Israël et l'Holocauste : le non-dit de l'histoire

Israël et l'Holocauste : le non-dit de l'histoire

Dans une vidéo récemment relayée par Gilad Atzmon [1], Alan Dershowitz, l’homme qui dit avoir gardé son slip chez Jeffrey Epstein, se lamente sur les résultats d’un sondage portant sur la connaissance de l’Holocauste parmi les Américains de 18 à 39 ans (commandé par la Conference on Jewish Material Claims Against Germany, soit la Conférence sur les revendications matérielles juives contre l’Allemagne). Une catastrophe :

« 63 % des personnes interrogées n’ont aucune idée du nombre de juifs tués. Beaucoup pensent que c’était un peu moins de 2 millions. Le chiffre de 6 millions – un chiffre iconique qui devrait être enseigné dans toutes les écoles du monde – est simplement inconnu de 63 % des jeunes aux États-Unis. 23 % pensent que l’Holocauste est un mythe, que ça n’est jamais arrivé, qu’il n’y a pas eu d’Holocauste. »

Plus incroyable encore :

« Un cinquième des jeunes de l’État de New York, soit 20 %, pensent que les juifs ont causé l’Holocauste » (la moyenne nationale est de 11 %).

Je suis intrigué : que veulent dire précisément ceux qui prétendent que « les juifs ont causé l’Holocauste » ? Il eût été utile de leur demander. Pensent-ils que les juifs ont causé l’Holocauste involontairement, ou bien volontairement ?

Dans le premier cas, l’idée est probablement que les juifs se seraient rendus insupportables auprès des Allemands. Dans le second cas, l’insinuation serait qu’une partie des juifs, les sionistes par exemple, auraient sciemment œuvré à la mort de millions d’autres juifs.

La question, notons bien, n’est pas de savoir si les sionistes ont eu besoin de l’Holocauste pour faire aboutir leur revendication. Personne ne doute que la création d’Israël après la Seconde Guerre mondiale n’ait été accordée aux juifs en compensation de la mort de six millions d’entre eux – « chiffre iconique » comme le note Dershowitz.

« L’État d’Israël est la réponse de Dieu à Auschwitz », dit moins prosaïquement Abraham Herschel [2].

À l’issu de la Première Guerre mondiale, un « holocauste menaçant » de « six millions » de juifs était déjà évoqué dans un article de The American Hebrew, qui se terminait par l’appel : « Israël a droit à une place au soleil [3] ». L’argument était alors de céder la Palestine aux juifs avant qu’ils ne succombent à un holocauste de six millions. À l’issu de la Seconde Guerre mondiale, l’argument d’un holocauste de six millions de juifs, non plus menaçant mais accompli, pesait d’un tout autre poids.

Il faut rappeler la stratégie sioniste pensée par Theodor Herzl lui-même. Herzl a lancé son mouvement dans le contexte de la vague d’antisémitisme causée par l’affaire Dreyfus, et il a exprimé à maintes reprises dans son journal sa conviction de la nécessité de l’antisémitisme pour le sionisme.

« Ainsi l’antisémitisme contient-il la Volonté divine pour le Bien, parce qu’il nous force à serrer les rangs, il nous unit sous la pression, et à travers notre unité il nous rendra libres. [4] »

« L’antisémitisme est une force motrice qui, comme la vague du futur, amènera les juifs vers la terre promise. [5] »

Selon cette logique, la force motrice sera proportionnelle à la violence de l’antisémitisme, réel ou proclamé.

Il y a une application pratique évidente. On sait par exemple que, là où il y avait trop peu d’antisémitisme, les terroristes sionistes n’ont pas hésité à perpétrer de faux attentats antisémites pour pousser les juifs vers la Palestine. Entre 1950 et 1951, la ville de Bagdad fut frappée par une série d’explosions ayant pour cible les juifs irakiens, causant des morts, des blessés et des dégâts matériels. Ces attentats à la bombe furent imputés aux nationalistes arabes. La nuit même où eut lieu le premier attentat, des tracts sionistes enjoignaient « toute la tribu de Sion vivant à Babylone » à faire son alya. Dans les mois suivants, approximativement 125 000 juifs quittèrent l’Irak pour Israël. Mais la police irakienne découvrit que ces attentats à la bombe avaient été perpétrés par une vingtaine de juifs sionistes [6].

