul fait qu’un candidat majeur dénonce quelques-unes des politiques d’horreurs des administrations républicaine et démocrate antérieures suffit. Imaginez que le candidat républicain alla jusqu’à dénoncer publiquement les crimes de guerre des Bush père et fils. C’est ainsi que la classe prolétarienne «instrumentalisa» le candidat Trump aux fins d’expédier un message sans ambiguïtés à la classe politique, industrielle et financière américaine éplorée :

 « Nous ne sommes pas dupes de vos malversations et de vos mascarades électorales et nous savons bien que ces deux polichinelles ne représentent aucun espoir pour le prolétaire, mais nous vous expédions ce préavis, nous en avons assez de vos solutions bidon, de gauche comme de droite, et nous nous préparons à de plus grandes confrontations quand il aura été démontré que tous vos bouffons ne font qu’illusion ».

Croyez-vous un instant que sous la dictature économique des capitalistes le prolétariat étatsunien, si avisé et martyrisé, si riche d’expérience tactique, aurait gobé la fable d’un multimilliardaire véreux devenu leur porte-parole révolutionnaire, le Marx du nouveau millénaire ? Vous aurez remarqué combien le moussaillon Trump s’est assagi après avoir été «choisi» par les urnes. Il n’y a que les misérables journalistes, les experts universitaires, les artistes petits-bourgeois et les bobos planqués pour divaguer pendant des années sur ce qui s’est effondré avec l’élection du caméléon blond il y a quatre ans et maintenant. Ce qui s’effondre ce n’est pas le Bureau ovale, c’est tout le mode de production capitaliste décadent.

Par cette élection comme pour toutes les autres, la petite bourgeoisie – garde-chiourme populiste de gauche – a reçu son congé et de nouvelles cliques de larbins «populistes» de droite ont été appelées pour deviser. Ceux-là devront être prêt à faire le coup de feu contre la plèbe prolétarienne quand excéder elle tentera de se révolter. Mais attention, la classe prolétarienne américaine doit savoir qu’il en aurait été ainsi avec la clique sociale-démocrate au pouvoir (comprenant Bernie Sanders). C’est la réalité économique catastrophique qui forge les politiques des riches. Cela aussi fait partie du patrimoine tactique et stratégique de la classe ouvrière ce qui signifie qu’aucune tactique réformiste ne pourra fonctionner.

La classe prolétarienne dans l’élection américaine.

La classe prolétarienne américaine s’est scindée selon trois lignes de fractures correspondantes à l’état d’avancement de la conscience de classe parmi ces différents segments. Il faut dire que le territoire américain est immense et les effectifs de la classe prolétarienne de 150 millions d’individus. Le nombre de chômeurs va grandissant et à ce propos ne vous fiez nullement aux statistiques truquées publiées par les agences gouvernementales du temps d’Obama comme du temps de Trump. Des éléments de la petite bourgeoise paupérisée rejoignent chaque jour les rangs du prolétariat.

Un premier segment de la classe prolétarienne, particulièrement arriéré sur le plan de la conscience stratégique de classe, continue de participer régulièrement au processus électoral bourgeois. Ceux-là appuient tel ou tel parti ou candidat majeur ou groupusculaire. Ainsi, le candidat des Verts et le candidat libertarien parviendront à fourvoyer une partie du prolétariat avec leurs propositions réformistes de gauche comme de droite.

Un second segment du prolétariat s’est inscrit sur les listes électorales qu’il avait délaissées depuis des années, un processus compliqué qui permet de trafiquer les résultats en cas de nécessité – comme disent les capitalistes et leurs sous-fifres «Il faut se garder de la populace jamais au fait de ses intérêts» (sic). Ces prolétaires ont voté pour le bouffon Trump, non pas qu’ils aient cru un instant aux mensonges de ce représentant du grand capital – ne faites pas injure à l’intelligence de la classe prolétarienne américaine la plus évoluée du monde industrialisé –.

