Dossier : l’activité de Daech en France de 2015 à 2019

Dossier : l’activité de Daech en France de 2015 à 2019

par François Belliot / Source : francoisbelliot.fr

Introduction

Ceci est une base de données concernant les meurtres et exactions attribuables à des « combattants de l’EI (alias Daech) » en France entre le 25 mai 2013, date d’une tentative de meurtre au couteau à la Défense, et le 3 octobre 2019, date de l’assassinat de quatre fonctionnaires de police à la préfecture de police de Paris. En tout une trentaine affaires sont passées en revue.

Elles sont réparties, grosso modo, dans la période correspondant à l’expansion foudroyante de l’organisation EI en Irak et en Syrie à partir de juin 2014, jusqu’à son éradication officielle fin mars 2019.

Cette liste comprend à la fois les nombreuses affaires attribuées, à tort ou à raison, à des « loups solitaires » prétendument pilotés par Daech, et celles plus rares impliquant de nombreux participants, et une logistique incomparable, au premier chef la tuerie de Charlie Hebdo du 9 janvier 2015 et les attentats du 13 novembre 2015. Disons-le d’emblée, si ces deux énormes affaires paraissent s’inscrire dans un continuum, elles représentent des singularités sui generis.

Toutes les affaires sont présentées selon le même protocole. Dans un premier temps sont rapportés les « faits », dans un second est détaillé le « profil » du ou des criminels. Dans l’un et l’autre cas je me suis contenté de recenser toutes les informations utiles rapportées dans les grands médias au moment où chacun de ces horribles faits divers a défrayé la chronique. Nombre de ces affaires ayant été authentiquement perpétrées, pour la plupart, par des profils instables, effondrés, psychopathiques, leur traitement médiatique a été plus honnête que d’habitude dans nombre de cas.

Des affaires comme les attentats du 13 novembre, de Charlie Hebdo, ou de Nice, sont beaucoup plus problématiques pour ce qui concerne la partie « faits », où les « zones d’ombre » et les anomalies sont si abondantes que le soupçon de manipulation doit obligatoirement être au moins énoncé comme hypothèse. A chaque fois que j’ai estimé être tombé sur une affaire douteuse de ce point de vue – relevant potentiellement du terrorisme fabriqué -, je l’ai signalé en avertissement liminaire.

Pour ce qui concerne les profils, en revanche, qu’il s’agisse des auteurs réels des meurtres et tueries, ou de leurs auteurs prétendus selon les médias, l’homogénéité est saisissante, et permet de dessiner le parcours type du radicalisé salafiste : les « meurtriers de l’EI » sont des hommes âgés de 20 à 40 ans, souvent autour de la trentaine, issus de l’immigration maghrébine, dans nombre de cas nés en dehors de la France, avec une enfance chaotique dans une famille à la dérive, tôt en échec scolaire, basculant dans la petite ou grande délinquance, effectuant des séjours en prison pour leurs activités criminelles, rencontrant en prison un prédicateur salafiste qui les met en contact avec un recruteur de l’EI en Syrie ou en Irak. Passant par la Turquie, ils parviennent ou tentent de parvenir à pénétrer dans les zones tenues par l’EI, et à leur retour tentent de perpétrer un meurtre ou un attentat.

Tous les profils, loin de là, n’entrent pas dans cette case, mais dans la totalité des cas, nous avons affaire à des gens qui souffrent, pour résumer la chose en une expression, de très graves troubles de l’identité, et c’est un point commun à noter avec les cas psychiatriques juifs que j’ai passés en revue dans un article précédent.

Trois critères en particulier sont retenus par les juges pour faire entrer ces affaires dans la catégorie des « actions criminelles en association avec une organisation terroriste » : le fait que l’homme crie « Allah Akbar » au moment de son geste, avec d’autres menaces « islamistes » tout aussi explicites ; qu’il se rue sur les forces de l’ordre ou les militaires comme un fou au moment où elles arrivent sur les lieux du crime ; que l’agence de propagande de l’EI, Amaq, revendique l’attentat par l’intermédiaire d’un communiqué qui présente toujours la même apparence.

Il arrive du reste que les juges décident finalement de requalifier ces exactions en simples crimes de droit commun, le psychopathe se servant de la bannière de l’EI pour assouvir ses penchants criminels latents, et la revendication de l’EI présentant toutes les caractéristiques de l’opportunisme. Ce traitement judiciaire est devenu de plus en plus fréquent, au fur et à mesure que s’affinait la compréhension du profil de criminels.

Brève histoire de Daech

Ce qu’on appelle aujourd’hui « l’EI », « l’État Islamique », « Daech » ou « l’organisation EI » a été créé en Irak en 2006. Il s’appelle alors l’EII, l’État Islamique en Irak, et se proclame le véritable État irakien. C’est en 2012 qu’il commence à prendre l’ampleur qu’on lui connaît en entamant son expansion en Syrie, à tel point que le 9 avril 2013 il change de nom pour devenir l’EIIL, l’État Islamique en Irak et au Levant. C’est alors également que le mot « Daech », l’acronyme arabe correspondant (Dawla al islamiya fi’l Irak oua el Cham) commence à être employé et popularisé. Ambitionnant de remplacer tous les groupes anti Assad (al Qaida y compris) en Syrie, l’organisation se lance dans une guerre fratricide avec ces derniers qui fait des milliers de morts de part et d’autre. En juin 2014, Daech lance une vaste et foudroyante offensive dans le nord de l’Irak, prenant de nombreuses villes importantes, et parvenant aux portes de Bagdad. Le 29 juin, fort de ces succès, le chef de Daech, Abu Bakr el Baghdadi, se proclame Calife et annonce le rétablissement du Califat. Les conquêtes de l’EI s’accompagnent d’exactions et de promulgation de lois liberticides contre ceux qui s’opposent à ce nouveau joug, en particulier les chiites, qui forment la majorité du peuple irakien.

La situation est si dramatique en Irak que l’ayatollah al Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, adresse une fatwa appelant au jihad contre l’envahisseur. De tels appels à la mobilisation générale sont extrêmement rares dans l’histoire du chiisme, la précédente et seule des 1000 dernières années renvoyant à l’invasion de l’Irak par les troupes britanniques pendant la Première Guerre mondiale.

En réaction à cette apparition soudaine d’un quasi nouvel État, une vingtaine d’États, parmi lesquels tous les « amis de la Syrie », qui œuvrent en fait depuis 2011 à sa destruction en vue d’un « changement de régime », la France, la Grande-Bretagne, les USA, les monarchies du Golfe, la Turquie, mettent en place la « coalition internationale pour lutter contre Daech » et fournissent un appui aérien aux Hachd el Chaabi, les milices irakiennes levées suite à la fatwa de l’ayatollah Sistani. Cet appui aérien est utile essentiellement aux kurdes à la frontière syro turque (Kobané) qui parviennent à repousser les assauts des combattants de l’EI et à commencer à dégager une entité kurde autonome, mais inutile en Syrie, puisque l’EI peut continuer sans frein de pousser vers l’ouest jusqu’à acculer les autorités syriennes, à l’automne 2015 à demander officiellement l’aide militaire de la Russie, qui commence à mener des frappes aériennes à son tour contre les positons de l’EI en Syrie. C’est également à ce moment que François Hollande, suite à l’attaque du train Thalys Bruxelles Paris le 21 août 2015, décide de commencer à mener des frappes aériennes non plus seulement en Irak mais aussi en Syrie.

C’est un an plus tôt, le 22 septembre 2014, qu’Abu Bakr el Baghdadi, en rétorsion à la mise en place de la coalition internationale contre Daech, lance un appel au meurtre des citoyens de la coalition : « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen — en particulier les méchants et sales Français — ou un Australien ou un Canadien, ou tout (…) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munitions, alors isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle, ou n’importe lequel de ses alliés. Ecrasez-lui la tête à coups de pierres, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le. Si vous êtes incapable de le faire [tuer], alors brûlez sa maison, sa voiture, ou son entreprise, ou détruisez ses cultures. Si vous êtes incapable de le faire, alors crachez-lui au visage. »

Je passe rapidement sur les quatre années de guerre suivantes : l’EI est progressivement chassé d’Irak (grâce aux Hachd el chaabi et aux frappes aériennes de la coalition internationale) et de Syrie (grâce à l’armée syrienne, au Hezbollah, à l’armée iranienne, et au frappes aériennes de la Russie). Les démocraties occidentales profitent de cette « victoire » pour installer des bases militaires dans l’est de la Syrie et se proclamer les défenseurs de la vaste zone kurde dégagée — riche en pétrole — qu’il entendent soustraire à l’autorité de la Syrie et à rendre indépendante, en fusionnant éventuellement avec la zone kurde autonome dégagée depuis longtemps au nord de l’Irak.

En mars 2019, les dernières positions de Daech sur l’Euphrate sont prises par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS, milices kurdes soutenues par les USA) : fin officielle de l’EI.

Ce bref rappel est essentiel pour comprendre les 30 affaires que nous allons passer en revue car de fait :

— les attaques attribuées ou attribuables à l’EI commencent de façon à peu près synchrone avec la proclamation du Califat par Abu Bakr el Baghdadi, fin juin 2014.

— C’est alors qu’il commence à émerger et fonctionner comme un proto-état que l’EI peut développer un puissant service de propagande qui va lui permettre de radicaliser et recruter des combattants dans le monde entier.

— Le mode opératoire de nombre des 30 affaires correspond aux recommandations du chef de l’organisation EI. On verra en particulier que les militaires de l’opération Sentinelle ont été particulièrement visés ces six dernières années.

— nombre de meurtriers avant ou au moment de perpétrer leur forfait déclarent vouloir se venger du « revirement » de la France en Syrie à partir de la décision de Hollande de mener des frappes non plus seulement dans en Irak, mais également en Syrie.

Djihadistes, terroristes, mercenaires, islamistes, takfiris, salafistes ?

Comme pour chaque affaire je me contente à peu près de compiler la présentation des grands médias, en reprenant souvent tels quels des mots, des expressions, et parfois même des phrases, je suis obligé d’employer un vocabulaire qui à mon sens est impropre et pourrait prêter à des confusions que je souhaite au préalable dissiper.

Islamistes ? L’usage de ce terme est très fréquent pour désigner les meurtriers. On relève des expressions comme « la piste du terroriste islamiste », « islamistes radicaux », « mouvance islamiste radicale », « vidéo de propagande islamiste », « lien avec une organisation islamiste », « fiché pour radicalisation islamiste », « fiché comme islamiste radical ». Les occurrences sont innombrables.

Ce terme, soit sous forme d’adjectif, soit sous forme de substantif, ne veut en fait rien dire. Il suggère que les terroristes représentent l’Islam dans son essence, un peu comme des bouddhistes, des confucianistes, des évangélistes, etc. De surcroît les médias n’expliquent jamais au grand public la différence immense qui existe entre l’Islam sous ses formes traditionnelles (les différentes branches du sunnisme et du chiisme), et la forme d’Islam très particulière et très récente dans l’histoire qui inspire ou conforte la folie meurtrière de tous ces psychopathes. Il faudrait que les médias précisent qu’il s’agit de radicalisés par les idéologies « wahhabite », « salafiste », ou « takfirie ». Ces trois termes désignent une forme d’Islam qui est la religion officielle des monarchies du Golfe, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, et le Qatar. Cette forme d’Islam, à l’instar du protestantisme, prône l’élimination de la Tradition, de toute autorité intermédiaire, de tout ce qui ne correspond pas à la lettre du Coran. Cette relecture hérétique de l’Islam n’a pu se diffuser dans le monde arabo-musulman que grâce à la protection dont jouissent les régimes de ces trois pays de la part des « démocraties occidentales » et des gigantesques réserves de pétrole et de gaz qui permettent d’allouer des sommes colossales au développement du salafisme à travers le monde, par l’envoi de prédicateurs, la construction de mosquées géantes, le versement de salaires aux combattants anti Assad en Syrie. Il serait heureux et même indispensable que le terme « islamiste » soit abandonné au profit de ces trois termes, ainsi l’opinion publique verrait un peu plus clairement que pour le gouvernement français, la lutte contre le « radicalisme islamiste », va de pair avec une alliance de plus en plus étroite, à tous les niveaux entre la France et les monarchies du Golfe actrices de premier plan de la radicalisation salafiste de tant de jeunes hommes et de jeunes femmes de par le monde.

Jihadistes ? Ce terme lui aussi très fréquemment employé devrait être banni des médias puisque, a-t-on vu, lorsque l’ayatollah Sistani appelle tous les Irakiens à se lever et prendre les armes contre l’EI, il appelle au jihad, sans aucune connotation négative. Si l’on adoptait l’usage sistanien du terme, alors on serait fondé à qualifier la création de la coalition internationale contre Daech comme l’effet d’une Fatwa appelant au jihad contre Daech.

Le défaut des termes « jihadiste » et « islamiste » est que leur usage répété et exclusif favorise la confusion dans les opinions publiques occidentales qui sont alors portées à mettre un signe égal entre « islam » et « terrorisme ».

Radicalisés ? Si l’on s’en tient à la définition du verbe que l’on trouve dans le dictionnaire : « adopter une posture, une attitude intransigeante », les meurtriers dans ces 30 affaires peuvent à l’évidence être qualifiés de « radicalisés » d’une façon ou d’une autre. Le problème, c’est que le terme est toujours utilisé dans les médias pour être accolé aux substantifs « islamistes » ou « musulmans », de la même façon qu’en miroir, quand les journalistes estiment qu’untel est, par contraste, un « bon musulman » — traduction : un musulman soluble dans les « valeurs de la République » — il est qualifié de « musulman modéré ». Les termes « modéré » et « radicalisé » sont des termes bien trop génériques pour être annexés de la sorte à une seule catégorie d’individus. Nous avons vu par exemple dans un précédent article sur les fausses agressions antisémites, que parmi les juifs français, on trouve nombre de profils comparables, très perturbés mentalement, radicalisés par la propagande israélienne, et prêts à toutes les manœuvres les plus sordides pour parvenir à leurs fins. Ceux-là aussi mériteraient, exactement au même niveau, d’être désignés comme « terroristes juifs », « jihadistes juifs », ou « juifs radicalisés ». Non seulement nous en sommes très loin, mais les médias étouffent les affaires frauduleuses et criminelles dans lesquelles ils ont trempé afin que l’opprobre ne tombe pas sur eux, leur famille, et la communauté juive dans son ensemble.

Dans le cas des profils qui nous intéressent, l’usage du terme « radicalisé » est en outre parfois très largement abusif, puisque sont placés dans cette catégorie des personnes qui relèvent plus simplement de la psychiatrie et de la psychopathologie.

Dernière remarque de poids pour finir avec ce terme : on serait tout à fait fondé à qualifier la majorité de la population française qui croit à la propagande mediatico politique permanente de « radicalisée » stricto sensu. Il y a finalement peu de différence entre les media mainstream qui s’efforcent de « charliser » la population du matin au soir 365 jours par an, le prédicateur salafiste qui pousse de jeunes hommes à basculer dans l’intransigeance takfirie, et le journaliste juif qui chauffe à blanc ses coreligionnaires pour exiger d’eux un soutien total à Israël, et au génocide lent de la population palestinienne depuis 70 ans.

Quelques statistiques

nationalité

les grands médias évoquent presque toujours les « radicalisés islamistes » coupables de crimes comme des « Français ». C’est sans doute vrai puisqu’en effet pour beaucoup les meurtriers sont titulaires d’une carte d’identité et d’un passeport français. Mais le terme « français » devient insuffisant et mensonger quand on fait la liste des pays dont ils sont originaires, et qu’eux ou leurs parents n’ont pas quitté depuis très longtemps. Si l’on considère donc le pays d’origine et non plus seulement les papiers d’identité qui dans ce cas ne veulent pas dire grand chose, cela donne, dans l’ordre décroissant :

Maroc : 11

Algérie : 8

Algérie/Maroc : 2

Tunisie : 4

Burundi : 1 (bavure probable)

Irak : 2 (kamikazes du Stade de France, identité très douteuse)

Sénégal : 1

Égypte : 1

Mali : 1

Tchétchénie : 1

Algérie/Portugal : 1

Maroc/France : 1

pays inconnu : 4. Dans de rares cas il est difficile de retrouver la nationalité des tueurs, mais les patronymes sont tous arabes et signalent une origine non française.

France : 4. Il n’existe que quatre cas de Français originels dans cette liste macabre et il faut voir les profils. Sébastien Carron, qui a foncé avec sa voiture dans le marché de noël de Nantes, n’a pas été reconnu comme islamiste radical, et il s’est, fait rare dans ces profils, suicidé en prison. Alexandre Dhaussy, agresseur de militaires de Sentinelle à la Défense, rebaptisé Abdellilah après sa conversion, a finalement été considéré comme fou et non responsable de ses actes. Quant à Mickaël Chiolo, participant à l’agression de surveillants à la prison de Condé sur Sarthe, en détention pour 30 ans en raison d’un crime abominable, son profil est avant tout celui d’un dangereux psychopathe. Mickaël Harpon, d’origine martiniquaise et marié à une marocaine, avait eu la veille de son forfait une impressionnante crise mystique. Ainsi, non seulement il n’y a que quatre Français dans cette liste, mais tous correspondent à des profils d’individus partis complètement à la dérive. C’est du reste le point commun avec la plupart des individus de cette liste !

Armes utilisées

armes blanches (jamais plus de deux, une le plus souvent) : 13

armes à feu : 10. Dans cette catégorie, on peut inclure la sous catégorie suivante : grand nombre d’armes et armes sophistiquées et difficiles à se procurer : 4. Cela concerne la tuerie de Charlie Hebdo, l’attaque de l’Hyper Cacher, les attentats du 13 novembre, et l’attaque du train Thalys.

voitures béliers : 4

kamikazes : 8 (tous le 13 novembre et le 22 mars)

voiture piégée : 1 (qui n’a pas fonctionné, attentat manqué de Notre-Dame de Paris)

militaires et policiers ciblés

Respectant les consignes données par Abu Bakr el-Baghdadi, les criminels ont souvent visé des militaires et des policiers. 11 affaires sont concernées. Les policiers et les militaires, sauf dans un cas (attaque d’un fourgon de police sur les Champs-Élysées), n’ont jamais été visés à l’arme de guerre, et si certains d’entre eux ont été grièvement blessés, aucun n’est décédé de ses blessures, à l’exception macabre du double meurtre de Magnanville, cas singulier dans la mesure ou le policier et son épouse ont été tués à leur domicile par un psychopathe qui faisait le guet devant chez eux.

Bilans humains

0 victime : 13

1 victime : 6

2 victimes : 4

3 victimes : 1

4 victimes : 3

5 victimes : 1

12 victimes : 1 (Charlie Hebdo)

32 victimes : 1 (Bruxelles)

39 victimes : 1 (13 novembre, partie terrasses)

86 victimes : 1 (Nice, camion dans la foule)

89 victimes : 1 (13 novembre, partie Bataclan)

Si l’on ne considère que les bilans, on constate que trois affaires se détachent nettement de toutes les autres, la tuerie de Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre, et l’attentat de Nice du 14 juillet.

Combien de tueurs suivis par les services de renseignement ?

Dans 18 affaires sur 34, les tueurs étaient connus des services de renseignement comme individus à surveiller.

Refus des autorités françaises de recevoir des listes des terroristes français de la part des services de renseignement syrien

L’hostilité absolue et le ton belliqueux des autorités françaises envers les autorités syriennes et son président Bachar el-Assad, hostilité qui n’est jamais retombée pendant les huit ans de guerre et qui est allé jusqu’à l’armement des « rebelles » à partir de 2012, a eu une autre conséquence funeste : le refus catégorique et réitéré de se saisir des listes de terroristes « français » qu’ont proposé de fournir à la France les services de renseignement syrien.

En 2013, Bernard Squarcini, le directeur du renseignement intérieur de 2008 à 2012, se voit proposer par les services syriens la liste de tous les « rebelles » français combattant en Syrie dans les rangs des groupes anti-Assad. Il en réfère au service dont il vient de quitter la direction, devenu entre temps la DGSI, qui en rend compte à Manuel Valls, qui refuse net, rapporte sur France Inter Yves de Kerdel deux ans plus tard : « pas question, nous n’échangeons pas de renseignements avec un pays tel que la Syrie ! »

La Syrie aurait en effet pu pourtant jouer un rôle clé dans le déjouement d’attentats. Christophe Dubois, et Eric Pelletier rappellent, dans « Où sont passés nos espions » : « La Syrie étant un passage quasi obligé pour les volontaires moyen-orientaux et européens en route vers la zone de combat, Damas joue le rôle de vigie avancée pour Paris. Pour la DST et la DGSE, s’allier avec le Moukhabarat permet de repérer les jihadistes français en route vers le front, ou mieux encore, de détecter ceux qui rentrent avec la ferme intention de continuer le débat en France. » (p. 68) « C’est bien grâce aux Syriens que la filière dite « des buttes Chaumont » [dont la tête était Farid Benyettou, le mentor de Chérif Kouachi, ndla] fut détectée puis démantelée en 2005. » (p. 75)

Ces révélations sont d’autant plus explosives que Squarcini les fait six jours après les attentats du 13 novembre, dont certains protagonistes, passés par la Syrie, auraient pu être repérés et arrêtés avant leur passage à l’acte.

Le gouvernement syrien posait certes une condition : le rétablissement de la coopération entre les services de renseignement des deux pays, coopération qui ne pouvait se faire, selon le journaliste Georges Malbrunot « qu’avec une reprise des relations diplomatiques entre Paris et Damas, et donc la réouverture de l’ambassade française à Damas ».

L’argument peut se comprendre si la rupture des relations diplomatiques, en mars 2012, et la fermeture de l’ambassade de France à Damas, le 29 mai 2012, se justifiait par des arguments solides. C’est ce que suggèrent certains journalistes qui rendent compte de la polémique.

Pour n’évoquer que la fermeture de l’ambassade de France, elle avait été décidée, conjointement avec tous les « amis de la Syrie », fin mai 2012, quatre jours après le massacre de Houla, près de Homs, dont l’armée syrienne avait été unanimement accusée avec les mots les plus durs dans tous les médias des démocraties occidentales, ce avant toute enquête. Or un mois plus tard, le rapport de l’ONU consacré à ce massacre concluait qu’il était impossible de savoir précisément qui en était l’auteur, et par la suite de nombreux éléments ont permis de comprendre que ce massacre, au cours duquel 108 personnes furent exécutées, n’avait pas été commis par le « régime », mais par des « rebelles », qui, une fois leur forfait accompli, l’avaient maquillé en opération sous faux-drapeau de façon à diaboliser les autorités syriennes et fournir contre elles un casus belli. Médias et politiques ont beau répéter, inlassablement, depuis des années, que seul le régime de Bachar peut avoir commis le massacre de Houla, nous pouvons affirmer tranquillement aujourd’hui que la décision de fermer l’ambassade de France résultait, au mieux d’une énorme erreur d’appréciation, au pire d’une manigance perverse et insoucieuse de l’intérêt national. Cette certitude est renforcée par le fait que nous avons à présent assez de recul, comme je l’ai démontré dans mon précédent ouvrage « Guerre en Syrie, quand médias et politiques instrumentalisent les massacres » (volume 1 – volume 2), pour avancer que le massacre sous faux drapeau de Houla fait partie d’une série d’opérations semblables montées de toutes pièces régulièrement, au premier chef le massacre chimique du 21 août 2013.

L’argument « on ne peut pas accepter de coopérer avec les services syriens car il faudrait rouvrir notre ambassade » rend donc au contraire l’accusation de Bernard Squarcini encore plus grave : non seulement la France a commis l’erreur de refuser les listes de tous les terroristes « français » sur le sol syrien, mais elle a commis auparavant celle de fermer son ambassade à Damas, sur la base d’informations erronées et falsifiées.

Il faut ajouter, explique Squarcini : « En revanche, les services français paient les conséquences de certaines décisions politiques. Comme M. Hollande traite Bachar el-Assad de tous les adjectifs, les services syriens ne veulent plus coopérer avec les services français. »

En raison de ces deux « erreurs », qui ont tout l’air de choix conscients pervers, le gouvernement français de l’époque, au premier chef le Premier ministre Manuel Valls et le Président de la République François Hollande, doivent être considérés comme partiellement coupables, à l’instar des terroristes Abaaoud, Abdeslam, Abrini, etc., des attentats du 13 novembre à Paris, et de tous les meurtres commis au nom de l’EI depuis 2014.

