Recherche menée par Robert Gil
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Et prés d’un million d’emplois détruits!
A l’occasion des 20 ans de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA ou NAFTA en anglais), ce texte revient sur ses conséquences sociales. Autant de leçons à tirer au moment où se négocie un accord similaire de libre-échange transatlantique entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
Signé il y a vingt ans (le 1er janvier 1994), l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA ou NAFTA en anglais) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, comporte de nombreuses similitudes avec le projet d’accord transatlantique. Mais la comparaison n’est pas flatteuse, si l’on considère les conséquences catastrophiques de cet accord sur les droits sociaux…
Quand l’ALENA a été lancé en 1993, le Président Clinton promettait la création de plusieurs millions d’emplois en conséquence de l’augmentation du commerce avec le Canada et le Mexique. Pour la chambre de commerce des Etats-Unis, l’ALENA a permis de multiplier par 3,5 le commerce dans la région (à hauteur de 1200 milliards de dollars). Elle reconnaît cependant que les promesses de création d’emplois n’ont pas été au rendez-vous.
Selon une analyse de l’Economic Policy Institute (EPI), le nombre d’emplois créés aux Etats-Unis via l’augmentation des exportations ne compense pas les pertes d’emploi liées à l’exacerbation de la concurrence et l’importation de produits étrangers. Le nombre total d’emplois détruits est estimé à près d’un million (879 280 emplois détruits) – à comparer aux 20 millions d’emplois créés promis initialement.
Ce bilan provisoire ne prend pas en compte la pression à la baisse des salaires pour les travailleurs étatsuniens induite par l’ALENA, qui a contribué à leur stagnation relative depuis la moitié des années 1970. Selon le Centre for Research on Globalization, l’ALENA a permis aux entreprises étatsuniennes de mobiliser leurs fonds d’investissement pour mettre en place des unités de production le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis (du fait des salaires, du droit du travail et des normes environnementales bien plus faibles côté mexicain), cependant que des usines fermaient aux Etats-Unis.
Si les grandes entreprises ont pu dégager des profits très importants, les conditions de travail de part et d’autre de la frontière se sont, elles, considérablement dégradées. Les travailleurs étatsuniens se sont vus imposés des baisses de salaires tandis que le chômage a augmenté, alors que les travailleurs mexicains ont été privés de leurs débouchés professionnels traditionnels et forcés de travailler dans des conditions proches de l’esclavage pour des entreprises étatsuniennes installées au Mexique.
Selon Jeff Faux, Président de l’EPI à Washington, « l’expérience [de l’ALENA] montre qu’un vaste accord de libre-échange […] qui ne donne pas autant la priorité au social et aux conditions de travail qu’à la protection des investisseurs et financiers n’est pas viable. »
A méditer, donc… Car si l’on s’en tient à cette comparaison avec l’ALENA, il y a un vrai risque que les promesses mirobolantes de millions d’emplois créés avec la signature d’un accord transatlantique… se transforment, de restructurations en délocalisations, en véritable catastrophe sociale.
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Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec