Après avoir traduit en italien Sexe et Caractère d’Otto Weininger, Julius Evola projeta d’en écrire une introduction qui devint, en 1958, un ouvrage à part entière : Métaphysique du sexe. Métaphysique qui s’entend selon deux acceptions : elle est « l’étude de ce que signifient, d’un point de vue absolu, soit les sexes, soit les relations entre les sexes », mais aussi « dans un deuxième sens, en relation avec son étymologie, […] la science de ce qui va au-delà du plan physique ».« Chacun sait quel rôle joue le sexe à notre époque, au point qu’on pourrait parler, aujourd’hui, d’une espèce d’obsession sexuelle […]. Sous mille formes, la femme et le sexe dominent dans la littérature, le théâtre, le cinéma, la publicité, dans toute la vie pratique contemporaine. Sous mille formes, la femme est exhibée pour attirer et intoxiquer sexuellement, sans cesse, l’homme. » Régression d’une sexualité devenue animale qui a fait disparaître le sens profond de l’eros, dont les modalités subtiles permettent de transcender la conscience humaine. L’expérience amoureuse, fondée sur la polarité des sexes, nous lie ainsi aux énergies premières de l’univers ; expérience du sacré, pulsion reflétant le « mystère de l’Un », elle est une tentative, par un déconditionnement du Moi, d’échapper à notre propre finitude en retrouvant l’unité originelle perdue.
Julius Evola (1898-1974) est un philosophe italien, issu de la petite noblesse sicilienne, qui s’adonna également à la peinture et la poésie. Grand lecteur de la Bhagavad-Gîtâ, mais aussi des textes bouddhiques, il s’intéresse aux écrits de René Guénon, devient l’ami de Mircea Eliade, se rapproche du fascisme et œuvre au rétablissement d’un empire romain germanique dans l’esprit gibelin.
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