En complément de cette introduction et de la base de données que je m’apprête à dérouler, je renvoie le lecteur à une étude en deux parties publiée sur mon site :

L’instrumentalisation des lois antiterroristes (1/2) : la double affaire Dieudonné

L’instrumentalisation des lois antiterroristes (1/2) : les Gilets jaunes

2013

25 mai 2013 – Attentat au couteau à la Défense1

En raison de ses criants airs de parenté, tant dans les faits que dans le profil, j’insère dans cette série d’attentats revendiqués ou attribués à l’EI cette attaque perpétrée un an avant qu’Abu Bakr el Baghdadi se proclame calife et que l’EI entame son expansion foudroyante en Irak puis en Syrie.

les faits

Le 25 mai 2013, vers 17h50, dans le hall d’accès au RER de la Défense, un homme se précipite sur trois militaires en patrouille dans le cadre du plan Vigipirate, dans leur dos, et frappe l’un d’entre eux à plusieurs reprises avec un Laguiole, le blessant gravement et manquant de peu sa carotide, avant de parvenir à prendre la fuite. Cette affaire prend un relief particulier après le meurtre à la machette, trois jours plutôt, d’un soldat britannique à Woolwich par deux « islamistes radicaux ». Des images de vidéo surveillance dévoilent le visage du criminel et le montrent dérouler son tapis de prière et prier juste avant de passer à l’acte. Il est arrêté le 29 mai dans le grand ensemble de la Verrière. En garde-à-vue, il assume son geste et avoue l’avoir prémédité, en s’inspirant du récent meurtre du soldat britannique ; il comptait initialement tuer un soldat devant l’Assemblée nationale. Lors de son interrogatoire il invoque plusieurs fois Allah et affirme qu’il voulait « tuer des mécréants ». Il est mis en examen pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroristes » et placé en détention provisoire. Lors de son interrogatoire il invoque plusieurs fois Allah. Mais l’issue est finalement très différente : le 5 novembre 2015, la justice abandonne cette charge, et il est déclaré pénalement irresponsable en raison de troubles psychiatriques, et décide de l’envoyer en HP plutôt qu’en prison. Une expertise psychologique révèle qu’Alexandre Dhaussy souffre d’un « état dépressif grave« , de « distanciation avec le réel« , d’ »attitude paranoïaque » et qu’il a « une personnalité de structure psychotique« . C’était la toute première fois dans ses annales, que la police examinait la responsabilité pénale d’un homme mis en examen pour ce motif.

le profil

Alexandre Dhaussy, 22 ans, issu d’une famille catholique, converti à l’Islam 7 ans plus tôt, non fiché comme radical, mais identifié par les services de renseignement comme appartenant à la mouvance islamiste radicale. Il portait au quotidien une djellaba et une typique barbe salafiste. Il se serait radicalisé à l’âge de 17 ans. Son identité avait seulement été signalée lors d’une prière de rue en 2009. Après sa conversion, il a pris le nom d’Abdelillah. C’est le nom sous lequel il était connu dans la boucherie musulmane dans laquelle il a travaillé deux mois en 2011. Sur les quatre experts appelés à se prononcer sur ce profil, deux concluent à l’abolition du discernement arguant que certains psychotiques « se saisissent de l’air du temps pour alimenter leurs délires mystiques ».

2014

24 mai 2014 — attentat du musée juif de Bruxelles2

les faits

Le 24 mai, vers 15h30, un homme se présente à l’entrée du musée juif de Bruxelles. Équipé d’une caméra go pro, il sort un pistolet et tue un couple d’Israéliens. Puis il se dirige vers l’accueil, sort une kalachnikov, et arrose l’intérieur du musée, tuant deux autres personnes. Toute la scène n’a pas duré plus de deux minutes. Se perdant d’abord dans des fausses pistes, l’enquête fait un bond immense quand est interpellé, à la gare de Marseille Saint Charles, un individu correspondant au signalement du tueur filmé par les caméras de surveillance. Alors que la casquette qu’il portait a d’abord compliqué l’identification du tueur, c’est cette même casquette, qu’il porte toujours six jours plus tard à Marseille, qui permet – gros malin ! – de l’identifier. Dans son sac on trouve une arme de poing et de nombreuses munitions, ainsi qu’une caméra go pro qui pourrait être la même que celle du tueur. Sur son téléphone on trouve une courte vidéo évoquant l’attentat. En mars 2019, Mehdi Nemmouche est condamné à la prison à perpétuité. Le deuxième accusé, Nacer Bendrer, écope lui de 15 ans pour lui avoir fourni les armes et les munitions. Lors de son procès, il s’exprime peu, et ses avocats défendent mordicus sa version initiale d’avoir été piégé par le Mossad, ce qui leur attire le reproche de transformer le tribunal en « tribune (…) à des thèses complotistes et antisémites ». Bendrer de son côté chargera très durement son comparse, le qualifiant de « monstre » et de « fils de pute ». S’il avait su ce que Nemmouche comptait en faire, jamais il ne lui aurait fourni d’armes.

le profil

Mehdi Nemmouche, 28 ans, français d’origine algérienne. L’homme n’a pas connu son père et a été placé en famille d’accueil avec ses frères et sœurs. Il tombe dans la délinquance, commettant de nombreux vols et agressions. Il est condamné à de nombreuses reprises et fait un séjour de 5 ans en prison entre 2007 et 2012. C’est lors de sa dernière année de détention qu’il se radicalise. Son extrémisme religieux est signalé et il est fiché S. A sa sortie de prison il gagne la Turquie pour passer en Syrie où il demeure un an. Puis il voyage en Malaisie, en Thaïlande, à Singapour

20 décembre 2014 — Attaque contre un commissariat de Joué-lès-Tours3

les faits

Le 20 décembre 2014, vers 14 heures, un jeune homme se présente au commissariat de Joué-les-Tours. En colère, il tape sur la porte. Quand enfin un policier finit par lui ouvrir, il sort un couteau et le blesse au niveau de la joue et de l’oreille, tout en criant « Allahou akbar ». Il agresse de même deux policiers venus en renfort. Deux autres policiers ripostent et l’atteignent de quatre balles. L’homme décède quelques minutes plus tard. Il s’agirait du premier attentat « islamiste » en France appliquant les recommandations de l’EI de cibler en particulier les fonctionnaires de police et les militaires. Tous les médias et les politiques, au plus haut niveau, reprennent en chœur cette version des faits ravivant le spectre du terrorisme islamiste. Il s’avère finalement que personne n’a entendu le jeune homme crier « Allahou akbar » et le scénario change : l’homme n’a pas voulu pénétrer de force, mais aurait été emmené de force par quatre policiers qui voulaient recueillir son témoignage sur une altercation entre un policier et des jeunes la veille. L’homme n’avait rien à voir avec cette histoire, s’est débattu, et en effet à un moment a sorti un couteau, ce qui a entraîné la riposte mortelle, riposte mortelle qui n’aurait pas eu lieu dans le sas d’entrée, mais sur les marches d’entrée. De nombreux médias font volte-face, et pointent les zones d’ombre de la version officielle, qui a toutes les caractéristiques au final d’une bavure policière, ce qui n’empêchera pas la branche médiatique d’Al Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA) de lui rendre hommage en même temps qu’à d’autres jihadistes « français » dans son numéro du 24 décembre.

le profil

Bertrand Nzohabonayo, 20 ans, d’origine burundaise, arrivé en France à l’âge de 10 ans, délinquant multirécidiviste et multi condamné, non fiché S. Il s’est converti à l’Islam en 2012, était très religieux, mais n’avait aucun lien avec l’EI ou toute autre organisation terroriste.

22 décembre 2014 — Attaque du marché de noël de Nantes4

les faits

Lundi 22 décembre vers 19 heures, un homme au volant d’une camionnette fonce dans un chalet du marché de noël de Nantes où l’on sert du vin chaud, faisant un mort et neuf blessés. Le criminel tente ensuite de mettre fin à ses jours en se poignardant à neuf reprises, la police l’en empêchant au dernier moment. La piste du terroriste islamiste est d’abord mise en avant, d’autant que le fameux « Allah akbar » a été entendu, mais l’expression a été formulée par un passant musulman sous le coup de l’émotion. L’homme en fait n’a rien à voir avec la mouvance terroriste, ce sur quoi les médias et les politiques tombent rapidement d’accord. Les analyses toxicologiques révèlent un taux d’alcoolémie de 1,80 grammes, soit quatre fois la limite autorisée. Dans la camionnette on trouve un carnet dans lequel l’homme confiait sa « haine de la société », faisait part du « risque d’être tué par les services secrets ». Il y témoignait aussi de graves troubles psychologiques.

le profil

Sébastien Carron, 37 ans. Il est décrit par ses voisins comme une personne solitaire sans être un marginal. Ses problèmes d’alcool sont évoqués. Il était connu des services de police pour quelques menues affaires de dégradations et de détention et consommation de stupéfiants. La semaine précédant l’attaque du marché, il s’était mis à faire brûler des pneus, générant une épaisse fumée noire et suscitant les plaintes des voisinsL’homme se suicide en prison en mars 2016, en se pendant aux barreaux de sa cellule, un mois avant de passer en jugement.

2015

9 janvier 2015 — le massacre de Charlie Hebdo

Cette affaire présente des zones d’ombre

les faits5

Mercredi 7 janvier, vers 11h20, deux hommes cagoulés en noir, vêtus de noir, gantés de noir, chaussés de rangers noires, armés de kalachnikovs et d’un lance-roquette, sortent d’une citroën C3 noire et pénètrent dans l’immeuble hébergeant les locaux de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, situés au 10 de la rue Nicolas-Appert, dans le XIème arrondissement de Paris. Ils se sont d’abord trompés d’adresse en entrant au 6. Ils y ont menacé un résident, tiré une balle à l’intérieur, attirant l’attention de deux employés de la société Sodhexo. Confondant sans doute l’un d’entre eux, Frédéric Boissier, avec un agent de sécurité, en raison de sa carrure impressionnante, ils lui tirent dessus et l’atteignent mortellement. Ils montent ensuite dans les étages, peinant à trouver leur cible, qui leur est indiquée par la dessinatrice Corinne Rey (alias Coco). Ils ont interpellé cette dernière par son surnom au bas de l’immeuble, alors qu’elle poussait la porte d’entrée, afin d’aller fumer une cigarette avec la responsable des abonnements Angélique le Corre, avant d’aller chercher sa fille à la crèche. « Emmène-nous à Charlie Hebdo », la somment-ils, intimant à l’autre : « Toi tu bouges pas ! » « On est al Qaida » lui disent-ils à plusieurs reprises en se dirigeant vers la cible. Après les avoir volontairement égarés, elle finit par leur donner, sous la menace, le code de la porte blindée permettant d’accéder à la rédaction du journal. Dans un premier bureau, ils tirent sur le webmaster qu’ils blessent grièvement. Ils abattent ensuite Mustapha Urad, le correcteur du journal. L’un des deux hommes pénètre ensuite dans la salle où se déroule la conférence de rédaction du journal, qui a commencé à 10h30 et qui touchait à sa fin. Franck Brinsolaro, l’un des deux gardes deux policiers chargés de la protection de Charb, est abattu le premier alors qu’instinctivement il s’apprêtait à dégainer. L’homme menace : « Vous allez payer car vous avez insulté le prophète. » et demande : « Charb ? », lui tirent dessus et se mettent à abattre un à un les personnes présentes, ponctuant d’un Allahou Akbar chaque expédition ad patres. Ils font un usage des plus précis de leurs armes, ne se dispersant pas en rafales balayantes6). Les tirs sont ponctuels et font mouche à tout coup, dans le torse ou dans la tête. Ils s’expriment dans un français parfait7), sans aucun accent ouèche, de banlieue ou étranger. On ne retrouvera sur place que 36 douilles. Neuf rédacteurs, dessinateurs et invités sont tués, Jean Cabut, Elsa Cayat, Stéphane Charbonnier (alias Charb),, Philippe Honoré (alias Honoré), Bernard Maris, Fabrice Nicolino, Michel Renaud, Bernard Verlhac (alias Tignous), George Wolinski, meurent en quelques minutes. Laurent Sourisseau, atteint d’une balle à l’épaule, tombe à terre et survit en faisant le mort. Philippe Lançon atteint d’une balle à la mâchoire est laissé pour mort. Gérard Gaillard est indemne, s’étant couché à terre au moment de la fusillade ; Laurent Léger de même en se jetant derrière une table. Eric Portheaux, le directeur financier, a survécu en se cachant dans le bureau situé en face de celui de Mustapha Urad. En quittant les locaux de Charlie Hebdo les tueurs croisent la chroniqueuse judiciaire Sigolène Vinson qu’ils épargnent en arguant : « Je ne te tue pas parce que tu es une femme. Je t’épargne parce que tu es une femme. Je t’épargne mais il faudra que tu lises le Coran. » Le dessinateur Renald Luzier (alias Luz) peut également être considéré comme un miraculé. Le 7 janvier était le jour de son anniversaire. Il a traîné au lit avec sa femme et n’a pas pu assister à la conférence de rédaction. Il arrive au 10 rue Nicolas Appert peu après 11h20 dans l’intervalle où les tueurs ont pénétré dans l’immeuble. Angélique le Corre en larmes l’a informé aussitôt de ce qui était train de se passer.

Il est 11 h 35 quand les deux tueurs sortent des locaux, avec une allure détendue. L’un d’eux crie à la cantonade à trois reprises « On a vengé le prophète Muhammad ! » Il prennent ensuite le temps de poser armes et chargeurs sur le toit de la voiture, et vérifient le fonctionnement de leurs kalachnikovs. La scène est immortalisée par un ouvrier polonais posté sur une couvertine au coin opposé du carrefour, vidéaste amateur dont on ne retrouvera jamais la trace. La scène est également filmée de plus loin par des journalistes de l’agence Premières Lignes, dont l’entrée des locaux étaient situées dans le même couloir que celui de Charlie Hebdo, sur le toit d’un immeuble où ils ont trouvé refuge. Puis les tueurs s’engouffrent dans leur véhicule, après avoir repoussé une offensive de quelques policiers alertés. Dans leur fuite vers le boulevard Richard Lenoir, ils ouvrent le feu sur une voiture de police s’avançant vers eux, l’atteignant et forçant les policiers à reculer. Ils tournent à gauche, prenant le boulevard à contresens, puis pivotent et le reprennent dans le bon sens, dépassant le véhicule de police abandonné par ses occupants. Ils prennent la première à gauche, puis de nouveau à gauche pour reprendre le boulevard Richard Lenoir dans son autre sens unique — de l’autre côté du terre-plein — ; au niveau du n°62 ils en sortent une vingtaine de seconde tous les deux pour abattre un gardien de la paix, Ahmed Merabet, qu’ils viennent de blesser lors d’un échange de tirs. Ils rejoignent ensuite le nord de Paris sans qu’une seule caméra ne puisse retracer leur parcours, malgré le pare-brise arrière visiblement détruit par des impacts de balle. Ils parviennent Place du Colonel Fabien où ils ont accident de la circulation avec une dame conduisant une wolkswagen Touran. Celle-ci dira avoir vu trois individus dans la Citroën C3. Ils encastrent un peu plus loin leur véhicule dans des plots au niveau de la rue du 45 de la rue de Meaux, un important quartier juif de Paris, XIXème arrondissement. En s’en extrayant ils oublient un chargeur de kalachnikov, des effets personnels, et une pièce d’identité qui va opportunément permettre de remonter aussitôt la piste des frères Kouachi. Ils s’emparent à visage découvert d’une Clio grise conduite par un kiosquier de Saint-Germain des Prés rentrant de sa journée de travail8. les policiers perdent leur trace porte de Pantin. Le conducteur de la Clio, évoquera des personnes « très très calmes, très déterminées, très posées, très professionnelles, des commandos ». Les deux hommes lui disent en partant : « si jamais, tu t’adresses… enfin, si les médias t’interrogent, tu diras : ‘C’est Al-Qaïda au Yémen’ ». Un appel à témoins avec la photo des deux frères et celle d’un troisième suspect, Mourad Hamyd, est rapidement diffusé. Le plan Vigipirate est élevé au plus haut niveau « alerte attentats ». Les réactions médiatiques et politiques sont extrêmement vives, entre indignation, dégoût, et appels à la solidarité. Les drapeaux sont mis en berne. Les lumières de la tour Eiffel sont éteintes pendant 5 minutes. Sur l’Arc de Triomphe est projeté pendant deux jours le slogan « Je suis Charlie ». A New York, le slogan est affiché sur l’écran géant affichant les cours du Nasdaq. L’affaire fait la une de 72 titres de la presse nationale et internationale. Le dimanche 11 janvier, 44 chefs d’état et de gouvernements participent à une « marche républicaine », qui réunit par ailleurs près de quatre millions de participants dans toute la France.

Deux jours plus tôt, les frères Kouachi ont été abattus par les hommes du GIGN après s’être réfugiés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goëlle. Après avoir passé la nuit dans un bois, au matin ils s’emparent d’une Peugeot 206, oubliant de prendre le téléphone portable de sa conductrice qui alerte aussitôt les policiers. Ils parviennent à l’imprimerie Création Tendance Découverte de Michel Catalano, située dans une zone d’entrepôts en plein milieu des champs. Là ils prennent en otage le gérant. Une patrouille de gendarmes vient par hasard sur les lieux, avec qui ils échangent des tirs. L’un des deux frères est blessé au cou. Michel Catalano le soigne. Les tueurs le relancent vers 10 heures du matin. A partir de ce moment les deux hommes sont cernés par le GIGN qui n’attend plus que le feu vert pour intervenir. Un journaliste de la chaîne Bfmtv parvient à joindre Chérif Kouachi, avant même le négociateur d GIGN, avec qui elle a un échange surréaliste décisif pour l’établissement de la version officielle. A 16h37, les deux frères décident de mourir les armes à la main, et sortent avec leur kalachnikovs, arrosant un peu partout à découvert n’importe comment. Ils sont abattus. Les gendarmes n’ont aucun blessé ni aucun mort à déplorer. Il n’existe aucune vidéo ni photographie de ce dénouement. Quelques minutes plus tard, est décidé en catastrophe l’assaut de l’Hyper Cacher : Amédy Coulibaly est abattu et tous les otages sont libérés.

L’attentat est revendiqué tardivement, une semaine plus tard, le 14 janvier, dans une video d’al Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA). L’organisation prétend avoir financé et organisé l’opération. Il s’agissait de venger le prophète Mahomet. L’ordre attaque de Charlie hebdo a été donné par le nouveau chef d’al Qaida en personne, Ayman Zawahiri, « conformément à la volonté posthume de Ben Laden ». Hommage est également rendu à Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Cacher de Vincennes, mais cette partie de l’opération ne sera jamais revendiquée par quiconque, même si Coulibaly s’est ostensiblement revendiqué dans une vidéo de Daech.

Le 14 janvier, le numéro de Charlie, montrant en couverture une représentation de Mahomet, la larme à l’œil dont le visage ressemble à une bite assortie de sa paire de couilles, sort en kiosque et part à près de 8 millions d’exemplaires. Il tient à hauteur de buste un panonceau ou est écrit « Je suis Charlie » et dit (écrit au-dessus en grosses capitales noires brouillonnes) « Tout est pardonné ».

les profils9

1) Chérif Kouachi, 32 ans, et Saïd Kouachi, 34 ans, issus d’une famille d’immigrés algériens très pauvres, dans un quartier misérable et très violent d’Aubervilliers, repère de pédophiles. Ils n’ont jamais connu leur père. Aînés d’une fratrie de quatre, leur frère et leur sœur sont placés ailleurs par les services sociaux. Ils découvrent, quand ils ont 10 et 12 ans, leur mère morte à leur domicile. Ne pouvant plus subvenir aux besoins du foyer, elle avait basculé dans la prostitution, et s’est probablement suicidée en avalant des médicaments. Elle était enceinte. Ils sont placés de 1994 à 2000 dans un foyer pour délinquants, orphelins, et jeunes requérants de la fondation Claude Pompidou en Corrèze. Ils n’aimaient pas les « Gaulois ». De retour à Paris, dans le 19ème arrondissement, Chérif Kouachi bascule dans la délinquance, et commence à se radicaliser en 2003, en fréquentant la mosquée Adda’wa, rue de Tanger, alors qu’avant il était fan de rap et de jolies filles. Endoctriné par l’émir Farid Benyettou, il intègre ce qui s’appellera la filière des Buttes-Chaumont. Il est interpellé en janvier 2005 alors qu’il compte se rendre en Irak en passant par la Syrie. Incarcéré de janvier 2005 à octobre 2006 à Fleury Merogis, il y rencontre son nouveau mentor, Djamel Beghal. Il se marie en mars 2008 et s’installe à Genevilliers. En 2010, il se rend à plusieurs reprises dans le Cantal où Djamel Beghal est assigné à résidence. La même année il est auditionné à 11 reprises sur son rôle éventuel dans la préparation de l’évasion du terroriste Smaïn Ait Ali Belkacem. « Faute de preuves suffisantes, le parquet de Paris requiert un non-lieu le 26 juillet 2013. », et l’on n’entend plus parler de lui jusqu’à ce 7 janvier 2015. Son frère Saïd Kouachi était loin d’avoir un tel CV. Selon les services de renseignement étasuniens il s’est probablement rendu au Yemen en 2011 – source unique peu ou opportunément relayée, pour combattre dans les rangs de l’AQPA. Au moment de la tuerie de Charlie Hebdo il est marié et père d’un petit garçon de trois ans. Très complice avec lui, cette dernière ne comprend pas comment son mari a pu se rendre coupable d’une telle horreur, en l’abandonnant en même temps que son fils, et sans lui laisser un mot d’explication. « À son avocat, elle décrit un mari discret, n’ayant jamais versé dans le prosélytisme, ni fait de remarques sur Daech, la coalition en Syrie ou autres. » Essayant de comprendre, elle pense qu’il s’est laissé embarquer dans cette histoire pour protéger son frère. Après la tuerie, ils se réfugient le 9 janvier dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, près de Roissy. Peu après 9 heures du matin, comme une voiture de la gendarmerie arrive sur les lieux et qu’en sortent deux gendarmes, ils l’arrosent à la kalachnikov aux cris de « Allahou akbar », sans toutefois faire de victimes. Saïd est blessé d’une balle au cou. Le patron de l’imprimerie, retenu en otage, l’aide à lui faire un pansement et un bandage, puis, à sa demande, les deux frères le laissent quitter l’imprimerie. Saïd et Chérif Kouachi sont abattus vers 17 heures alors qu’ils ouvrent la porte du bâtiment et s’élancent en tirant vers les forces du GIGN et du RAID qui ont cerné les lieux.

8 janvier 2015 — assassinat d’une policière stagiaire à Montrouge10

Cette affaire présente des zones d’ombre

les faits

Le 8 janvier vers 8 h 00, dans la ville de Montrouge, une voiture en face d’une concession Renault de la rue Pierre Brossolette a un accident. Deux policiers présents dans les parages se rendent sur les lieux, dont Clarissa Jean-Philippe qui s’efforce de rassurer la conductrice choquée. C’est alors que cette dernière entend des coups de feu et l’autre agent de police crier. Visée par quatre à six balles dans le dos tirées au fusil d’assaut par un Noir vêtu d’un parka noir bordé de fourrure, et d’un gilet pare-balles, la policière décède peu après, après avoir été en vain placée en soins intensifs. Son collègue Eric Urban est lui aussi blessé grièvement d’une balle qui lui traverse la bouche. Un agent de voirie présent à proximité a le courage de se jeter sur l’assassin, et dans le tumulte parvient à bloquer son arme automatique et à lui faire tomber une cagoule de sa poche, qui sera retrouvée quelques minutes plus tard par les policiers au pied d’un arbre proche de la rixe. Le tueur parvient à s’enfuir après s’être emparé d’une Clio blanche dont il a braqué le conducteur. Clarissa Jean-Philippe, 25 ans, originaire de Sainte-Marie en Martinique, venait de réussir l’examen pour devenir policière, et achevait sa période de stage. Elle aurait dû recevoir son diplôme quatre jours plus tard, le 12 janvier. Le tueur quant à lui disparaît après être parvenu à s’emparer d’un véhicule. Des policiers évoqueront assez vite que l’objectif initial du tueur était peut-être de s’en prendre à l’école juive Yavel Yaavov située à une centaine de mètres, que l’accident a perturbé ses plans qu’il a changés au dernier moment. Dans sa vidéo de revendication diffusée dimanche 11 janvier 3 jours plus tard depuis la Syrie, celui que tous les médias présentent comme « ressemblant à Amedy Coulibaly » n’évoquera pourtant pas cette cible, et déclarera simplement avoir voulu « faire les policiers ». Une trace ADN sur la cagoule permet d’identifier Coulibaly la nuit-même, nuit pendant laquelle les policiers perquisitionnent à son domicile de Fontenay aux roses — l’attaque de l’Hyper Cacher est commise le lendemain — de Coulibaly chez qui ils ne trouvent rien et pour cause, l’homme vient de louer un appartement pour une semaine à Gentilly dont il s’est servi comme planque. Les policiers y découvrent le 12 janvier une carte vitale, une carte d’identité à son nom, quatre pistolets Tokarev du même type que celui qui a abattu Clarissa Jean-Philippe, et un joggeur le 7 janvier à Fontenay-aux-Roses non loin du domicile de Coulibaly, un revolver, des munitions, des téléphones, des bombes lacrymogènes, un gilet tactique, des jumelles, de l’argent en liquide, un coran, et des drapeaux à l’effigie de l’EI. Tous les protagonistes blessés ou moralement détruits par cette affaire — une pensée ici pour le malheureux joggeur — se plaindront amèrement par la suite d’avoir été complètement oubliés par les pouvoirs publics. Les parents de Clarissa, qui, à l’annonce de la terrible nouvelle, ont pris le premier avion en partance de la Martinique, ont été choqués que les dirigeants français, lors de la « marche républicaine » du 12 janvier, présentent leurs condoléances aux familles juives ou de la tuerie de Charlie Hebdo sans leur adresser un regard ni un salut.

le profil

Amedy Coulibaly, 32 ans, seul garçon et benjamin d’une fratrie de sept enfants. Il bascule dans la délinquance vers 17 ans en raison de mauvaises fréquentations. Il en vient à réaliser de nombreux braquages qui le mènent vite devant les juges. Entre 2001 et 2007, il est condamné à de multiples reprises à des peines de prison ferme principalement pour ces faits. Il est incarcéré de 2005 à 2009 et de 2010 à mars 2014, bénéficiant d’une remise de peine d’un an – il doit toutefois porter un bracelet électronique jusqu’en mai. Sa dernière condamnation résulte de sa participation à la tentative d’évasion de Smaïn Ali Belkacem, l’un des principaux responsables de la campagne d’attentats commis en France en 1995. C’est durant sa première incarcération qu’il fait la rencontre de Chérif Kouachi et de son mentor Djamel Beghal. C’est lors de ses séjours en prison qu’il se radicalise. Le tribunal correctionnel de Paris évoque « une personnalité immature et psychopathique », un expert psychologue pointant la « pauvreté de ses capacités d’introspection ainsi que le caractère très rudimentaire de la motivation de ses actes », un « sens moral déficient », et une volonté de « toute-puissance ». A sa sortie de prison en 2009 il épouse religieusement Hayat Boumediene, femme au passé chaotique et convertie à l’Islam salafiste.