L’Holocauste ne rentre évidemment pas dans ce schéma. Et le fait que l’État d’Israël soit sorti de l’Holocauste ne signifie pas que les sionistes aient voulu l’Holocauste. C’est pourtant la thèse défendue par le rabbin antisioniste Moshe Shonfeld dans son livre The Holocaust Victims Accuse [7], qui « expose les dirigeants du sionisme comme des criminels de guerre, qui ont contribué leur part dans la destruction de six million des nôtres ». Selon Shonfeld, « les dirigeants sionistes voyaient le sang juif versé durant l’Holocauste comme de l’huile pour les roues de l’État national juif. [8] »

Faire des juifs allemands des ennemis de l’État allemand

Sur quelles bases s’appuie le Reb Shonfeld pour prétendre que les sionistes ont une responsabilité dans l’Holocauste ? Tout d’abord, il dénonce la violente campagne orchestrée contre Hitler dès 1933, par des sionistes anglais et américains bien en sécurité dans leurs pays respectifs :

« Ils excitèrent sa colère et sa haine encore davantage, et le conduisirent entièrement au bord de la folie, en demandant un boycott des marchandises allemandes. […] Dans une large mesure, ce sont eux qui ont poussé à bout ce chien fou, Hitler, dans ses délires insensés et ses actions en conséquence. [9] »

En effet, le 24 mars 1933, le Daily Express fit paraître en première page une déclaration de guerre économique des « juifs du monde » contre l’Allemagne. On y lisait :

« Quatorze millions de juifs dispersés dans le monde entier se sont unis comme un seul homme […] pour soutenir les 600 000 juifs d’Allemagne. »

Cette déclaration retentissante mettait les juifs allemands en grand danger, en les assimilant à des ennemis intérieurs de l’Allemagne, des conspirateurs contre l’État national-socialiste.

Aux États-Unis, la campagne de boycott économique contre l’Allemagne fut menée par l’avocat d’affaire Samuel Untermeyer, président de la Keren Hayesod, une organisation de levée de fonds pour le mouvement sioniste. Dans un discours radiophonique reproduit par le New York Times du 7 août 1933, il appelait à une « guerre sainte » contre l’Allemagne, « menée sans merci », et qualifiait de « traître à sa race » tout juif qui ne participerait pas à ce boycott. L’appel au boycott était justifié par les atrocités commises en Allemagne contre les juifs. Mais ces atrocités n’étaient alors que des rumeurs, fabriquées pour la presse occidentale – que les nazis dénonçaient comme un pouvoir juif. Plusieurs organisations et personnalités juives allemandes protestèrent contre ces rumeurs mensongères dans un livret édité en mai 1933 par le juif Jakow Trachtenberg, en trois langues, La Propagande d’atrocités n’est que mensonge déclarent les Juifs allemands eux-mêmes. Dans son avant-propos, Trachtenberg souligne l’irresponsabilité de ces mensonges colportés à l’étranger sur de prétendues atrocités contre les juifs d’Allemagne, mensonges qui pourraient conduire à des véritables atrocités dans la mesure où ils apparaissaient aux Allemands comme la preuve d’un complot juif contre l’Allemagne [10].

En engageant les juifs allemands à participer au sabotage de l’économie allemande, la déclaration de guerre et l’appel au boycott lancés par la communauté juive internationale donnaient un prétexte aux nationaux-socialistes, non seulement pour la suppression des droits civiques des juifs allemands, mais encore pour la restriction de leur liberté. Par comparaison, lorsque les États-Unis entrèrent en guerre contre le Japon, tous les Japonais ethniques vivant aux États-Unis, qu’ils soient ou non citoyens américains, furent déportés et enfermés dans des camps de concentration, sous le prétexte qu’ils étaient « inassimilables » et ataviquement loyaux à l’Empereur du Japon.

En insistant dès 1933 pour mobiliser tous les juifs ethniques du monde, y compris ceux d’Allemagne, dans la guerre contre l’Allemagne, les sionistes savaient bien ce qu’ils faisaient : ils poussaient le Reich vers une politique de stigmatisation, de ségrégation, de déportation et d’enfermement des juifs allemands. Et cependant, ce n’est pas avant septembre 1941 que l’étoile jaune leur fut imposée, et ce n’est qu’en 1942 que les juifs furent systématiquement déportés en tant qu’ennemis de la nation [11]. Il ne faut pas oublier que « la destruction des juifs européens ne fut pas une cause de la guerre, mais une horrible conséquence de la guerre », comme le dit Pat Buchanan dans son livre capital sur les responsabilités de la guerre [12].

Même aux États-Unis, des voix juives s’élevèrent contre l’irresponsabilité du boycott de l’Allemagne. Le rabbin Harry Waton écrira en 1939 dans son Program for the Jews :

« Par ce stupide boycott, ils aggravent la situation des juifs en Allemagne. Dans leur vanité et leur stupidité, les juifs de ce pays ne réalisent pas combien il est inhumain et cruel de sacrifier les juifs d’Allemagne pour satisfaire une vanité stupide et folle. […] Six ans se sont écoulés depuis que les juifs hors d’Allemagne ont déclaré la guerre à l’Allemagne nazie et à l’Italie fasciste. Les juifs n’admettront jamais que les récents pogroms ont beaucoup à voir avec leur stupide boycott. [13] »

La stupidité n’est peut-être pas la bonne explication. On misera plutôt sur le cynisme et le machiavélisme (ne jamais oublier ce qu’a écrit Michael Ledeen, fondateur du Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA), au sujet de Machiavel : « Écoutez sa philosophie politique et vous entendrez la musique juive [14] »).

Comme on pouvait s’y attendre, cinq jours après la déclaration de guerre économique de la communauté juive internationale, Hitler annonça un contre-boycott des entreprises juives à titre de « mesure défensive contre la propagande juive à l’étranger. » Ce boycott ne dura qu’un seul jour et fut peu suivi.

Le premier pogrom contre les juifs d’Allemagne eut lieu dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. C’est la fameuse « Nuit de cristal », qui fit une centaine de morts et déclencha un déluge de protestation dans la presse étrangère. Elle avait été provoquée par l’assassinat à Paris du diplomate allemand Ernst von Rath par un jeune juif de 17 ans, Herschel Grynszpan. Grynszpan lui-même avoua que son geste avait été motivé par les rumeurs quotidiennes d’atrocités contre les juifs en Allemagne qu’il lisait dans le journal yiddish Paryzer Haynt. De son côté, la presse allemande n’eut aucun mal à établir un lien entre Grynszpan et la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), fondée en 1927 pour défendre un autre assassin juif, Samuel Schwartzbard [15].

Selon Ernst Nolte, l’assassinat de von Rath intervenait alors que l’antisémitisme était encore au second plan de la propagande nationale-socialiste, loin derrière l’anticommunisme :

« Après les lois de Nuremberg, les juifs allemands avaient connu quelques années de relative tranquillité durant lesquelles on encouragea leur départ pour l’étranger, le grand nombre de ceux qui demeuraient dans le pays pouvant alors mener une vie communautaire d’une diversité et d’une vitalité étonnantes. Sur le plan économique, les positions juives ne paraissaient guère atteintes si l’on était attentif au fait que, au bas des lois relevant de l’économie politique, il n’était pas rare de voir les signatures de plusieurs banquiers juifs côtoyer celle de Hitler [16] »

Les premiers camps de concentration en territoire allemands étaient déjà surpeuplés, mais aucun juif n’était alors officiellement interné en raison de sa judéité. Pourtant, dès 1936, les sionistes américains évoquaient déjà « la souffrance intolérable de millions de juifs dans l’holocauste européen », pour exiger de l’Angleterre « l’établissement d’une nation juive libre en Palestine capable de fournir un refuge aux millions de Juifs persécutés en Europe de l’Est et en Allemagne [17]. »

De l’huile sur le feu

Le 30 janvier 1939, dans une ultime tentative de dissuader l’Angleterre de déclarer la guerre à l’Allemagne, Hitler envoya depuis la tribune du Reichstag un « avertissement prophétique aux juifs », reproduit dans la presse nationale-socialiste :

« Si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la bolchevisation du monde, et par là la victoire du judaïsme, mais au contraire l’anéantissement [Vernichtung] de la race juive en Europe [18]. »

L’Angleterre déclara la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939, et, comme par provocation, le Congrès juif mondial (fondé en 1936 pour rallier les juifs du monde entier contre Hitler) en revendiqua le mérite.

Hitler répéta solennellement sa prophétie deux ans plus tard jour pour jour, cette fois à l’adresse des États-Unis. La presse américaine se moqua de son numéro de prophète. Le New York Times, propriété de la famille Sulzberger et archétype de la presse juive aux yeux des nazis, répondit dans un éditorial :

« Il n’est pas le moindre précédent qui prouve qu’il tiendra sa promesse ou donnera suite à une menace. Si l’on peut avoir une certitude, c’est que la seule chose qu’il ne fera pas, c’est ce qu’il dit qu’il fera. [19] »

Jeffrey Herf, qui cite cet article, estime qu’il démontre une grave méconnaissance de Hitler, mais il faut plutôt y voir, je pense, une perfide intention de piquer son orgueil bien connu, et le pousser à mettre sa menace à exécution.

Durant la guerre, tout fut fait pour intensifier la rage des Allemands contre les juifs vivant à leurs côtés. Au début de 1941 parut le brûlot de l’affairiste juif américain Theodore Kaufman, Germany Must Perish, prônant « l’extinction de la nation allemande et l’éradication totale de la Terre de tout son peuple », en stérilisant tous les hommes allemands de moins de soixante ans, et les femmes de moins de quarante cinq ans, ce qui pouvait être réalisé en moins d’un mois par environ vingt milles chirurgiens. « En conséquence, en l’espace de deux générations, […] l’élimination du germanisme et de ses porteurs aura été accomplie [20]. »

Interviewé par le Canadian Jewish Chronicle, Kaufman parle de la « mission » des juifs de guider l’humanité vers une « paix perpétuelle » ; grâce à eux, « le monde se développera lentement mais sûrement en un paradis » ; mais dans l’immédiat, « stérilisons tous les Allemands et les guerres de domination mondiale prendront fin [21]. »

Le ministre de la Propagande Joseph Goebbels fit imprimer une traduction de ce texte et le fit lire à la radio, afin, écrit-il dans son journal, de montrer à chaque Allemand et chaque Allemande ce qui les attend « s’ils montrent à nouveau, comme en novembre 1918, un signe de faiblesse ». En affirmant en outre que les juifs allemands étaient de son avis, Kaufman intensifiait l’hostilité des Allemands contre les juifs.

Louis Marschalko, dans The World Conquerors : The Real War Criminals (1958), cite quelques autres auteurs juifs américains et anglais prônant une « solution finale » à la « question allemande » : Leon Dodd, qui dans How Many World Wars (1942), proclame qu’aucune Allemagne et aucune race allemande ne doit être laissée après la guerre ; Charles Heartman, qui dans There Must Be No Germany After This War (1942), exige également l’extermination physique du peuple allemand ; Einzig Palil, qui dans Can We Win the Peace ? (1942), suggère le démembrement de l’Allemagne et la démolition totale de son industrie ; Ivor Duncan, qui dans le numéro de mars 1942 de Zentral Europa Observer, demandait la stérilisation de quarante millions d’Allemands, estimant le coût total à cinq millions de livres sterling ; Richard Brickner, dans Is Germany Incurable ? (1943), propose une « thérapie de choc » [22].

Tout cela semblait donner raison à Hitler, qui affirmait dans son discours à la nation du Nouvel An 1940 :

« L’ennemi mondial judéo-capitaliste qui nous affronte n’a qu’un but : exterminer l’Allemagne et le peuple allemand. »

Lorsque le 24 janvier 1943, le président Roosevelt exigea une capitulation inconditionnelle de l’Allemagne, fermant la porte à toute sortie négociée de la guerre, il acculait les Allemands dans une lutte désespérée. Les bombardements massifs des villes ordonnés par Churchill, dans lesquels sept cent mille personnes, femmes, enfants et vieillards principalement, périrent dans des souffrances et des terreurs inconcevables, étaient aux yeux des Allemands la preuve d’une volonté d’extermination qui ne leur laissait d’autre choix que de résister jusqu’à l’anéantissement [23]. Tout cela était fait dans le plus grand mépris du sort des juifs des territoires occupés, dont plusieurs millions croupissaient déjà dans des camps dans des conditions épouvantables.

