Il y a une perte de confiance importante qui m’a atteint moi aussi. Malheureusement, et même douloureusement, je pense que le prochain chef du Parti québécois devrait dissoudre le parti
, a-t-il confié sans détour, en entrevue à Radio-Canada.
En refusant, élection après élection, de faire la promotion de l’indépendance, le PQ a perdu toute crédibilité, déplore-t-il. Il reproche à la formation politique d’avoir contribué à la provincialisation des esprits
, un phénomène par lequel les citoyens québécois sont appelés à envisager l’avenir du Québec à l’intérieur du Canada.
Ça a commencé en 1976, quand on a décidé de dissocier dans l’esprit des électeurs l’appui au parti et l’appui à l’indépendance. On pouvait appuyer le Parti québécois sans être indépendantiste
, illustre-t-il.
Au cours des derniers mois, l’ancien ministre de René Lévesque s’est appliqué à identifier les erreurs stratégiques récurrentes
commises ces dernières décennies par les chefs successifs du Parti québécois. De ces réflexions est né un ouvrage, Le sens du pays, qui fera l’objet d’un lancement officiel lundi.
Le résultat de tout ça, c’est que durant les cinquante années du Parti québécois, il n’y a eu que deux années où on a vraiment fait la promotion de l’indépendance, c’étaient les années préréférendaires. […] La jeune génération n’a entendu parler d’indépendance dans aucune des sept élections québécoises depuis 1995, ce n’est pas rien.
Malgré ces critiques du PQ, Gilbert Paquette en est pourtant toujours membre – tout comme il est membre du Bloc québécois et de Québec solidaire.
Atteints d’un virus
Même s’il salue l’implication des quatre candidats qui s’y sont engagés, Gilbert Paquette ne se montre pas très emballé par l’actuelle course à la direction du PQ. Il faut présenter un programme de pays et […] aucun des candidats ne fait ça en ce moment
, déplore-t-il.
Il propose une image : On est comme affectés par un virus que j’ai appelé la »provincialisation »
, et précise qu’à la fois les aspirants chefs et une bonne partie des militants en seraient atteints.
Très souvent, on prend le candidat le moins axé sur un changement de cap – prenez la dernière fois, on a choisi Jean-François Lisée –, c’est-à-dire qu’on repousse la question de l’indépendance à un deuxième mandat
, dit-il.
M. Paquette estime que le message envoyé aux Québécois est le suivant : Le premier mandat, on va être totalement provincialistes, ne vous inquiétez pas, on va être provincialistes, vous pouvez voter pour nous
.
La dissolution du Parti québécois permettrait de rallier tous les indépendantistes sous une nouvelle bannière, une opération qui ne peut, selon lui, se faire de l’intérieur.
Des membres de Québec solidaire pourraient ainsi rejoindre le nouveau mouvement, tout comme les nombreux souverainistes passés à la CAQ. S’il y a, à un moment donné, une orientation clairement indépendantiste qui se déclenche, ça peut aller assez vite
, dit-il.
Tourner en rond
Le temps presse, met en garde Gilbert Paquette, faute de quoi le mouvement souverainiste continuera de tourner en rond
.
Moi, je suis très inquiet de ce point de vue, s’il n’y a rien qui se passe, parce qu’on va se retrouver encore avec une huitième élection provincialiste, où les partis souverainistes vont se combattre les uns les autres, où la distance va s’accroître entre les indépendantistes. Ça va être encore plus difficile la prochaine fois. Je pense qu’il est temps qu’il se passe quelque chose, maintenant.
Les résultats de la course à la direction du Parti québécois seront dévoilés le 9 octobre prochain.
En 2005, Gilbert Paquette s’était lui-même lancé dans la course à la succession de Bernard Landry. Il s’était finalement rallié à Pauline Marois, qui avait elle-même été battue par André Boisclair.
Il est par la suite devenu président du Conseil de la souveraineté. L’organisme a fusionné avec le Nouveau Mouvement pour le Québec en 2014, créant ainsi les Organisations unies pour l’indépendance du Québec (OUI-Québec) dans le but de faire la promotion de la souveraineté.
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