9 janvier 2015 — Attaque de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris

Cette affaire présente des zones d’ombre. Je renvoie le lecteur aux deux articles que j’ai déjà consacrés à cette affaire. 1) le conte de fée nauséabond du « héros de l’Hyper Cacher », 2) la bibliothèque d’Amédy Coulibaly

Amédy Coulibaly, posant dans l’un des quatre costumes de sa vidéo de revendication. En arrière-plan sa bibliothèque avec ses auteurs favoris : Daniel Pennac, Patricia Highsmith et Amélie Nothomb.

les faits11

Vendredi 9 janvier, peu après 13 heures, un homme équipé d’un gilet tactique, armé de deux kalchnikovs et de deux pistolets mitrailleurs, et de quinze bâtons de dynamite, fait irruption dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, à deux pas du boulevard périphérique. Il ouvre le feu et tue quatre clients et en prend six autres en otages, certains parvenant toutefois à s’échapper ou à se dissimuler. Le petit centre commercial juif est rapidement cerné par de très nombreuses forces de police et survolé par un hélicoptère. Disert, le criminel donne beaucoup d’informations aux clients retenus : il est Amedy Coulibaly, c’est lui qui a tué la veille la policière Clarissa Jean-Philippe à Montrouge, il s’est synchronisé avec les frères Kouachi. Désireux de donner une publicité optimale à son forfait, il parvient à contacter BFMTV à qui il répète ces élements en ajoutant qu’il avait été chargé de « se faire des policiers », qu’il a piégé le magasin avec ses batons de dynamite. Il menace également de tuer tous les otages si l’assaut est lancé contre les frères Kouachi. Le rôle de la chaîne d’informations en continu sera pointé du doigt en raison de la déclaration en direct d’un présentateur révélant qu’une personne se trouvait la chambre froide — la chaîne était en contact avec les six personnes réfugiées dans cet endroit en sous-sol —, poussant par la suite les ex otages à porter plainte contre la chaîne pour mise en danger de la vie d’autrui – plainte qu’ils retireront dans un souci d’apaisement, mais aussi en raison de la promesse de la chaîne de verser 60 000 euros au Fonds Social Juif Unifié (FSJU)12). Par ailleurs, « Pendant la prise d’otages à la porte de Vincennes, RTL a composé [vers 15 heures] le numéro de téléphone du supermarché casher. Amedy Coulibaly décroche, ne répond pas puis raccroche mal le combiné, permettant d’écouter les conversations. » Très brouillon, il reproche en vrac aux gouvernements occidentaux d’avoir attaqué au Mali, d’être intervenus en Irak, de ne pas avoir été assez ferme face à Bachar el-Assad, plus généralement de s’attaquer aux Musulmans à l’étranger et de les mettre constamment sous pression en France.

Pour revenir à la chambre froide, tous les medias rapportent le comportement héroïque d’un Malien sans papiers, sous obligation de quitter le territoire depuis cinq ans, Lassana Bathily : « Dans la panique, plusieurs clients [au nombre de six, dont un bébé] du magasin cherchent à se cacher. Ils soulèvent une trappe et se précipitent dans le sous-sol de l’épicerie. L’employé leur ouvre le congélateur, éteint la lumière, éteint la chambre froide, et les fait pénétrer à l’intérieur en leur disant : Vous restez calmes, moi je vais ressortir », leur sauvant ainsi la vie. 11 jours plus tard, le 20 janvier, il sera en récompensé de son acte héroïque naturalisé français par le Premier ministre Manuel Valls en personne, lors d’une impressionnante cérémonie. Il s’avèrera par la suite que cette histoire est une forgerie13, que n’estimeront même pas nécessaire de corriger les medias et wikipedia, les clients s’étant réfugiés dans la chambre froide protestant avec indignation qu’ils ont tout fait eux-mêmes.

A 17 h12, les policiers du RAID et de la BRI lancent l’assaut, quelques minutes seulement après la sortie suicidaire des frères Kouachi de l’imprimerie de Damartin-en-Goële. Ils ouvrent le rideau d’acier du magasin, lancent quatre grenades assourdissantes. Coulibaly alors se précipite sur eux et est abattu. Sa compagne, Hayat Boumedienne, visée par un mandat d’arrêt, n’a jamais pu être arrêtée depuis. La dernière trace qu’on ait d’elle remonte précisément au 13 novembre 2015 : une discussion par skype avec une amie de France, probablement depuis la Syrie dans laquelle elle évoque un quotidien extrêmement difficile, mais exaltant. Elle avait disparu quelques jours avant l’attaque de l’Hyper Cacher, s’envolant vers la Turquie — c’est à l’aéroport d’Istanbul que des caméras ont pu la repérer une dernière fois avant son passage en Syrie pour rejoindre les rangs de l’EI.

le profil

Amedy Coulibaly : voir affaire précédente, mais il faut ajouter les détails suivants14 : lors d’un séjour en prison en 2010, il fait la connaissance de Chérif Kouachi avec qui il partage le même mentor, Djamel Beghal. « D’après des écoutes téléphoniques, Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi rendaient régulièrement visite à Djamel Beghal, assigné à résidence à Murat, dans le Cantal. Ils s’y rendaient même parfois ensemble, avec leurs compagnes respectives. Entendue par la SDAT en 2010, Hayat Boumeddiene raconte qu’ils s’y rendaient, entre autres, pour tirer à l’arbalète. » Cette dernière, activement rcherchée, ne sera jamais retrouvée par les policiers.

3 février 2015 — attaque de trois militaires de Sentinelle à Nice15

les faits

Le 3 février 2015, un homme attaque avec un long couteau trois militaires du 54ème régiment d’artillerie de Hyères, en faction devant le consistoire israélite de Nice, en plein centre-ville — aucun signe extérieur ne le signale visiblement. Il parvient à en blesser deux, l’un à la joue, assez grièvement, et l’autre au bras, avant d’être maîtrisé. Placé en garde-à-vue, il garde longtemps le silence avant d’évoquer sa haine de la France, de la police, des militaires, et des juifs, justifiant également son acte par les persécutions des musulmans à travers le monde. Quelques jours plus tôt l’homme avait tenté de partir en Turquie. Dans un texte retrouvé dans la chambre d’hôtel qu’il avait louée à Nice, les policiers retrouvent une lettre adressée à Allah, mais ne comportant aucune allusion à une action terroriste. Il est mis en examen le 7 février pour « tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste ». En attente de son procès qui devrait se tenir fin 2019, ou en 2020, l’homme sera également jugé pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ». Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

le profil

Moussa Coulibaly, 30 ans, d’origine sénégalaise, issu d’une famille polygame, vivant dans la cité du Val-Fourré. Les jours précédant l’attaque il mène à Mantes la Jolie une vie de vagabond désœuvré. Il avait été repéré mi décembre 2014 par les services de police pour « prosélytisme » agressif dans une salle de sport de Mantes la Jolie. Fin janvier 2015 il descend à Nice puis en Corse dans l’espoir de rejoindre la Turquie, et de là passer en Syrie, mais à la demande des autorités françaises il se fait refouler par les autorités turques. A son retour il est interrogé par la DGSI et placé sous surveillance policière. Moussa Coulibaly était connu pour des faits de droits communs, commis à six reprises à Mulhouse où il résidait entre avril 2006 et novembre 2009 : vols à l’étalage, violences, usage de stupéfiants, outrages à personnes dépositaires de la force publique, tous faits pour lesquels cependant il n’a écopé que d’amendes et de prison avec sursis. Peu de temps avant l’agression il avait été contrôlé et verbalisé dans le tramway.

26 juin 2015 — attaque de Saint Quentin Fallavier16

les faits

Le vendredi 26 juin, vers 8 heures du matin, Hervé Cornara, patron de la société Colicom, est attiré par un de ses employés dans la camionnette conduite par ce dernier. Là ce dernier lui assène un coup de cric et l’étrangle. Le criminel entrepose le corps à l’arrière, et, parvenu sur la zone logistique de Saint Quentin Fallavier, le décapite au couteau à l’intérieur du véhicule. Il prend la tête décollée en photo et l’envoie à l’un de ses amis parti faire le coup de feu en Syrie. L’homme revient ensuite à la société, et fonce avec sa camionnette dans un hangar rempli de bouteilles de gaz, provoquant une grosse explosion. Quand les pompiers arrivent sur place, ils aperçoivent un homme en train d’ouvrir des bouteilles d’acétone en criant « Allahou Akbar ». Un pompier parvient à le maîtriser au péril de sa vie. Peu après ils découvrent le cadavre et la tête plantée sur un grillage d’Hervé Cornara, flanquée de deux drapeaux frappés de la chahada, la principale profession de foi de l’Islam. L’acte n’est revendiqué par aucune organisation terroriste.

le profil

Yassin Salhi, 35 ans, de père algérien et de mère marocaine, marié depuis 10 ans et père de 3 enfants. L’homme n’a pas de casier judiciaire mais a été fiché S entre 2006 et 2008. Employé comme chauffeur-livreur depuis mars 2015 dans la société de Hervé Cornara, il avait eu deux jours plus tôt une violente altercation avec ce dernier, qui lui reprochait d’avoir laissé tomber une palette de matériel informatique. Désireux de se venger de son patron, et en même temps de faire un coup d’éclat, il a imaginé ce scénario mêlant vengeance et mise en scène jihadiste. Lors de sa garde-à-vue l’homme nie toutefois avoir voulu commettre un attentat pour le compte de l’EI ou toute autre organisation terroriste. Il révèle qu’il avait eu une grave dispute la veille avec sa femme, à qui il reprochait de ne pas être assez religieuse et qui l’avait menacé de divorcer, cette dernière témoignant en même temps so 2017 son incompréhension totale quant au passage à l’acte de son mari. Son professeur de free fight évoque un homme « à la personnalité double », qui lorsqu’il se battait « était dangereux pour lui-même et pour les autres ». Eu égard au caractère typique du scénario, l’hypothèse de l’acte terroriste est tout de même retenue par les enquêteurs. L’homme se suicide en prison par pendaison le 22 décembre 2015, avant d’avoir pu être jugé.

21 août 2015 — attaque d’un train Thalys17

les faits

Le 21 août 2015, vers 17h50, un homme monte à Bruxelles à bord du train Thalys 9364 Amsterdam-Paris armé d’une kalachnikov, d’un cutter, d’une arme de poing et de munitions. Il ouvre le feu à une reprise sur un passager, qu’il blesse grièvement. Suite à une grosse échauffourée, il est maîtrisé par des passagers, parmi lesquels des militaires étasuniens dont l’un reçoit une balle dans le dos et un autre des coups de cutter à la main et au cou. La section antiterroriste du parquet de Paris se saisit de l’affaire. L’homme est mis en examen pour tentative d’assassinat, association de malfaiteurs et détention d’armes. Lors de ses quatre premières auditions, il explique qu’il n’avait pas l’intention de commettre un acte terroriste, qu’il était SDF et qu’il avait trouvé la valise avec les armes dans un parc, qu’en montant dans le train il voulait simplement détrousser des passagers, mais en 2016 il avoue finalement qu’il a séjourné en Syrie pendant six jours en mai 2015 et qu’il a reçu ses ordres d’Abdelhamid Abaaoud, qui sera présenté par la suite comme le coordonnateur des attentats du 13 novembre à Paris. L’objectif fixé est de s’en prendre à des militaires américains, qu’Abaaoud sait voyager dans les wagons 11 ou 12 de la première classe du Thalys numéro 9364. François Hollande expliquera plus tard que c’est suite à cet attentat qu’il avait pris la décision d’accentuer les frappes contre l’EI, non plus seulement en Irak, mais en Syrie.

le profil

Ayoub el Khazzani, 26 ans, Marocain. L’homme était fiché comme islamiste radical dans trois pays, dont l’Espagne où il était par ailleurs connu pour trafic de drogue. Des informations à son sujet sont transmises à la France en mars 2014. Il a séjourné à Molenbek Saint-Jean, foyer du salafisme belge dans la banlieue de Bruxelles, dont sont originaires nombre des terroristes des attentats du 13 novembre trois mois plus tard. Il a pu revenir de Syrie à l’été 2015 en se mêlant avec Abaaoud à des migrants en Hongrie. Au cours d’un interrogatoire le 23 novembre 2018 il expliquera ainsi pourquoi il n’est pas passé à l’acte : « personnellement, j’ai pas pu tuer. J’avais deux armes avec moi. Intérieurement, j’étais détruit psychiquement, mais à la dernière minute, je n’ai pas pu. » Il rapporte également que pour cette raison il a refusé de se munir d’une ceinture d’explosifs qu’Abaaoud lui conseillait de porter.

13 novembre — trois kamikazes se font sauter aux abords du stade de France18

Cette affaire présente des zones d’ombre

les faits

Dans la soirée du 13 novembre 2015, trois équipes de terroristes perpètrent des attaques meurtrières en trois points de la capitale. La première équipe est composée de trois kamikazes équipés de ceintures d’explosifs dont l’objectif est de perpétrer un carnage à l’occasion de la rencontre amicale France Allemagne au stade de France. Deux sont revêtus, pour passer inaperçus, d’un maillot du Bayern de Munich, le troisième arbore les couleurs de l’Allemagne. Ils se font sauter à 30 minutes d’intervalle : le premier à 21h20 à proximité de la porte D, faisant une victime, le second à 21h30 à proximité de la porte H sans faire de victimes, le troisième à l’extérieur de l’enceinte à 21h53, devant un Mac Donald, blessant une cinquantaine de personnes dont sept grièvement. Les medias soulignent tous l’étrange comportement de ces hommes qui auraient pu perpétrer un véritable carnage s’ils avaient actionné leurs ceintures au bon endroit et au bon moment, sans même parler des étouffés et piétinés probables par l’inévitable mouvement de foule. On peut envisager que si cette partie des attentats de Paris avait pleinement réussi, l’Euro de football se déroulant en France quelques mois plus tard aurait pu été annulé. Le 23 novembre, une ceinture d’explosifs inopérante est découverte en fin d’après-midi rue Chopin dans la ville de Montrouge, ville où a été abattue Clarissa Jean-Philippe le 8 janvier 2015. Sa configuration serait semblable à celles des trois kamikazes – et à celle de celui du Comptoir Voltaire. Comme on a localisé le 13 novembre Salah Abdeslam à Montrouge, grâce à son portable, et qu’il est présenté comme l’homme les ayant convoyés sur le site du stade de France dans la soirée du 13, les enquêteurs supposent que c’est lui qui aurait dû la porter mais simplement pour montrer l’exemple ; il s’en est finalement débarrassé et a pris la fuite. Pendant dix jours les éboueurs ne l’auraient pas remarquée.

les profils

1) Bilal Hadfi, 20 ans, de nationalité française résidant à Bruxelles, fiché par les services de police belges. Selon des medias belges, il a séjourné récemment en Syrie, information confirmée par la mère, et se serait radicalisé au printemps 2014. Ses proches ont pu constater ce changement en quelques mois, sans toutefois imaginer que Bilal puisse en arriver à une telle extrémité. Les enseignants de l’institut professionnel Anessens Franck où il était en apprentissage ont bien noté eux-aussi sa radicalisation et ont tenté de prévenir les autorités, tentatives qui sont toutefois restées bloquées au niveau de l’administration. Bilal Hadfi est le premier des trois kamikazes identifiés dès le dimanche. Son frère Belkacem fait les frais de cette affaire : arrêté dans le cadre d’une affaire de vol avec effraction et une autre de trafic de stupéfiants, il ne peut obtenir sa libération automatique au bout d’un an assortie du port de bracelet électronique, mais eu égard au passé de son frère, il est maintenu en prison où il est placé à l’isolement. Pendant son incarcération, les policiers tentent de le faire chanter en lui proposant de devenir leur informateur en échange de sa libération.

2) le profil du second terroriste est des plus incertains. Dans un premier temps de faux papiers d’identité trouvés à côté de son corps désignent un ancien soldat syrien loyaliste, du nom d’Ahmad Al-Mohammad, tué plusieurs mois auparavant. Ses empreintes sont retrouvées dans l’appartement conspiratif de Bobigny mais les fichiers de la police ne comportent aucune trace de lui. Il faut attendre un peu plus d’un an, en janvier 2017, pour que de nouveaux éléments apparaissent. Selon des enquêteurs de la DGSE, le kamikaze serait un certain Ammar Ramadan Mansour Mohamad al-Sabaawi, un Irakien de 22 ans originaire de Mossoul. Après l’attaque, l’EI aurait à donné à sa famille l’équivalent de 5000 dollars et des moutons. L’homme, avec le troisième kamikaze, ont pu pénétrer en Europe en se dissimulant dans un flux de migrants arrivés par bateau sur l’île de Leros en Grèce le 3 octobre 2015.

3) Le troisième kamikaze également retrouvé en possession d’un faux passeport syrien, présente un profil encore plus flou et incertain. Ses empreintes sont également retrouvées dans l’appartement conspiratif de Bobigny mais les fichiers de la police ne contiennent aucune trace de lui. Dans sa vidéo de revendication, l’EI affirme qu’il s’agit d’un ressortissant irakien.

la revendication

Cette série d’attentats est revendiquée le lendemain 14 novembre dans un communiqué par l’EI. Ses auteurs se félicitent que « 8 frères » [ils étaient dix en fait] de l’organisation ont participé à cette opération visant à punir la France de « ses bombardements contre le califat » en Irak et en Syrie. Et ils avertissent : « la France et ceux qui suivent sa voie doivent savoir qu’ils restent les principales cibles de l’État islamique. »

13 novembre 2015 — massacre dans six cafés du XIème arrondissement de Paris

Cette affaire présente des zones d’ombre. J’en ai déjà parlé dans « les attentats du 13 novembre et la boule de cristal de Thierry Meyssan« 

les faits19

Le 13 novembre, à 21h25, trois hommes ordinairement vêtus pilent avec leur Seat noire devant le restaurant le Carillon, au croisement de la rue Alibert et de la rue Bichat, deux en sortent et ouvrent le feu au fusil d’assaut sur les clients assis sur la terrasse, criant en même temps « Allah akbar ! » et « c’est pour la Syrie ! ». Puis se retournant, ils arrosent de même la terrasse du restaurant le Petit Cambodge situé juste en face, tuant en tout 15 personnes. Ils reprennent ensuite leur véhicule et s’arrêtent non loin, à 21 h32, au 32 rue Faubourg du Temple, devant la brasserie A la Bonne Bière, située face au canal Saint-Martin, et reproduisent l’opération, s’attaquant également à la terrasse du restaurant Casa Nostra située juste à côté, 2 rue de la Fontaine-aux-rois. On ne compte que 5 morts mais le bilan aurait été plus lourd si l’arme d’un des terroristes, qui s’apprêtait à faire des victimes à bout portant dans ce second restaurant, ne s’était enrayée. Ils reprennent alors leur route en direction de la place de la Nation, et quand ils sont parvenus à 21h36 au 92 boulevard de Charonne, l’un des trois hommes sort et canarde le restaurant la Belle équipe, achevant les blessés à terre, tuant 19 personnes en quelques instants. En s’enfuyant, ils sont brièvement pris dans un embouteillage résultant de la fusillade et ont le culot, pour s’en extraire, d’avertir par la fenêtre : « Attention, il y a une fusillade ! » C’est au café Comptoir Voltaire, situé à un peu moins d’un kilomètre, que survient le dernier acte à 21h41. Alors que deux terroristes prennent la fuite, l’un d’entre eux fait irruption dans ce café. Il suscite d’emblée la méfiance de certains clients attablés dans la terrasse chauffée, mais à peine la serveuse vient-elle prendre la commande qu’il actionne un gilet d’explosifs bourré de vis, d’écrous, et de balles, et se fait sauter, blessant grièvement trois personnes. Le bilan aurait pu être plus lourd dans la mesure où la charge ventrale du gilet n’a pas fonctionné – un infirmier présent sur les lieux a même entrepris de faire un massage cardiaque au kamikaze, qui a juste titre lui semblait le plus gravement atteint, avant de se rendre compte avec horreur de l’identité du « patient ». Le bilan total de cette chevauchée meurtrière est de 39 tués et de 32 blessés graves. 400 douilles de Kalachnikov ont été retrouvées. La Seat noire est retrouvée abandonnée dans une ruelle de Montreuil, à 500 mètres de la station Croix de Chaveaux. Les enquêteurs y trouvent trois kalachnikovs sur lesquelles ils trouvent l’ADN d’Abaaoud et d’ Akrouh. Fait saisissant, le suivi des différentes caméras de surveillance révèle que les deux hommes sont ensuite retournés, en métro, sur leurs pas, pour se retrouver peu après minuit devant le Bataclan, où ils étaient peut-être aux premières loges pour assister à l’assaut de la salle de spectacle par le RAID à 0h20.

les profils

1) Brahim Abdeslam20 , 31 ans, frère aîné de Salah Abdeslam, d’origine marocaine, de nationalité française mais résidant à Molenbek Saint-Jean à Bruxelles. Condamné à deux reprises dans sa jeunesse pour des faits de délinquance, à trois et six mois de prison. Longtemps au chômage, il était devenu propriétaire, en mars 2013, d’un bar que gérait son frère Salah, et qui venait de subir, le 4 novembre, une fermeture administrative, un bar où l’on vendait non seulement de l’alcool, mais, comme dans bien d’autres bars du coin du reste, du cannabis, et on y fumait des joints à l’intérieur. La femme avec qui il a été mariée pendant deux ans jusqu’à leur divorce en 2013 révèle qu’il passait son temps à fumer de l’herbe et à dormir et qu’il n’allait jamais à la mosquée, et, s’il faisait le ramadan, c’était contraint par sa famille et il ne priait jamais ; il lui arrivait de boire de la bière et de la vodka ; elle juge invraisemblable sa radicalisation. Une des ses connaissances avance les mêmes éléments et fait également part de sa stupéfaction. Il décrit par ailleurs un dragueur invétéré qui multipliait les conquêtes féminines de toutes origines. Tous décrivent un homme agréable au bon caractère, et de bonne compagnie. En janvier 2015, toutefois, Brahim Abdeslam a tenté de se rendre en Syrie ; intercepté par les Turcs, il est interrogé à son retour en Belgique, et est inscrit avec son frère sur une liste établie par l’Organe de coordination pour l’analyse et la menace (Ocam), une liste recensant près de 800 personnes suspectées de vouloir entrer en contact avec des combattants de l’EI au Levant. Ils ne sont cependant pas placés sous surveillance, rien n’indiquant un passage à l’acte prochain probable – et d’une telle violence. Les spéculations vont bon train pour essayer de comprendre comment Brahim Abdeslam a pu se radicaliser dans un temps aussi court. La violente altercation qu’il a avec son frère la veille des attentats, dans une rue de Molenbeek, jette encore plus le doute sur ses motivations : un de leurs amis qui a surpris la scène raconte : « Jeudi soir, je suis chez moi. J’entends une dispute, une dispute énorme. Je me penche par la fenêtre et je vois les deux frères. Ils se bagarrent entre eux. La seule chose que j’ai compris, c’est: « Moi j’irai pas si j’ai pas l’argent! » Et l’autre il lui dit: « Non, tu vas y aller! » Il lui dit: « Moi si j’ai pas le pognon, je bouge pas. Sans pognon, j’y vais pas! » Et ça, ça s’est passé jeudi soir. »

2) Abdelhamid Abaaoud21, 27 ans, d’origine marocaine, résidant à Molenbek Saint-Jean, parti combattre aux côtés de l’EI en Syrie début 2013. Il commence à connaître des ennuis judiciaires en 2002 pour des faits de délinquance, et effectue de nombreux séjours en prison entre 2006 et 2012. Selon son père il se serait radicalisé après sa sortie en septembre 2012. Il est présenté par les enquêteurs comme le commanditaire des attentats. En janvier 2015, il manque de peu d’être arrêté à Athènes alors qu’il s’efforce de coordonner des attentats en Belgique : si la cellule dite du « Verviers » est démantelée à temps, les enquêteurs belges négligent de demander à temps à leurs homologues grecs l’arrestation d’Abaaoud, lui permettant de s’enfuir. Il est alors frappé d’un mandat d’arrêt européen et international émis par la Belgique où il est condamné par défaut à 20 ans de réclusion. En février, dans le magazine de propagande de l’EI, Dabiq, il se vante, dans le cadre d’une interview, du rôle qu’il a pu jouer dans la préparation à distance de ces attentats. On l’y voit en photo avec dans une main un coran, dans l’autre un drapeau de l’EI. Dans une video ; on l’avait vu en mars 2014 traîner le visage réjoui des cadavres d’ennemis accrochés à son pick-up avec une corde. En juillet 2015 il parvient à rentrer en Europe, en passant par la Hongrie et l’Autriche, en se dissimulant dans un flux de migrants. Le 10 août 2015, Reda Hame, un jihadiste français arrêté à son retour de Syrie, dévoile qu’Abaaoud lui a demandé de passer par Prague pour éviter d’être repéré et de frapper en France. Ce dernier lui aurait remis une clé USB contenant des logiciels de cryptage, 2000 euros, en lui demander de viser « une cible facile », telle « une salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ». A la fin du mois d’août 2015, un rapport alarmiste de la DGSI suggère son implication dans une demi-douzaine d’attaques terroristes, dont celle du train Thalys. Il est tué dans un appartement de Saint-Denis le 18 novembre, lors d’un assaut du GIGN. Son cadavre, retrouvé au milieu de débris humains, étant méconnaissable, il est identifié de façon « formelle » par ses empreintes digitales prélevées par les policiers dans l’immeuble en train de s’effondrer. Les voyantes baskets orange fluo qu’il portait le jour des attentats ont également pu jouer un rôle dans son identification22.