Peu après le débarquement en Normandie, Roosevelt et Churchill discutèrent de l’avenir de l’Allemagne lors de la deuxième conférence de Québec du 11 septembre 1944, et signèrent un projet élaboré sous la direction du juif américain Henry Morgenthau Jr, secrétaire du Trésor. Ce Suggested Post-Surrender Program for Germany « projette de transformer l’Allemagne en un pays essentiellement agricole et pastoral », en démantelant et en transportant vers les pays alliés « toutes les installations industrielles et les équipements non détruits par une action militaire » et en imposant le « travail forcé allemand hors d’Allemagne ». La révélation de ce Plan Morgenthau par le Wall Street Journal du 23 septembre 1944 a poussé les Allemands dans une lutte désespérée pour leur survie, et dans une rage accrue contre les juifs, dont ils connaissaient l’influence sur Roosevelt [24].

L’alya ou la mort

Durant la guerre, tandis que les juifs des territoires sous contrôle allemand se trouvaient dans une situation critique, tous les projets pour leur venir en aide furent entravés par les sionistes, comme le montre Shonfeld par de nombreux exemples. En 1941, le Comité pour le boycott de l’Allemagne, une branche du Congrès Juif mondial dirigé par Stephen Wise, demanda aux associations juives américaines de cesser tous les envois humanitaires destinés aux juifs de Pologne. Nathan Schwalb, chef de l’Agence juive en Suisse, s’opposa également à toute aide humanitaire destinée à ces mêmes juifs d’Europe de l’Est, sous le prétexte suivant :

« Si nous n’apportons pas de sacrifices, avec quoi obtiendrons-nous le droit de nous asseoir à la table quand ils feront la répartition des nations et des territoires après la guerre ? […] c’est seulement par le sang que la terre sera à nous. [25] »

Quant à la solution de l’émigration des juifs européens, la politique sioniste était de l’entraver systématiquement pour tout autre destination que la Palestine. Déjà en 1938, les sionistes anglo-américains avaient fait échouer la « Conférence internationale d’Évian sur les problèmes politiques et économiques causés par l’expulsion des juifs du Reich » et la résolution des démocraties occidentales d’ouvrir leurs frontières aux juifs dont l’Allemagne souhaitait se débarrasser. David Ben Gourion s’opposa à ce projet, car cela « mettra en danger l’existence du sionisme [26]. » « Nous devons donner une réponse sioniste à la catastrophe que subissent les juifs allemands – transformer ce désastre en une occasion pour développer notre pays » avait-il déclaré dès 1935, et il déclarera à nouveau le 8 décembre 1942, à l’assemblée des militants du Mapaï :

« La tâche du sioniste n’est pas de sauver le « reste » d’Israël qui se trouve en Europe, mais de sauver la terre d’Israël pour le peuple juif. [27] »

Les juifs allemands devaient soit se convertir au sionisme et émigrer en Palestine – mais les Britanniques n’autorisaient que des quotas limités – soit être abandonnés à leur sort, dans les deux cas, au profit ultime du sionisme. Lorsque la guerre a éclaté, il restait en Allemagne environ 275 000 juifs qui, faute d’un visa accordé par un pays étranger, ne pouvaient émigrer. Hitler ironisait dans son discours du 30 janvier 1939 :

« C’est un spectacle honteux de voir comment le monde démocratique tout entier suinte de sympathie pour le peuple juif pauvre et tourmenté, mais reste dur et obstiné quand il s’agit de les aider, ce qui est certainement, compte tenu de son attitude, un devoir évident. Les arguments qui sont invoqués comme excuse pour ne pas les aider sont très parlant pour nous, Allemands et Italiens. Car voici ce qu’ils disent : 1. « Nous, les démocraties, ne sommes pas en mesure d’accueillir les juifs ». Pourtant, dans ces empires, il n’y a pas 10 personnes au kilomètre carré. Alors que l’Allemagne, avec ses 135 habitants au kilomètre carré, est censée avoir de la place pour eux ! 2. Ils nous assurent : « Nous ne pouvons les prendre que si l’Allemagne est prête à leur permettre d’apporter un certain capital en tant qu’immigrants ». [28] »

