COVID-19 : horreur de la majorité, mais bénédiction pour un petit nombre. Après tout, qui dit pandémie, dit morts, n’est-ce pas ? Et puis, il y aura bien quelques faillites au travers de la crise, avec quelques suicides à la clé.
Non, je ne plaisante pas ; je n’aime pas vraiment l’humour noir.
Aux dires de certains, la planète est surpeuplée. Cette surpopulation fait courir le monde à sa perte. Cette perspective inquiétante incite des couples à refuser la procréation : nous sommes trop nombreux et cela va mal finir, alors n’ajoutons pas un être de plus sur la terre.
Et puis, il y a tant d’enfants qui crèvent de faim ou qui ont besoin d’une famille d’accueil, alors pourquoi en ajouter d’autres ?
Certains vont même encore plus loin : les membres de l’Église de l’Euthanasie militent pour la suppression de la race humaine, afin d’éviter un terracide (meurtre de la terre). Leur slogan est Save the planet, kill yourself (Sauvez la terre, suicidez-vous). Ils incitent activement au suicide, au cannibalisme et à l’avortement, notamment en brulant des poupées de bébé en public.
Il existe des dizaines d’arguments contre ces positions antinatalistes, qu’elles soient modérées ou extrêmes.
Cela dit, je ne parlerai pas ici de toutes les raisons qui poussent un couple à faire un enfant (ou à faire un enfant de plus). Il y en a des bonnes et des mauvaises. J’aimerais regarder cette question de la procréation d’un autre angle : celui de ses conséquences. Plus précisément, d’une conséquence que tous les parents vivent un jour : le dépassement.
On parle de dépassement démographique. De surpopulation. De crise.
En effet, chaque enfant est un dépassement. Cependant, c’est un dépassement tout intérieur. Si on l’accepte.
Le dépassement
Le dépassement, c’est Rosie qui hurle à en déchirer les tympans parce que sa poupée a disparu pendant que sa sœur Olivia fait pipi par terre pour la troisième fois de la journée.
Il est tôt, mais leur mère a déjà mal au crâne : petit bébé Hector s’est réveillé six fois cette nuit. Et il vient d’ailleurs de régurgiter son lait sur sa mère alors qu’elle venait de réussir à le mettre en portage sur son dos. Elle voulait se libérer un peu les mains, histoire de préparer le diner. D’ailleurs, la poêle est en train de bruler.
Et la maman craque. Elle crie parfois. Elle pleure aussi.
« Tu les as voulus, maintenant assume ! »
Mais assumer quoi au juste ? Faut-il se mettre en quarantaine d’aventure, éviter comme la peste toutes les possibilités de se sentir complètement dépassé par les évènements ?
Cette maman est dépassée pour un instant. Et il n’y a pas cinquante solutions qui s’offrent à elle. Elle va devoir passer au travers ou bien abandonner. Et contrairement à la wondermama qu’elle n’est pas, elle va choisir la seconde option.
Chaque enfant est un dépassement. Cependant, c’est un dépassement tout intérieur.
Je vous rassure, elle n’abandonnera pas ses enfants dans leurs cris, leur urine et leur vomi ; c’est son désir de contrôler la situation toute seule qu’elle abandonnera. Elle accueillera le dépassement, son envie de hurler et de fuir son logis, et fera une prière toute simple : « Au secours ! »
La réponse à cet appel n’est jamais vraiment pareille. Tantôt une onde sensible de douceur. Tantôt un regain de courage. Parfois, c’est une pincée de patience qui sort de nulle part.
La maman a rendu les armes, et ses mains vides ont reçu un cadeau.
La prière du vaincu
Mais si le dépassement n’est jamais vécu et reconnu, qui demandera de l’aide ? Est-ce qu’un homme rassasié demande à manger ?
Et si personne ne demande rien, qui pourra croitre en vertu ?
Nous vivons une période un peu plus trouble que d’habitude. Une période de jeune maman.
Hector dormira-t-il bien ce soir ? Est-ce que Rosie hurlera pour ne pas aller à la garderie le matin, et hurlera de plus belle pour ne pas en repartir le soir ? D’ailleurs, reste-t-il assez de vêtements de rechange pour Olivia à la garderie ?
Est-ce que mon entreprise va fermer lundi ? L’épicerie sera-t-elle encore ouverte la semaine prochaine ? Ma vieille mère attrapera-t-elle le coronavirus ? Vais-je survivre à deux semaines complètes avec mes enfants à la maison ?
Accueillir le dépassement. L’imprévu. L’inquiétude. L’hors de contrôle.
Et plutôt que d’agripper un paquet de papier toilette pour nous rassurer, agrippons-nous à cette prière toute simple : « Au secours. J’ai besoin d’aide. Mon Dieu, aide-moi ! »
La réponse à cet appel sincère est imprévisible, incontrôlable. Mais le réconfort apporté est toujours grand. Et il nous transforme durablement, petit à petit ; notre cœur devient un peu plus lumineux à chaque fois.
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Source: Lire l'article complet de Le Verbe