3) Le troisième tueur a mis plus de temps à être identifié. Dans un premier temps, les enquêteurs pensent qu’ils s’agit de Salah Abdeslam, le frère du kamikaze du Comptoir Voltaire. Déjà présenté comme le convoyeur des kamikazes du stade de France, après les avoir déposé sur le site il aurait pris la direction du 11ème arrondissement avec Abaaoud et son grand frère pour participer au massacre dans les six cafés parisiens. Mais les enquêteurs se rendent compte que son téléphone a borné ensuite dans le 18ème arrondissement, que c’est là que l’on retrouve la Clio louée à son nom – ayant servi au convoiement des kamikazes. Salah Abdeslam, seul terroriste survivant des attaques du 13 novembre, continue d’être âprement recherché mais pas pour son rôle éventuel dans les tueries des terrasses. Il faut attendre janvier 2016 pour qu’un nouveau nom soit mis sur le troisième homme mystère du commando des terrasses :

Chakib Akrouh23, 25 ans, belge d’origine marocaine, résidant à Molenbeek, à quelques rues du logis des frères Abdeslam, les services de police belge n’ont aucune trace de lui comme délinquant. Il a été tué avec Abaaoud lors de l’assaut du GIGN contre leur planque de Saint Denis mais alors n’avait pas été identifié. Fin décembre un magistrat belge le reconnaît à partir d’une photo de son cadavre et il est ensuite formellement identifié par une comparaison génétique avec le profil ADN de sa mère. Son ADN est le même que celui retrouvé sur l’une des trois kalachnikovs dans la clio abandonnée à Montreuil ; son visage est identifiable sur les images des caméras de surveillance dans le métro de Montreuil le soir des attentats, qu’il emprunte en compagnie d’Abaaoud, pour se rendre au Bataclan où son téléphone portable est tracé au moment de l’assaut de la BRI et du RAID dans le Bataclan. Le 4 janvier 2013, après s’être radicalisé, il était parti en Syrie pour combattre aux côtés des « rebelles » anti Assad, étant incorporé à la brigade « katiba al-muhajirin » (… des immigrés). En mai 2014 il a fait l’objet d’un mandat d’arrêt intenational ; était fiché S en France et sur l’Ocam en Belgique. En juillet 2015 il a été condamné par défaut à 5 ans de réclusion – dans le cadre de la même affaire de la « cellule du Verviers » pour laquelle Abaaoud a pris 20 ans. Après les attentats du 13 novembre, il reste caché pendant quatre jours et trois nuits avec Abaaoud dans une « planque végétale » (un ensemble d’entrepots désaffectés) à Aubervilliers. Repéré et filé par la police, il se fait exploser rue Corbillon dans leur nouvelle planque de Saint-Denis lors de l’assaut du GIGN.

13 novembre 2015 — le massacre du Bataclan

Cette affaire présente des zones d’ombre

les faits24

A 19h30, une Volswagen Polo noire imatriculée en Belgique s’arrête rue de Crussol devant la salle de spectacle du Bataclan, située au 50 boulevard Voltaire, à 500 mètres des locaux de Charlie Hebdo visés au début de l’année. Un habitué des lieux qui a repéré leur voiture mal garée va les voir — il en compte quatre et non pas trois — et en fait ce portrait : « Ils se sont garés juste devant moi alors qu’il n’y avait pas beaucoup de place. J’ai trouvé ça bizarre. Le conducteur avait du mal à tourner le volant comme s’il savait à peine conduire. Je suis allé les voir pour leur dire qu’ils étaient mal garés. Ils n’ont pas ouvert la fenêtre et m’ont regardé méchamment. On aurait cru des morts-vivants, comme s’ils étaient drogués ». A 21h40, trois hommes en sortent, armés de kalachnikovs, et pénètrent dans la salle de spectacle du Bataclan, où se produit le groupe « Eagles of Death Metal ». Ils abattent trois personnes devant l’entrée, puis, parvenus à l’intérieur, au moment où le groupe entame la chanson « I kiss the devil », se mettent à arroser à la kalachnikov la fosse où les spectateurs assistent debout au concert, en criant Allah akbar. Les corps tombent, ce sont les hurlements, certains parviennent à s’enfuir, d’autres se couchent instinctivement au sol. Les tueurs, après cette salve, achèvent un à un des spectateurs, au hasard et par sadisme. Faisant une pause ils demandent « Il est où le chanteur ? Ils sont où les Ricains ? C’est un groupe américain, avec les Américains vous bombardez, donc on s’en prend aux Américains et à vous. » Des témoins rapportent ces propos explicatifs : « Vous allez voir ce que ça fait les bombardements en Irak, on fait ce que vous faites en Syrie, écoutez les gens crier, c’est ce que les gens vivent en Syrie sous les bombes, vous tuez nos femmes, nos frères et nos enfants, on fait pareil, on est là pour vous, nous on est pas en Syrie mais on agit ici. Vous nous faites ça, on vous fait ça. » Vers 22 heures, les premiers policiers arrivent sur place et deux d’entre eux, un commissaire divisionnaire, et un brigadier, membres de la BAC, pénètrent dans la salle, laissant passer un flux de spectateurs en fuite, et parviennent à faire feu à six reprises, et à atteindre l’un des tueurs, à une vingtaine de mètres à gauche de la scène. Il tombe mais conserve les ressources de penser à son gilet explosif qu’il actionne à 22h07. Ses deux collègues mettent en fuite les deux policiers avec leur puissance de feu supérieure et se réfugient à l’étage avec une dizaine d’otages dans un couloir en forme de L fermé par une porte, plaçant certains d’entre eux devant la porte et aux fenêtres comme boucliers humains. Peu à peu les équipes de la BRI et du RAID parviennent sur place, et commencent, à partir de 22h15, à sécuriser le rez-de-chaussée, libérant les premiers otages cachés un peu partout. Après plusieurs tentatives de négociation rendues possibles par les téléphones portables des otages, l’assaut est donné à 0h18. La colonne de la BRI qui pénètre dans le couloir équipée d’un bouclier Ramsès, parvient à exfiltrer sains et saufs tous les otages. Atteint mortellement, l’un des deux terroristes actionne son gilet explosif, expédiant par là même son camarade ad patres. Le bilan du massacre est de 89 morts. Près de 600 douilles seront retrouvées.

les profils

1) Foued Mohamed Aggad25, 23 ans, résidant à Wissembourg, dans le bas-Rhin, fait partie d’une fratrie de quatre enfants, d’une mère d’origine marocaine, et d’un père d’origine algérienne dont elle a divorcé dix ans auparavant ; inconnu de la justice. Jusqu’en 2013 il vivait dans un HLM chez sa mère avec ses deux sœurs et son frère. Il a pu être identifié fin novembre 2015 par un SMS envoyée par sa femme à sa mère depuis la Syrie disant : « ton fils est mort en martyr avec ses frères le 13 novembre ». Il est décrit par certains témoins comme un garçon « vraiment très gentil », « adorable », mais également « influençable ». Après son Bac il a tenté le concours d’entrée dans la police et a été refusé par l’armée. Avant sa radicalisation, à partir de 2012, il fumait des joints et il lui arrivait de prendre des cuites. « Le président du foyer culturel turc dont Foued a fréquenté les cultes, se souvient de la dernière fois qu’il l’a vu. « Je l’ai mis à la porte parce qu’il voulait faire sa prière tout seul », signe, selon lui, que les autres croyants n’étaient plus « d’assez bons musulmans ». Il s’est fait retourner l’esprit sur internet par un recruteur du nom de Mourad Farès, alias Abu Hassan, ou Mourad al-Faransi (Mourad le français). Il se rend en Syrie avec son frère pour combattre dans les rangs de l’EI en décembre 2013 avec une dizaine de jeunes radicalisés, en passant par l’Allemagne et la Turquie, sous couvert d’un voyage humanitaire. Rejoint par sa femme, il devient père d’une petite fille. Depuis la Syrie il a confié à sa mère, avec qui il était en contact quotidien, qu’il souhaitait mourir en martyr. Dans une conversation entre le djihadiste et son épouse interceptée le 8 mars 2014 il confie : « si je rentre en France, c’est pas pour aller en prison, c’est pour tout faire exploser ». Sept d’entre eux, dont son frère, désenchantés et traumatisés par l’encadrement de l’EI, reviennent en mai 2014 et sont aussitôt interpellés et incarcérés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Il faisait l’objet d’une fiche S, et a dû rentrer en France avec de faux papiers car il faisait également l’objet d’une fiche bleue d’interpol qui l’aurait fait immanquablement repérer, ce qui n’a pas été le cas. Le père, qui ne l’avait pas vu depuis deux ans, savait qu’il s’était radicalisé et qu’il était parti en Syrie, mais pas qu’il en était revenu, et avoue sa stupéfaction qu’il ait pu en arriver à une telle extrémité. S’il l’avait su il l’aurait tué lui-même.

2) Ismaël Omar Mostefaï26, 30 ans, résidant depuis 2005 à Chartres dans un logement social du quartier de la Madeleine avec son père algérien, sa mère portugaise, ses deux frères et ses deux sœurs. Il a été condamné huit fois pour des délits de droit commun entre 2004 et 2010 — violence volontaire avec usage ou menace d’armes, vol et violence en réunion, vol par effraction, achat de stupéfiants, contrefaçon de chèque —, mais échappe à la prison, remplacée par des travaux d’intérêt général. Il se marie en 2008 avec une algérienne. En août 2010, il devient père d’une petite fille, et en août 2013, d’un petit garçon. C’était un homme pieux qui se rendait régulièrement à la mosquée. Il suivait la mouvance rigoriste tabligh. Il est fiché S en 2010 — fichage renouvellé le 12 octobre 2015 — quand il est repéré à Chartres avec un groupe d’Islamistes radicaux mené par Abdelillah Ziyad, un Marocain condamné pour un attentat commis à Marrakech en 1994. Il prend le chemin de la Syrie en passant par la Turquie quelques jour après la naissance de son fils, en compagnie de Samy Amimour. Entre 2010 et 2015, il est signalé à la police française à plusieurs reprises par les services de renseignement turcs et algériens. Il est identifié le lendemain du massacre grâce à un morceau de doigt retrouvé après qu’il s’est fait sauter. Coïncidence extraordinaire, son frère et sa belle-sœur assistaient le soir du 13 novembre à un spectacle de Dieudonné au théâtre de la Main d’Or situé non loin, et à 500 mètres du restaurant de la rue de Charonne visé par l’équipe des terrasses. S’étant présentés spontanément au commissariat en apprenant la terrible nouvelle de l’implication d’Omar, et ayant effectué 96 heures de garde-à-vue, ils sont relâchés sans qu’aucune charge soit retenue contre eux. Se défendant de tout penchant antisémite ou haineux, le frère d’Omar fait remarquer au journaliste qui l’interroge à sa sortie : « Il y avait une chance sur un milliard pour que ça arrive et hélas c’est arrivé. » Ismaël Omar Mostefai est identifié grâce à un morceau de doigt arraché dans l’explosion.

3) Samy Amimour27, 28 ans, père et mère algérienne, mais famille laïque très occidentalisée, résidant à Drancy. Il obtient un Bac littéraire et trouve un emploi de conducteur de bus à la RATP. Jeune homme introverti, il retourne seul à la religion, commence à prier en cachette, mais surtout se fait happer par la propagande des prédicateurs salfistes, sur internet et à la mosquée du Blanc-Mesnil qu’il fréquentait. Assumant plus ouvertement, il tente de convaincre sa mère et ses deux sœurs de porter le voile – le père et la mère ont divorcé. Le 15 octobre 2012, il est interpellé par la DCRI avec un de ses amis et placé en garde à vue, soupçonné de vouloir partir faire le jihad en Somalie. Obligé de pointer chaque semaine au commissariat de Drancy. Il prend le chemin de la Syrie en septembre 2013, où il rejoint l’EI, prend le nom d’Abu Hajia. Il s’est auparavant marié religieusement avec une jeune fille qu’il a connu à Saint-Denis et qui le rejoint en 2014. Il s’affichait peu sur les réseaux sociaux et communiquait peu avec sa famille. Le dernier à l’avoir vu est son père qui s’est lui-même rendu en Syrie en juin 2014 pour le convaincre de quitter l’EI pour refaire sa vie en Algérie. L’accueil qu’il reçoit est d’une distance et d’une froideur qui lui fend le coeur. Dans un courriel, trois jours après les attentats, son épouse de 18 ans demeurée en Syrie, et qui accouchera d’une petite fille trois semaines plus tard, clame sa fierté pour l’acte commis par Amimour.

Salah Abdeslam — un cas particulier et une énigme28

NB : Il faut placer à part Salah Abdeslam dont le rôle dans les attentats du 13 novembre a évolué avec le temps. La version officielle la plus rapportée nous dit qu’il devait se faire exploser avec les trois autres kamikazes du stade de France, mais qu’il a renoncé au dernier moment, ou que sa ceinture n’a pas fonctionné. Il serait reparti avec la Clio à Montrouge où l’on a retrouvé quelques jours plus tard, dans une poubelle, une ceinture d’explosifs du même type de celles portées par Bilal Hadfi et les deux Irakiens. Il fut également supposé qu’il aurait pu faire partie du commando des terrasses, au cours duquel son frère Brahim s’est fait sauter, puisque Salah Abdeslam a été tracé à 22 heures Porte de Clignancourt, où il aurait abandonné la voiture au milieu d’un passage piéton avec à l’intérieur une kalachnikov portant ses empreintes digitales. Le mystère est accru par son statut : c’est le seul de tous les tueurs a avoir survécu ; il a pu s’enfuir en Belgique la nuit du 13 novembre et n’a pu être arrêté qu’après une cavale de 125 jours. Après avoir déclaré dans un premier temps (mars 2016) qu’il aurait dû se faire exploser au stade de France, il s’est depuis muré dans le silence, en attente de son procès qui devait se tenir fin 2019/ début 2020, date limite de sa détention provisoire, le statut sous lequel il est pour l’instant emprisonné.

A gauche Salah Abdeslam, en garde-à-vue provisoire depuis mars 2016. Il semble mieux surveillé que Jeffrey Epsteïn.

Né en septembre 1989, 5 ans après son frère Brahim, quatrième d’une fratrie de 5 enfants (trois fils et deux filles) Salah abdeslam grandit dans une famille marocaine qui a acquis la nationalité française dans les années 60 en raison de sa présence alors en Algérie française. C’est à cette époque qu’ils s’installent à Molenbeek. Son père a été, jusqu’à sa retraite, conducteur des transports en commun de la ville et sa mère femme au foyer. Recruté en septembre 2009, en tant que simple technicien, à la société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB) où son père travaille, il en est renvoyé en raison de ses nombreux retards. Fin 2010, il est envoyé en détention préventive pour vols avec effraction, puis condamné à un an de prison avec sursis en février 2011, en même temps que deux complices, parmi lesquels son ami d’enfance Abdelhamid Abaaoud. Comme son frère Brahim, Salah est domicilié chez ses parents. Son entourage évoque un bon-vivant, draguant, sortant en boîte, regardant des matchs de ligue des champions, fumant du cannabis. Un patron de bar gay de Bruxelles l’a formellement identifié comme un habitué de son établissement. A partir de décembre 2013 il devient le gérant du bar acquis par son frère Brahim quelques mois plus tôt. Son second frère, Mohamed, interpellé les jours suivants les attentats, déclarera que Salah et Brahim avaient arrêté de boire depuis six mois et s’étaient mis à prier, ce qui ne les empêchait pas de continuer à fumer du cannabis et à jouer à la playstation dans leur bar. Niant par ailleurs leur radicalisation, il pense que ses frères se sont fait manipuler par Abaaoud.

Faisons à présent un saut dans le temps pour retracer ce qui se serait passé précisément les mois précédant les attentats, et ceux suivant son arrestation. Le 18 mars 2016, Salah Abdeslam est arrêté après quatre mois de cavale. Le procureur de Paris François Molins révèle aussitôt publiquement, lors d’une conférence de presse le contenu de son audition par la police de Bruxelles, lors de laquelle il a avoué avoir renoncé à se faire sauter devant le stade de France. En raison de cette violation du secret de l’instruction, Salah Abdeslam décide de se murer dans le silence dans lequel il demeure encore, jusqu’à son procès qui doit se tenir début 2020. Son avocat Sven Mary qui le défendait jusque-là le décrit ainsi : « un petit con de Molenbeek issu de la petite criminalité, plutôt un suiveur qu’un meneur. Il a l’intelligence d’un cendrier vide, il est d’une abyssale vacuité. » Lors de cette même conférence de presse, M. Molins détaille les déplacements à travers l’Europe de Salah Abdeslam, déplacements d’autant plus étonnants que l’individu est fiché comme radicalisé en Belgique ; j’ajoute à ces révélations d’autres dévoilées auparavant et par la suite dans les grands medias : le 1er août, il est contrôlé à bord d’un ferry reliant l’Italie à la Grèce en compagnie d’un autre suspect. Le 4 août, les deux hommes sont contrôlés à la frontière grecque alors qu’ils embarquaient en sens inverse pour l’Italie. Le 30 août, il est contrôlé alors qu’il se rend en Hongrie avec un second véhicule. Le 9 septembre, il est contrôlé à la frontière autrichienne, de retour de Hongrie, à bord d’un troisième véhicule, en compagnie de deux individus se présentant sous de fausses identités, Soufiane Kayal, et Samir Bouzid ; le premier sera tué lors de l’opération policière du 15 mars 2016 à Forest, le second se fera sauter le 22 mars à l’aéroport de Bruxelles Zaventem. Le 12 septembre il se rend dans un magasin de pyrotechnie de Saint-Ouen l’Aumône où il achète 12 déclencheurs à distance. Du 14 au 28 septembre, à bord d’un quatrième véhicule, il est repéré aux Pays-Bas, en Autriche et en Hongrie. Entre le 2 et le 9 octobre, il est repéré en Allemagne, aux Pays-Bas, et à Beauvais. Le 3 octobre, il est contrôlé à Ulm en Allemagne avec un complice. Le 8 octobre, à Beauvais, il achète 15 litres d’eau oxygnée, l’un des composants utilisés pour confectionner un explosif à base de peroxyde d’acétone (TATP). Le 9 novembre, son frère Brahim loue le pavillon de Bobigny, base de départ des Kamikazes du Stade de France ; le même jour, il loue à Etterbeck, en banlieue de Bruxelles, la Clio du Stade de France et la Polo du commando des terrasses. Le 11 novembre vers 19 heures, il est filmé avec son ami Mohamed Abrini dans une station-service à Ressons, nord de Paris, alors qu’ils remontent vers Bruxelles. Le 12 novembre, lui, son frère Brahim et Abrini quittent Bruxelles à 4h30 pour Charleroi où ils restent 10 heures ; vers 16 heures ils reprennent la route vers Paris où ils arrivent vers 19h30 ; la Polo du Bataclan et des terrasses les a rejoints et les trois équipes gagnent leurs bases de Bobigny et Alfortville ; le même jour Salah Abdeslam a loué l’appartement conspiratif d’Alforville, base de départ des commandos du Bataclan et des terrasses. Le soir du 13 novembre, il convoie les trois kamikazes au stade de France. Lui aussi aurait dû se faire sauter avec eux, mais soit qu’il ait hésité au dernier moment, soit que le gilet suicide n’ait pas fonctionné, il prend la fuite et l’abandonne dans une poubelle de la rue Chopin à Montrouge où il sera retrouvé quelques jours plus tard. On relève sa trace le 13 novembre dans le XVIIIème arrondissement de Paris, Porte de Clignancourt vers 22 heures, à l’endroit on l’on retrouvera, abandonnée au milieu d’un passage piéton, la Clio du Stade de France, à l’intérieur de laquelle on trouvera une kalachnikov avec des traces de son ADN. Vers une heure du matin, après s’être acheté un menu au Mc Donald il se rend au 9ème étage d’une des tours de la cité Vauban, connu pour être un lieu de trafic de shit. Là, attirant la sympathie des lycéens présents, il passe une partie de la nuit avec eux à manger des Mcdo et à fumer des joints. Vers 4 heures, il se met en boule dans un coin pour dormir. Au petit matin il parvient, grâce à deux complices, dont Mohamed Abrini, à fuir Paris pour la Belgique où il passe d’une planque à l’autre pendant 125 jours. Le 15 mars 2016, des policiers belges et français perquisitionnent son ultime planque de Forest. Mohamed Belkaid, qui voyageait sous le faux nom de Samir Bouzid, est tué en couvrant sa fuite par les toits. Dans l’appartement les enquêteurs découvrent onze chargeurs de kalchnikov, deux détonateurs, et les empreintes de Salah Abdeslam. Il est finalement interpellé trois jours plus tard, à Molenbeek, dans son quartier, avec cinq autres personnes. Légèrement blessé à la jambe lors de la fusillade de Forest, il est d’abord hospitalisé

La justice fédérale belge pendant un mois l’interroge sur son parcours en Belgique : en particulier sur sa présence lors de la fusillade de Fourest du 15 mars, mais également sur son degré de connaissance de la préparation des attentats de Bruxelles perpétrés quatre jours après son arrestation, et lors duquel des terroristes gravitant dans le milieu des terroristes du 13 novembre ont été impliqués Le 27 avril, la justice fédérale belge autorise son extradition vers la France et il est incarécéré à la prison de Fleury Mérogis, et placé dans une cellule, à l’isolement complet, où il fait l’objet d’une surveillance vidéo permanente. Le 12 octobre, ses deux avocats, en raison du mutisme dans lequel Salh Abdeslam s’est résolument enfermé, annoncent conjointement qu’ils renoncent à poursuivre la défense de leur client. Le 23 avril 2018, il est condamné à 20 ans de prison par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour tentative d’assassinat à caractère terroriste lors de la fusillade de Forest.

2016

1er janvier 2016 — attaque contre des soldats protégeant la mosquée de Valence29

les faits

Le 1er janvier 2016, vers 15 heures, un homme fonce avec sa voiture sur quatre militaires en faction devant la mosquée de Valence, blessant l’un d’entre eux à la jambe. Ceux-ci lancent les sommations d’usage, et comme l’homme fonce de nouveau sur eux, ils ouvrent le feu, le blessant grièvement. Juste après l’attaque, il déclare avoir « voulu tuer des militaires », au motif que « les militaires tuent des gens [en Syrie et en Irak] », et avoir voulu « être tué par des militaires ». Sur son ordinateur, les enquêteurs découvrent des vidéos de propagande islamiste. Lors de son interrogatoire, l’homme explique toutefois qu’il est passé à l’acte… parce qu’il ne trouvait pas de place pour se garer. La piste terroriste est rapidement abandonnée, s’orientant vers celle du coup de folie meurtrière d’un homme fragile psychologiquement, peut-être suicidaire. La chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble décide, en février 2019, de renvoyer le forcené devant les assises de la Drôme pour « tentatives d’homicides volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

le profil

Raouf el Ayeb, arrivé de Tunisie en 2007, 29 ans, peintre sans emploi — autoentrepreneur, sa société a été liquidée en 2011 —, marié, père de trois filles. Il est inconnu des services judiciaires. Il est musulman pratiquant mais n’a effectué aucun voyage à l’étranger — en dehors de la Tunisie — et n’est en lien avec aucune organisation terroriste. Des gens de son quartier évoquent un homme discret, dont la personnalité aurait changé les mois précédents. Son épouse se déclare toutefois extrêmement surprise.

7 janvier 2016 — attaque au hachoir d’un commissariat de Paris30

les faits

Le jeudi 7 janvier, jour anniversaire de la tuerie de Charlie Hebdo un an plus tôt, vers 11h30, un homme tente d’entrer dans le commissariat de police de Barbès, dans le 18ème arrondissement de Paris. Il est armé d’une arme blanche de type feuille de boucher et porte également une fausse ceinture explosive. Il s’approche du policier à l’accueil et tente de l’agresser en criant « Allah akbar ». Il est abattu par des tirs de riposte. On trouve sur lui « un téléphone portable et un papier sur lequel figurent le drapeau de Daech, et une revendication non équivoque en langue arabe », selon le procureur de Paris François Molins. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie, et une enquête a été ouverte pour « tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste ». La ministre de la justice tempère toutefois en laissant entendre que l’homme n‘avait « aucun lien avec la radicalisation terroriste », et développant : « Nous savons que c’est une ambiance extrêmement lourde et que des personnes qui ont des fragilités psychologiques, je n’ai pas dit que c’est le cas de cette personne, mais les personnes qui ont des fragilités psychologiques peuvent agir de cette façon (…) L’enquête fera la clarté de tout ça. » Une enquête de la police allemande permet finalement d’écarter 15 jours plus tard tout lien avec une organisation islamiste.

le profil

Tarek Belgacem, Tunisien, 24 ans, arrivé en Europe à 19 ans. Il est mis en cause pour vol en réunion 2013, à cette occasion ses empreintes sont prises ce qui permet de rapidement l’identifier. Durant des années il a voyagé sous de fausses identités et nationalités, notamment en Allemagne. La famille en découvrant l’affaire fait part de sa stupéfaction, exprimant ses doutes sur la version officielle, et rapportant que l’homme buvait de l’alcool, sortait en boite de nuit, et fréquentait des filles. Des témoins ne l’ont pas entendu crier « Allah Akbar », et jugent complètement invraisemblable d’attaquer un commissariat avec une fausse ceinture d’explosifs. Des membres de la famille déclarent qu’ils vont porter plainte contre X pour homicide involontaire.

22 mars 2016 — le double attentat de Bruxelles

NB : Il est inévitable de faire une exception à la règle que je me suis fixé de ne traiter que les meurtres et attentats attribuables à l’EI en France. Le double attentat de Bruxelles du 22 mars 2016 est en effet intimement lié avec les attentats du 13 novembre, presque tous les protagonistes de la cellule qui a participé à ce premier attentat étant liés à ceux qui ont participé aux attentats de Bruxelles. Il y a en outre une coïncidence de dates : lors de sa cavale, Salah Abdeslam a été en contact avec des terroristes du 22 mars, jusqu’à son arrestation… 4 jours avant les événements. C’est en partie pour cette raison que la justice belge a différé l’extradition de Salah Abeslam vers la France, qui aurait dû intervenir dix jours au plus tard après son arrestation dans son quartier de Molenbeek. Vu sa connaissance des participants, Salah Abdeslam aurait-il été en mesure d’empêcher la mise en œuvre de l’attentat, au moins d’en atténuer le bilan ? Telles sont les questions auxquelles Salah Abdeslam a été confronté lors de ses interrogatoires. Et pour ce qui nous concerne, un éclairage fort sur les attentats de Bruxelles permettra d’affiner notre compréhension des attentats du 13 novembre.

