Castex, c’est le genre de Premier ministre qui ne va pas emmerder le Président, comme Raffarin avec Chirac en son temps (2002-2005) ou Ayrault avec Hollande (2012-2014). Castex sait qu’il ne peut pas devenir le numéro un, du coup il sera fidèle.
Las, toute la presse n’a d’yeux que pour Édouard Philippe, dont on devine qu’il sera le chouchou pour 2022, même s’il est sous le coup d’une information judiciaire :
« Une information judiciaire sur la gestion de la crise due à l’épidémie de Covid-19 va être ouverte à la Cour de justice de la République (CJR) contre l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et les ex-ministres de la santé Olivier Véran et Agnès Buzyn, a annoncé vendredi 3 juillet le procureur général près la Cour de cassation, François Molins. La commission des requêtes, composée de hauts magistrats et qui fait office de filtre, a en effet jugé recevables neuf plaintes contre ces anciens membres du gouvernement. » (Le Monde)
Le maire du Havre est un libéral, tendance « juppéiste », c’est-à-dire faux gaulliste, de cette bonne vieille droite bourgeoise qui ne changera jamais rien et surtout ne s’opposera jamais aux injonctions du MEDEF. Édouard Philippe, c’est le MEDEF plus les réseaux de pouvoir occulte, point à la ligne. En face, la seule résistance dans l’exécutif est paradoxalement celle du Président, un président fantasque, procrastinateur (lire Faits & Documents), qui reporte toujours la décision à demain. Pendant ce temps, d’autres, dans l’ombre, prennent les décisions. Macron n’est pas une marionnette, c’est un écran de fumée. Mais écoutons Castex (Jeannot voulait dire propose, et pas « pose ») :
« Quand on est comme moi le fils d’une institutrice du département du Gers, issu de l’école républicaine, on ne vous pose pas souvent de telles fonctions. »
Castex déroule le discours du sauveur décidé qui va sortir la France de sa torpeur économique, un discours réaliste et volontaire du genre on se retrousse les manches, les gars ! Les remaniements, ça nous donne, à nous d’en bas, une sacrée énergie pour tout reconstruire (ce que les néolibéraux ont détruit) !
Le nouveau Premier Ministre l’affirme : « Pour distribuer la richesse, il faut d’abord la produire ». La tarte à la crème des libéraux depuis un demi-siècle… Avec 2000 milliards de PIB & 50 milliards de dividendes 2019, la richesse, elle est déjà produite !pic.twitter.com/23GBoGfzbk
— Maxime Cochard (@MaximeCochard_) July 3, 2020
« Quel genre d’homme êtes-vous ? »
Anne-Claire Coudray, qui est à l’homme politique ce que le petit cireur de pompes new-yorkais est au trader pressé de Wall Street, a essayé de mettre en valeur le nouveau sous-chef (issu de l’écurie Sarkozy)…
Coudray : « Est-ce qu’on peut être fidèle à deux présidents différents ? »
Castex : « Mais, on peut être fidèle à la France. »
Des éléments de langage datant du IIIe siècle avant Chirac, un libéralisme qui se la joue popu & natio, bref, une énième resucée du gaullisme social, ce qu’il n’est nullement, on se doute bien. La France n’est pas près de sortir de l’auberge néolibérale qui détruit les emplois industriels à la vitesse de la lumière (15 000 chez Airbus). On dirait que le capitalisme post-Covid n’aime pas les employés et qu’il préfère les actionnaires. Ou comment passer du capitalisme productif au capitalisme parasitaire, celui de l’argent qui fabrique de l’argent et qui n’a plus besoin d’usines, ni même d’entreprises. Mais, que va-t-on faire des millions de chômeurs qui vont peupler notre pays bientôt ? Les pucer ? Les confiner ? Les piquer ?
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