Comme bien des parents, j’ai passé les six derniers mois à la maison avec mes enfants.
Ces six mois ont été remplis de joies, mais aussi de difficultés.
Durant cette demie-année, j’ai épuisé toutes mes ressources parentales. J’ai utilisé toutes les techniques éducatives, j’ai relativisé, j’ai pesté, j’ai tempêté. J’ai pleuré aussi, de fatigue, mais également car « je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7, 19).
Trois malcommodes se sont régulièrement invitées chez moi. Malvenues, désagréables, toxiques même — j’ai tout fait pour me débarrasser d’elles. Je vous les présente, car je crois qu’elles visitent de nombreux parents.
Et puis, je vous donne un secret pour leur barrer la porte.
Froideur
Ma première ennemie s’appelle froideur. Elle naît de nos tactiques pour gérer l’éducation de nos enfants comme un problème.
« Je vais mettre un effort supplémentaire. Je vais participer à cet atelier pour mieux accueillir ma colère. Il faut que je fasse une psychanalyse pour comprendre mes blessures d’enfance. Je vais lire ce dernier livre célèbre. Et après cela, j’y arriverai ! Je serai enfin une bonne mère pour mes enfants ! »
Et si je fais tous ces efforts, alors les autres parents aussi devraient les faire. S’ils n’y arrivent pas, c’est qu’ils n’ont pas assez essayé. « C’est possible, je vais y arriver… » Et la compassion, tranquillement, disparaît. Annihilée par un super-pouvoir qu’on ne cesse de chercher, qu’on pense trouver un jour.
Amertume
Le doux nom de ma deuxième ennemie est amertume. Elle naît d’une accumulation de frustrations imposées et invivables.
« J’ai mal dormi pour toi, j’ai mal mangé à cause de toi, j’ai perdu mon temps libre, mes loisirs, certains amis… et c’est comme cela que tu me remercies ? En te plaignant du repas qui ne te plaît pas, pour la énième fois ? Ingrat ! »
Je ne peux pas vivre en rêvant au moment où je serai de nouveau libre de mon temps, de manger chaud et de dormir la nuit. Je veux vivre, et non pas survivre.
Chaque frustration supplémentaire renforce la hargne. Trop, c’est trop ! On serre les dents. Et quand elles se desserrent, ce n’est pas pour laisser passer des mots d’amour.
Tristesse
Ma troisième ennemie est tristesse. « Ça va passer. Ce n’est que pour un temps. Il n’aura pas toujours trois ans ; bientôt quatre, cinq, dix, dix-huit… Et puis, il faut profiter de cette période. Cela passe vite. Plus tard, ce sera plus facile ! »
Effectivement, tout passe. Mais si je me projette sans arrêt dans l’avenir sans vivre le présent, est-ce que je ne disparais pas ? Être spectateur de sa vie n’a rien de reluisant. Refuser de reconnaître l’éminente difficulté, c’est un chemin de petits dénis. Ils s’accumulent et appellent la tristesse.
Comment barrer la porte à froideur, amertume et tristesse ?
*
Aussi étrange que cela puisse paraître, pour fermer une porte, il faut parfois en ouvrir une autre en grand.
Cette porte dont je veux vous parler ne se trouve dans aucun livre de discipline bienveillante, de développement personnel ou d’éducation positive. Elle se trouve par contre dans le livre le plus vendu au monde.
C’est la porte de l’offrande.
*
Mon enfant, j’ai cherché à me comprendre, j’ai cherché à te comprendre, je me suis munie d’outils, j’ai demandé conseil. Et pourtant, parfois, je n’y arrive pas. La colère ou l’impatience prennent le dessus ; je tombe : je te blesse, je me blesse, j’en ai bien honte et te demande pardon.
Ces erreurs, je les offre à Dieu : j’ai confiance qu’Il saura faire sortir un bien du mal que j’ai fait. Et je sais qu’Il le fera aussi pour tous les autres parents de la terre. Ils luttent comme moi, chacun à leur façon, pour mieux aimer leurs enfants.
Mon enfant, parfois, la torture est trop grande. Se faire réveiller cette nuit encore, alors que tu as tant pleuré déjà la nuit précédente ? Mais pourquoi ? Ce n’est pas ce que j’attendais en devenant parent… C’est trop difficile. Me dire que je fais cela pour ton bien ne suffit plus.
Alors ce caillou de plus dans ma chaussure, je l’offre à Dieu dans mon cœur : je sais que je ne recevrai aucun remerciement, que personne à part Lui ne verra cette offrande, et je ne sais pas ce qu’Il en fera.
Mais j’ai confiance qu’Il saura en faire un plus grand bien. La frustration devient sacrifice ; plutôt que de pourrir d’amertume, mon cœur s’épanouit doucement.
Mon enfant, tu grandis si vite. On ne cesse de me dire qu’il faut profiter de cette période de la petite enfance. Mais en grandissant, est-ce que les choses seront si différentes ? Les difficultés évolueront, tout simplement…
De plus, tu n’es pas seul. Notre famille accueille et accueillera peut-être d’autres enfants.
Et toutes ces difficultés, se multiplient-elles alors ? Comment est-ce humainement possible de vivre avec tant de petites contraintes qui ne disparaîtront que dans bien longtemps ?
Je te l’avoue : cela ne l’est pas. En tout cas, pas pour moi. Je ne peux pas vivre en rêvant au moment où je serai de nouveau libre de mon temps, de manger chaud et de dormir la nuit. Je veux vivre, et non pas survivre.
Alors, tout mon temps, je l’offre à Dieu : je lui demande de me faire vivre chaque jour comme le dernier. J’accepte de reconnaître ce qui est difficile, et je choisis de le vivre par amour. Ma vie, alors vraiment je la donne ; mon foyer, alors vraiment il t’accueille. Et il peut alors accueillir aussi tant d’autres personnes avec joie.
*
Froideur, amertume et tristesse ouvrent la porte de mon cœur sans me le demander. Elles la défoncent même.
Mais la porte de l’offrande, il faut l’ouvrir avec les deux mains. C’est une porte qui grince quand on ne l’ouvre pas assez. Tout s’oppose à ce que je l’ouvre : mon désir de réussir seule, mon impatience, ma fatigue… C’est tellement plus facile de se morfondre, de s’emporter, ou de nier les difficultés.
Et pourtant. J’ai la conviction profonde qu’il s’agit bien de la seule petite porte vers le vrai bonheur.
L’avez-vous déjà ouverte ?
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Source: Lire l'article complet de Le Verbe