Des auteurs se présentant comme des héros de la dissidence ont produit ces dernières années, à propos de ces attentats, des analyses frauduleuses qui malheureusement ont connu une large diffusion. Je songe en particulier à Thierry de Meyssan dans son dernier ouvrage Sous nos yeux. Des participants à la contestation contrôlée de son espèce sont nombreux dans nos rangs, et il est de notre devoir de les dévoiler publiquement quand l’occasion se présente, tout en dissipant les écrans de fumée dont ils enveloppent ce genre d’événement pour obscurcir leur interprétation.

Pour une fois, le visage des tangos s’apprêtant à perpétrer un attentat a été diffusé. Il arrive donc que les caméras de surveillance fonctionnent…

les faits

Un peu avant 8h00, trois hommes pénètrent ensemble dans le hall d’entrée de l’aéroport Bruxelles-Zaventem poussant chacun un chariot avec une valise. Il s’agit de kamikazes. L’explosif se trouve à l’intérieur des valises remplies de clous qu’ils font sauter, à quelques minutes d’intervalle. Le troisième homme, « au chapeau », paniqué, prend la fuite, laissant sa valise qui sera retrouvée dans l’après-midi et neutralisée le lendemain par les démineurs. On retrouve à côté des dépouilles des deux kamikazes un gilet suicide non déclenché et une kalachnikov. Le bilan est de 16 morts et 92 blessés. A 9h11, alors que le metro de la ligne 5 vient de quitter la station de Maelbeck en direction de celle des Arts et des lois, un homme active son gilet explosif dans la seconde des trois rames. Le bilan est de 15 morts et 55 blessés Nous sommes 4 km à l’est de la banlieue de molenbeek Saint-Jean, et à quelques minutes du Parlement européen. En fin d’après-midi, l’EI diffuse, via son agence l’Amaq, un communiqué en français dans lequel l’oganisation revendique le double-attentat. Le gouvernement belge ferme toutes les gares et stations de métro, et les vols à destination de Bruxelles sont temporairement détournés. La date et le lieu ne sont pas anodins puisque les lieux frappés sont tout proches de Molenbeek où a été interpellé Salah Abdeslam quatre jours plus tôt, et que certains des suspects s’avèrent être des connaissances d’Abdeslam, qui pour certains lui ont prêté assistance lors des attentats du 13 novembre à Paris quatre mois plus tôt. Le chauffeur de taxi qui les a déposé à l’aéroport les identifie sur les caméras de videosurveillance, et dit à la police qu’il les a pris dans le quartier deSchaelbeck. Le quartier est bouclé et l’on découvre un appartement conspiratif dans lequel sont trouvés un drapeau de l’EI et des produits chimiques

les profils

1) Ibrahim el Bakraoui31, 29 ans, et Khalid el Bakraoui, 27 ans, d’origine marocaine. Ils grandissent à Laeken, un quartier populaire dans le nord ouest de Bruxelles. Leur père exerçait jusqu’à sa retraite le métier de boucher ; c’était un pieux musulman. Leur mère était conservatrice et sortait peu. Les deux frères se signalent rapidement pour leurs penchants délinquants. Fin 2009, Khalid a participé à quatre vols de voiture, et au cambriolage d’une bijouterie avec une kalachnikov et deux complices. Il est condamné en septembre 2011 à 5 ans de prison, mais bénéficie d’une libération conditionnelle en 2013 ou en 2014. Son frère Ibrahim, quant à lui, participe en tant que guetteur au cambriolage d’une banque à Bruxelles en janvier 2011. Surpris par la police, il ouvre le feu et blesse un policier avec sa kalachnikov. Il est condamné en août 2010 pour tentative de meurtre à neuf ans de prison, mais obtient sa libération conditionnelle en octobre 2014, avec l’interdiction de s’absenter de Belgique pendant plus d’un mois. En juin 2015, il essaye toutefois de se rendre en Syrie en passant par la Turquie. Il est arrêté à Gaziantep, et expulsé par les autorités turques. De son côté Khalid, des mois plus tard fait l’objet d’une fiche interpol, pour avoir violé les conditions de sa libération conditionnelle. Il prend alors le faux nom d’Ibrahim Maaroufi et loue un appartement à Charleroi, à 40 km au sud de Bruxelles, l’endroit-même ou les terroristes du 13 novembre feront étape dans la dernière ligne droite de l’opération. C’est également lui qui louera l’appartement de Forest où Mohamed Belkaid trouvera la mort le 15 mars 2016. A 7h58 Khalid se fait exploser dans le hall d’entrée de l’aéroport de Bruxelles Zaventem, à 9h11, Ibrahim se fait exploser dans le métro de la ligne 5, près de la station de Maelbeek. Dans une poubelle voisine de la rue Max Roos, non loin, les enquêteurs découvrent un ordinateur contenant son testament dans lequel il explique avoir voulu venger Salah Abdeslam.

2) Najim Laachraoui32, 24 ans, d’origine marocaine. Il passe sa scolarité dans une école catholique de Bruxelles où il a la réputation d’« un bon élève, sans problème disciplinaire », selon la directrice de l’établissement qui se montre surprise de sa radicalisation. Il obtient l’équivalent belge du Bac en 2009. Cette même année son nom apparaît dans l’enquête sur l’attentat du Caire du 22 février 2009, qui vit périr une jeune Française dans un café du Khan el Khalili, Cécile Vannier, et une notice Interpol est délivrée à son encontre. Il était alors en contact avec Fabien Clain, recruteur français de l’EI qui revendiquera par video les attentats du 13 novembre depuis Raqqa, en Syrie, et Ben Abbès qui sera arrêté l’année suivante pour un projet d’attentat au Bataclan. De 2009 à 2010, il travaille au Parlement européen avec une société de nettoyage. Il entame des études d’électromécanique dont il termine l’année avec une « satisfaction », la plus basse mention pour un examen supérieur de l’enseignement supérieur. Il prend le chemin de la Syrie en février 2013. Plusieurs ex-otages journalistes retenus en Syrie en 2013 et 2014 affirment que Laachraoui était un de leurs geôliers, sous le nom de Abu Idriss. Le 9 septembre 2015, sous son faux nom de Soufiane Kayal il est contrôlé à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et Samir Bouzid (Mohamed Belkaid, qui sera tué lors de la fusillade de Forest le 15 mars 2016). Le 17 novembre, son visage, avec celui de Mohamed Belkaid, est capté par les caméras de surveillance d’une agence Western Union de bruxelles où la fausse carte d’identité de Belkaid (Samir Bouzid) est utilisée pour faire un virement de 750 euros à la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, Hasna Ait Boulahcen, afin qu’elle lui trouve une planque en région parisienne. Son ADN a été retrouvé sur deux ceintures explosives utilisées par les kamikazes du 13 novembre, l’une au Bataclan, l’autre au Stade de France. Il est soupçonné d’en être l’artificier, en raison de sa formation en électro mécanique. En février 2016, une peine de prison de 15 ans est requise à son encontre dans le procès d’une filière de combattants à destination de la Syrie. C’est jusqu’en mars 2016 qu’il était connu sous le nom de Soufiane Kayal, et c’est sous ce faux nom qu’il a loué, près de Namur, une maison utilisée pour préparer les attentats de Paris. On a trouvé son ADN dans cette maison et dans la planque de Shaerbeek. Interrogé au sujet de son fils après les attentats, le père effondré répond n’avoir plus de nouvelles de lui depuis trois ans. Son frère Mourad, international belge de taekwondo ne l’a pas vu non plus depuis son départ en Syrie et « condamne fermement les agissements de son frère aîné ».

3) Mohamed Abrini33, 31 ans, d’origine marocaine, originaire de Molenbeek, très proche de Salah Abdeslam, qui habitait à deux pas de chez lui. Il a grandi entouré de trois frères et deux sœurs. Quand il a 17 ans la police mentionne son premier vol. A 18 ans il abandonne ses études de soudeur. A partir de 2000, il se rend coupable de nombreux vols, détention de drogue, recel, évasion de détenus, outrage, menaces, transport d’armes, et fait plusieurs séjours en prison. Selon l’un des inculpés belges de l’enquête, Ali Oulkadi, Abrini « est quelqu’un qui aime beaucoup l’argent et qui a manipulé beaucoup d’argent. En fait, il a la réputation d’avoir fait un coup de 200.000 euros. C’est un voleur. Il n’a jamais parlé de religion ou quoi que ce soit. » Il sort une dernière fois de prison en avril 2015, où il était entré pour une affaire de vol avec violence. En juillet 2015 il est soupçonné de vouloir partir en Syrie, et la police perquisitionne son domicile et interroge ses proches. Il s’avère cinq jours plus tard qu’il s’est effectivement rendu en Turquie, mais a décidé de rentrer en Belgique, expliquant aux policiers qu’après son séjour en prison il avait « besoin de souffler ». Selon une autre version, il s’est bien rendu en Syrie et explique avoir seulement souhaité visiter la tombe de son frère Soulaimane, tué là-bas à l’été 2014 après avoir en premier succombé au chant des sirènes salafistes. Pour son retour il passe par l’Angleterre où il demeure neuf jours. C’est alors qu’il est placé par les services de renseignement belges sur la liste des « individus radicalisés ». Le 4 novembre, son domicile est placé sur écoute par la police, et tous ses allers et retours font l’objet d’une note circonstanciée. Cinq jours plus tard son téléphone est mis sur écoute. Malheureusement, par manque de moyens, celui qui va convoyer Salah Abdeslam à Paris deux jours plus tard, le 11 novembre, ne pourra être arrêté à temps. Le 12 novembre, à 3 heures du matin, il est aperçu à Bruxelles avec la Clio en sa compagnie, et croisant Brahim Abdeslam et la Seat Leon.

Le 13 novembre, à 5h30 du matin, il retourne seul en train à Bruxelles. Interpellé le 9 avril 2016, il avoue être « l’homme au chapeau » qui convoyait en chariot la troisième bombe — de plus forte puissance que les deux autres — dans un sac qu’il a abandonné avant de s’enfuir. Il explique qu’il n’est pas radicalisé et qu’il « ne ferait pas de mal à une mouche : il a pris la fuite car il ne voulait pas faire de victimes et déclare avoir été poussé par les frères el Bakraoui. Il déclare également que la cible initiale était la France, vu le contexte de l’Euro de football, mais qu’ils ont changé de cible précipitamment en raison de l’arrestation de Salah Abdeslam. Mi août 2017, sa cousine germaine est arrêtée à Corfou en Grèce alors qu’elle tente de rejoindre la zone syro-irakienne. Le procès de Mohamed Abrini aura lieu à l’automne 2020 sur l’ancien site de l’OTAN. Ce lieu a été choisi en raison du grand nombre d’inculpés, 12, et de parties civiles, au nombre de 800.

13 juin 2016 — le double meurtre de Magnanville34

les faits

Le 13 juin 2016, vers 20 heures, un homme fait le guet devant le domicile d’un commandant de police et sa compagne au ministère de l’intérieur, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider. Il poignarde l’homme qui revenait de sa journée de travail, pénètre à l’intérieur de la maison et prend en otage sa femme et son fils âgé de trois ans. L’homme avant de mourir a eu le temps de donner l’alerte et la maison est bientôt cernée par les hommes du RAID et de la BRI, qui finissent par donner l’assaut vers minuit. Ils découvrent le cadavre de la femme avec la gorge tranchée. Le petit garçon choqué est sain et sauf. Auparavant le tueur s’était vanté de son meurtre sur facebook et avait revendiqué son acte au nom de l’EI mettant en avant son allégeance récente à Abu Bakr el Baghdadi. Il l’a aussi crié à la fenêtre. L’attentat est revendiqué le jour même par l’EI via l’Amaq. On ne sait pas, aujourd’hui encore, pourquoi ce tueur s’en est pris en particulier à ce couple, si ce n’est que le policier travaillait aux Muraux et que c’est là qu’il l’a repéré et suivi pour découvrir son domicile. L’homme aurait pu être assisté, dans la préparation et/ou l’exécution d’un second radicalisé qui était en même temps son meilleur ami et son mentor religieux, Mohamed Lamine Aberouz.

le profil

Larossi Abala, 25 ans, d’origine marocaine. Tôt en échec scolaire, il bascule dans la délinquance et est condamné à plusieurs reprises pour des faits mineurs. Le 14 mars 2011, il est arrêté et incarcéré au motif d’ « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Lors d’une perquisition chez ses parents, les policiers tombent sur un carnet recensant des cibles potentielles (commissariats, mosquées, lieux touristiques). L’analyse de son téléphone et de son ordinateur révèle une très forte assiduité à la propagande de l’EI. Lors de son procès en septembre 2013 il est condamné avec d’autres prévenus à 3 ans de prison pour avoir participé à une filière d’envoi au Pakistan de candidats au rêve EI-esque. L’avocat d’un des prévenus, Hervé Denis, évoquera par la suite un individu « limité intellectuellement, basique, influençable. Aucunement décideur« . Aussitôt libéré puisqu’il a effectué toute sa peine en détention provisoire, il est fiché S et placé sur écoute.

14 juillet 2016 — attentat de Nice35

Cette affaire présente des zones d’ombre

La promenade des Anglais à Nice. Les images des caméras de vidéo de surveillance ont été au centre d’une féroce polémique.

les faits

Alors que les badauds sont en train d’assister, aux alentours de 22 heures, au feu d’artifice du 14 juillet sur la promenade des Anglais à Nice, un poids lourd de 19 tonnes parvient à pénétrer sur cette zone piétonne et se met à accélérer feux éteints, fauchant autant de formes humaines que possible, roulant sur le trottoir pour amplifier le carnage, pour un bilan de 86 morts et 458 blessés. Les forces de police présentes finissent par ouvrir le feu. Alors que le camion criblé de balles et les pneus crevés a fini par arrêter sa course, le forcené est abattu par cinq officiers de police. Le lendemain, le président Hollande affirme de nouveau sa volonté de mener des frappes aériennes de l’EI en Syrie et en Irak. Le surlendemain, l’attentat est revendiqué par l’EI via l’Amaq. 5 jours plus tard, l’assemblée nationale vote le prolongement de l’état d’urgence — qui aurait dû prendre fin le 26 juillet — pour une durée de six mois.

le profil

Mohamed Salmène Lahouaiej-Bouhlel, 31 ans, tunisien disposant d’une carte de résident suite à son mariage avec une franco tunisienne. Il est père de trois enfants. Mari violent, il avait été poussé au divorce deux ans auparavant, et il avait perdu son emploi de chauffeur livreur après avoir eu un grave accident en s’endormant au volant sur l’autoroute. Non seulement il ne fréquentait jamais la mosquée, mais il buvait des bières, mangeait du porc, et prenait des drogues. Plus curieux encore, il multipliait les conquêtes sexuelles, tant masculines que féminines. Dans son entourage personne ne croit à l’hypothèse de la radicalisation. Il était connu des services de police pour des faits de violence et des vols, mais rien qui puisse laisser prévoir un tel acte. Du reste il était inconnu des services de renseignement et n’avait jamais fait l’objet d’un signalement pour radicalisation. Ses voisins en parlent comme d’un homme bizarre et extrêmement solitaire.

24 juillet 2019 — l’affaire Sandra Bertin36

Le 24 juillet, éclate une polémique qui pendant deux jours va faire couler beaucoup d’encre dans les journaux, de salive sur les plateaux de télévision, et plonger le ministère de l’intérieur dans un profond embarras : dans une interview accordée au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, la cheffe du centre de supervision urbain de Nice (CSU), qui gère toutes les caméras de surveillance de la ville, profère publiquement de graves accusations : le lendemain des atentats, alors qu’elle en train de vérifier le parcours du camion filmées par les 6 caméras disposées dans la portion de la Promenade des Anglais sinistrée par le poids lourd de 19 tonnes, deux fonctionnaires de police, un commandant et un commissaire, diligentés depuis Paris, la pressent de leur remettre un rapport « modifiable », en prenant soin de préciser que la Police Nationale se trouvait bien en particulier en deux points de surveillance. Problème pour Sandra Bertin, « la police nationale était peut-être là mais elle ne m’est pas apparue sur les videos ». Au téléphone les officiers de police sont très pressants avec elle pendant plus d’une heure, au point qu’elle est obligée, à la fin, de « physiquement renvoyer l’émissaire du ministère » dépêché sur place. Elle va jusqu’à employer l’expression de harcèlement pour qualifier le traitement dont elle estime avoir été victime ; le lendemain de l’attentat elle est « littéralement harcelée téléphoniquement : au fur et à mesure que le temps passe, les appels sont de plus en plus rapprochés. »

Elle a reçu l’accord de sa hiérarchie, à savoir la mairie de Nice, pour faire ces spectaculaires et dérangeantes révélations dans le Journal du Dimanche.

Le 20 juillet, quatre jours plus tôt, Liberation publie un article intitulé « Sécurité à Nice. 370 mètres de questions », dont le chapeau se passe de commentaire : « Contrairement à ce qu’a affirmé le ministère de l’Intérieur, l’entrée du périmètre piéton de la promenade des Anglais n’était pas protégée par la police nationale le 14 juillet au soir. Ce manque de transparence entame la confiance dans l’exécutif. » Et dans le corps de l’article on peut lire : « Contrairement à la version avancée au plus haut sommet de l’Etat, le dispositif policier sur la promenade des Anglais ce 14 juillet au soir était en réalité bien plus léger. De nombreux témoignages recueillis par Libération en attestent, ainsi que des photographies, que nous avons pu consulter, prises quelques minutes avant l’entrée du camion conduit par Mohamed Lahouiaej Bouhlel sur la partie piétonne de la Promenade. »

La riposte de la Place Beauvau ne se fait pas attendre. Comme Sandra Bertin suggère que les pressions et les demandes instantes de falsifier le document émanent directement du ministère de l’Intérieur, et donc du cabinet du ministre Bernard Cazeneuve, ce dernier décide de déposer plainte pour diffamation. Sur le plateau du journal de 20 heures de tf1, il dénonce une polémique « absurde », une « campagne de vilénies » à son econtre. Des élus de l’opposition et du Front National s’emparent de l’affaire pour critiquer vivement le gouvernement.

Sur quoi porte l’essentiel du litige ? Sur la présence ou non de policiers en deux endroit de la Prom’ et sur ce rapport modifiable ? Non, essentiellement sur la responsabilité directe ou non du ministère de l’intérieur. C’est ainsi que le procureur la République François Molins tient à apporter cette correction : « C’est sous la seule autorité du parquet que les enquêteurs se sont rendus à plusieurs reprises au CSU pour exploiter les vidéos, le but étant de visionner le cheminement du camion. » Concernant le « rapport modifiable » et le comportement des deux fonctionnaires dénoncées par Sandra Bertin, le patron de la police nationale, Jean-Marc Falcone sort de sa réserve et fait la mise au point suivante : le commissaire n’a « exercé aucune démarche destinée à modifier des documents ou des données, et encore moins à dicter les termes d’un rapport et le positionnement des forces de l’ordre ».

Loin de se rétracter, Mme Bertin dans la foulée maintient ses accusations, et son avocat annonce qu’il va faire un signalement pour faux en écriture au procureur de la République.

Un autre aspect de de l’affaire aurait pu amplifier la polémique mais curieusement n’a rencontré que peu d’échos dans les medias. Lors de son entretien au journal du dimanche elle révèle : « quelques jours plus tard, la sous-direction antiterroriste m’a demandé d’effacer les bandes des six caméras que j’ai mentionnées dans mon rapport, celles qui ont filmé la tuerie. On nous a demandé, pour les besoins de l’enquête, d’extraire huit jours de bande sur 180 caméras. Et maintenant il faudrait en effacer certaines pour empêcher leur diffusion au public… Le CSU existe pourtant depuis six ans et il n’y a jamais eu la moindre fuite d’images de notre part. » La période d’effacement concernée s’étendant entre le 14 juillet à 22h30 et le 15 juillet à 18 heures. Une première demande en ce sens avait été adressée verbalement au CSU dès le lendemain de l’attentat. Et les images de l’attentat vont être effectivement effacées six jours après le carnage, si bien qu’il n’est impossible depuis lors de confronter les deux versions de l’histoire ! Ironie de l’histoire, le CSU de Nice est la première structure du genre à avoir été inaugurée en février 2011, et demeurait en 2016, avec un réseau de plus de 1256 caméras — plus de 2000 en 2019 —, la ville la mieux surveillée de France. Une copie de des images est conservée, mais uniquement disponible pour les enquêteurs de la SDAT – ces mêmes enquêteurs qu’accuse Sandra Bertin. Selon l’un des agents niçois du CSU, « C’est la première fois que l’on nous demande de détruire des preuves ».

La polémique prend brutalement — et définitivement — fin le 26 juillet avec l’assassinat du père Jacques Hamel par Adel Kermiche et Nabil Petitjean dans l’église de Saint-Etienne du Rouvray. Les medias pointent alors toutes leurs caméras et tous leurs micros dans cette direction aussi radicalement qu’on passe d’une chaîne de télévision à une autre en zappant. L’opinion publique n’entendra plus jamais parler avec autant de volume de l’affaire Sandra Bertin.

Le 27 juillet, l’IGPN rend les conclusions de l’enquête commandée le 21 juillet par Bernard Cazeneuve, laquelle conclut que le dispositif de sécurité déployé sur la Promenade des Anglais à Nice le soir de l’attentat du 14 juillet « n’était pas sous-dimensionné », ce qui ne convainc pas le président de la région PACA et premier adjoint au maire de Nice Christian Estrosi qui proteste : « Ce rapport n’est pas de nature à répondre aux questions qui restent en suspens et à notre volonté d’obtenir la manifestation de la vérité. Cette enquête administrative concluant que ‘‘le dispositif n’était pas sous-dimensionné’’ le 14 juillet au soir à Nice ne saurait être suffisant pour répondre aux interrogations légitimes des familles des victimes. »

Début janvier 2017, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, annonce le classement sans suite d’un signalement déposé par Sandra Bertin pour « abus d’autorité », en « l’absence d’éléments constitutifs ». Il avoue toutefois comprendre la démarche ; compréhensif il explique : « La conjonction de cette anxieuse urgence parisienne avec cette fatigue, à Nice, a fait que, quelques jours plus tard, en surinterprétant également la réquisition de la sous-direction antiterroriste de supprimer les images, systématique dans ce genre d’affaires. »

En mars 2017, Sandra Bertin dépose plainte avec constitution de partie civile pour « abus d’autorité » et « escroquerie aggravée ». Elle reproche au fonctionnaire de police qui l’a harcelé de 13 coups de téléphone le lendemain de l’attentat d’avoir entretenu l’ambiguïté sur son statut réel afin de l’impressionner et de lui forcer la main.

Quant à la plainte déposée par Bernard Cazeneuve elle trouve son issue judiciaire quatroze mois après l’attentat, le 21 septembre 2017, et Sandra Bertin est relaxée par le tribunal correctionnel de Paris « au bénéfice de la bonne foi ». il est expliqué que la policière a « pu en toute bonne foi », en raison d’une « fatigue physique et nerveuse », « interpréter de manière erronée la demande ». La 17ème chambre du tribunal correctionnel considère que « la démarche prêtée à Bernard Cazeneuve » par Sandra Bertin « paraît irréaliste, voire inconcevable ». Selon la procureure en charge du dossier, la policière a « fantasmé » les pressions venues de Paris. Les articles qui rendent comptent de cette issue donnent très peu de détails.

Mais apparemment ces explications sont encore loin de satisfaire tous les protagonistes de cette affaire, au premier rang desquelles les proches de victimes qui en novembre 2018 demandent via leur avocat Me Fabien Rajon l’audition de Christian Estrosi et de Philippe Pradal. L’un d’entre eux interroge : « Il y a quand même deux personnages principaux qui n’ont pas été entendus, pourquoi? (…) Ce ne sont pas des surhommes qui sont au-dessus de tout, ils doivent tout simplement nous rendre des comptes. S’ils n’ont rien à se reprocher, je ne vois pas pourquoi ils ne seraient pas là pour répondre à nos questions. » Une autre s’étonne : « Pour moi ça n’a pas été anticipé, maintient-il. Ce qui est paradoxal, c’est que pour les précédents événements, M. Pradal avait d’ailleurs communiqué dans la presse, il y avait énormément de sécurité de déployée.(…) Et cette année-là, il n’y avait rien. C’est complètement incompréhensible. » Quatre ans après les événements, la polémique est très loin d’être éteinte, mais dans les grands medias elle n’existe plus.

26 juillet 2016 — l’assassinat du Père Jacques Hamel37

L’intérieur de l’église de Saint-Étienne de Rouvray

les faits

A 10 heures du matin, dans l’église Saint-Étienne du Rouvray, alors que le père Jacques Hamel est en train de célébrer la messe devant cinq fidèles, parmi lesquels trois religieuses et un couple d’octogénaires, deux hommes armés de couteaux pénètrent dans l’édifice, crient des « Allah akbar », renversent tout, et égorgent et poignardent mortellement le prêtre, forçant l’octogénaire à filmer la scène avec un smartphone. Les deux terroristes sont abattus par les forces de l’ordre en dehors de l’église, alors qu’ils se ruaient sur eux en hurlant « Allah akbar ». L’attentat est aussitôt revendiqué par l’EI via l’Amaq. Cette affaire fait la une dans les médias du monde entier. On se rendra compte par la suite que dans les cinq jours précédant l’attaque, pas moins de trois services de renseignement avaient transmis des notes alarmistes et non ambiguës concernant Adel Kermiche, dont l’une émanant d’un agent infiltré sur sa chaîne Instagram, sans qu’aucune mesure de ne soit prise.

les profils

1) Adel Kermiche, 19 ans. Il a été interpellé à Genève en mars 2015, et extradé et incarcéré en France pour association en lien avec une association de malfaiteurs en lien avec une organisation terroriste. Il est libéré en mars 2016 et placé sous bracelet électronique avec une autorisation judiciaire lui permettant de quitter sa résidence de 8h30 à 12h30. C’est dans cet intervalle que l’assassinat a été commis. Sa mère explique qu’il s’est radicalisé à 17 ans, après la tuerie de Charlie Hebdo. Le 18 juillet, il avait annoncé sur la messagerie cryptée Telegram : « Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, bim. Tu tranches deux ou trois têtes et c’est bon, c’est fini. » C’est son « guide spirituel » qui lui aurait donné l’idée en prison.

