Sainte Monique, double mère

Sainte Monique, double mère

Je ne saurais assez dire quels sentiments elle gardait pour moi dans son cœur, et combien plus vive était son angoisse, pour m’enfanter selon l’esprit ⏤ qu’autrefois ⏤ pour me mettre au monde selon la chair. 

– Saint Augustin, Les Confessions, V, IX

Aujourd’hui, nous fêtons la mémoire de sainte Monique, modèle de la femme et de la mère chrétienne, modèle d’espérance qui est, comme le disait Bernanos, « une détermination héroïque de l’âme ».

La vie est souffrance. Donner la vie est souffrant, tout comme éduquer celui ou celle qui l’a reçue. Axiome simple, percutant et tellement vrai qu’on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour le réfuter. Rien n’y fait. La souffrance nous colle à la peau. 

De cette considération obscurantiste et surannée émanent toutes sortes de monstruosités telles que le péché, la croix, le diable, l’enfer, etc. Autant de sornettes qui ne font plus blêmir de peur nos grands-mères depuis belle lurette. 

Soutenir un tel discours aujourd’hui fait rire, quand il ne fait pas pleurer ceux qui en font réellement l’expérience.

Modèle archaïque ?

Loin de moi de jouer à l’oiseau de mauvais augure en essayant d’assombrir cette magnifique journée de fin d’été. Monique d’Hippone est une immense source de réjouissance pour l’Église, épouse exemplaire — sans doute trop à notre gout : elle a souffert les infidélités et les excès de son mari avec une patience et une tendresse exceptionnelle. 

Mère pieuse et aimante : elle a éduqué ses enfants dans la foi et elle a confié au Seigneur par la prière et les pleurs le chemin de leur sanctification. Ce qui aura pour résultat d’avoir offert au monde un fils tel que saint Augustin.

Sa sensibilité de mère demandait de le ravoir auprès d’elle, mais sa foi de chrétienne quémandait sans cesse le salut de son âme.

S’agit-il là d’un modèle archaïque qui renvoie la femme à sa fonction de matrone et de génitrice ? Comme si la tâche titanesque de donner la vie et le sacrifice quotidien que cela implique étaient moins valables que de poursuivre une carrière réussie.

Quand on est ringard et catholique, on croit à la complémentarité des sexes, notamment en ce qui a trait à leur rôle dans un couple et au sein de la famille. Ainsi, la relation du père avec ses enfants ne sera pas la même que celle de la mère, ni pire, ni meilleure, mais seulement différente.

Dernièrement, quelqu’un me témoignait de la grâce insigne qu’a été la présence de sa femme au sein de leur famille ; une véritable médiatrice et un solide appui pour tous. 

Souvent, on rebute ces qualificatifs qui relèguent nécessairement au deuxième plan, comme si la différence entre l’homme et la femme était celle entre le protagoniste et le rôle de soutien dans un film. 

Se décentrer de soi

En fait, l’un comme l’autre sont appelés à se décentrer d’eux-mêmes pour que Dieu vienne, Lui, jouer le rôle principal. Ce qui aura pour effet de passer du niveau d’une série B à celui d’un grand classique. 

Le Bishop Barron parle souvent de cette dynamique comme d’un egodrame ou d’un théodrame, la clé étant, à la suite du Christ, de trouver notre rôle dans l’opéra de Dieu.  

Ce qui nous libère est de savoir que notre vie n’est pas à strictement parler de notre ressort, que c’est Dieu qui l’a voulu et que c’est Lui qui la guide. Cela vaut aussi pour celle de nos proches. Et Dieu sait à quel moment et de quelle façon il est préférable pour une âme d’être exaucée. 

C’est exactement ce qu’il a fait expérimenter à sainte Monique au port de Carthage lorsque son fougueux fils lui a faussé compagnie pour s’enfuir à Rome. Sa sensibilité de mère demandait de le ravoir auprès d’elle, mais sa foi de chrétienne quémandait sans cesse le salut de son âme. Dieu connaissait son combat et le poids de sa croix :

« Et que te demandait-elle, mon Dieu, de toute la force de ses larmes, sinon de ne pas me permettre de prendre la mer ? Mais, toi, dans la profondeur de ton dessein, tout en exauçant l’essentiel de son désir, tu n’as eu cure de ce qu’elle demandait à cet instant, pour faire de moi ce qu’elle demandait depuis toujours. » (Les Confessions, V, IX, 15)

Sainte Monique et saint Augustin, priez pour nous.


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À propos de l'auteur Le Verbe

Le Verbe témoigne de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine.Nos contenus abordent divers sujets qui émergent de l’actualité. Et, puisque nous souhaitons que nos plateformes médiatiques suscitent le dialogue, on espère bien y croiser autant des réactionnaires pleins d’espérance que des socialistes chrétiens, autant des intellectuelles mères au foyer que des critiques d’art en bottes à cap.

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