par Chaabane BENSACI
Militaires turcs et russes se sont donné rendez-vous, aujourd’hui, à Ankara pour des discussions sur les questions pratiques concernant la mise en œuvre du cessez-le-feu, conclu voici quelques jours à peine, par les présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan au terme de presque huit heures de négociation.
Révélée, hier, par le ministère turc de la Défense, cette rencontre a une importance toute particulière dans la mesure où l’accord de Sotchi a révélé de multiples lacunes, la plus importante ayant trait au comportement des groupes terroristes et rebelles qui, non seulement, n’ont pas désarmé mais continuent de mener des attaques contre l’armée syrienne et ses alliés russe, iranien et Hezbollah.
Le communiqué du ministère, relayé par l’agence officielle Anadolu, stipule que les discussions avec la délégation militaire russe doivent porter sur les modalités pratiques du nouvel accord de cessez-le-feu à Idleb, accord qui a fait l’objet d’un entretien téléphonique entre les présidents Poutine et Bachar al Assad. Tout en accordant à la partie turque le feu vert pour un renforcement supplémentaire de ses troupes basées à Idleb, Moscou a obtenu le respect de l’espace aérien syrien que l’aviation d’Ankara a fréquemment violé, notamment ces dernières semaines durant lesquelles trois avions syriens ont été abattus.
Pour le président Erdogan, l’accord conclu avec son homologue russe doit contribuer à « mieux protéger les frontières turques » et il permettra de « jeter les bases d’une normalisation à Idleb » où la priorité, aujourd’hui, est de protéger les civils.
La première constatation porte sur la volonté commune de la Russie et de la Turquie de ne pas envenimer la situation, afin que le processus d’Astana puisse suivre son cours et assurer la sortie de crise pour le peuple syrien.
La seconde est que l’accord dont on ne sait, pour l’heure, s’il sera respecté par les groupes rebelles pro turcs, les terroristes de Hayat Tahrir al Cham, alias al Nosra, branche locale d’Al Qaïda n’étant en aucun cas partie prenante de cette dynamique, pourrait in fine « protéger mieux » les intérêts de la Turquie, alarmée par le risque accru d’une nouvelle migration de masse.
Qui plus est, comme l’a souligné le chef de l’Etat turc, le cessez-le-feu sera porteur à moyen terme de « gains significatifs » dans de multiples domaines et ouvrira la voie à une « stabilité et une normalisation de la région d’Idleb ».
Signe de cette entente cordiale, Moscou et Ankara ont convenu de la mise en place d’un corridor de sécurité sur 6 km au nord et au sud de l’autoroute stratégique M4 reliant Idleb à Alep et Lattaquié. L’une des raisons de l’offensive déclenchée par l’Armée arabe syrienne contre les groupes terroristes et rebelles concerne les attaques incessantes menées contre cette autoroute. Quant aux postes d’observation turcs décidés à Sotchi, ils vont demeurer en l’état actuel, tandis que des patrouilles conjointes russo-turques sont convenues sur l’autoroute M4 et débuteront dès le 15 mars prochain.
Prenant acte de tous ces engagements, le gouvernement syrien s’est félicité des mesures prises alors que le président Bachar al Assad s’est déclaré « disposé » à des retrouvailles avec la Turquie.
Source: Lire l'article complet de Réseau International