La visite de Jean-Yves Le Drian au Liban n’a rien apporté de nouveau, regrette le Premier ministre

La visite de Jean-Yves Le Drian au Liban n'a rien apporté de nouveau, regrette le Premier ministre

Le Premier ministre libanais, Hassan Diab, a fustigé la récente visite au Liban du chef de la diplomatie française, estimant qu’il «manquait d’informations» sur les réformes entreprises par les autorités de Beyrouth, accusées par Jean-Yves Le Drian d’inertie face à l’effondrement économique.

Lors d’un déplacement au Liban la semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères n’avait pas mâché ses mots, évoquant «le côté passif» des autorités et réclamant des réformes attendues. «Le fait qu’il ait lié toute aide au Liban à la concrétisation de réformes et à la nécessité de passer par le Fonds monétaire international montre que la position internationale pour l’heure est de ne pas aider le Liban», a jugé Hassan Diab en Conseil des ministres, selon des propos rapportés sur son compte Twitter.

Le Liban connaît depuis plusieurs mois une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les virements vers l’étranger.

«La visite du ministre des Affaires étrangères français n’a rien apporté de nouveau. Il lui manque des informations concernant les réformes» entreprises par Beyrouth, a estimé le Premier ministre libanais. 

Le 23 juillet, Hassan Diab avait dit espérer l’aide de la France, après avoir reçu Jean-Yves Le Drian à Beyrouth, pour accélérer les négociations entreprises avec le FMI à la mi-mai, toujours au point mort. Le gouvernement libanais a adopté fin avril un plan de sauvetage économique visant à relancer la croissance et à assainir les finances publiques, mais les réformes, notamment dans le domaine de l’électricité, peinent à se concrétiser.

Près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles. Le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un soulèvement populaire inédit contre l’intégralité d’une classe politique accusée de corruption et d’incompétence, quasi inchangée depuis des décennies.

«Il est aujourd’hui urgent et nécessaire de s’engager de manière concrète sur la voie des réformes», a martelé le 23 juillet le ministre français. «Les attentes que j’exprime ne sont pas simplement celles de la France, ce sont en premier lieu celles des Libanais et ce sont aussi celles de l’ensemble de la communauté internationale», a-t-il averti.

Le 27 juillet, l’agence de notation internationale Moody’s a dégradé la notation souveraine du Liban de «Ca» à «C», note la plus basse attribuée par l’agence, qui a aussi émis des doutes sur un octroi dans les prochains mois d’une aide financière du FMI.

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