«J’affirme que Poutine est derrière ce crime et je ne vois pas d’autres explications de ce qui s’est passé», a déclaré Alexeï Navalny, lors d’un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, publié ce 1er octobre, au sujet de son empoisonnement présumé.
Tandis que Moscou avait fait savoir que l’opposant était libre, comme n’importe quel citoyen, de rentrer dans son pays après son hospitalisation en Allemagne, Alexeï Navalny a répondu : «Je ne ferai pas le cadeau à Poutine de ne pas rentrer en Russie.» Il a poursuivi : «Ne pas rentrer signifierait que Poutine a atteint son objectif […] Mon devoir est à présent de rester comme je suis, quelqu’un qui n’a pas peur. Et je n’ai pas peur !»
Moscou attend toujours la coopération de l’Allemagne
Alexeï Navalny a quitté la semaine dernière l’hôpital de la Charité à Berlin, dans lequel il a été soigné après avoir été pris d’un malaise en le 20 août lors d’un vol entre Tomsk (en Sibérie occidentale) et Moscou, attribué par Berlin et plusieurs pays à une tentative d’empoisonnement, donnant lieu à une crise diplomatique avec la Russie.
L’Allemagne affirmait ainsi que des tests réalisés par un laboratoire militaire (et confirmés, selon Berlin, par d’autres laboratoires indépendants) montraient un empoisonnement au Novitchok.
De leur côté, les médecins russes de Moscou et Omsk, qui ont pris en charge Alexeï Navalny, affirment qu’aucune trace d’empoisonnement n’a été découverte sur l’homme politique lors des analyses. Pointées du doigt par l’Allemagne, la France, ou les Etats-Unis, les autorités russes ont souligné avoir effectué une requête officielle de coopération à l’enquête à l’Allemagne, afin notamment d’échanger les éléments au sujet de l’empoisonnement présumé de l’opposant russe. Selon Moscou, la demande est restée lettre morte.
«Dès le début de cette affaire, le ministère russe de l’Intérieur a lancé des investigations préliminaires [à l’ouverture d’une enquête] Je le dis, pour le moment, ce [qui s’est passé] n’est pas clair», avait pour sa part souligné le 1er septembre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Annonçant sa sortie de l’hôpital, l’établissement médical berlinois où Alexeï Navalny a passé près d’un mois dont plusieurs semaines en soins intensifs avait fait savoir que, selon les médecins, un «rétablissement total» du patient était «possible», tout en précisant que des «conséquences sur le long terme du grave empoisonnement» pourraient toujours se manifester ultérieurement.
Si Alexeï Navalny est régulièrement présenté dans les grands médias occidentaux comme la «bête noire du Kremlin», sa popularité en Russie – où il lui a été interdit de se présenter à la dernière présidentielle – est bien plus relative. Selon un sondage réalisé fin 2019 par l’institut russe indépendant Levada, seulement 2% des citoyens russes ayant participé à l’enquête disaient qu’ils voteraient pour lui si l’élection présidentielle se déroulait la semaine suivante. Ces résultats le situaient loin derrière Vladimir Poutine (38%), mais également derrière d’autres figures de l’opposition russe comme Vladimir Jirinovski (ultra-nationaliste, 4%), ou Pavel Groudinine (Parti communiste, 3%). Alexeï Navalny, dont la candidature à la dernière élection présidentielle avait été rejetée en raison d’une précédente condamnation pour des faits qu’il conteste, a subi plusieurs arrestations, notamment pour participation et organisation de manifestations non-autorisées.