2) Abdel-Malik Nabil Petitjean, 19 ans, inconnu des services de police. Sa radicalisation aurait eu lieu début 2016. Alors qu’il tente de se rendre en Syrie avec un individu fiché S il est signalé le 10 juin en Turquie, qui transmet l’information en France. De retour, il est à son tour fiché S le 29 juin, mais sans photo ni empreinte. Dans une vidéo postée quelques jours avant le meurtre, Abdel-Malik prête allégeance à l’EI et dit : « Nous, on est des jeunes déterminés. On va détruire ce pays, élever la bannière. (…) Sortez avec tout ce qu’il faut, sortez avec un couteau, agressez-les, tuez-les en masse. »

4 septembre 2016 — tentative d’attentat à Notre-Dame-de-Paris38

NB: cette seule affaire devrait suffire à questionner le traitement médiatique de l’incendie de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019, pour lequel la thèse de l’incendie criminel a été brutalement et unanimement taxée de farfelue, impossible, « complotiste », la thèse de l’accident étant promue alors même que l’incendie faisait encore rage.

Notre-Dame qui brûle. Aussitôt la thèse de l’attentat est interdite et ceux qui l’évoquent sont traités de tous les noms dans les médias dont le nez à force de mentir fait plusieurs fois le tour de la terre. Il existait pourtant un précédent.

les faits

Le 4 septembre, à 6h00 du matin, un employé d’un des restaurants situés en face de la cathédrale Notre-Dame de Paris signale à la police la présence d’une Peugeot 607 apparemment abandonnée, sans plaque d’immatriculation, feux de détresse allumés, avec une bonbonne de gaz visible à l’intérieur. En l’ouvrant les policiers découvrent cinq bouteilles de gaz pleines et trois bouteilles vides présentant des traces de gazoil sans détonateur, en plus d’un carnet en langue arabe retrouvé sur le siège passager. Le véhicule a été arrosé de gasoil pour mieux l’enflammer. L’enquête progresse très rapidement et mène à l’arrestation de cinq femmes âgées de 21 à 41 ans, résidant dans le Loiret. Leur interrogatoire révèle qu’elles comptaient initalement perpétrer leur forfait sur le site de la Tour Eiffel, mais qu’elles ont abandonné cette idée faute d’avoir pu y accéder. Elles se sont rabattu sur celui de Notre-Dame. Elles ont tenté en vain d’enflammer le véhicule avec une cigarette. Seul le mauvais choix du carburant, difficilement inflammable, a empêché un carnage. Elles étaient deux pour l’opération, et ont rejoint ensuite des complices indiqués par leur mentor, Rachid Kassim, un propagandiste recruteur de l’EI. Le soupçon d’avoir été repérées par un policier en civil les a fait paniquer et poussées à quitter les lieux précipitamment. Pour mettre au point l’attentat, elles ont suivi les consignes, envoyées par messagerie cryptée, de Rachid Kassim, qui sera tué en février 2017 en Irak lors d’une frappe de la « coalition internationale anti EI ». L’homme apparaît dans les affaires du double meurtre de Magnanville et de l’assassinat du père Jacques Hamel, comme inspirateur de Larossi Abala et Adel Karmiche.

Les trois femmes sont jugées en octobre 2019. Inès Madani est condamnée à 30 ans de prison Ornella Gilligman à 25 ans de prison, Amel Sakaou à 20 ans, Sarah Hervouët à 20 ans. Ces peines de sont pas assorties d’une période de sûreté.

les profils

1) Inès Madani, 19 ans, française d’origine algérienne, quatrième d’une fratrie de cinq filles. Elle se sentait délaissée par sa mère qui n’avait d’yeux que pour ses sœurs et lui reprochait ses kilos en trop. Son père, Patrick Abdelkader Madani, est un musulman converti élevé dans le catholicisme par une grand-mère normande, ultrareligieux et fiché S. L’homme avait cependant dénoncé à la police à deux reprises les dérives de sa fille. Elle est évoquée comme une jeune fille très timide et effacée depuis l’adolescence. Elle décroche scolairement à partir de la troisième. « Après la mort de sa grand-mère en 2013, elle traverse une phase dépressive de plusieurs mois. (…) Elle se réfugie dans l’alcool et la drogue (cannabis, cocaïne) qu’elle consomme seule. » (voir le très long et fouillé article de Vanity fair à son sujet). En quasi rupture avec sa famille, elle rencontre à la mosquée une jeune mère de 26 ans, Anissa Medj, qui devient sa confidente et la fait basculer dans la radicalisation. Début janvier 2015 cette femme lui propose de partir avec elle à Raqqa. Ne s’estimant pas prête, elle refuse et, de nouveau seule, bascule de nouveau dans l’alcool et la drogue.

Devenue militante active, elle prend l’habitude, via la messagerie cryptée Telegram, de se faire passer pour un combattant syrien afin de séduire les candidates au jihad. Elle pouvait contrefaire sa voix au besoin pour se faire passer au téléphone pour un homme. Evoquée dans la vraie vie comme « une postado mal dans sa peau, timide et effacée », sur internet elle devient un homme sûr de lui, enjôleur et dominateur. La peugeot 607 destinée à perpétrer un carnage à Notre-Dame appartenait à ses parents à qui elle l’a volée. Le 12 avril 2019, trois jour avant l’incendie criminel qui a détruit la cathédrale, elle est condamnée à 8 ans de prison pour incitation au jihad, avec une peine de sûreté des deux tiers. Elle sera jugée six mois plus tard pour la tentative d’attentat manquée.

2) Ornella Gilligmann, 29 ans, mère de trois enfants, deux filles et un garçon de trois à sept ans, convertie à l’Islam en 2009 au moment de son mariage avec un musulman, portant le niqab (voile intégral). Elle est assignée à résidence et fichée S un mois avant la tentative d’attentat, en août 2015 en raison de ses velléités de départ en Syrie. Les enquêteurs ont rétrouvé ses empreintes à l’intérieur du véhicule piégé. C’est elle du reste qui a loué le 4*4 destiné à déposer les bonbonnes de gaz achetées en plusieurs fois et en plusieurs lieux divers. Depuis trois mois elle était « travaillée » par un certain Abu Omar dont elle a fait la connaissance sur les réseaux sociaux (Telegram), qui la séduit et la convainc de tout quitter, mari et enfants, pour venir en Syrie le rejoindre ; elle l’épouse religieusement par téléphone interposé et divorce d’avec son mari. Mais avant cela, Abu Omar et Rachid Kassim lui intiment de passer par une épreuve dont les modalités sont précisées dans un Quick de Sevran par une femme voilée portant le nom d’Oum Abderrahman – en fait Inès Madani : il s’agit de l’attentat de Notre-Dame qui sera tenté quatre jours plus tard. Durant son interrogatoire, Mme Gilligmann avoue son implication, mais clame qu’elle n’a rien d’une extrémiste pro Daech, et qu’elle a agi ainsi uniquement en raison de l’amour fou qu’elle éprouvait pour cet Abu Omar, pour qui elle était devenue prête à tout. Le juge en charge de l’enquête lui révèle en mai 2017 qu’Abu Omar n’a jamais existé, qu’il s’agissait en fait d’Inès Madani.

8 septembre 2016 — agression de policiers à Boussy Saint-Antoine39

les faits

Le 8 septembre, à Boussy Saint-Antoine, dans l’Essonne, trois femmes armées chacune d’un couteau agressent un agent de la DGSI en planque dans une voiture banalisée devant l’endroit où elles résident. L’une d’entre elles le poignarde au niveau de l’épaule en criant « Allah akbar ». Une autre tente d’en agresser un autre, en clamant « vouloir mourir en martyre » et se fait blesser à la jambe par un tir de riposte. Il s’avère finalement que cette affaire est un prolongement de la tentative d’attentat à la voiture piégée devant Notre-Dame. Conscientes d’avoir été repérées et d’être sur le point d’être arrêtées, prévenues par la fille d’une des radicalisées, elles décident de s’enfuir : elles sont quelques instants après arrêtées sur le parking de l’immeuble d’où elles sortaient par les agents qui les surveillaient avant de passer à l’action. Ces trois femmes se nomment Sarah Hervouët, Amel Sakaou, et… Inès Madani. Le trio s’est formée en suivant les recommandations de Rachid Kassim. Elles s’apprêtaient à passer de nouveau à l’action

les profils

1) Sarah Hervouët, 23 ans,femme de ménage dans un hôpital psychiatrique, mère catholique non pratiquante, père adoptif gabonais très peu présent, père biologique marocain qui a abandonné la famille quand elle était très jeune. Quand elle essaye de renouer avec ce dernier, il la rejette et c’est à cette époque qu’elle se radicalise. Elle échange sur Telegram avec Rachid Kassim qui lui demande d’abord de commettre un attentat contre la mairie de Cogolin, dans le Var où elle réside. C’est lui qui l’aurait mise en contact avec Inès Madani et Amel Sakaou pour mener l’attaque du parking le 8 décembre. C’est elle qui a porté le coup de couteau à l’agent de la DGSI. En avril 2017, elle est extraite de sa cellule et de nouveau placée en garde-à-vue, cette fois dans le cadre de l’enquête sur le double assassinat de Magnanville. Elle fut en effet un temps la promise du meurtrier de l’auteur de ce crime, Larosi Abala ; quand ce dernier mourut, elle projeta de se marier avec Adel Kermiche, l’un des futurs assassins du pè 2017 re Jacques Hamel, et au moment de son interpellation, elle était en couple avec le mentor de ce dernier, Mohamed Lamine Aberouz. Elle est fichée S depuis qu’elle a tenté de rallier la Syrie en mars 2015, « pour rallier l’homme avec qui elle était alors fiancée, un Nîmois ayant rallié Daech ». « J’ai le souvenir d’une jeune fille perdue qui était prête à tout pour s’intégrer dans un groupe, elle voulait faire partie de quelque chose », se remémore Me Apolin Pepiezep, qui l’a assistée lors de ses auditions en septembre à la DGSI. Aux enquêteurs elle confie : « Je ne supportais plus cette vie. En réfléchissant, j’ai une belle vie, mais c’est un mal-être intérieur. […] En fait, ce que je voulais, c’était le martyre. Je voulais que l’on me tire dessus ». Son avocat actuel raconte : « Pour moi, le point crucial de ce dossier tourne autour des questions psychologiques ».

2) Inès Madani : voir affaire précédente.

3) Amel Sakaou, 39 ans, mère de trois enfants, ancienne responsable de la sécurité d’un centre commercial proche de son domicile — poste qu’elle avait abandonné car on lui interdisait d’y porter le voile. Une voisine évoque une personne « plutôt coquette mais qui a changé du jour au lendemain il y a deux ou trois ans ». On ne trouve guère plus de détails de son profil sur la toile. C’est elle qui logeait les deux autres femmes terroristes, dont elle avait fait connaissance très récemment, par le truchement de Rachid Kassim. Celles-ci, craignant d’avoir affaire à une infiltrée de la police, l’obligeront à se dénuder et éplucheront son téléphone portable avant de la considérer comme une des leurs. A son domicile les policiers trouvent sept bouteilles en verre vide, avec à proximité ce qui pourrait s’apparenter à des mèches artisanales en papier, et dans son véhicule deux jerricans de cinq litres avec des résidus de carburant. En avril 2018, elle est recondamnée à huit mois de prison ferme pour menaces de mort contre des gardiennes de la prison où elle est incarcérée, alors que ces dernières cherchaient en vain à l’extraire de sa cellule pour la faire entendre par le juge d’instruction. Elle leur a notamment dit, en leur donnant des coups de pied : « Vous allez voir, vous allez le regretter, quand vous aurez des trous dans la peau. Allah est de mon côté ! ».

Nota bene : point très important à relever concernant cette affaire et ce profil, un certain nombre de medias nationaux (Causeur), juifs (CCLJLDJ) ou spécifiquement chargés (Conspiracy Watch, le BNVCA) de traquer et pratiquer la délation, avec les moyens les plus sales, des véritables opposants politiques, ont rapporté qu’Amel Sakaou manifestait une forte assiduité aux sites de réinformation indépendants systématiquement présentés comme complotistes, conspirationnistes, antisémites, afin de les diaboliser aux yeux de l’opinion publique, entre autres Panamza, Halalbook.fr, Oumma.com, EuroPalestine.com, Wikistrike, Ce que vous cachent les médias, Réseau International, Egalité & Réconciliation, MetaTV.org, Croa, Agence Info Libre, Parti Anti Sioniste, Arretsurinfo.ch, Russia Today, SputnikNews, nouvelordremondial.cc, Laurent Louis, Collectif Urgence notre police assassine. Ils rapportent également qu’elle avait relayé sur sa page facebook un post pointant la responsabilité d‘Israël dans le double attentat de Bruxelles du 22 mars 2016. Une façon de suggérer que ceux qui se radicalisent en mode salafiste terroriste passent nécessairement d’abord par la case « complotiste » ou « théorie du complot ». Ces éléments de langage visent à assimiler des chercheurs et des médias indépendants à ces attaques criminelles ignobles, de façon, doit-on supposer, à les criminaliser le moment-venu et permettre leur condamnation. Il s’agit de l’un des aspects du « discours anticomplotiste » dont l’un des objectifs est d’établir un cordon sanitaire entre ceux qui croient au système et ceux qui ont cessé d’y croire et le dénoncent. Pour ne prendre qu’une poignée d’exemples dans cette liste hétéroclite, c’est mentir en toute conscience d’oser avancer que la consultation de sites comme Egalité & Réconciliation, Agence info libre, arretsurinfo.ch, MetaTV.org, Spoutnik, constitue un sas nécessaire dans le processus de radicalisation salafiste menant à des actions violentes et aveugles. On peut aller plus loin en avançant que c’est même tout le contraire, puisque ces sites donnent toutes les clés pour comprendre la supercherie et les dangers de l’idéologie salafiste.

2017

3 février 2017 — attaque contre des militaires de l’opération Sentinelle au Carrousel du Louvre40

les faits

Vers 10 heures du matin, à l’entrée du Carrousel du Louvre, un homme vêtu d’un T-shirt noir macabre, armé de deux machettes, se précipite sur une patrouille de quatre militaires de l’opération Sentinelle. Il profère des menaces terroristes et hurle « Allahou Akbar. » Après avoir tenté de le maîtriser à mains nues, et devant les menaces de coups de machettes dont il a donné un coup sur le crâne d’un des militaires, ils ouvrent le feu et le blessent de cinq balles. Dans son sac on trouve deux bombes aérosol et un téléphone portable. Une instruction pour tentatives d’assassinats aggravées en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle est ouverte par le parquet antiterroriste de Paris. Aucune organisation terroriste ne revendique cette action. Les enquêteurs relèvent l’émission d’une série de tweets religieux inquiétants dans les minutes précédant l’attaque, au sein duquel ce message étrange en anglais : « Vous n’êtes plus Donald Trump… à partir de maintenant, vous êtes Donald Duck. »

le profil

Abdallah El-Hamahmy, ressortissant égyptien de 29 ans, arrivé de Dubaï quatre jours plus tôt, le 29 janvier 2017. Lors de son interrogatoire il affirme que son objectif initial était de dégrader des œuvres du musée, et qu’il a agi de son propre chef, sans rapport avec l’EI. Pour le père du jeune homme, un haut gradé égyptien à la retraite, la surprise est totale puisque Abdallah était selon lui « un garçon simple, qui ne montrait aucun signe de radicalisation ». On apprend par ailleurs qu’il a participé à une visite guidée du musée cinq jours plus tôt. Le guide a été très étonné de retrouver sa photo dans les médias car à ses dires c’était l’un des plus sympathiques du groupe. Diplômé en droit depuis 2010, marié, père d’un garçon de 7 mois et bientôt d’un deuxième, il résidait depuis aux Émirats où il travaillait comme cadre commercial. Malgré des séjours en Turquie et en Arabie saoudite, les policiers ne découvrent aucun commencement de trace de radicalisation dans ses effets et sur son téléphone. L’homme s’intéressait aux sites religieux et aux armes blanches, mais ils ne trouvent pas trace d’un commencement de radicalisation.

18 mars 2017 — attaque d’une patrouille de l’opération Sentinelle à l’aéroport d’Orly41

les faits

Le matin du samedi 18 mars 2017, un homme pénètre dans le hall du terminal sud de l’aéroport d’Orly. Il jette au sol un sac contenant un bidon d’hydrocarbures, puis se rue sur une militaire de l’opération sentinelle en patrouille, et lui place un revolver à grenaille sur la tempe. Comme les deux autres militaires de la patrouille prennent conscience de ce qui se passe, il les menace et leur hurle : « posez vos armes ! mains sur la tête ! je suis là pour mourir par Allah ». De toute façon il va y avoir des morts ». Les deux militaires l’abattent quand l’homme s’apprête à s’emparer du famas de la militaire. Une heure plus tôt, il avait tiré avec un pistolet à grenaille sur des policiers lors d’un contrôle routier, blessant l’un d’entre eux au visage, ouvert le feu dans un bar de Vitry sur Seine dont il était habitué, devant une dizaine de témoins, et braqué deux particuliers pour s’emparer d’un autre véhicule avec lequel il s’est rendu à l’aéroport. L’agression n’est pas revendiquée par l’EI ni présentée dans les médias comme l’œuvre d’un terroriste radicalisé, mais le profil de l’agresseur est si typique de ce genre d’affaires qu’il faut le mettre dans la liste

le profil

Zyed Ben Belgacem, 39 ans, de parents tunisiens, multiples condamnations pour vols à main armée et trafic de stupéfiants. En tout 44 signalements au fichier du traitement des antécédents judiciaires. Son casier comporte « neuf mentions » pour des faits de droit commun. Incarcéré pendant 6 mois en 2016. Il se serait radicalisé lors d’un précédent séjour en prison en 2011-2012, mais n’était pas fiché S. Les analyses toxicologiques de sa dépouille révèlent toutefois qu’il avait un taux d’alcoolémie de 0,93 grammes, et des traces de cannabis et de cocaïne dans le sang.

20 avril 2017 — attaque d’un fourgon de police sur l’avenue des Champs-Élysées42

les faits

Le 20 avril 2017, vers 21 heures, 3 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, et en plein milieu de l’émission « 15 minutes pour convaincre » un fourgon de police garé sur l’avenue des Champs Élysées, devant l’institut culturel de Turquie, est attaqué par un homme équipé d’un fusil d’assaut, qui tue un policier et en blesse trois autres. L’agresseur est abattu par des tirs de riposte. L’attentat est peu après revendiqué par l’EI, via son agence de propagande, l’Amaq. On trouve à proximité du corps un papier manuscrit exprimant son soutien à l’EI, et dans sa voiture les enquêteurs trouvent rapidement les indices permettant de l’identifier.

le profil

Karim Cheurfi, 39 ans, très lourds antécédents judiciaires. L’homme a déjà passé 14 ans derrière les barreaux. En 2001 il tire sur un élève gardien de la paix et son frère. Lors de sa garde-à-vue, il trouve le moyen de s’emparer de l’arme d’un autre policier sur lequel il tire et qu’il blesse grièvement. Il écope d’une peine de 20 ans de prison, allégée à 15 ans lors de son procès en appel en 2005. Le 7 juillet 2012, sa peine passe sous le régime de semi liberté et il obtient sa libération conditionnelle en 2013. En 2014 il est de nouveau écroué pour vols avec effraction, refus d’obtempérer, recel de vol, et usurpation de plaque d’immatriculation, le tout en récidive. Condamné à quatre ans de prison, il est libéré en octobre 2015. Le 23 février 2017 il est arrêté après avoir manifesté sa volonté de tuer des policiers, mais relâché faute d’éléments. Il n’était pas fiché S et n’avait manifesté aucun signe de radicalisation, même si, eu égard à ses antécédents il est classé sur la liste des personnes dangereuses. Il n’est toutefois pas considéré comme prioritaire, n’étant pas considéré comme radicalisé. Les gens de son quartier évoquent un homme pas du tout religieux, sujet tout de même à de graves troubles mentaux. Il vivait avec sa mère dans un pavillon. Son père souffre de graves problèmes d’alcool qui poussent celui-ci à proférer une semaine plus tard des menaces de morts contre des policiers. Il récidive début janvier 2018, écopant quant à lui de 18 mois de prison ferme, pour « apologie de terrorisme ».

6 juin 2017 — Attaque d’une patrouille de policiers sur le parvis de Notre-Dame de Paris43

les faits

Le 6 juin 2017, vers 15h40, cinq jours avant les élections législatives, un jeune homme se dirige vers trois fonctionnaires de la préfecture de police, au milieu du parvis de la cathédrale. Brandissant un marteau, s’écriant « C’est pour la Syrie ! », il attaque l’un d’entre eux par derrière, lui assénant un coup à l’arrière de la tête. Comme le policier a été légèrement blessé au cou, l’un de ses collègues riposte et le touche de deux balles au niveau du thorax. Le forcené, emmené à l’hôpital en même temps que la victime, s’était également muni de deux couteaux de cuisine. Entretemps, le périmètre a été bouclé, et 900 personnes sont demeurées bouclées dans la cathédrale. Quelques jours plus tard, il est mis en examen pour « tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle », et placé en détention provisoire. Des videos de propagande de l’EI, un « manuel d’action de loups solitaires » édité par Daech, un texte d’allégeance à l’EI sont retrouvés sur son ordinateur et quatre clés USB. En garde-à-vue, il reconnaît immédiatement les faits, se décrit comme un musulman sunnite avec une pratique religieuse « plutôt dure (…) depuis environ dix mois ».

le profil

Farid Ikken, 40 ans, d’origine kabyle, benjamin d’une fratrie de douze enfants, domicilié dans le Val d’Oise, inscrit depuis 2014 comme doctorant en Sciences de l’information de l’Université de Lorraine, à Metz. Auparavant, l’homme, musulman pratiquant, n’avait donné aucun signe de radicalisation, ni dans ses propos, ni dans ses tenues vestimentaires. Il n’a en outre jamais été condamné et était inconnu des services antiterroristes. Son profil est plutôt celui d’un intellectuel Ses voisins dans la résidence étudiante où il était hébergé depuis plus d’un an ne le connaissaient pas. En avançant dans l’enquête, on découvre qu’il a aussi été journaliste pour plusieurs medias algériens (le grand quotidien el Watan par exemple), et occasionnellement pour rue89. Son sujet de prédilection était la justice sociale. Il a d’ailleurs suivi des études de journalisme à l’université de Stockhölm et d’Uppsala en Suède entre 2006 et 2010, pays dans lequel il s’était exilé en 2002 suite aux émeutes réprimées en Kabylie. En 2009 L’union européenne lui décerne un prix pour un article consacré aux migrants. La rédactrice en chef adjointe de rue89 qui a longuement échangé par mails avec lui évoque un « journaliste sérieux, impliqué socialement, soucieux de la cause féministe ». Tous les intellectuels qu’il a pu cotoyer se disent sidérés par cette métamophose. Le procureur de la République François Molins évoque « une radicalisation extrêmement rapide sur internet. »

9 août 2017 — attaque de militaires en Opération sentinelle à Levallois Perret44

les faits

Le 9 août 2017, à 8h00 du matin, à Levallois Perret, alors qu’un détachement de militaires du 35ème régiment d’infanterie sortent de leur caserne pour partir en Opération Sentinelle, six d’entre eux sont fauchés par une voiture BMW qui les guettait et a délibérément accéléré à leur approche. Quatre sont blessés, dont deux grièvement. 300 policiers sont mobilisés pour la traque qui aboutit le jour-même à l’interpellation du criminel. Ce dernier, ayant encore tenté de s’enfuir, est touché de cinq balles par les policiers. Le 23 août le procureur dévoile les premiers résultats de l’enquête : l’homme avait effectué un repérage trois jours plus tôt ; on a retrouvé des images — récentes — de propagande de l’EI, et en épluchant son ordinateur, ils supposent que l’homme avait des velléités de départ en Syrie. Il est proche du mouvement tabligh qui prône une version très rigoriste de l’Islam. On ne trouve cependant pas de rattachement à un groupe terroriste où à des complices qui l’auraient inspiré. L’homme s’est « radicalisé tout seul dans son coin ». Son crime est considéré comme un acte terroriste.

le profil

Hamou Benlatrèche, 37 ans, nationalité algérienne. L’homme n’avait pas de casier judiciaire, et n’était pas fiché S. Il habitait Bezons, ville limitrophe de Sartrouville, qui abrite une communauté salafiste. Si l’un de ses voisins évoque un homme qui menait une vie normale et sans histoire, un autre parle d’« un homme qui s’énerve vite (…) pas stable dans sa tête », et un autre dit qu’il était « bizarre (…) ne parlait pas avec les autres, se bagarrait pour un rien ». Il lui est ainsi arrivé d’empêcher des fidèles de prier. Il allait prier à la mosquée, mais de façon irrégulière.

