La pandémie de Covid-19 pourrait entraîner une famine à grande échelle, touchant des millions de personnes supplémentaires dans le monde, avertit David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM). «Toutes les données que nous avons, y compris celles du Programme alimentaire mondial, indiquent que le nombre de personnes qui souffrent de malnutrition va augmenter de 80% d’ici à la fin de l’année […] Nous courons le risque d’une famine aux proportions bibliques», alerte-t-il auprès de l’agence TASS, le 22 août.
Beaucoup de personnes vont mourir [et] des enfants vont souffrir des conséquences de la malnutrition
De surcroît, des effets à plus long terme pourraient se manifester. «Bien sûr, des tensions sociales vont s’accroître, les migrations se multiplier, les conflits vont escalader et la faim sera à même d’affecter des gens qui ne l’avaient pas expérimentée jusqu’alors», a confié le représentant de l’ONU.
138 millions d’individus comptent sur le PAM pour se nourrir
Les projections du PAM prévoient une importante augmentation du nombre de personnes mal nourries en Amérique latine (+269%), expose David Beasley. Ce chiffre pourrait atteindre 135% en Asie centrale et du sud.
La faim dans le monde est déjà un fléau, a-t-il encore prévenu. A moins que des initiatives soient prises immédiatement, «beaucoup de personnes vont mourir, des enfants vont souffrir des conséquences de la malnutrition pour de nombreuses années, et le monde pourrait perdre tous les progrès effectués pour lutter contre la faim cette dernière décennie».
Cette année, 138 millions d’individus dans 83 pays comptent sur le PAM pour se nourrir, selon David Beasley. Pour une grande partie d’entre eux, l’organisation est «le dernier espoir de survie». Au Soudan du Sud, 1,6 million de personnes se sont ajoutées cette année aux 5 millions qui avaient déjà besoin d’assistance. Au Yemen, le PAM aide environ 13 millions de personnes.
Le Liban, jusqu’à présent épargné par la famine, se trouve en position de détresse depuis la double explosion dévastatrice de Beyrouth du 4 août. Celle-ci n’a pas seulement détruit des stocks de blé, elle a aussi ravagé le port qui accueillait les importations de 85% de la nourriture consommée par les Libanais.
David Beasley a appelé les donateurs internationaux à fournir des fonds à l’organisation pour gérer la catastrophe imminente. Le PAM a besoin de 4,9 milliards sur les six prochains mois pour continuer à faire fonctionner ses programmes humanitaires d’après son directeur exécutif.