Est-ce que les Canadiens de Montréal vont faire les séries éliminatoires cette année ?

Est-ce que les Canadiens de Montréal vont faire les séries éliminatoires cette année ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

CAROLLE ANNE DESSUREAULT :

Est-ce que les Canadiens de Montréal vont faire les séries éliminatoires cette année ?

Pas impossible, mais peu probable. Si on s’en tient aux experts, leur faible classement leur laisse peu de chance. Pourtant, après leur méritoire victoire de 6 à 2, du 3 mars dernier, contre les Islanders de New York, ils ont prouvé qu’ils pouvaient jouer en équipe et se dépasser. Il faudrait que d’ici les quelques quinze prochaines parties, ils les remportent à peu près toutes ou que les autres équipes jouent vraiment mal.

Je ne suis pas une experte en hockey, ni même une fan. Je m’intéresse au hockey surtout parce que mon conjoint a été dans sa première carrière coach de hockey pour les Junior Majeurs du Québec. Par la suite, en tant que directeur exécutif à la Fédération du Hockey sur glace du Québec, il a conçu des programmes d’entraînement pour développer les aptitudes des joueurs de huit à seize ans.

Si bien qu’il m’arrive de glaner quelques notions ici et là lorsqu’il parle de hockey. Je suis surtout intéressée par l’intelligence des stratégies enseignées dans les entraînements afin d’aider les athlètes à mieux performer. Nous comprenons tous que jouer au hockey est beaucoup plus que patiner rapidement et pousser la rondelle.

Il y a une chose que je n’aime pas beaucoup des analystes, spécialistes, journalistes qui critiquent allègrement l’entraîneur ou le directeur général du Club dès que les Canadiens de Montréal enregistrent des ratés. Ils parlent et raisonnent comme s’ils feraient mieux s’ils étaient à leur place et comme s’ils savaient tout ce qui se passe dans le giron de l’équipe. Ils ne semblent pas se soucier de comprendre la vision à long terme du Club.

À cet égard, j’ai beaucoup aimé l’entrevue de Marc Bergevin accordée à Mathias Brunet, journaliste à La Presse, qui a eu lieu jeudi dernier 27 février avant le match contre les Rangers de New York. Dans le souci de donner une information la plus détaillée possible, l’accompagnaient deux de ses collaborateurs, soit Paul Wilson, vice-président principal, affaires publiques et communications pour le groupe CH ainsi que John Sedgwick, vice-président, opérations hockey et affaires juridiques.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Je me suis inspirée de l’article de Mathias Brunet pour exprimer ce qui suit. 

Au cours de leur long entretien, Marc Bergevin a été transparent en exposant son plan de réinitialisation ainsi que le développement de ses joueurs. Il reste fidèle à son plan car il croit qu’il donnera, dès l’an prochain, des résultats, évidemment en autant que son équipe joue de façon plus constante et structurée. Continuer à jouer avec le même manque de constance empêcherait de participer aux prochaines séries.

Mandat du deuxième plan quinquennal

En avril 2018, Marc Bergevin a reçu de Geoffrey Molson le mandat d’entamer son deuxième plan quinquennal. Pour lui, il n’est pas question de sacrifier des espoirs ou des choix pour sauter des étapes, ni de se débarrasser de vétérans qui sont essentiels aux chances de participer aux séries. Le DG précise même que les reconstructions n’offrent pas de garantie.

Malgré le désir de garder une équipe compétitive, il n’a jamais échangé de choix de premier tour ou d’espoir de premier plan pour des résultats plus rapides. Il le dit clairement : « Je ne prendrai pas de décision à court terme pour bien paraître, ce qui nuirait à l’équipe à long terme. » Il sait que cette position peut risquer son poste, mais son respect pour l’organisation passe avant tout.

Pour Bergevin, l’éclosion des jeunes et l’envol de l’équipe passeront par le collectif, donc un jeu en équipe et non pas individuel.

En exemple, les Blue Jackets de Columbus ont surpris tout le monde par leurs bons résultats – malgré beaucoup de blessures subies par les joueurs, et en plus, la perte des joueurs autonomes Artemi Panarin et Sergei Bobrovsky. C’est que leur entraîneur, John Torterella, leur a imposé un jeu structuré pour le bien de l’équipe. Parfois, il faut même sacrifier ses propres statistiques personnelles pour le bien de l’équipe.

Marc Bergevin endosse cette façon de jouer.

Plan de réinitialisation

Peut-être que s’il avait été embauché en 2018, la phase de rajeunissement de Marc Bergevin aurait été mieux acceptée en considérant que les fans ne retiendraient pas la fin difficile de son premier plan quinquennal.

Pourtant, c’est lui qui l’explique, la première phase de son règne a été ponctuée de quatre saisons de 100 points (au prorata pour la saison écourtée), ou plus, quatre participations aux séries, dont un carré d’as (la finale d’association).

« À mon arrivée en 2012, raconte le DG, l’équipe venait de terminer au 27e rang du classement général. » Il y avait plusieurs bons éléments, Subban, Pacioretty et Carey Price étaient jeunes. Quant à Markov il jouait encore du bon hockey.

Toutefois, des tensions et chicanes dans le vestiaire des joueurs créaient un mauvais climat. Le DG a décidé de faire des ajustements pour valoriser le groupe.

Donc, dès la première année, les Canadiens ont fait les séries, mais ont perdu contre Ottawa au premier tour. À la deuxième année, ils ont atteint la finale d’association. À la troisième année, ils étaient au deuxième rang du classement quand Price s’est blessé à New York. Conclusion, les séries ont été ratées. À la quatrième année, ils ont obtenu 103 points, et perdu en première ronde contre les Rangers.

 En 2017-2018, l’équipe a heurté un mur à la suite des départs de Markov, d’Alexei Emelin et de Nathan Beaulieu du côté gauche en défense. Marc Bergevin explique la mauvaise performanche principalement par un problème d’attitude. Il a alors décidé de changer l’atmosphère.

C’était le temps de faire des changements et de passer à autre chose

« On a échangé Pacioretty, Galchenyuk, pour moi, c’était notre deuxième mandat. Mais quand je regarde la première phase, on a eu de bonnes séquences, même si on n’a pas atteint le but ultime de gagner la Coupe Stanley. » 

Marc Bergevin et le Canadien en sont à la deuxième année du plan de « réinitialisation ».

Pour la troisième année consécutive, l’équipe ratera les séries, soit les deux premières au cours de la phase de rajeunissement, et la dernière fait partie du premier plan quinquennal. D’où l’impatience des fans et de nombreux médias qui se comprend.

Marc Bergevin a élaboré sur les performances prévues à venir de ses joueurs

  • SUZUKI continuera d’être un centre d’impact l’an prochain ;
  • KOTKANIEMI sera plus gros et fort, et meilleur à 20 ans qu’à sa première saison ;
  • DROUIN sera l’attaquant pressenti lors de l’échange de Sergachev ;
  • TRIO de PHILLIP DANAULT va continuer d’exceller ;
  • CAREY PRICE aura un meilleur appui ;
  • ROMANOV sera avec le CH, et aura déjà un impact ;
  • HARRIS se battra peut-être pour un poste en défense ;
  • CAUFIELD pourrait être en attente pour une autre année ;
  • NORLINDER a une très bonne progression et un bel avenir.

La relance de l’équipe passe par les jeunes

COLE CAUFIELD

Même si la relance de l’équipe passe par les jeunes, Marc Bergevin ne veut pas lancer trop rapidement l’un de ses plus beaux espoirs, Cole Caufield, un choix de premier tour, 15e au total en 2019. Il ne veut pas répéter l’expérience avec Kotkaniemi dont la rétrogradation a été perçue par beaucoup comme un échec. De plus, dit le DG : « Cole Caufield connaît une bonne année dans la NCAA. »

Une décision sera prise à la fin de l’année, pour le moment, il ne l’estime pas prêt. Le DG considère toujours ce qui est mieux pour un jeune. Si Caufield veut quitter le collège, il lui recommandera de rester au Wisconsin, ou peut-être qu’il pourrait jouer à Laval l’an prochain. Rien n’est décidé.

Malgré ses 34 points, dont 19 buts en 32 matchs avec les Badgers, le jeune Caufield qui mesure 5 pieds 7 pouces a encore des choses à améliorer.

SES FAIBLESSES À AMÉLIORER

  • lorsqu’il est dans sa zone
  • il marque ici quand il a la rondelle – dans un match de hockey, le joueur n’a pas la rondelle longtemps
  • il a besoin de millage

NOTE – dans l’éventualité où Cole Caufield resterait une année de plus au Wisconsin, le Canadien réduirait non seulement les attentes des fans mais aussi celles des journalistes.

JESPERI KOTKANIEMI

Marc Bergevin ne regrette aucunement d’avoir laissé son premier choix en 2018, Jesperi Kotkaniemi, jouer pour le Canadien à seulement 18 ans, l’an dernier. Il le dit sans hésitation : « Non, je me suis basé sur son camp d’entraînement. Il méritait d’être ici. Personne n’aurait pu dire le contraire. »

Ce joueur a bien performé jusqu’en janvier. Son ralentissement était peut-être dû à la fatigue. La déception est plutôt venue de son camp d’entraînement qui s’est révélé faible, et par la suite ses blessures ne l’ont pas aidé.

