Des consommateurs redoutant une mise en quarantaine ont pris d'assaut les rayons des épiceries, jeudi, particulièrement au Québec, où le premier ministre François Legault a annoncé des mesures d'urgence pour limiter la propagation du coronavirus.
La file d'attente pour les caisses va jusqu'au fond du vaste supermarché Maxi et serpente dans les rayons, orientée tant bien que mal par le gérant du magasin du quartier Saint-Michel, à Montréal.
« C’est l’apocalypse ou quoi », demande un homme qui rebrousse chemin. Mais peu de clients le suivent. La plupart choisissent d'entrer, malgré l'affluence.
« Je préfère attendre deux heures à la caisse que de manquer de provisions chez moi », explique l'un d'eux.
Les rayons les plus populaires ont été ceux des produits hygiéniques et des denrées non périssables.
Une Française qui réside à Montréal a rempli son chariot de farine, d'huile, de sucre, de pâtes, de riz et de boîtes de conserve pour tenir deux semaines, le temps d'une quarantaine.
« Nos grands-parents nous ont toujours appris à faire un petit stock quand il y a des événements comme ça », dit-elle, en référence à la Seconde Guerre mondiale.
Peur ou prudence?
« On n'a pas le choix, il faut certaines choses à la maison pour nourrir les enfants, explique un père de famille. On stocke le nécessaire pour deux semaines, sans paniquer pour autant. Ce n’est pas de la peur, c’est de la prudence. »
Tout le monde n'a pas le même sang froid dans les allées et certains achètent de quoi stocker pour deux ou trois mois.
« Je n’ai pas l’air, mais j’ai vraiment peur,dit un jeune homme soulagé d'arriver à la caisse en compagnie de sa copine. » Il craint que Montréal subisse un isolement général, comme en Italie.
C'est effrayant de voir le monde comme ça.
Les médias ont aussi eu une influence. « C'est à cause de ce qu’on a entendu à la télévision, le premier ministre et tout », explique un client. « On n'entend parler que de ça à la radio : les villes fantômes en Italie, les écoles fermées en France… Même si tu n’as pas peur, ça va te marquer, inconsciemment. »
C’est la crainte des tablettes vides qui vide les tablettes
Au Costco de Gatineau, l'affluence était semblable à une veille de Noël. À l'IGA d'Ahuntsic-Cartierville, à Montréal, des employés ont dû faire un double quart de travail pour répondre à la demande.
Des rayons vides ont été signalés dans des épiceries de la banlieue de Montréal, à Ottawa, Québec ou encore Toronto. Déjà, depuis quelques jours, le papier toilette manquait dans certains magasins.
« Demain, on ne sait pas ce qu'il restera, alors on profite aujourd'hui », lance un client du Maxi de Montréal.
« Ça nous inquiète beaucoup », racontent un homme et son frère, dans la cinquantaine, guidés par la voix d'une femme sur un téléphone mains libres : « On ne sort plus bien bien, même ma conjointe avait peur de venir ici. »
On a fait une épicerie de 250 $, hier. On en fait une ici, ce soir et demain, on s'en va à une autre place. On est inquiet qu'il manque de provisions dans les épiceries.
Le gouvernement du Canada recommande d'avoir à la maison des biens essentiels comme des denrées non périssables et des produits d'hygiènes pour éviter de sortir en cas de maladie. Mais pour quelques jours, pas des mois ou des années.
Des stocks suffisants pour éviter des pénuries
En Europe, la ruée dans les épiceries a débuté il y a quelques jours déjà et les autorités se sont faites rassurantes. Les détaillants et les fournisseurs ont des stocks alimentaires pour plusieurs mois.
À Costco Canada, on indique que les rayons sont de nouveau remplis chaque matin, même pour le papier toilette.
Nous ne manquerons pas de produits alimentaires de sitôt.
« La plupart des régions du Canada sont desservies par des détaillants qui ont mis l’accent sur l’investissement dans la logistique et les chaînes d’approvisionnement au fil des ans, explique dans une lettre ouverte Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l'Université Dalhousie. La perspective que certaines régions du pays manquent de nourriture demeure hautement improbable. »
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec