par Finian Cunningham.
Ceux qui nient l’histoire, ou qui en sont inconscients, ont tendance à la répéter. C’est l’aspect effrayant, peut-être le plus inquiétant, du 75e anniversaire cette semaine du bombardement atomique américain d’Hiroshima et de Nagasaki.
Le meurtre de masse aveugle de 200 000 personnes les 6 et 9 août 1945 est au-delà de ce que les mots peuvent décrire en fait d’horreur et de dépravation morale. Mais ce qui est tout aussi honteux et scandaleux est le manque manifeste de remords et le brouillard savamment maintenu visant à dissimuler l’ampleur d’un tel crime.
Car s’il y avait des remords ou une prise de conscience du crime, il y aurait sûrement un engagement à ne jamais le répéter. La manifestation la plus solennelle de l’engagement sur cette voie serait la poursuite du désarmement nucléaire.
Soixante-quinze ans plus tard, oui, les médias américains publient des articles dits commémoratifs sur les événements historiques. Cependant, il y a un sentiment de désinvolture au sujet de la calamité, dont l’évocation semble un devoir ennuyeux de marquer l’occasion comme s’il s’agissait d’une corvée annuelle de « regret ». Il y a aussi une admiration secrète face à la puissance destructrice déchaînée sur ces villes japonaises, ainsi que l’inclusion habituelle d’une justification officielle sur la façon dont les dirigeants américains à l’époque auraient été motivés par la volonté de mettre fin rapidement à la guerre du Pacifique. Dans certaines couvertures médiatiques, on trouve même de brèves mentions de reconnaissance que le largage des bombes A était « inutile ».
Mais tout est mis en œuvre de manière insidieuse pour obscurcir la vérité choquante et barbare selon laquelle les États-Unis ont largué des armes de destruction massive sur des civils. Que diriez-vous d’aller plus loin et de reconnaître que c’était un acte délibéré de terreur de masse à des fins politiques pour établir l’hégémonie américaine dans l’ordre d’après-guerre ?
Aucune véritable leçon humaine ou morale n’a, semble-t-il, été tirée du génocide qui a eu lieu à Hiroshima et à Nagasaki. Ni par les membres du gouvernement américain et des élites médiatiques, ni, malheureusement, par la population américaine (ou l’Occident) au sens large. Si des leçons avaient vraiment été tirées, alors il y aurait un sentiment de répulsion et d’indignation exigeant un désarmement nucléaire immédiat et la fin de toute la machine de guerre américaine.
Le mois dernier, le Congrès américain a voté un budget militaire annuel de 740 milliards de dollars, y compris pour le développement d’armes de destruction massive. Ce alors que près de 50 millions de travailleurs américains ont fait une demande d’allocation chômage et que leurs familles souffrent de privations en raison de la « pandémie » de coronavirus, alors que le gouvernement œuvre à supprimer les aides sociales.
L’anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki survient alors que l’administration Trump publie des calomnies de plus en plus provocantes contre la Chine au sujet de la pandémie et d’autres questions qui ne relèvent pas vraiment de l’affaire ni de la compétence de Washington, en particulier les sujets de violations présumées des droits de l’homme ou d’espionnage gouvernemental contre les citoyens.
Washington continue de provoquer à la fois la Russie et la Chine avec des plans toujours plus étendus pour déployer des missiles à portée intermédiaire près de leurs territoires. Cela seulement un an après que Washington a abandonné le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) avec Moscou.
C’est la partie américaine qui menace de faire échouer l’accord New START, le dernier traité de contrôle des armements nucléaires avec Moscou.
C’est la partie américaine qui avance imprudemment dans la militarisation de l’espace extra-atmosphérique tout en accusant faussement et cyniquement la Russie et la Chine de le faire, même si ces dernières ont toutes deux appelé à plusieurs reprises à un moratoire soutenu par les Nations Unies contre la militarisation de l’espace.
C’est la partie américaine qui se réserve le « droit à la première frappe nucléaire » unilatérale, tandis que la Russie et la Chine ont déclaré de n’utiliser ces armes que comme réponse défensive à une attaque.
La militarisation par Washington et sa politique belliqueuse envers Moscou et Pékin sont la preuve que la criminalité déployée à Hiroshima et Nagasaki n’a jamais eu de comptes à rendre.
La criminalité de ce génocide reste non reconnue et ignorée par le système au pouvoir américain parce que, de toute évidence, il veut utiliser cette horreur comme une arme psychologique contre les autres. L’arme psychologique étant : « Nous l’avons déjà fait, et nous pouvons le refaire ». La « carte de la terreur » ultime a été jouée et continue d’être jouée, quoique tacitement.
Les développements contemporains et les indicateurs de tensions géopolitiques avec la Chine et la Russie montrent que les États-Unis ne sont pas disposés ou même capables de s’engager pour une paix mutuelle. Au contraire, ils sont résolus à alimenter la confrontation de la guerre froide, même si cette confrontation aboutit à une guerre chaude. Une guerre avec la Russie ou la Chine dégénérerait inévitablement en une fin nucléaire catastrophique.
Les 6 et 9 août 1945, il y a 75 ans, le monde a vu deux villes expédiées vers l’enfer de l’anéantissement nucléaire. Il est tout à fait honteux que la nation qui a commis un crime aussi absolu n’ait jamais présenté d’excuses et reste dans le déni. Mais plus que cela, c’est tout à fait néfaste parce que la logique d’absence d’excuses signifie que cela pourrait se reproduire.
source : Sputnik,
traduction : lecridespeuples.fr
Source: Lire l'article complet de Réseau International