Allié indéfectible de Donald Trump, le président du Brésil, Jair Bolsonaro, est monté au créneau mercredi contre les déclarations « désastreuses » du candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden, qui a menacé son pays de sanctions économiques à cause de la déforestation en Amazonie.
« La souveraineté du Brésil n’est pas négociable », a-t-il lancé sur Twitter, en lettres majuscules, au lendemain du premier débat télévisé de la présidentielle américaine.
« En tant que chef d’État qui a resserré les relations entre le Brésil et les États-Unis comme jamais auparavant, après des décennies de gouvernements hostiles aux États-Unis, il est vraiment difficile de comprendre une déclaration aussi désastreuse et inutile », a ajouté le dirigeant d’extrême droite.
« Quelle honte, M. John Biden ! Quelle honte ! » a-t-il ajouté dans sa série de messages, en se trompant sur le prénom de l’ex-vice-président américain. Lors du débat de mardi soir, Joe Biden avait promis en cas de victoire de réunir avec d’autres pays 20 milliards de dollars afin d’aider le plus grand pays d’Amérique latine à freiner la déforestation.
La souveraineté du Brésil n’est pas négociable
« Voici 20 milliards de dollars. Stoppez la déforestation. Si vous ne le faites pas, il y aura des conséquences économiques significatives », avait-il lancé. Une vraie provocation pour Jair Bolsonaro, qui a estimé que le Brésil n’accepterait pas « de lâches menaces contre notre intégrité territoriale et économique ».
« L’avidité de certains pays envers l’Amazonie est un fait bien connu. Cependant, la démonstration explicite de cette avidité par quelqu’un qui se présente à la présidence de son pays est un signe clair de mépris pour une coexistence cordiale et fructueuse », a encore lancé le président brésilien.
« Biden n’a pas intérêt à froisser le Brésil, mais comme il veut être un président soucieux de l’environnement, il aura du mal à maintenir des relations stables avec ce pays », estime Oliver Stuenkel, spécialiste des relations internationales à la Fondation Getulio Vargas. « Mais Biden pourrait aussi devoir se rapprocher de Bolsonaro pour ne pas perdre un allié important face à la Chine », poursuit-il.
Fausses informations
Quelques heures après la publication de cette série de tweets, dans un discours préenregistré pour le Sommet sur la biodiversité des Nations unies, M. Bolsonaro a assuré que son pays était « engagé à respecter les principes du développement durable et à préserver [son] patrimoine naturel ».
« Nous ne pouvons pas accepter que de fausses informations disséminées de façon irresponsable servent de prétexte pour l’imposition de règles injustes », a-t-il insisté, accusant « certaines ONG » d’être à l’origine de « crimes environnementaux » pour faire de la mauvaise publicité au Brésil.
La semaine dernière, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, il avait déjà causé une vive polémique en affirmant que les incendies en Amazonie étaient provoqués par des indigènes qui employaient des techniques traditionnelles de brûlis itinérant. Une version réfutée par les écologistes et de nombreux autochtones, dont le cacique emblématique Raoni Metuktire.
Surnommé le « Trump des tropiques », climatosceptique comme son homologue américain, Jair Bolsonaro est sous pression internationale, y compris de la part d’investisseurs inquiets de l’avancée de la déforestation et de la recrudescence des incendies en Amazonie. La surface des aires déboisées dans la plus grande forêt tropicale de la planète a augmenté de 85 % sur un an en 2019, première année de mandat du président d’extrême droite.
Sur les huit premiers mois de 2020, la surface déboisée n’a baissé que de 5 % par rapport à la même période de l’année dernière, et les feux de forêt continuent de faire rage, en Amazonie et au Pantanal, au sud de la plus grande forêt tropicale au monde.
À cause de la déforestation, le gouvernement français a renouvelé récemment son opposition à l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) dans sa forme actuelle. Brasília a fustigé une démarche « protectionniste », taxant Paris de « méconnaissance des réalités du Brésil ».