Le mépris des sionistes pour la vie des juifs d’Allemagne est illustré par la tragédie du Patria : en novembre 1940, les Britanniques empêchèrent le débarquement à Haïfa de 3600 juifs venus volontairement d’Allemagne sur trois navires affrétés par le Bureau central pour l’émigration juive (dirigé par Adolf Eichmann). Les hommes de l’Irgun et de la Haganah firent alors couler par un engin explosif le navire sur lequel les Britanniques avaient réunis ces malheureux juifs, le Patria, en voulant faire croire que les passagers avaient eux-mêmes sabordé le navire parce qu’ils préféraient mourir qu’être refoulés de la terre promise.

En 1944, un nouvel effort de Roosevelt pour ouvrir les frontières des pays alliés aux réfugiés juifs fut de nouveau avorté par les sionistes américains. Lorsque Morris Ernst, envoyé par Roosevelt à Londres pour discuter du projet, revint avec l’accord britannique d’accueillir 150 000 réfugiés, Roosevelt fut satisfait, certain que l’Angleterre ferait de même et que d’autres pays suivraient l’exemple. Mais une semaine plus tard, Roosevelt annonça à Ernst l’abandon du projet, « parce que le leadership juif dominant de l’Amérique s’y oppose ». Les sionistes, expliqua Roosevelt, « savent qu’ils peuvent récolter d’énormes sommes pour la Palestine en disant aux donateurs : « Il n’y a pas d’autre endroit où ce pauvre juif puisse aller. » Mais s’il y a un asile politique mondial, ils ne pourront plus lever leur argent. » Incrédule, Ernst fit le tour de ses contacts juifs, qui le traitèrent de traître ; on l’accusa de vouloir « saper le sionisme politique » par son plan d’accueil des juifs allemands [29]. Les mêmes juifs américains qui, jusqu’aux années 1930, militaient en faveur de la levée des restrictions sur l’immigration juive, voulaient maintenant que les juifs d’Europe restent piégés sous le régime nazi, jusqu’à ce que les survivants puissent être forcés d’immigrer en Palestine.

Ils le furent en effet. Abraham Klausner, autorité rabbinique du camp de concentration de Dachau après sa libération en avril 1945, écrit dans un rapport du 2 mai 1948 à l’American Jewish Conference, de tendance sioniste :

« Je suis convaincu qu’il faut forcer les gens à aller en Palestine. Ils ne sont pas en état de comprendre ni leur propre situation ni les promesses du futur. […] Il faut garder à l’esprit que nous avons affaire à des gens malades. Il ne faut pas leur demander, mais leur dire ce qu’ils doivent faire. »

Les moyens de les « forcer » à émigrer en Palestine contre leur volonté incluent propagande (rumeurs de pogroms aux États-Unis, où la plupart souhaitaient aller), harcèlement, brimades, confiscation de nourriture. L’opération est une réussite : entre 1945 et 1952, près d’un million de juifs s’installent dans les territoires évacués par les Palestiniens [30].

Les bons juifs du Reich

Les juifs allemands qui ont le plus souffert sous le régime hitlérien n’étaient pas les sionistes. Ces derniers étaient considérés par les autorités allemandes comme les bons juifs [31]. Et pour cause : ils encouragèrent lois raciales promulguées à Nuremberg le 15 septembre 1935. La Fédération sioniste d’Allemagne avait adressé en 1933 un mémorandum au nouvel État allemand, exprimant sa sympathie pour l’idéologie du Führer :

« Notre reconnaissance de la nationalité juive assure une relation claire et sincère avec le peuple allemand et ses réalités nationales et raciales. Précisément parce que nous ne voulons pas falsifier ces principes fondamentaux, parce que nous aussi, nous sommes contre le mariage mixte, nous sommes pour le maintien de la pureté du groupe juif et nous rejetons toute atteinte dans le domaine culturel. [32] »

Le sioniste Joachim Prinz écrivit dans son livre Wir Juden (« Nous les juifs »), paru à Berlin en 1934 :

