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par Alexandre Lemoine.
Il est bien connu qu’à l’heure actuelle il n’existe que deux superpuissances nucléaires (la Russie et les États-Unis), et leur nombre ne changera pas d’ici 10 ou 15 ans. La Chine ne s’y joindra pas (son potentiel grandit trop lentement) et les États-Unis ne quitteront pas ce groupe. En dépit de sérieux problèmes nucléaires ils sont tout à fait capables de les régler à moyen terme.
Il existe trois puissances nucléaires « officielles » de second plan : le Royaume-Uni, la France et la Chine. Il existe aussi des puissances nucléaires « officieuses » de second plan : l’Inde et le Pakistan qui renforcent activement leur potentiel et qui sont capables de devancer dans les années à venir le Royaume-Uni pour se rapprocher du niveau franco-chinois.
Il y a aussi Israël qui suscite des litiges concernant l’arme nucléaire et sa position de silence en soi parmi d’autres choses, alors que les estimations de son arsenal divergent. Il y a la Chine qui n’est pas reconnue comme puissance nucléaire par les États-Unis. Alors que la Corée du Nord en est une et le sera, c’est un fait incontestable. Selon les plus grandes estimations elle ne possède pas plus de 75 ogives, principalement nucléaires, mais également boostées ou thermonucléaires.
Personne ne devrait s’ajouter à ces neuf détenteurs de l’arme la plus puissante sur terre dans les années à venir, à moins que l’Iran ne soit définitivement poussé à bout et dans ce cas ils seraient dix.
Les désireux de se doter de la bombe atomique étaient bien plus nombreux. Notamment l’Afrique du Sud, qui avait obtenu l’arme nucléaire et avait même réussi à fabriquer une première série de munitions en devenant le seul pays à renoncer réellement à l’arme nucléaire.
Un programme nucléaire existait également en Argentine (sous la junte qui avait perpétré la guerre des Malouines), au Brésil, en Irak dans les années 1980, en Libye.
Parmi ceux qui voulaient posséder l’arme nucléaire se trouvaient également des pays neutres. Notamment la Suède. Cette dernière travaillait sur l’arme nucléaire de 1945 à 1965, les derniers programmes de recherche ont été fermés seulement en 1972, alors que le royaume avait signé et ratifié depuis quatre ans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Un autre pays neutre rêvant de la bombe atomique était la Suisse. Après les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki des militaires suisses ont voulu doter leur armée de l’arme nucléaire. Le 5 novembre 1945, le chancelier fédéral suisse Karl Kobelt a réuni une conférence au palais fédéral pour créer une commission de recherche sur l’énergie atomique (Studienkommission für Atomenergie, SKA).
Karl Kobelt a laissé le 5 février 1946 dans un document secret sur le nucléaire les lignes suivantes : « … en outre, la Commission cherchera à élaborer une bombe suisse ou d’autres moyens appropriés pour mener une guerre en s’appuyant sur le principe de l’énergie atomique ».
Le professeur Paul Scherrer, chef de cette Commission, est devenu une figure centrale dans le programme nucléaire suisse. Paul Scherrer était un physicien connu qui a laissé une grande trace dans cette science et qui fait partie des fondateurs du célèbre CERN. C’est aussi lui qui, pendant la guerre, transmettait aux Américains les informations sur le programme nucléaire nazi. Et ensuite il est devenu partisan d’une bombe atomique suisse.
L’une des questions les plus délicates dans les projets militaires était celle de l’usage de l’arme nucléaire contre un ennemi sur le sol suisse. Pendant les débats le chef d’état-major des armées Louis de Montmollin a indiqué que dans certains cas l’usage de l’arme nucléaire était absolument nécessaire même en cas de risque d’infliger un sérieux préjudice à sa propre population civile. Il affirmait que seule la prise en compte des intérêts du public était insuffisante pour renoncer à cette option.