1er octobre 2017 — attentat à l’arme blanche à la gare Marseille-Saint Charles45

les faits

Le dimanche 1er octobre, vers 13h45, à la gare Marseille-Saint-Charles, un homme se précipite sur deux jeunes femmes. En criant « Allah akbar ». Il poignarde mortellement l’une, prend la fuite, revient sur ses pas, et commet une agression comparable sur l’autre jeune femme. L’une a été poignardée plusieurs fois au ventre et à la gorge, l’autre dansle dos. Maurane et Laura étaient cousines et avaient 20 et 21 ans. Il se dirige ensuite, criant de nouveau « Allah akbar » vers une patrouille de militaires de l’opération Sentinelle, qui l’abat. La piste terroriste est d’abord privilégiée L’attentat est revendiqué dans la soirée par l’EI via l’Amaq, ce qui pousse la section antiterroriste du parquet de Paris à se saisir de l’enquête.

le profil

Ahmed Hanachi, 29 ans, tunisien en situation irrégulière, SDF, toxicomane, divorcé. Il est connu depuis 2005 par la police sous sept identités différentes pour des faits de droit commun, mais il n’était pas connu des services de renseignement et n’était pas fiché S. Placé en garde à vue la veille de ses deux meurtres pour vol à l’étalage, il aurait dû faire l’objet d’une reconduite à la frontière, mais le centre de rétention administrative local était saturé et la personne en préfecture chargée de signer l’obligation de quitter le territoire était absente. Les proches du criminel, en Tunisie, jugent impossible la piste de l’agression terroriste islamiste, pointant un éventuel abus de drogue et la trajectoire d’un paumé. Après qu’un rapport est révélé quelques jours plus tard, mettant en exergue les « dysfonctionnements graves du système d’éloignement », le préfet du Rhône est limogé.

2018

23 mars 2018 — la prise d’otages du super U de Trèbes46

les faits

Le vendredi matin du 23 mars 2018, un homme sème la terreur dans le village de Trèbes, près de Carcassonne. Il commence par voler un véhicule en blessant le conducteur et tuant le passager, ouvre un peu plus tard le feu sur un groupe de CRS de retour d’un footing, blessant l’un d’entre eux, enfin entre dans un supermarché dont il prend en otages les clients aux cris de « Allah Akbar ». Parmi ses revendications, la libération de Salah Abdeslam, l’un des principaux suspects des attentats du 13 novembre. Là il tue deux autres personnes, dont le colonel de Gendarmerie Arnaud Beltrame qui l’a héroïquement convaincu de le substituer aux autres otages. Le GIGN finit par donner l’assaut et le terroriste est abattu. Quelques minutes plus tard, l’EI revendique l’action via l’Amaq. Sept mois plus tard, trois de ses proches gravitant dans la même mouvance sont mis en examen et placés en détention provisoire.

le profil

Radouane Lakdim, 25 ans, d’origine marocaine, naturalisé français en 2004. Il a un passé de petit délinquant, avec deux condamnations en 2011 et 2015 pour des faits de droit commun, qui le mènent à faire un mois de prison en 2016 à Carcassonne. Il est fiché S à partir de 2014, « en raison de ses liens avec la mouvance salafiste », selon François Molins. Cependant sa surveillance est arrêtée en 2017, aucun « signe précurseur ne pouvant laisser présager un passage à l’acte terroriste» n’ayant été décelé. Lors de l’enquête son ex-petite amie de septembre à décembre 2017 révèle qu’il lui avait fait part de son désir de mourir en martyr. Elle a rencontré l’homme en boîte de nuit et en parle comme d’un « terroriste psychopathe ». Sa petite amie contemporaine était quant à elle aussi fichée S , après avoir manifesté des velléités de départ en Syrie où elle avait pu — depuis la France — entrer en contact avec un émir de l’EI.

12 mai 2018 — attaque au couteau dans le IIème arrondissement de Paris47

les faits

Le samedi 12 mai, aux alentours de 20h40, rue Monsigny, dans le IIème arrondissement de Paris, non loin de l’opéra Garnier, un homme armé d’un couteau se rue sur des passants en criant « Allah Akbar ». Sans cible préétablie, il tue de dix coups de couteau, au hasard, un homme de 29 ans et blesse quatre autres personnes, dont deux grièvement à la gorge. Quand les forces de l’ordre arrivent sur les lieux, il court vers elles en les défiant : « Je vais te planter, tire, tire !», et est abattu de deux balles. Cette action terroriste est revendiquée par l’EI via l’Amaq le jour-même peu avant à minuit. Le lendemain, la police perquisitionne au domicile parisien de ses parents qui sont placés en garde-à-vue ; l’un de ses meilleurs amis — considéré comme beaucoup plus dangereux — résidant à Strasbourg est également placé en garde-à-vue. Le lendemain également, l’EI publie une vidéo de deux minutes dans laquelle un homme présenté comme le tueur prête allégeance à l’EI et appelle a commettre d’autres attaques. La section du parquet antiterroriste de Paris est saisie pour « assassinat et tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste ».

le profil

Khamzat Azimov, 20 ans, né en Tchéchénie et d’origine tchétchène, arrivé avec ses parents réfugiés en France au début des années 2000, naturalisé français en 2010. Il a habité à Nice, puis à Strasboug — où s’est constituée une importante communauté tchétchène —, enfin dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Sa vie auparavant paraissait assez normale puisqu’il a pu passer en 2016 un BAC en filière économique et sociale. Il n’avait pas d’antécédents judiciaires mais était fiché S depuis l’été 2016 pour radicalisation car il était lié à un groupe de Tchétchènes désireux de partir en Syrie. Il était toutefois considéré comme non prioritaire car rien dans son comportement ou dans son activité dans les réseaux sociaux à l’époque ne le justifiait.

23 août 2018 — attaque au couteau à Trappes48

les faits

Aux alentours du 23 août, vers 9 h30, un homme poignarde mortellement sa mère et sa sœur dans une petite rue pavillonnaire de Trappes, et blesse grièvement une passante habitante du quartier. Quand les forces des l’ordre arrivent sur place, l’homme sort avec un couteau et les défie : « Allah Akbar, si vous rentrez je vous fume ! ». C’est une ville où l’Islam est solidement implantée sur fond de paupérisation et de repli communautaire. Après les sommations de rigueur, les forces de l’ordre finissent par ouvrir le feu et abattent le forcené. L’acte est rapidement revendiqué par l’agence de presse Amaq. Si l’enquête s’oriente d’abord vers la piste de l’acte terroriste, les autorités, par la voix du ministre de l’intérieur, finissent par conclure à celle de « quelqu’un avec un un problème psychiatrique », sans lien avec aucune organisation terroriste.

le profil

Kamel S, 36 ans. Chauffeur de bus, il est licencié en 2016 pour « non-respect d’une clause de son contrat de travail relative à la laïcité ». Fiché pour radicalisation islamiste la même année, une procédure pour apologie de terrorisme avait été engagée contre lui, finalement classée sans suite. Cette tuerie ne constitue toutefois nullement un acte terroriste, un différend familial ayant poussé l’homme à cette extrémité : l’homme, père de trois enfants, venait de divorcer et était revenu vivre chez sa mère, il était en contentieux avec ses deux sœurs contre qui il avait déposé plainte pour abus de confiance. Sa « radicalisation » doit encore être tempérée par le fait qu’il n’avait manifesté, selon son entourage aucune volonté de départ sur les zones de combat, et ne fréquentait aucune mosquée. Ceux qui l’ont connu nient catégoriquement cette piste et parlent d’une homme à la dérive au point qu’il avait été interné en hôpital psychiatrique. Quelques jours plus tard, une source du parquet confirme la piste de la dérive individuelle : « Les premières auditions de l’entourage (de Kamel S.) font état d’un profil psychologique, voire psychiatrique, perturbé. » Cette affaire n’est pas entrée dans la catégorie des actes terroristes commis au nom de l’EI, mais sa structure présente tellement de similitudes avec d’autres.

11 décembre 2018 — attaque à l’arme de poing du marché de Strasbourg49

les faits

Peu avant 20 heures, un homme tire au hasard à bout portant sur des passants dans des rues du centre-ville de Strasbourg, accompagnant ses gestes de sonores « Allah akbar ». Il tue 5 personnes et en blesse 11 autres. Très rapidement, l’EI revendique l’attentat via l’Amaq. L’individu prend la fuite et est abattu par une patrouille de police deux jours plus tard, après 50 heures de traque, dans le quartier de Neudorf, où il réside. Terrible ironie de l’histoire, on apprend alors que la police avait perquisitionné au domicile du terroriste le matin-même du drame pour une affaire d’extorsion de fonds et de tentative d’homicide, arrêtant deux de ses complices. Sur place avaient été trouvées des armes à feu et des armes blanches, mais pas l’un des recherchés absent à ce moment-là. Cette perquisition aurait pu le pousser à passer à l’acte. Cette tuerie perpétrée avec une arme rare, un revolver d’ordonnance modèle 1892, intervient entre l’acte 4 et l’acte 5 du mouvement des Gilets jaunes, alors en plein essor. Il a agi seul, en dehors de toute organisation, et apparemment sans plan préétabli, une source policière évoquant « le scénario d’un type à la dérive qui n’a rien programmé ».

le profil

Cherif Chekkat, 29 ans, fils de parents algériens, parcours scolaire des plus chaotiques. Il est cité 67 fois dans le fichier commun à la police et à la gendarmerie, pour des faits de violences contre personnes dépositaires de l’autorité publique, cambriolages, vols avec violence, outrages, etc. Il a fait deux séjours en prison, en France en 2013/2015, et en Allemagne en 2016/2017. C’est lors de son premier séjour qu’il se serait radicalisé au contact de membres de la mouvance salafiste. Inscrit fin 2015 au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), il est fiché S en mai 2016. Son frère Sami, interpellé trois jours plus tard en Algérie, est également fiché S. Cherif Chekkat n’était pour autant pas un acharné de la religion, ses parents en garde-à-vue le décrivant plutôt comme violent et consommateur de shit.

2019

5 mars 2019 — attaque de deux surveillants à la prison de Condé sur Sarthe50

les faits

Mardi 5 mars 2019, vers 9h45, un détenu rejoint sa compagne à l’unité de vie familiale de la prison de Condé sur Sarthe, présentée lors de son inauguration en 2013 comme « la prison la plus sécurisée de France ». Il s’agit d’un deux-pièces meublé dans lequel un détenu peut passer 6 à 72 heures avec des membres de sa famille. Sa compagne, enceinte, simule un malaise et l’homme appelle les surveillants pour leur demander d’intervenir. La femme se jette alors sur eux avec un couteau en céramique et leur porte plusieurs coups. L’homme muni lui aussi d’un couteau de fabrication artisanale se rue de même sur les deux hommes en criant « Allahou akbar », et en disant vouloir venger Cherif Chekkat, le tueur du marché de noël de Strasbourg. L’un des deux surveillants est grièvement blessé à un rein et aux intestins. Une équipe du RAID se rend sur place, et intervient vers 19 heures, alors que le couple est reclus dans le deux pièces. La femme se jette sur les policiers qui n’ont d’autre choix que de l’abattre. L’homme quant à lui ne s’en sort qu’avec des blessures légères. La ministre de la justice Michèle Belloubet qualifie l’agression de « terroriste ». Une enquête est ouverte pour « tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes ». En signe de protestation, le personnel de la prison décide son blocage, qui se poursuit toujours deux semaines après l’agression des deux surveillants.

le profil

Mickaël Chiolo, 27 ans, purgeait depuis 2012 une peine de réclusion criminelle de 30 ans pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec armes d’un homme de 89 ans, ancien résistant et survivant de Dachau. Il s’était converti à l’Islam en 2010. Jamais poursuivi pour des faits « d’association de malfaiteurs terroristes », il était toutefois inscrit au fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste. Il avait été condamné en 2015 à un an de prison ferme supplémentaire pour apologie du terrorisme dans la cour de promenade de la prison. Il était considéré comme très dangereux et susceptible de passer à l’acte par le personnel de la maison d’arrêt qui avait donné l’alerte à deux reprises.

Nota Bene : A la mi mars 2019, ce qu’on appelait l’EI, Daech, ou le Califat, prend officiellement fin avec la prise de Baghouz par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS, forces kurdes qui seront soutenues jusqu’en octobre par les USA), dernier bastion territorial de l’organisation dans la zone syro-irakienne. A partir de cette date, le nombre d’attentats chute dans les pays occidentaux, même si la crise des vocations est toute relative et le problème loin d’être résolu, puisque avec ou sans Daech, un cas psychiatrique reste un cas psychiatrique, un psychopathe un psychopathe, et d’intenses campagnes de propagande islamophobe, ultramédiatisées, comme celle contre les femmes voilées en octobre 2019, continuent régulièrement de chauffer à blanc des populations afro-maghrébines paupérisées, stigmatisées, dont de nombreux resortissants souffrent de graves troubles de l’identité.

3 octobre 2019 — Assassinat de quatre fonctionnaires de police à la préfecture de police de paris51

La préfecture de police de Paris,

les faits

Le 3 octobre 2019, entre 12h30 et 13h00, dans deux bureaux du premier étage de la Préfecture de police de Paris, un homme armé d’un couteau tue, apparemment au hasard, quatre fonctionnaires de police, puis, redescendant, il blesse dans l’escalier un cinquième fonctionnaire, avant d’être abattu dans la cour de l’établissement par un jeune gardin de la paix stagiaire. C’est la stupéfaction quand on découvre que le tueur était un agent administratif habilité secret défense et spécialiste de l’informatique à la Direction du Renseignement (DRPP), notamment spécialisée dans la lutte anti terroriste. La section anti terroriste de la police judiciaire est saisie de l’enquête par le parquet national anti terroriste de Paris. L’enquête révèle que l’homme avait acheté l’arme du crime quelques minutes avant le passage à l’acte, dans un magasin d’ustensiles de cuisine situé non loin  ; un couteau de cuisine à lame métallique de 20 centimètres et un couteau à huitres, révèle le vendeur. Pendant les sept minutes qu’ont duré la tuerie, il n’a pas prononcé le moindre message de revendication ni le cri spécifique « Allah Akbar ». Dans son bureau, on trouve notamment une clé USB contenant des fichiers avec les coordonnées et les données personelles correspondant à quelques dizaines de ses collègues, en même temps que de nombreuses vidéos de propagande de Daech appartenant à la DRPP, son employeur. L’homme avait fait l’objet d’un signalement après l’attentat contre Charlie hebdo le 7 janvier 2019, après s’être efforcé auprès d’un collègue de les justifier – mais cet élément, considéré come isolé et anecdotique, n’a jamais fait l’objet d’un rapport écritAfin d’éteindre l’incendie polémique, la ministre de l’Intérieur Christophe Castaner informe que l’homme n’avait « jamais présenté de difficultés comportementales » ni « le moindre signe d’alerte », ce qui est confirmé par tous ses collègues. Daech évoque l’attentat dans sa lettre hebdomadaire de propagande sans le revendiquer. Quelques jours plus tard, grâce au témoignage de son épouse et de ses voisins, on en sait un peu plus sur le circonstances éclairant le passage à l’acte. En pleine nuit vers 4 heures du matin, Mickael Harpon a été pris d’une crise mystique, s’est mis à réciter la chahada, la principale profession de foi de l’Islam, réciter des versets du Coran, crier Allah Akbar à plusieurs reprises. Réveillant femme et enfants il leur dit qu’il entend des voix et précise à sa femme qu’elle « doit protéger leurs enfants ». Inaccessible à la raison, en larmes, il demeure ensuite prostré dans le salon jusqu’au matin. Son épouse, très inquiète, craint qu’il ne se suicide. Malgré son état il se rend tout de même à son travail où il arrive vers 8h30. Là encore il n’est pas dans son état normal et demeure prostré devant son bureau, sans se mettre au travail. Entre temps l’épouse a envoyé un SMS à une collègue de son mari à qui elle fait part de sa vive inquiétude. Son mari lui envoie dans la matinée des SMS à coloration nettement religieuses clos d’un Allah Akbar. Ce quadruple meurtre dans l’un des endroits les mieux protégés de France a fait passer complètement passer au second plan la plus importante manifestation de policiers depuis 20 ans, baptisée « marche de la colère » qui a vu un cortège de 20 000 policiers marcher de la place de la Bastille à la place de la République.

le profil

Mickael Harpon, 45 ans, originaire de Martinique, résidant depuis plusieurs années à Gonesse dans le Val d’Oise, marié à une femme d’origine marocaine, et père d’un garçon de trois ans et d’une fille neuf ans ; il était uniquement pour une procédure de violences volontaires sur sa femme avec ITT de plus de huit jours en juillet 2008, agissements qui n’avaient pas été jugés suffisants pour lui retirer son habilitation. Il était agent de catégorie C à la Préfecture de Police depuis 2003 et s’était converti à l’Islam quelques années auparavant. Il fréquentait régulièrement la mosquée de Gonesse. Dans son entourage et son voisinage on se montre abasourdi. Converti à l’Islam depuis des années, et se rendant à la mosquée depuis plusieurs mois en tenue tradionnelle, Mickael Harpon pour autant n’a jamais montré de signe de radicalisation augurant un passage à l’acte. Son épouse — qui quant à elle ne portait pas le voile et s’habillait à l’européenne — avait noté que le sentiment religieux était de plus en plus présent chez lui, mais à aucun moment elle n’avait imaginé qu’il puisse ainsi tuer quatre personnes pour s’exposer ensuite à la mort. L’épouse rapporte tout de même son inquiétante crise mystique de la nuit du 2 au 3 octobre. Plus généralement, elle informe qu’il ne s’entendait pas très bien avec sa hiérarchie, à qui il reprochait de ne pas tenir assez compte de son handicap et de le bloquer dans sa progression de carrière. Depuis des années il demandait en vain à bénéficier d’une formation. Du côté de ses collègues c’est également la stupéfaction, personne n’ayant jamais rien remarqué de franchement anormal dans son comportement. On lit ainsi à la fin du Rapport sur le comportement de Mickaël Harpon au sein de la DRPP, rédigé le 5 octobre : « en dépit de son handicap et et ses difficultés de communication, M. Harpon était connu dans l’ensemble de la direction pour y effectuer la maintenance informatique. Aucun incident n’a jamais été signalé par les nombreuses personnes avec qui il a été amené à interagir quotidiennement à ce titre. De plus, cette section est située à proximité directe des bureaux de nombreux cadres supérieurs de la direction. De ce ce fait, les agents de la section sont amenés à côtoyer régulièrement leur hiérarchie, souvent dans un cadre informel propice aux échanges. Si une difficulté particulière était apparue, depuis 2015, avec le comportement de M. Harpon, je ne doute pas du fait qu’elle aurait été portée facilement à la connaissance de la hiérarchie pour prise en compte. Il n’en a rien été. »

Cette justification de l’attentat de Charlie Hebdo au moment des faits par M. Harpon, semble avoir été considérée comme négligeable et anecdotique, alors même que l’homme avait un accès direct au données personnelles des policiers de la DRPP. Dans le même temps, en raison d’un simple tweet « Ce soir je me sens Charlie Coulibaly », Dieudonné a été aussitôt lynché médiatiquement, présenté quasiment comme l’ennemi public n°1, et placé en garde-à-vue pour apologie du terrorisme.

2020

3 janvier 2020 — attaque au couteau à Villejuif

les faits

Le vendredi 3 janvier 2020, vers 14 heures, à Villejuif, dans le sud de la petite couronne, un jeune homme habillé d’une Djellaba bleue pénètre dans le vaste parc des Hautes Bruyères, qui abrite notamment des terrains de sport et des jardins familiaux. A la première personne qu’il accoste, il demande de réciter une prière en arabe, ce qu’elle fait. Après avoir croisé d’autres passants, il se précipite sur un couple de joggeurs avec un couteau de cuisine et blesse la femme grièvement. Elle serait sans doute morte si son mari, âgé de 56 ans, n’était intervenue pour la protéger, se faisant quant à lui mortellement atteindre. Peu après, il attaque une jeune femme d’une trentaine d’années, qu’il blesse moins grièvement. Il tente également de ‘attaquer à d’autres victimes qui parviennent à l’éviter. A la sortie du parc, du côté de la commune voisine de la Hay les Roses, face à un centre commercial, il est aussitôt intercepté par des policiers de brigade anti criminalité du Kremlin-Bicêtre, qui ont été alertés, et ouvrent le feu et l’atteignent mortellement. Dans le parc, les policiers retrouvent un sac contenant une carte bancaire au nom de Nathan C, ainsi que des documents religieux. Au moins un un témoin rapporte qu’il a crié « Allah Akbar » à plusieurs reprises au moment de passer à l’attaque. En perquisitionnant son domicile, les policiers ont la surprise de découvrir un appartement complètement désert, comme vidé de ses objets, et de fait certains sont retrouvés dans les poubelles de l’immeuble. Une habitante rapporte également qu’il avait vidé son frigo pour en remplir une valise d’aliments, la lui confiant « afin de les donner à des SDF. Le tueur n’avait donc pas l’intention de revenir chez lui, et son acte était très certainement prémédité. Dans le sac retrouvé dans le parc, les policiers trouvent également, ce qui confirme l’hypothèse, une lettre testament dans laquelle il n’explique pas ses motivations, mais dresse une liste d’objets qu’il souhaite transmettre ainsi que des personnes destinataires. En considération du lourd passé psychiatrique du tueur, et malgré les indices accablants de radicalisation, le parquet national anti terroriste n’est pas saisi de l’enquête.

le profil

Nathan C, 22 ans, inconnu des services de renseignement. Sans emploi ni activité étudiante connue, il s’était converti à l’Islam en 2017, fréquentait la mosquée de Villejuif, mais aucun élément ne laisse supposer une éventuelle radicalisation, même s’il était connu pour des faits de droit commun. Souffrant de troubles psychiatriques depuis l’âge de cinq ans, il avait été hospitalisé à plusieurs reprises à Sainte-Anne, la dernière fois de février à mai 2019, et devait suivre un traitement psychiatrique qu’il avait lui-même interrompu en juin. Il habitait dans un studio étudiant de 15 m² d’un joli immeuble de la rue Pernetty (Paris XIV). Il avait une compagne chez l’on a retrouvé son ordinateur portable. Il souhaitait se marier religieusement avec cette dernière, et aurait été perturbé par le refus de l’imam, quelques jours avant le drame, au motif qu’ils n’étaient pas mariés civilement.