« Nous voulons que l’assimilation soit remplacée par une nouvelle loi : la déclaration d’appartenance à la nation et à la race juives. Un État fondé sur le principe de la pureté de la nation et de la race ne peut qu’être honoré et respecté que par un juif qui déclare son appartenance à sa propre race. [33] »

C’est donc très logiquement que Reinhardt Heydrich, chef du service de sécurité SS, expliquait en 1935 dans Das Schwarze Korps :

« Nous devons séparer les juifs en deux catégories : les sionistes et ceux qui sont en faveur de l’assimilation. Les sionistes adhèrent à une position raciale stricte et en émigrant en Palestine, ils aident à construire leur propre État juif. […] Le temps n’est pas si lointain où la Palestine pourra à nouveau accepter ses fils perdus depuis plus de mille ans. Nos meilleurs vœux ainsi que notre bonne volonté officielle les accompagnent. [34] »

Dans le cadre de l’Accord de transfert (Haavara) signé le 7 août 1933 entre l’Agence juive et l’Allemagne, représentée par Adolf Eichmann, soixante mille riches juifs allemands furent autorisés à s’installer avec leur fortune en Palestine, une contribution décisive à la colonisation juive [35]. Selon l’agence de presse sioniste Palcor, le chiffre des juifs immigrés en Palestine depuis les territoires contrôlés par l’Allemagne aurait atteint un demi-million en 1940 [36]

Il n’y a pas de contradiction entre, d’une part, la collaboration des sionistes allemands avec l’hitlérisme, et d’autre part, l’agitation des sionistes anglais et américains contre l’Allemagne hitlérienne. L’historien David Irving écrit que « les responsables de la Haganah avec lesquels Adolf Eichmann négocia durant son voyage en Palestine en novembre 1937 avaient laissé entendre que cela servirait leurs intérêts si les choses chauffaient un peu pour les Juifs d’Allemagne, afin d’accélérer l’émigration en Palestine [37]. » Cette affirmation n’est pas sourcée, mais elle est conforme à la stratégie sioniste, pensée par Herzl lui-même. Et l’on a vu que, de 1933 à 1945, les sionistes anglais et américains ont tout fait pour que ça chauffe !

Yahvé est-il antisémite ?

La majorité des juifs victimes de la répression hitlérienne étaient des juifs « assimilationnistes », qui n’avaient aucune sympathie pour le sionisme. Comme Hannah Arendt l’a rappelé, « tous les postes importants de la Reichsvereinigung (l’organisation officielle des juifs dans le Troisième Reich) nommée par les nazis étaient détenus par des sionistes. » Cela « conduisit à une situation dans laquelle la majorité non sélectionnée des Juifs se trouva inéluctablement aux prises avec deux ennemis – les autorités nazies et les autorités juives [38]. »

Le Reb Shonfeld apporte de nombreuses illustrations de la cruauté des sionistes à l’égard des juifs sur lesquels ils régnaient dans les ghettos.

Que les juifs portés à l’assimilation aient en quelque sorte payé de leur vie pour que naisse un État juif fondé sur le rejet de l’assimilation et la pureté ethnique, cela est conforme au schéma biblique. La notion vient directement du Deutéronome :

« Si ton frère, fils de ton père ou de ta mère, ou ton fils ou ta fille, ou l’époux que tu embrasses, ou ton ami le plus intime, essaie secrètement de te séduire en disant : « Allons servir d’autres dieux » […], Tu le lapideras jusqu’à ce que mort s’ensuive, car il a cherché à t’égarer loin de Yahvé ton dieu […]. Tout Israël, en l’apprenant, sera saisi de crainte et cessera de pratiquer ce mal aux milieu de toi. » (Deutéronome 13,7-12)

Pire encore, si « dans l’une des villes que Yahvé ton dieu t’a données pour y habiter, des hommes, des vauriens, issus de ta race, ont égaré leurs concitoyens en disant : « Allons servir d’autres dieux » […], tu devras passer au fil de l’épée les habitants » et réduire la ville en cendres, afin qu’ « elle devienne pour toujours une ruine ». Voilà, conclut le passage, « ce qui est juste aux yeux de Yahvé ton dieu » (13,13-19). 

