« Chers gogos , merci d’avoir acheté nos actions au sommet de leur valeur »
Par Charles Hugh Smith − Le 31 juillet 2020 − Source OfTwoMinds
La reprise économique soutenue par elle-même est un fantasme qui s’est évaporé.
Ce qui ressemble à un rally puissant, et inéluctable pour les débutants, est reconnu, par les vieux de la vieille, comme une redistribution. Sur les marchés à faible volume – comme ces derniers mois – les initiés détenant des positions importantes ne peuvent pas abandonner toutes leurs actions en même temps, sinon le prix de l’action chuterait en raison de la faiblesse de l’offre.
Le seul moyen d’obtenir le meilleur prix pour ses actions surévaluées est de jouer à des jeux de distribution : vendre un peu chaque jour sur les hausses, et racheter les actions lorsqu’elles menacent de chuter en dessous des seuils suivis par les algorithmes de trading.
Lorsque les initiés ont fini de distribuer leurs actions, au sommet de leur prix, à des gogos naïfs et confiants, celui-ci descendra à une vitesse qui choquera les naïfs complaisants qui ne voyaient que l’inéluctabilité d’un rally sans fin plutôt que celle d’un effondrement des estimations de la bulle.
Les actions sont évaluées soit pour une reprise en forme de V, soit pour mille milliards de dollars de cadeaux de la Fed tous les mois. Ni l’une ni les autres ne sont possibles. Les espoirs de reprise en forme de V reposaient sur 6 000 milliards de dollars de relance de la Réserve fédérale qui balayaient tout le pays, augmentant les revenus des ménages et ouvrant les robinets de liquidités pour les entreprises et les gouvernements locaux.
L’idée de base était de donner à l’économie une dose d’adrénaline nécessaire pour arriver au point où une reprise serait auto-amorcée : les entreprises embaucheraient les travailleurs licenciés, les gens recommenceraient à emprunter et à surconsommer, les ventes et les revenus. les recettes fiscales reviendraient aux niveaux d’avant la pandémie, etc.
La récupération auto-entretenue est un fantasme qui s’est évaporé. Le pic d’activité était le signe de tous les cadeaux dépensés. Maintenant que la plupart des programmes d’argent gratuit arrivent à expiration, il n’y a plus de stimulants à dépenser.
Quant à la budgétisation d’un ou deux mille milliards de plus pour les futurs projets d’infrastructure : ce que peu de partisans des dépenses d’infrastructure réalisent, c’est que le nombre d’entreprises et de travailleurs qualifiés capables d’accomplir ce travail est limité. Vous pouvez créer de l’argent à partir de rien, mais vous ne pouvez pas faire appel à des soudeurs expérimentés, des grutiers, etc., qui n’existent pas, pour faire le travail avec les compétences opérationnelles complexes requises pour gérer ces grands projets.
On oublie également le fait que la plupart de ces entreprises et de ces travailleurs sont déjà occupés et qu’il faut des années pour former de nouveaux travailleurs dotés des compétences requises.
Alors, que reste-t-il pour soutenir le rallye boursier inéluctable ? La promesse de milliers de milliards de dollars de plus, donnés directement aux ménages, aux entreprises et aux gouvernements locaux, à un rythme de 1 000 milliards par mois. Moins que ça ne suffira pas.
Et puis il y a la ligne de dominos qui bascule : la redistribution n’est pas un rally.
Charles Hugh Smith
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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