Par Luc Michel.
Nous publions aujourd’hui un texte de Luc Michel qui décrit très bien la perte d’influence politique et militaire de l’Empire Américain au Proche-Orient – suite au déclin économique de l’Empire que Donald Trump ne sauvera pas, ni Joe Biden d’ailleurs – et la montée concomitante de son concurrent impérial Russe et des alliés de Vladimir Poutine – alliés que nous invitons à se méfier de leur nouveau maître. Robert Bibeau. Éditeur. https://les7duquebec.net
« Nous constatons que le problème palestinien conserve toute sa gravité » – Sergueï Lavrov, MAE russe.
La perspective de Trump, Pompeo et Kouchner repose sur une « géopolitique du rétroviseur ». Cette perspective est celle, obsolète, des Années 1991-2015, où l’Axe Washington – Tel-Aviv dominait le Proche-Orient. C’est oublier que depuis la période 2016-2020, Moscou a rétabli la parité stratégique avec l’Axe de la Résistance et est une grande puissance incontournable au Levant. Les israéliens étant les premiers à le reconnaître, Poutine étant qualifié par la presse israélienne elle-même « d’arbitre du Moyen-Orient » et en janvier dernier de « prééminence » (1) !
La presse russe a qualifié Poutine de « nouveau tsar » de l’Orient (2). Elle n’ a pas tord tant le président russe, surfant sur les erreurs américaines, celles d’Obama comme de Trump, en Syrie et ailleurs, s’est imposé dans le nouveau « Grand jeu » proche-Oriental. Et pas seulement en Syrie. Après six ans de conflit, la victoire du Président Assad et de ses alliés russe et iranien est incontestable et incontournable.
Voilà Moscou qui le rappelle et s’invite dans le jeu diplomatique de Trump et Netanyahu ! Pas de paix au Proche-Orient sans règlement de la question palestinienne, insiste Moscou ! (Fadaise pour flatter la galerie des péquenots. Ndlr)
En réaction à l’offensive proche orientale de Washington qui a pris les allures de l’élargissement des partisans de la normalisation avec Israël à des pétromonarchies alliées proches des USA, la Russie a affirmé, ce jeudi 17 septembre, que « la résolution du conflit israélo-palestinien demeurait une condition clé pour stabiliser le Moyen-Orient ». Les accords qui lient Israël aux Émirats arabes unis et au Bahreïn se font sur le dos des Palestiniens qui les rejettent, comme ils ont rejeté le fameux « Deal du siècle » proposé par l’administration Trump. (sic)
« LE PROBLÈME PALESTINIEN CONSERVE TOUTE SA GRAVITÉ »
« Prenant note des progrès en cours dans la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, nous constatons que le problème palestinien conserve toute sa gravité », a indiqué Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, dans un communiqué.« Ce serait une erreur de penser qu’il est possible d’atteindre une stabilisation solide du Moyen-Orient sans la résolution (de ce problème, ndlr) », a poursuivi le ministère, appelant les différents acteurs à des « efforts coordonnés » dans ce sens. « La Russie est prête à ce travail commun » au sein du Quartet — un groupe de médiateurs internationaux composé des Etats-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies — et en coopération avec la Ligue arabe, précise le ministère. (sic)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a signé mardi à Washington avec les Émirats arabes unis et Bahreïn des accords qui ont suscité l’ire des Palestiniens (de la bourgeoisie palestinienne qui voit que l’on règlera le différent sans leur verser leurs prébendes. Ndlr).
Ces deux pays arabes sont les premiers à reconnaître ‘Israël’ depuis les traités de paix avec l’Égypte et la Jordanie, en 1979 et 1994. Le président américain Donald Trump a affirmé que des États arabes supplémentaires suivraient « très bientôt » cet exemple, évoquant même l’Arabie saoudite « le moment venu ». En réaction, le président palestinien Mahmoud Abbas a soutenu qu’il n’y aura « aucune paix » au Proche-Orient sans la « fin de l’occupation » israélienne des Territoires palestiniens. (Voici qu’un laquais abois sa colère de stipendié – flouer. Ndlr).