« Servir d’autres dieux », cela signifie rechercher l’assimilation avec les peuples hôtes. Aux yeux de Yahvé, les juifs assimilés méritent la mort, et leur mort doit servir d’exemple. Quand, au IIe siècle av. J.-C., des Israélites dirent : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus » (1 Maccabées 1,11), les fils de Maccabées alliés aux Hassidim « se composèrent une forte armée, frappèrent les pécheurs dans leur colère et les mécréants dans leur fureur ». Ils « circoncirent de force tous les enfants incirconcis qu’ils trouvèrent sur le territoire d’Israël » (2,44-46). Après quoi ils établirent leur théocratie.

La Torah montre que le règne de terreur de Yahvé repose sur le sacrifice des juifs assimilationnistes. Dans le Livre des Nombres, lorsqu’un Israélite eut l’audace de comparaître devant Moïse avec sa femme madianite, Phinas, le petit-fils d’Aaron, « saisit une lance, suivit l’Israélite dans l’alcôve, et là il les transperça tous les deux, l’Israélite et la femme, en plein ventre ». Yahvé félicita Phinas d’avoir eu « la même jalousie que moi » et, en récompense, lui donna « pour lui et pour sa descendance après lui, […] le sacerdoce à perpétuité » (Nombres 25,11-13). Méditons sur ce fait que, selon la Bible, le sacerdoce aaronite était une récompense pour le double meurtre d’un Israélite assimilationniste et de sa femme non juive.

L’histoire de l’Exode 32 est encore plus révélatrice. Après l’épisode du Veau d’Or, Moïse conspire avec les fils de Lévi qui se rallient autour de lui :

« Il leur dit : « Ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël : ceignez chacun votre épée sur votre hanche, allez et venez dans le camp, de porte en porte, et tuez qui son frère, qui son ami, qui son proche. » Les fils de Lévi firent ce que Moïse avait dit, et du peuple, il tomba ce jour-là environ trois mille hommes. Moïse dit : « Vous vous êtes aujourd’hui conféré l’investiture pour Yahvé, qui au prix de son fils, qui au prix de son frère, de sorte qu’il vous donne aujourd’hui la bénédiction. » » (Exode 32,27-29)

Dans le Livre des Nombres, chapitres 16 et 17, un groupe de deux cent cinquante Lévites, dirigé par Koré, sont eux-mêmes exterminés pour s’être rebellés contre Moïse et Aaron. « Je vais détruire [cette communauté] en un instant », dit Yahvé, et « un feu jaillit de Yahvé, qui consuma les deux cent cinquante hommes porteurs d’encens » (16,20-35). « Le lendemain, toute la communauté des Israélites murmura contre Moïse et Aaron en disant : « Vous avez fait périr le peuple de Yahvé ! » » Alors Yahvé dit : « Je vais détruire (cette communauté) en un instant », et une épidémie décima quatorze mille sept cents d’entre eux (17,6-14).

Ce que ces épisodes soulignent, c’est que l’autorité de Yahvé et de ses élites représentatives (c’est une seule et même chose) est entièrement fondée sur la violence et la terreur contre les Israélites eux-mêmes. Les juifs qui défient leurs chefs et qui se socialisent avec leurs voisins non-juifs, qui mangent avec eux, qui se marient avec eux, et qui, en faisant tout cela, font preuve de respect envers leurs dieux, sont, selon l’idéologie biblique, des traîtres à Yahvé et à leur race, qui attirent sur leur communauté la colère de Yahvé et méritent d’être éliminés sans pitié. Leur extermination plaît à Yahvé et régénère le peuple.

C’est peut-être là, au fond, la vraie raison pour laquelle les juifs d’Europe morts sous l’occupation nazie sont désignés comme un Holocauste. Un « holocauste » désigne dans la traduction grecque de la Torah le sacrifice propiatroire d’animaux entièrement consumés, offert par les prêtres à Yahvé, qui en apprécie « l’agréable odeur » (Genèse 8,21). Selon le livre d’Esdras, par exemple, un gigantesque holocauste de taureaux, béliers et agneaux fut offert à Yahvé par les Judéo-Babyloniens qui colonisèrent la Palestine avec le soutien politique, militaire et financier de l’empereur de Perse (Esdras 7,17).

Laurent Guyénot

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À propos de l'auteur ERTV

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