Depuis son renvoi chez le Rocket de Laval, le Canadien est satisfait de l’engagement et de l’éthique de travail de Kotkaniemi. Ce ne fut pas toujours le cas. Il manifestait parfois de la résistance. Ce serait l’une des raisons pour lesquelles il n’a pas atteint le prochain niveau. Le DG a remarqué que son tempo avait augmenté dernièrement.

Avec ses 11 points accumulés à ses 11 premiers matchs avec le Rocket, son talent crève les yeux dit Bergevin. Mais il a encore beaucoup à apprendre. Il n’a que 19 ans.

SES FAIBLESSES À AMÉLIORER

  • la force de ses jambes
  • son centre de gravité est bas quand il patine, mais quand il entre dans une bataille pour la rondelle, il se redresse
  • il doit rester bas
  • il doit être plus fort avec son bâton dans ses luttes pour la rondelle

Ce n’est pas une question de grosses mises en échec. Le meilleur exemple est celui de Patrice Bergeron. Il ne frappe pas beaucoup, mais il gagne ses batailles. Nick Suzuki le fait aussi. Même si KK le fait, il doit apprendre à le faire avec plus de constance.

Enfin, Marc Bergevin explique que les habitudes de junior sont longues à casser.

ALEXANDER ROMANOV

Oui, Le Canadien espère toujours voir Alexander Romanov se joindre à l’organisation en prévision de la prochaine saison. Même si rien n’est confirmé, il y a de l’espoir.

Cet hiver, Marc Bergevin s’est rendu à Moscou visiter le meilleur défenseur junior de Russie. « On voulait le rencontrer à nouveau, sa famille et lui. Maintenir la relation, leur signifier qu’on veut l’avoir à Montréal le plus tôt possible. » Depuis le début de son règne en 2012, c’est le choix au repêchage dont le DG est le plus fier.

L’équipe a eu une décision à prendre au 38e rang parce qu’elle aimait beaucoup Romanov, même si selon plusieurs, il n’était pas un défenseur si bien coté – il ne figurait même pas sur la liste de certains clubs ! Avec Trevor Timmins on a décidé de le prendre rapidement car il n’aurait plus été libre au 563 rang avec notre troisième choix de deuxième tour, d’expliquer le DG.

« On va être prudent, il commencera sur une troisième paire; ensuite, on verra comment il s’ajustera, Il joue avec des hommes en Russie, mais la LNH, c’est la meilleure ligue au monde. Éventuellement, il montera en grade, mais on ne sait pas combien de temps ça prendra. C’est un défenseur très alerte. Le mot “alerte” est important. Il voit tout ce qui se passe sur la patinoire. Il brise beaucoup de jeux. »

Offensivement, cependant, il ne faut pas voir en lui le prochain Erik Karlsson, prévient Marc Bergevin. « L’idée derrière un retour potentiel de Kovalchuk l’an prochain est non seulement de pourvoir un poste en attendant l’éclosion de Caufield, mais également de servir de grand frère à Romanov. »

RYAN POEHLING

Cet athlète est le premier choix du Canadien, 25e au total.

« La pire chose qui soit arrivée pour les médias et les fans, c’est son fameux match de trois buts. Ça a gonflé les attentes. Nous, ce soir-là, on s’est regardé, on était content pour le kid, mais on s’est dit que, l’année prochaine, il allait peut-être en “scorer” juste trois… »

Le Canadien ne s’attend pas à le voir se développer comme centre offensif.

Pour Marc Bergevin : « Dans ma tête, Poehling deviendra dans quelques années un centre de troisième trio qui va gagner des mises en jeu, qui va jouer en désavantage numérique et affronter les gros trios adverses dans une très bonne équipe de hockey. »

« Il faudra donc compter sur l’émergence de ces jeunes pour venir renforcer le noyau du CH l’année prochaine et les suivantes. Et ne retenez pas votre souffle le 1er juillet lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes. »

Pour le DG, le 1er juillet est souvent une perte de temps car les équipes ont déjà retenu les joueurs qu’ils veulent garder.

Le trio-clé, GALLAGHER, WEBER, PRICE

SHEA WEBER (au centre)

BRENDAN GALLAGHER

CAREY PRICE

On se doit de souligner le trio des vétérans qui est là pour assurer le succès de l’équipe.

EN CONCLUSION, Marc Bergevin ainsi que le propriétaire de l’équipe, M. Geoffrey Molson, savent pertinemment ce qui se passe au sein de l’organisation. De la même manière qu’ils exigent une constance de performance de la part des joueurs, ils en exigent autant d’eux-mêmes pour le futur de l’organisation.

Il ne reste plus qu’à se préparer à applaudir dans un proche avenir les « Glorieux Canadiens de Montréal. » 

 

Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec

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