par Oscar Fortin.
On se souviendra du 19 novembre 2019, jour d’élection présidentielle, en Bolivie. Evo Morales, alors candidat, s’est vu soutenu de nouveau par la grande majorité de son peuple. Les premiers résultats le donnèrent comme gagnant au premier tour, sans nécessité d’un second tour. C’est alors que le secrétaire général de l’OEA, alors présent, comme observateur, prit l’initiative d’une déclaration, faisant état d’une grave fraude électorale. Son statut, comme secrétaire général de l’OEA, lui assurait une certaine crédibilité de la part des alliés de Washington et des ennemis de Evo Morales. C’est alors, en concertation avec la partie perdante de l’élection et des alliés de l’empire, les forces armées boliviennes, fidèles aux partisans de la « droite », ont été mises à contribution pour confirmer cette fraude et mettre à prix la « tête » de Evo Morales et de tous ceux et celles qui lui sont très proches.
Nous connaissons la suite. Evo Morales, pour éviter des massacres de son peuple et de ses plus proches, ainsi que sur lui-même, s’exila au Mexique qui lui avait tendu la main. Pendant ce temps, l’armée s’en prenait aux résistants à ce coup d’État militaire, alors que les principaux artisans de ce dernier préparaient un gouvernement fantoche, reconnu par Washington et ses alliés, tenant lieu de pouvoir légitime pour gouverner le pays.
Devant cette scène grotesque, d’usurpation de la volonté, clairement exprimée du peuple, se firent silencieux les évêques boliviens tout comme fut le cas du Vatican. La majorité des pays subordonnés à Washington comme c’est le cas du « club de Lima et de l’Union Européenne » reconnurent le nouveau gouvernement. Ce ne fut toutefois pas le cas pour les Nations Unies qui se sont abstenues d’en reconnaître la légitimité.
En ce 18 octobre 2020, ce fut également élection présidentielle dans le but de légitimer le nouveau gouvernement. Ce que les putschistes considéraient pour acquis s’est vite transformé en une débâcle rarement vue. Le candidat, Luis Arce, mis de l’avant par le parti politique de Evo Morales (MAS), s’est vu attribuer, par le vote du peuple bolivien, la présidence avec 52,4% des voix.
Deux points retiennent particulièrement mon attention : le premier est celui de la reconnaissance immédiate de cette victoire par les principaux dirigeants de l’opposition officielle. Le second est cette unanimité internationale de ceux qui, en 2019, ont tout fait pour que la victoire de Evo Morales ne soit pas reconnue.
Je note, entre autres, l’appel téléphonique, tout récent, du pape François à Evo Morales, toujours en résidence protégée en Argentine. Je note également le comportement des évêques boliviens qui se félicitent de la victoire de celui qui sera le nouveau président de Bolivie. On se souviendra que ces mêmes évêques avaient, pratiquement, fait campagne (en 2019) contre Evo Morales, l’accusant de fraudes électorales, sans jamais en donner les preuves.
Trump et l’Union européenne ont aussitôt reconnu le nouveau gouvernement, se disant disposés à travailler avec ce dernier.
Je voudrais bien croire à un virement de 180 degrés de tous ces acteurs qui ont été, sous une forme ou une autre, les auteurs directs et indirects du Coup d’État de novembre 2019. D’ailleurs, jusqu’à tout récemment, certains des plus radicaux promettaient de mettre l’armée au service de leur démocratie. Il y a toutefois une autre hypothèse tout à fait plausible…
Le trois novembre prochain sera jour d’élection aux É.U.. Donald Trump, en tant que candidat à cette élection, ne peut se permettre, à deux semaines de ces dernières, une aventure internationale comme celle d’un second coup d’État contre le peuple bolivien. Ses promesses de paix et de respect des peuples et des nations se verraient renvoyées aux oubliettes. Je le vois donc ordonner, de la Maison-Blanche, à tous ses collaborateurs et collaboratrices impliqués, directement ou indirectement dans un changement de régime politique en Bolivie, de se conformer aux résultats des élections et d’en reconnaître les principaux élus. Faire ainsi la démonstration que son gouvernement respecte la « démocratie » et le droit des peuples à décider de leur destin.
Je suis porté à penser que pour certains, ce fut un véritable virement, et pour d’autres, il s’agit plutôt d’une remise à plus tard. J’espère me tromper sur ce dernier point.
source : http://humanisme.blogspot.com
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