MOSCOU A JETE LES BASES D’UNE NOUVELLE POLITIQUE ARABE
Moscou qui a jeté les bases d’une « nouvelle politique arabe », (sic) ouverte aussi aux pétromonarchies, tente de se démarquer de l’approche US marquée par une arrogance certaine et doublée d’un strabisme pro-israélien, a tendu la main aux Palestiniens pour qu’ils poursuivent le processus de réconciliation à Moscou. Une invitation saluée par les diverses factions palestiniennes à l’issue de la réunion à Beyrouth de la majorité des leaders des diverses composantes de la résistance palestinienne sous la houlette de M. Abbas, chef de l’Autorité (sans autorité. Ndlr) palestinienne qui supervisait la réunion via visio-conférence depuis Ramallah. (Sa prison de troufion. Ndlr).
LA MISSION PROTECTRICE DE LA RUSSIE
Depuis plusieurs siècles, la France – et en particulier depuis l’alliance géopolitique de revers entre la monarchie française et le Grand Turc – assurait la protection des minorités chrétiennes du Proche-Orient. Le mandat sur la Levant de 1918 et les Accords Sykes-Picot en procédaient en partie. Mais la participation française aux guerres américaines (et israéliennes) au Liban, en Irak et en Syrie ont mis à mal la position française (3). En particulier les tentatives occidentales de démembrement des Etats irakien et syrien. L’Europe-croupion de l’UE – qui est devenue tout sauf l’Europe – participe, France en tête, avec le sang de ses fils et l’argent de ses économies en crise aux guerres des USA contre la ‘Grande-Europe’, c’est-à-dire contre l’avenir de ses peuples, analysait pertinnemment le grand géopoliticien autrichien Jordis Von Lohausen (4).
La Russie s’est engouffrée dans la brèche ouverte. C’est désormais Moscou, la « Troisième Rome », (on ne vous le fait pas dire. Ndlr) qui protège les minorités chrétiennes. Mais aussi les non-sunnites du Liban (5). Et maintenant les Palestiniens, dont Trump, Kouchner (son gendre, dirigeant de l’aile radicale du Lobby pro-israélien US AIPAC) et les Likudniks ne pensaient faire qu’une bouchée …
NOTES ET RENVOIS :
(1) A l’occasion de cérémonies de la libération d’Auschwitz à Jérusalem, le quotidien israélien écrivait le 24 janvier 2020 : « Au milieu de tous les leaders à Jérusalem, Poutine domine !
« S’exprimant à deux reprises, faisant les gros titres avant le Forum, le président évoque la Seconde Guerre mondiale et la Shoah en Russie, respire l’autorité (…) Près de 50 dirigeants mondiaux se sont réunis jeudi à Jérusalem pour le cinquième Forum mondial sur la Shoah, qui coïncide avec le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Le vice-président des États-Unis, Mike Pence, était présent. De même que le président français Emmanuel Macron. Le prince Charles était présent, l’héritier du trône britannique effectuant sa première visite officielle en Israël – un voyage qui, à tout autre moment, aurait fait la une des journaux locaux. Des dizaines d’autres dirigeants – rois, Premiers ministres, présidents et autres – ont également pris place pour l’événement principal du Forum au musée mémorial de la Shoah de Yad Vashem. Et pourtant, il n’y avait aucun doute sur le chef international qui avait la présence la plus dominante : le président russe Vladimir Poutine (…) Non seulement Poutine a dominé les cérémonies du jeudi, mais il avait également dominé les jours précédents et dominera probablement les jours suivants ». The times of Israël conclut : « Le fait que Vladimir Poutine soit la nouvelle superstar de la région – au centre de la scène en Israël, et tirant les ficelles au Liban, en Syrie, en Iran et très probablement aussi à Gaza – a été confirmé à Yad Vashem jeudi ».
(2) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
SEEN FROM RUSSIA: PUTIN IS THE ‘NEW LORD OF THE MIDDLE EAST’ (RIA NEWS AGENCY)
(3) Dans les « guerres américaines » les USA, servilement suivi par les politiciens de l’OTAN, se sont engagés dans une série de guerre contre les intérêts de la Grande-Europe. Après la Yougoslavie, il y aura l’Afghanistan, l’Irak, le soi-disant « printemps arabe », la Syrie. Où les valets européens de Washington ont contribué directement à la destruction de leurs alliés géopolitiques potentiels, aux systèmes socio-politiques les plus proches d’eux. Des jeunes européens – et notre cœur saigne devant leur sacrifice inutile au service d’intérêts qui ne les concernent en rien – sont allés et vont mourir toujours pour Washington ! Les guerres des USA sont en effet des guerres contre la « Grande-Europe » (de Vladivostok à Reykjavik, le concept géopolitique d’où est issu le Néoeurasisme) et pour la domination de l’Eurasie au XXIe siècle. Ce qui implique aussi le contrôle des sources d’énergie (Pétrole, Gaz, Uranium) et de leurs voies d’acheminement.