En 1963 ont été faites des propositions techniques détaillées avec des arsenaux concrets et un devis des dépenses. Le 15 novembre 1963, le docteur Paul Schmid a préparé un rapport de 58 pages exposant les bases théoriques de l’arme nucléaire suisse. Le 28 novembre 1963, le chef adjoint d’état-major des armées a évalué les dépenses pour la conception d’une bombe à uranium à 720 millions de francs suisses sur 35 ans, dont 20 millions de francs initiaux pour la recherche pure. Il a également calculé que si la décision était prise au profit du plutonium au lieu de l’uranium enrichi, l’estimation s’élèverait à 2,1 milliards de francs suisses sur 27 ans.
Le 4 mai 1964, l’état-major interarmées a suggéré de déployer près de 100 bombes (60-100 kt), 50 obus d’artillerie (5 kt) et 100 missiles (100 kt) d’ici 15 ans au prix d’environ 750 millions de francs suisses. Il était prévu d’effectuer 7 essais nucléaires souterrains dans les régions de montagne inhabitées en Suisse, dans un endroit avec un rayon de 2-3 km « qu’il est possible de bloquer entièrement ».
En plus, la Suisse a acheté de l’uranium et l’a stocké dans des réacteurs nucléaires achetés aux États-Unis, dont le premier a été construit en 1960. Entre 1953 et 1955, la Suisse a acheté près de 10 tonnes d’uranium enrichi au Congo belge sur autorisation des États-Unis et du Royaume-Uni. La Suisse étudiait également la possibilité d’en acheter à l’Union sud-africaine. 5 tonnes étaient stockées dans le réacteur DIORIT de Würenlingen, alors que les réserves de 3.238 kg et de 2.283 kg d’oxyde d’uranium se trouvaient à Wimmis jusqu’en 1981, et ce n’était pas couvert par les garanties internationales de non-prolifération.
La Suisse possédait 20 kg de plutonium séparé obtenu du combustible recyclé du réacteur de recherche DIORIT à eau lourde. Il était stocké pendant plusieurs décennies sous les garanties de l’AIEA à l’Institut Paul Scherrer à Würenlingen, mais cette réserve ne convenait pas directement pour créer l’arme nucléaire.
En février 2016, presque trente ans après l’achèvement du programme nucléaire, pour le Sommet sur la sécurité nucléaire de 2016 le gouvernement suisse a envoyé ce plutonium en excès aux États-Unis pour être recyclé.
Au printemps 1964, le groupe du ministère de la Défense qui avait approuvé les essais nucléaires en Suisse a présenté un plan secret de création de l’arme nucléaire au Conseil fédéral. Pendant la première étape du plan il était prévu d’acheter 50 bombes d’une puissance de 60-100 kt. A la deuxième étape – 200 charges supplémentaires. Afin de décider définitivement s’il faut organiser des essais nucléaires en Suisse, le chef d’état-major Jakob Annasohn a demandé au conseiller fédéral Paul Chaudet, ministre de la Défense, d’obtenir des assignations de 20 millions de francs suisses du Conseil fédéral.
La Suisse, dont les plans nucléaires n’ont pas échappé à l’intention des renseignements des deux superpuissances, a subi une immense pression diplomatique pour fermer le programme. En 1969, sous cette pression, la Suisse a signé et ratifié le TNP.
La fermeture du programme a été bien plus influencée par un grave accident en 1969, qui a entraîné une fonte partielle du réacteur expérimental de Lucens (CNEL), après quoi la fermeture du programme a commencé. Mais les recherches sur la création de l’arme nucléaire ont continué et n’étaient pas officiellement fermées jusqu’en 1988.
Certes, la bombe suisse avait peu de chances de voir le jour une fois que le programme a été chassé dans la clandestinité. Le pays était bien moins développé technologiquement dans les domaines clés du programme nucléaire que la Suède, par exemple. Le manque de son propre uranium, le retard technologique, le manque de chercheurs qualifiés et la limite des ressources financières ont empêché de réaliser le rêve de la Suisse de construire sa propre bombe atomique.
source : http://www.observateurcontinental.fr
Source: Lire l'article complet de Réseau International