Ces éléments militants à la conscience de classe avancée conservent pourtant l’illusion qu’ils pourront éviter la crise sociale et la guerre sanitaire (virologique) et nucléaire en lançant un coup de semonce au grand capital, lui signifiant : «Voilà ce que nous voulons et nous suivrons cette voie si vous nous y contraignez». Contrairement à ce que prétend le clan des petits-bourgeois socialistes, les analystes et les experts en chimères, ce segment de la classe ouvrière n’a pas été trompé par Donald le bouffon blond pas plus que par Sleepy Joe. Ces ouvriers expérimentés savent ce qui adviendra de Donald le multimilliardaire, mais ils croient faussement que le capital a encore le choix de ses politiques et qu’ils peuvent l’impressionner et l’ébranler. Pourtant, le confinement meurtrier a démontré que la classe capitaliste mondialisée a conscrit ses subordonnés politiques pour des tâches spécifiques et qu’elle les y contraindra.

Une troisième ligne de fracture segmente la classe prolétarienne américaine. Ce troisième segment regroupe tous ceux qui ont fait le bilan d’un siècle de mascarade électorale. Ceux-là ne s’inscrivent pas sur les listes électorales et ne votent plus depuis longtemps. Ils ne s’intéressent pas à ce foutoir loufoque où les médias à la solde, excitant les petites gens et les mégères féministes hystériques, tentent de faire croire que le futur de cette nation de 325 millions d’habitants en déroute se résume au sexe du candidat ou au comportement sexuel d’un malfrat. C’est le segment du prolétariat à la conscience de classe la plus avancée, la plus achevée. Ils attendent que la conjoncture se dégrade et ils frapperont.

Stratégie et tactique prolétarienne

Stratégiquement, ou bien la classe sociale prolétarienne s’opposera à la guerre et s’emparera du pouvoir économique et politique – chassant les cadres du grand capital de la gouvernance; ou bien la guerre mondiale s’imposera et ce n’est qu’après d’immenses souffrances que la classe prolétarienne et son avant-garde ouvrière se résoudront enfin à mettre fin à ce mode de production moribond. Deux précédentes guerres mondiales nous laissent croire que ce sera cette voie qui s’imposera. La classe prolétarienne américaine est l’une des plus avancées, l’une des plus agressées et des plus exploitées par le pouvoir du grand capital mondialisé. C’est aussi l’une des moins contaminées par les idées réformistes de la gauche bourgeoise défroquée et par celles de la bourgeoisie droitiste-populiste. À l’évidence, elle n’est pas encore déterminée à renverser le mode de production capitaliste, ne sachant trop si le reste des sections de la classe dans les grands pays capitalistes avancés suivront son mouvement insurrectionnel spontané.

Elle a donc choisi de s’inscrire sur les listes électorales qu’elle avait désertées depuis des années, non pas dans l’esprit de manifester son adhésion aux illusions électoralistes des riches, mais avec la détermination de tirer un coup de semonce avant son grand soulèvement. Aucune révolution sociale prolétarienne n’a jamais eu ni n’aura jamais comme tactique la conquête du pouvoir par les urnes. Au Chili en 1970, c’est la petite bourgeoisie qui mena la charge électorale et le prolétariat lui emboîta le pas avec le succès que l’on sait. Cette déconfiture électoraliste de la petite bourgeoisie gauchiste leur sera un jour imputée.

En Amérique, nous sommes au cœur de la «Révolution prolétarienne» à venir – si proche d’un changement de mode de production, si loin des billevesées et des frasques sans intérêts historiques d’un majordome trivial du capital. L’avenir de l’humanité ne se joue pas dans le Bureau ovale. Nous pensons que l’hallucination électorale bourgeoise vit ses dernières années de grâce – dès que le Président Trump, suite au mythe «Obama le premier président noir», aura démontré son incapacité à réguler le fonctionnement de ce mode de production, le vote de protestation aura perdu tout intérêt tactique.


Notes

  1. Robert Bibeau (2017). Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan. Paris. 142 pages. http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=52914&motExact=0&motcle=&mode=AND

La suite la semaine prochaine ou encore ici:

En français sur le site web de l’Harmattan  (13 euro en PDF)

HARMATTAN : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59199

AMAZON : https://www.amazon.ca/démocratie-aux-Etats-Unis-Robert-Bibeau/dp/2343144672/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1521149336&sr=81&keywords=robert+Bibeau&dpID=41f0Kjchz1L&preST=_SY264_BO1,204,203,200_QL40_&dpSrc=srch

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