Le grand théoricien de l’impérialisme américain au XXIeme siècle est Zbigniew BRZEZINSKI dont le domaine est la géostratégie et la géopolitique et qui publie “The Grand Chessboard” en 1997, titré en français “Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde” pour son édition française. La réflexion de BRZEZINSKI est centrée sur les conditions géopolitiques de la puissance américaine et de son contrôle sur l’Eurasie, le “grand échiquier” où Washington doit éliminer tout rival potentiel ou réel. Pour maintenir leur leadership, qui n’est rien d’autre que la domination mondiale, les USA doivent avant tout maîtriser le “grand échiquier” que représente l’Eurasie, où se joue l’avenir du monde. Cette maîtrise repose sur la sujétion de l’Europe occidentale, étroitement liée aux USA dans un ensemble politico-économique occidental, la communauté atlantique cadenassée par l’OTAN. Le géopoliticien de la « Grande-Europe » Jean THIRIART parlait de l’OTAN « non comme d’un bouclier mais d’un harnais pour l’Europe ». Elle repose aussi sur l’isolement de la Russie qu’il faut affaiblir irrémédiablement et démembrer. Le danger mortel pour les USA, puissance extra-européenne à l’origine de par sa situation même, serait d’être expulsée d’Europe occidentale, sa tête de pont en Europe. Dans cet objectif, tout rapprochement de l’Europe et de la Russie, toute union eurasienne, sans même parler de fusion comme l’évoquait THIRIART et notre « Ecole Euro-soviétique » de Géopolitique (1982-1992), doit être empêchée par tous les moyens. Zbigniew BRZEZINSKI écrit : “L’Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l’Amérique. Pour l’Amérique, les enjeux géostratégiques sur le continent eurasien sont énormes. Plus précieuse encore que la relation avec l’archipel japonais, l’Alliance atlantique lui permet d’exercer une influence politique et d’avoir un poids militaire directement sur le continent. Au point où nous en sommes des relations américano-européennes, les nations européennes alliées dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité. Si l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait automatiquement l’influence directe des Etats-Unis. Voir le Belarus ces jours-ci. A l’inverse, si les liens transatlantiques se distendaient, c’en serait finit de la primauté de l’Amérique en Eurasie.” Tout ceci est plus que jamais actuel. Et les discours simpliste sur le « recentrage géopolitique sur le pacifique » sont une erreur grave d’appréciation. Ce qui fait la superpuissance américaine, depuis 1945, c’est l’addition des deux économies nord-américaine et européenne.
(4) Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Jordis VON LOHAUSEN a écrit des pages élogieuses sur le projet européen de THIRIART dans les Années 1960-75, sous le titre « REICH EUROPA », en Français « L’EMPIRE D’EUROPE ». Nous avons largement diffusé cette longue analyse publiée en Allemand et l’avons traduite en Français, Anglais, Italien, Espagnol et Russe.
Le livre principal de géopolitique du général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See, 1979), traduit pour la petite histoire en Français par une des secrétaires de THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole d’HAUSOFER, mais reprend aussi de nombreuses conceptions de THIRIART. LOHAUSEN parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans l’exemplaire offert par LOHAUSEN à THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué avec sa bibliothèque en 1999) figure la dédicace suivante : « En respectueux hommage à un grand Européen ».
LOHAUSEN a aussi visiblement été influencé par le concept du « Grand Espace continental de Flessingue à Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on méconnaît profondément l’influence sur les jeunes officiers allemands des Années 1930-34, qui recherchaient une alternative au Nazisme (notamment avec les initiatives du Général SCHLEICHER, le « général rouge » qui voulait barrer la route à HITLER avec un Front uni des syndicats, de la Reichwehr et des nationalistes à la gauche du NSDAP », le « Quer front », le Front Transversal).
Pour Lohausen, « l’Europe puissance passe par la réunion de la grande communauté de peuples européens au sein d’un espace continental allant de ‘Cadix à Vladivostok’, il s’agit donc de construire une ‘Europe grand-eurasienne’. »
(5) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
ATTENTAT DE BEYROUTH (V) : DUEL FRANCO-RUSSE SUR FOND D’ENQUETE MANIPULEE
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec