Avec cette comédie vaudevillesque qui met les femmes au premier plan, Méliane Marcaggi signe un premier film léger, pétillant, nourri de gags et de rebondissements imprévus, mais inabouti, collé au duo Miou-Miou/Alexandra Lamy.
Après un démarrage à Paris assez convenu, à travers lequel une femme se découvre trompée (Alexandra Lamy), celle-ci file en Corse pour voir si l’air n’est pas meilleur là-bas. Mais une torride liaison d’une nuit avec un beau séducteur (Thomas Dutronc) vire au drame. Une défaillance cardiaque a emporté, au matin, l’ardent partenaire dans la chambre d’hôtel mise à sac par leurs ébats. Et voici que sa maman débarque (Miou-Miou), en prenant la dame pour la compagne officielle du disparu. Et de l’entraîner au village afin de jouer un rôle de pleureuse endeuillée aux funérailles devant toute la communauté. Ce qu’elle accepte étonnamment. Dès lors, le rythme s’apaise. On entre au royaume du temps suspendu.
Tout cela paraît bien rocambolesque. Mais la Corse profonde, bien filmée, apporte un décor superbe à la farce macabre tissée de quiproquos, avec ses montagnes, ses rochers, la place principale aux rituels séculaires, l’église, la maison de la matriarche dans un recoin, conférant une majesté visuelle à un film de petite pointure. Belle-fille entend greffer des thèmes plus sombres sur sa comédie : le deuil, le déni de la perte venu s’offrir une figure de remplacement, le couple en débandade, la vie traditionnelle dans une campagne perdue (qui verse dans le cliché tout en passant trop vite sur les chants corses), mais le scénario effleure ces pistes la plupart du temps. La mise en scène et le rythme sont inégaux, parfois vifs, parfois languissants, en quête d’unité.
Alexandra Lamy met du cœur et de l’entrain à camper cette femme nouvellement émancipée soudain plongée dans un cauchemar corse, avec une belle-mère improvisée qui refuse de lâcher sa proie. Son personnage nous offre quand même bien des mimiques forcées. Thomas Dutronc, dans les courtes séquences de l’amusante nuit folle, est un peu faible, mais se rattrape comme compositeur de la musique inspirée. Jonathan Zaccaï en frère du défunt qui ne pense qu’à apaiser sa maman garde la note juste.
On ne parle toutefois pas du rôle de sa vie pour la grande Miou-Miou, ici assez amorphe en mère plongée dans des fantasques de fuite, à côté de ses pompes, par-delà ses percées d’émotion, confinée au registre dramatique devant une partenaire qui ne fait que jouer. Le tandem des deux femmes boitille et l’enchaînement des malentendus finit par lasser. Belle fille possède une fraîcheur, une générosité, une cocasserie, sans parvenir à ficeler son histoire improbable (quoique adaptée d’une histoire vécue) dans un emballage de vérité.