  1. Compilé de : « Alexandre Dhaussy n’est pas un fou de Dieu, il est fou », Soren Seelow, le Monde, 24/09/15 ; « l’agresseur d’un militaire considéré irresponsable pénalement », Francesoir.fr, 05/11/15 ; « Militaire agressé à la Défense : le suspect mis en examen », lemonde.fr, 31/05/13 ; « Militaire agressé à la Défense : l’agresseur jugé pénalement irresponsable », lexpress.fr, 05.11/15 []
  2. Compilé de : « Tuerie au musée juif : deux perquisitions dans la famille de Mehdi Nemmouche », lalibre.be, 01/06/14 ; « Faux attentats, preuves fabriquées, Mossad : la defense de Mehdi Nemmouche en roue libre », Corinne Audouin, franceinter.fr, 16/01/19 ; « L’ombre du Mossad sur le procès de Mehdi Nemmouche à Bruxelles », media-press.info, 10/01/19; « Procès Nemmouche : la théorie fumeuse du complot du Mossad », Doan Bui, nouvelobs.com, 15/01/19 ; « Maître Hirsch : « l’antisémtisme a été érigé en système de défense » », cclj.be, Nicolas Zomersztajn, 18/01/19 ; « Mehdi Nemmouche condamné à la prison à vie pour la tuerie du musée juif de Bruxelles », Jean-Pierre Stroobants, le monde.fr, 12/03/19 []
  3. Compilé de : « Un an après l’attentat du commissariat de Joué-les-tours en était-il un ? », David Perrotin, buzfeed.com, 31/03/16 ; « Joué-les-tours: des doutes subsistent sur la version officielle », Aziz Zemmouri, lepoint.fr, 31/12/14 ; « AQPA publie le treizième numéro d’Inspire, son magazine en anglais », memri.fr, 25/12/14 []
  4. Compilé de : « Nantes : le passant qui a crié « Allahou Akbar » sur la scène de l’attaque s’explique », Christelle Rebière, rtl.fr, 23/12/14 ; « Drame du marché de Noël de Nantes : le chauffard s’est suicidé en prison », Georges Gobet, ladepeche.fr, 13/04/16 ; « Attaque au marché de Noël de Nantes: Que sait-on de l’agresseur ? », 20minutes.fr, 23/12/14. []
  5. Voir par exemple : « Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète » », Soren Seelow, lemonde.fr, 09/01/15 ; « Attentat à « Charlie Hebdo » : « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète » », europe1.fr, 09/01/15 ; « Hommage international à « Charlie Hebdo » en « une » de la presse », lemonde.fr ; « « Charlie Hebdo » : ce que dit Al-Qaida au Yémen dans sa vidéo », nouvelobs.com, 14/01/15 ; « janvier 2015, au coeur des attaques», Une coproduction Amos Pictures – Premières Lignes pour HBOBBC et France 2 pour Infrarouge, 1er septembre 2016 []
  6. Témoignage de Laurent Sourisseau, grièvement blessé lors du massacre et revenant sur les lieux du drame par la suite : « Je remarquai peu de trous sur les murs. J’avais beau les scruter de long en large pour y trouver des impacts que j’avais imaginés nombreux, je fus glacé de constater qu’ils étaient rares, comparés à la soixantaine de douilles identifiées par les enquêteurs sur le sol. Les coups de feu avaient été tirés avec soin et atteignirent donc presque tous leurs cibles. Cette fois, le hasard n’avait pas eu son mot à dire. La mort avait frappé précisément, consciencieusement. » Une minute quarante-neuf secondes, (p. 30 []
  7. Témoignage de la directrice artistique de la société Sagam au 6 rue Nicolas Appert, réfugiée sous une table : « Toujours réfugiée sous la table, la directrice de la société note, malgré la peur qui la paralyse, qu’ils parlent parfaitement le français. » ESINRP, (p. 40 []
  8. L’incroyable histoire de Patrick Deschamps est racontée dans le livre d’Anaïs Ginori, « Le kiosquier de Charlie. []
  9. Voir par exemple : «Saïd et Chérif ont gâché leur vie!», Laurent Grabet, lematin.ch, 10/01/15 ; « Ce que l’on sait sur la radicalisation des frères Kouachi », lemonde.fr, 09/01/15 ; « Un an après, la veuve de Saïd Kouachi cherche encore « à comprendre » », Caroline Piquet, lefigaro.fr, 03/05/16 ; « Seul avec les frères Kouachi: le témoignage de l’otage de l’imprimerie », Estelle Saget, lexpress.fr, 07/01/16. []
  10. Compilé de : « Attaques terroristes de Paris: «Je me souviendrai toujours du cri de l’agent de police» », C.B., 20minutes.fr, 07/04/15 ; « Attentats de janvier 2015 : Clarissa Jean-Philippe, l’abandonnée de Montrouge », Marion Van Renterghem, lemonde.fr, 05/01/16 ; « Le témoignage stupéfiant de Mathis, qui avait désarmé Coulibaly à Montrouge: « Il m’a dit: Tu veux jouer? Tu vas crever! » », rtl.be, 23/10/15 ; « Gentilly: un arsenal découvert dans la planque d’Amedy Coulibaly », francesoir.fr, 12/05/15 ; « Témoignages de la famille de Clarissa Jean-Philippe : « On s’est sentis oubliés » », Cécile Bacquet, francetvinfo.fr, 12/01/15 ; « Amedy Coulibaly, suspect numéro 1 de l’assassinat de Montrouge », Sonya Faure et Patricia Tourancheau, 09/01/15. []
  11. Voir par exemple : « A la porte de Vincennes, il a « menacé d’abattre tous les otages » », lemonde.fri, 09/01/15 ; « Vidéo : La femme d’un otage accuse BFMTV d’avoir mis son mari en danger », sudouest.fr, 12/01/15 ; « Attentats : accord entre BFMTV et les ex-otages de l’Hyper Cacher, qui retirent leur plainte », sudouest.fr, 8/01/16 ; « La diatribe brouillonne et décousue de Coulibaly aux otages », Tristan Quinault-Maupoil, lefigaro.fr, 10/01/15 ; « Lassana Bathily, héros de la prise d’otages de Vincennes », nouvelobs.com, 10/01/15 ; « Lassana Bathily, « héros » du supermarché casher, naturalisé français », Maryline Baumard, lemonde.fr, 20/01/15 ; « La légende contestée de Lassana Bathily », Michel Taubmann, huffingtonpost.fr, , 08/01/16 ; « Quatre ans après les attentats de janvier 2015, la veuve d’Amédy Coulibaly est toujours introuvable », europe1.fr, 07/01/15 []
  12. Il s’agit d’un organe sioniste : « Le Fonds social juif unifié (FSJU) est une association créée en 1951 pour favoriser la reconstruction de la communauté juive de France après la Shoah. Le concept est inspiré des fédérations américaines. Le FSJU est alors fondé avec l’aide de la communauté américaine et du Joint. » (Wikipedia []
  13. Je renvoie au long article que j’ai publié en mai 2019 à propos de cette affaire nauséabonde : « Le conte de fée nauséabond du « héros de l’Hyper Cacher », consultable sur mon site internet : francoisbelliot.fr []
  14. « Amedy Coulibaly, de l’espoir de l’insertion professionnelle au terrorisme fondamentaliste », lemonde.fr, 09/01/15 []
  15. Voir par exemple : « Nice : en 2015, un terroriste attaquait trois soldats au couteau », lefigaro.fr, 15/07/16 ; « Un petit délinquant refoulé de Turquie », leparisen.fr, 04/02/15 ; « Qui est Moussa Coulibaly, l’agresseur présumé des militaires à Nice? », lexpress.fr, 04/02/15 []
  16. Compilé de : « Yassin Salhi, l’homme qui avait décapité son patron en Isère, s’est suicidé en prison », lemonde.fr, 23/12/15 ; « Attaque dans l’Isère : les motivations troubles de Yassin Salhi », Soren Seelow, lemonde.fr, 28/06/15. []
  17. Voir par exemple : « Attentat dans un Thalys: Le scénario de l’attaque déjouée minute par minute », 20minutes.fr, 22/08/15 ; « Il y a deux ans, Ayoub El-Khazzani tirait sur les passagers du Thalys », 20minutes.fr, 21/08/17 []
  18. Voir par exemple : « Au Stade de France, trois kamikazes et beaucoup de questions sans réponse », lexpress.fr, 17/13/16 ; « Bilal Hadfi, kamikaze de 20 ans », parismatch.com, 16/11/15 ; Voir par exemple : « Au Stade de France, trois kamikazes et beaucoup de questions sans réponse », lexpress.fr, 17/13/16 ; « Bilal Hadfi, kamikaze de 20 ans », parismatch.com, 16/11/15. []
  19. Voir par exemple : « Au Stade de France, trois kamikazes et beaucoup de questions sans réponse », lexpress.fr, 17/13/16 ; « Bilal Hadfi, kamikaze de 20 ans », parismatch.com, 16/11/15. []
  20. Voir par exemple : http://ds1.ds.static.rtbf.be/article/image/770xAuto/c/4/3/55d0a9598215d0b61d296acb0aa32dd2-1447793186.jpg ; « The pot-smoking Paris suicide bomber: Ex-wife reveals ‘blood brother’ terrorist was a jobless layabout who spent his time taking drugs and sleeping… and never went to the mosque », Hannah Roberts, dailymail.co.uk, 17/11/15 ; « Les frères Abdeslam, tenanciers «bling-bling» », Isabelle Hanne, liberation.fr, 22/11/15 ; « Bagarre entre les frères Abdeslam: « Si j’ai pas le pognon, j’y vais pas! » », Julien Collignon, 7sur7.be, 20/11/15 []
  21. Voir par exemple : « Ce que les services belges savaient d’Abdelhamid Abaaoud », Elise Vincent, lemonde.fr, 20/11/15 ; « Abaaoud aurait pu être arrêté en janvier 2015 à Athènes », lejdd.fr, 07/07/16 ; « Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-Denis », Soren Seelow, lemonde.fr, 16/11/15 ; « Attentats du 13 Novembre : Abaaoud ou les failles du filet », Eric Pelletier, leparisien.fr, 10/01/17 ; « Abdelhamid Abaaoud: questions sur un terroriste qui a défié l’Europe ». []
  22. Cf Les coulisses du 13 novembre, p.43 []
  23. Voir par exemple : « Abdelhamid Abaaoud: questions sur un terroriste qui a défié l’Europe », bfmtv.com, 15/01/16 ; « Ce que l’on sait des terroristes qui ont attaqué Paris et Saint-Denis », Emeline Amétis, slate.fr, 21/11/15 ; « Ce que l’on sait des terroristes qui ont attaqué Paris et Saint-Denis », lepoint.fr, 15/01/16 []
  24. Voir par exemple : « Attentats de Paris : «Les terroristes? On aurait cru des morts-vivants» », Laurent Mereu-Boulch, lefigaro.fr, 16/11/15 ; « Attentats de Paris : l’assaut du Bataclan, raconté heure par heure », Soren Seelow, lemonde.fr, 30/12/15 []
  25. Compilé de : « Le troisième terroriste du Bataclan est originaire de Wissembourg », dna.fr, 09/12/15 ; « Qui est Foued Mohamed-Aggad, le troisième kamikaze du Bataclan ? », europe1.fr, 09/12/15 ; « Qui est Foued Mohamed-Aggad, le troisième kamikaze du Bataclan ? », Clémentine Maligorne, lefigaro.fr, 10/12/15. []
  26. Compilé de : « Ismaël Mostefaï venait d’avoir un second enfant juste avant de partir en Syrie », lechorepublicain.fr, 19/11/15 ; « Mostefaï, le tueur du Bataclan passé entre les mailles », Eric Moinde, lechorepublicain.fr, 29/12/15 ; « La fiche S d’un des terroristes, Ismaël Mostefaï, avait été renouvelée en octobre, d’après des informations de France Info », nouvelobs.com, 16/11/15 ; « Le soir des attentats, le frère d’un kamikaze était au spectacle de Dieudonné », i24news.tv, 20/11/15 []
  27. Compilé de : « Samy Amimour, de la prière en cachette au djihad », Stéphanie Marteau, lemonde.fr, 17/11/15 ; « Attentats de Paris: l’épouse de Samy Amimour est « fière » de lui », bfmtv.com, 28/12/15. []
  28. Compilé de : « Drogue, prison et Ligue des champions : sur la trace des frères Abdeslam », Yann Thompson, francetvinfo.fr, 18/03/16 ; « Salah Abdeslam, petit délinquant devenu ennemi public numéro 1 », Julien Licourt, leparisien.fr, 06/02/18 ; « Quand Salah Abdeslam fréquentait des bars gays », Frédéric Loore, parismatch.com, 23/11/15 ; « Sven Mary: «Comme si j’étais Abdeslam» », Jean Quatremer, liberation.fr, 26/04/16 ; « Two Abdeslam brothers in Paris attacks ‘stopped drinking and started praying’ six months before atrocity, reveals their sibling », dailymail.co.uk, 22/11/15 ; « Le parcours de Salah Abdeslam les mois qui ont précédé les attentats de Paris », Blandine le Cain, lefigaro.fr, 14/12/16 ; « Du matériel retrouvé dans le pavillon loué par un kamikaze à Bobigny », huffingtonpost.fr, 17/11/15 ; « Les étranges déplacements de Salah Abdeslam avant les attentats », ouest-france.fr, 04/12/15 ; « Attentats de Paris: le « don d’ubiquité » de Salah Abdeslam », Jérémie Pham-lê, lexpress.fr, 28/12/15 ; « Après les attentats, la soirée shit et McDo de Salah Abdeslam avec des lycéens », Violette Lazard et Vincent Monnier, nouvelobs.com, 15/06/16 ; « Attentats à Paris: cinq personnes arrêtées à Bruxelles, dont Salah Abdeslam », lalibre.be, 18/13/16 ; « Salah Abdeslam: le vacarme du droit au silence », Julie Brafman, liberation.fr, 14/10/16 ; « Fusillade à Bruxelles : Salah Abdeslam condamné à 20 ans de prison », leparisien.fr, 23/04/18. []
  29. Compilé de : « Drôme : un homme fonce sur des militaires près de la mosquée de Valence », Tommy Cattaneo et Charlotte Coutard, francebleu.fr, 01/01/16 ; « Attaque de militaires à la mosquée de Valence : le suspect renvoyé devant les Assises de la Drôme », Tommy Cattaneo, francebleu.fr, 21/02/19 ; « « La dernière fois que je l’ai vu, il était très bizarre, déprimé » », leprogres.fr, 19/07/19 ; « Militaires attaqués à Valence : ce que l’on sait du forcené », Julien Absalon, rtl.fr, 03/01/16 []
  30. Compilé de : « L’homme tué devant le commissariat de Barbès a été identifié », lemonde.fr, 07/01/16 ; « Paris : un homme abattu à Barbès, le quartier bouclé », leparisien.fr, 07/01/16 ; « L’assaillant de la Goutte d’Or n’avait aucun lien avec un réseau islamiste », Amaury Perrachon, lefigaro.fr, 22/01/16 ; « L’homme tué devant le commissariat de Barbès formellement identifié par ses proches », lemonde.fr, 08/01/16 ; « Le vagabondage de Tarek Belgacem, l’assaillant du commissariat du 18e », Jérémie Pham-lê, lexpress.fr, 13/01/16 ; « Sallah A. ou Tarek B., la double identité du « terroriste » du 18e », Jérémie Pham-lê, 07/01/16 ; « Attaque contre un commissariat: défiance et colère dans le 18e arrondissement », Claire Hache, lexpress.fr, 07/01/16 []
  31. Sources médiatiques : « Ibrahim and Khalid el-Bakraoui: From Bank Robbers to Brussels Bombers », nytimes.com, 24/03/16 ; « Les frères El-Bakraoui, « logisticiens le 13 novembre, chair à canon le 22 mars » », Eugénie Bastié, lefigaro.fr, 23/03/16 []
  32. Sources médiatiques : « Najim Laachraoui, un « bon élève » propulsé au coeur des attentats de Paris et Bruxelles », la-croix.com, 24/03/16 ; « Najim Laachraoui, artificier présumé des attentats de Paris et terroriste de Bruxelles », Mickaël Bloch, lejdd.fr, 13/03/16 ; « Najim Laachraoui, un des kamikazes de Bruxelles, a été identifié comme un geôlier par d’ex-otages français en Syrie », nouvelobs.com, 22/04/16 ; « Attentats de Paris : Najim Laachraoui, nouveau complice identifié », midilibre.fr, 22/03/16 ; « Laachraoui, l’artificier des attentats de Paris est mort en kamikaze à l’aéroport de Bruxelles », Eugénie Bastié, lefigaro.fr, 23/03/16 ; « Attentats du 13 novembre : Najim Laachraoui, présumé artificier, nouvel ennemi public », Victor Fortunato, leparisien.fr, 22/03/16. []
  33. Sources médiatiques : « Mohamed Abrini, de la délinquance aux attentats du 13 novembre », Célian Macé, liberation.fr, 08/04/16 ; « Qui est Mohamed Abrini, le djihadiste présumé arrêté ce vendredi ? », lalibre.be, 08/04/16 ; « Attentats de Paris et Bruxelles: les enquêteurs tentent de percer les secrets d’Abrini », parismatch.com, 14/04/17 ; « Pourquoi Mohamed Abrini est-il passé entre les mailles du filet? », Fabrice Gerard et Justine Katz, rtbf.be, 09/03/18 ; « Attentats: ce que révèle le testament de Mohamed Abrini trouvé dans une poubelle », lexpress.fr, 18/05/16 ; « Abrini minimise son rôle: « Je ne ferais pas de mal à une mouche » », lexpress.fr, 14/04/16 ; « Attentats de Bruxelles: la cousine de « l’homme au chapeau » a tenté d’aller en Syrie », lexpress.fr, 31/08/17 ; « Attentats du 22 mars à Bruxelles : le procès aura lieu en 2020 sur l’ancien site de l’Otan », lexpress.fr, 16/07/19 []
  34. Compilé de : « 13 juin 2016 : c’était la tuerie de Magnanville », lefigaro.fr ; « Attentat de Magnanville dans les Yvelines : un an après, ils racontent », leparisien.fr ; « Magnanville : le « référent religieux » de Larossi Abballa était-il présent lors des meurtres ? », nouvelobs.com, 22/01/18 ; « Larossi Abballa, itinéraire d’un djihadiste ordinaire », lindependant.fr, 14/06/16 []
  35. Compilé de : « La France contre Daech : qu’est-ce que l’opération Chammal ? », Céline Lussato, nouvelobs.com, 16/07/16 ; « L’Etat islamique revendique l’attaque de Nice via son agence Amaq », ouestfrance.fr, 16/07/16 ; « EXCLUSIVE – ‘He drank alcohol, ate pork and took drugs. He was NOT a Muslim – he was a s***’: Truck terrorist’s family friend reveals he is an ‘unlikely jihadist’ who beat his wife and NEVER went to the mosque », Nick Fagge, dailymail.co.uk, 15/07/16 ; « Attentat de Nice : le sidérant profil du terroriste », Stéphane Sellami, leparisien.fr, 18/07/16 []
  36. Sources médiatiques : « La policière responsable de la vidéosurveillance à Nice : « On m’a mise en ligne avec le ministère de l’Intérieur » », lejdd.fr, 24/07/16 ; « Sécurité à Nice. 370 mètres de questions », Grégoire Biseau , Sylvain Mouillard, Willy Le Devin et Ismaël Halissat, liberation.fr, 20/07/16 ; « Attentat de Nice: 24 heures de vidéosurveillance effacées pour éviter leur « diffusion non contrôlée » », bfmtv.com, 21/07/16 ; « Nice, ville sous haute surveillance », sdpm.net, 08/02/11 ; « Nice : non, les images de l’attentat n’ont pas été effacées », estrepublicain.fr, 27/07/16 ; « Des familles de victimes de l’attentat de Nice demandent l’audition de Christian Estrosi », Laurent Verdi, francetvinfo.fr, 09/11/18. []
  37. Sources médiatiques : « Prêtre égorgé à Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l’on sait », Caroline piquet, lefigaro.fr, 27/072016 ; « L’État islamique revendique l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray », lefigaro.fr, 26/07/16 ; « Saint-Etienne-du-Rouvray: trois services de renseignement surveillaient Kermiche », lexpress.fr, 31/01/18 ; « « Tu vas dans une église, tu fais un carnage »: l’enregistrement glaçant de Kermiche », Victor Garcia et Jérémie Pham Lê, lexpress.fr, 28/07/16 ; « Saint-Etienne-du-Rouvray: Adel Kermiche avait tenté de partir en Syrie à deux reprises », Loubna Chlaikhy, lefirgaro.fr, 26/07/16 ; « Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : le point sur l’enquête », Juliette Demey, lejdd.fr, 31/07/16. []
  38. Compilé de : « Attentat raté à Notre-Dame en 2016 : cinq femmes renvoyées devant les assises »,lemonde.fr, 10/09/18 ; « Le djihadiste français Rachid Kassim visé par une frappe en Irak », lexpress.fr, 11/02/17 ; « Inès Madani, l’apprentie djihadiste qui voulait faire sauter Notre-Dame », Christophe Boltansky, vanityfair.fr, 07/04/19 ; « La djihadiste française Inès Madani bientôt jugée pour association de malfaiteurs à visée terroriste », 20minutes.fr, 10/04/19 ; « Voiture aux bonbonnes : Ornella Gilligmann, mère de famille devenue terroriste », Stéphane Sellami, leparisien.fr, 12/09/16. []
  39. Compilé de : « Voiture aux bonbonnes : histoire d’un commando de femmes », Stéphane Sellami, leparisien.fr, 11/10/16 ; « Sarah Hervouët, la petite fiancée des djihadistes », Caroline Politi, 20miuntes.fr, 05/04/17 ; « Candidate au martyr, compagne de djihadistes… Qui est Sarah Hervouët? », Jérémie Pham-Lê, lexpress.fr, 06/04/17 ; « Voiture aux bonbonnes : Amel S., 39 ans, la logeuse », Laurent Degardi, leparisien.fr, 10/09/16 ; « La terroriste Amel Sakaou a menacé de mort des gardiennes de prison avant d’ajouter « Allah est de mon côté ! » », lesobservateurs.ch, 09/04/18 ; « Attentat manqué à Paris: une suspecte condamnée pour menaces de mort », lefigaro.fr, 04/04/18. []
  40. Compilé de : « Attaque au Louvre : «Les gens criaient “c’est un attentat, planquez-vous”», Guillaume Gendron, liberation.fr, 03/02/17 ; « Attaque au Louvre : le profil déroutant de l’assaillant Abdallah El-Hamahmy », Léa Stassinet, rtl.fr, 09/02/17 ; « Attaque au Louvre : Abdallah El-Hamahmy avait visité le musée cinq jours avant », François Quivoron, rtl.fr, 09/02/17 []
  41. Compilé de : « Homme abattu à Orly : le suspect avait tiré plus tôt sur des policiers près de Stains », Julien Absalon, rtl.fr, 18/03/17 ; « Ce que l’on sait de Ziyed Ben Belgacem, 39 ans, l’homme abattu à Orly « , N.R, J.-M.D. et R.T, leparisien.fr, 18/03/17 ; « Attaque d’Orly : l’assaillant était sous l’emprise de l’alcool, du cannabis, et de la cocaïne », Pascale Égré avec Timothée Boutry, leparisien.fr, 19/03/17 []
  42. Compilé de : « Attentat sur les Champs-Elysées : Daech revendique très rapidement l’attaque », 20minutes.fr, 21/04/17 ; « Un papier « défendant la cause de Daech » découvert à proximité du corps de Karim Cheurfi, dit le procureur », bfmtv.com, 21/04/17 ; « Attaque sur les Champs Elysées : Karim Cheurfi Multi-condamné dès 2001 », Jean Chichizola, lefigaro.fr, 21/04/17 ; « Attaque sur les Champs-Elysées : ce que l’on sait de l’assaillant », francetvinfo.fr, 21/04/17 ; « Attentat des Champs-Elysées : ivre,le père du tueur menace les policiers », midilibre.fr, 29/04/17 ; valeursactuelles.com, 04/01/18 []
  43. Compilé de : « Notre-Dame de Paris : un terroriste islamiste attaque un policier « pour la Syrie » », lefigaro.fr, 07/06/17 ; « L’auteur de l’attaque de Notre-Dame : un jihadiste « néophyte », radicalisé sur internet », sudouest.fr, 11/06/17 ; « Attaque de Notre-Dame de Pairs : l’enquête se poursuit », francetvinfo.fr, 10/06/17 ; « Farid Ikken, l’agresseur de Notre-Dame, un journaliste algérien pigiste en 2013 à rue89 », Emilie Brouze et Nolwenn Le Blevennec, nouvelobs.com, 07/06/17. []
  44. Compilé de : « Militaires renversés à Levallois-Perret : ce que l’on sait », Robin Korda, leparisien.fr, 09/08/17 ; « Militaires renversés à Levallois : qui est Hamou Benlatrèche, le principal suspect ? », R.Bx. et J.C., leparisien.fr, 09/08/17 ; « Qui est Hamou Benlatrèche, l’auteur de l’attaque contre les militaires de Levallois-Perret ? », challenges.fr, 11/08/17 []
  45. Compilé de : « Deux morts dans une attaque au couteau à Marseille : ce que l’on sait », E-P et J-M Dé, leparisien.fr, 01/10/17 ; « Attaque à Marseille : les deux victimes, âgées de 20 ans, étaient cousines », bfmtv.com, 02/10/17 ; « Marseille : l’attentat a été revendiqué par l’État islamique » , Elise Vincent, Gilles Rof et Luc Leroux, lemonde.fr, 02/10/17 ; « Sans paiers, SDF et toxicomane… l’auteur de l’attaque de Marseille aurait été formellement identifié », nicematin.com, 02/10/17 []
  46. Compilé de : « Attaques de Carcassonne et de Trèbes : ce que l’on sait », lemonde.fr, 24/03/18 ; « Daech revendique les attaques menées à Trèbes et Carcassonne par Redouane Lakdim », huffingtonpost.fr, 23/03/18 « Attaques dans l’Aude : le tireur a acquis la nationalité en 2004, pas en 2015 », francetvinfo.fr, 24/03/18 ; « Attentats dans l’Aude, Radouane Lakdim voulait « mourir en martyr » », Thomas Prouteau, rtl.fr, 30/01/19 ; « Le journal de 18 heures : lacompagne du terroriste de Trèbes aussi fiché S », rtl.fr, 26/03/18. []
  47. Compilé de : « Attentat à Paris au couteau : deux nouvelles arrestations », Willy le Devin, liberation.fr, 17/05/18 ; « Attaque au couteau à Paris : ce que l’on sait », R.Bx. et Ch.G., avec Florian Loisy, Jean-Michel Décugis et Jeremy Pham-Lê, leparisien.fr, 12/05/18 ; « Attaque au couteau de Paris : Daech revendique l’attentat qui a fait un mort », Eléanor Douet, rtl.fr, 13/05/18 ; « Attentat à Paris : ce que l’on sait de l’assaillant », Claire Gaveau, rtl.fr, 13/05/18 ; « Ce que l’on sait de l’attentat au couteau qui a fait un mort à Paris », lemonde.fr, 13/05/18 []
  48. Compilé de : « Attaque à Trappes : quel est le profil de Kamel S, qui a tué sa mère et sa sœur ? », ouest-france.fr, 24/08/18 ; « Attaque au couteau à Trappes : l’État islamique revendique » europe1.fr, 23/08/18 ; « Fiché S, déséquilibré, fêtard… qui était Kamel S. l’assaillant de Trappes qui a tué sa mère et sa sœur ? », sudouest.fr, 24/08/18 []
  49. Compilé de : « Le bilan de l’attentat de Strasbourg passe à cinq morts : que sait-on des victimes ? », lci.fr, 16/12/18 ; « Strasbourg : Daech revendique l’attentat », huffingtopost.fr, 15/12/18 ; « Attentat de Strasbourg : Cherif Chekkat, un terroriste esseulé », Stéphane Joahni, lejdd.fr, 16/12/18 ; « Cherif Chekkat : ces détails qui intriguent les enquêteurs », Hervé Chambonnière, letelegramme.fr, 13/12/18 ; « Ce que l’on sait de l’attentat de Strasbourg », lepoint.fr, 12/12/18 []
  50. Compilé de : « A Condé-sur-Sarthe, agression terroriste dans l’une des prisons les plus sécurisées de France », Elise Vincent et Jean-Baptiste Jacquin, Lemonde.fr, 06/03/19 ; « Condé-sur-Sarthe, au coeur de « la prison la plus sécurisée de France », CM et FB, francetvinfo.fr, 05/03/19 ; « Le blocage se poursuit à la prison de Condé-sur-Sarthe, quatre jours après l’attaque terroriste », lemonde.fr, 09/03/19 ; « L’octogénaire avait été momifié », leparisien.fr, 09/12/15 ; « Qui est Mickaël Chiolo, le détenu radicalisé qui a poignardé deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe ? », Camille, actupenit.com, 05/03/19 []
  51. Compilé de « Attaque à la préfecture, sur une clé USB, le tueur avait les adresses de ses collègues et des vidéos de propagande », leparisien.fr, (07/10/19) Jean-Michel Décugis, Nicolas Jacquard et Jérémie Pham-Lê ; « Attaque à la préfecture : l’assaillant avait entendu des voix et eu des visions », huffingtonpost.fr, (04/10/19) ; « Sept à Huit life – qui était Mickaël Harpon, l’auteur présumé de l’ataque à la préfecture »,06/10/19, tf1.fr ; « Pour sa femme, Mickael Harpon a été pris d’une « crise mystique » », Léa Bitton, 10/10/19, parismatch.com ; []

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