Saint Malo : après les municipales le combat continue pour Osons ! et la véritable gauche malouine — Elodie VINCENT

Saint Malo : après les municipales le combat continue pour Osons ! et la véritable gauche malouine — Elodie VINCENT

La seconde fois devait être la bonne pour Alain Guillard, à la tête d’une liste citoyenne regroupant écologistes, NPA, PCF et LFI. En attenant 2026, loin de renoncer à batailler dans l’arène politique, Alain Guillard entend désormais porter le combat contre le système à Saint-Malo sur le terrain judiciaire. En ligne de mire de ce nouveau combat : l’usine Timac Agro sur le port de commerce, dont les effluents pourrissent la vie des Malouins depuis des années.

Partie remise

Cela n’aura pas été finalement le Grand Soir espéré, et même le soutien des militants communistes, du NPA et de LFI n’y aura rien changé pour Alain Guillard. Le changement ne sera pas pour maintenant, pour paraphraser un slogan largement dévoyé depuis. Pour autant, il serait incorrect d’y voir un rejet des idées défendues par Osons ! Il s’agit bien plus certainement de la victoire acquise d’avance d’un système que tout changement effraie, et qui fera tant et plus pour que rien ne change jamais.

Soyons réalistes et lucides, les chances de l’emporter étaient minces dès le départ, tant des forces conservatrices puissantes sont à l’œuvre à Saint-Malo. Mais l’essentiel est peut-être ailleurs, dans l’infusion de nos idées parmi les citoyens et habitants malouins : justice, santé, environnement… Pour Alain Guillard, ses militants et les riverains désormais embarqués dans la lutte à ses côtés, penser le « monde d’après » impose de revoir le modèle de société dans son ensemble, quitte à interroger en premier le principe de croissance et son postulat capitaliste. C’est particulièrement vrai dans les circonstances présentes, post-pandémie mondiale : notre système est à bout de souffle et produit désormais à la chaîne des catastrophes pour l’humanité dans son ensemble. La lutte pour le changement est plus que jamais nécessaire, un changement de nature politique, mais aussi social, économique et environnemental.

La lutte continue

L’avantage de Saint-Malo, c’est que l’occasion nous est donnée de faire tout cela en même temps. Cette opportunité à un nom : la Timac-Agro ; elle a aussi un visage, ou plutôt une forme, celui d’une barrière de béton qui délimite au-delà des remparts le territoire du port de commerce. Une fois sorti de l’intra-muros et des vieilles bâtisses chargées d’histoire, commencent les cul-de-basse fosses capitalistes et les problèmes. Cette usine en particulier représente à elle-seule tout ce que le système peut produire de détestable : une entreprise richissime au-delà de la décence, une production d’engrais et de farine animale alimentant le modèle de l’agriculture intensive et productiviste à outrance. Toujours plus et plus sale pour toujours moins cher, telle pourrait être la devise gravée dans le béton terne.

« C’est une industrie qui fait vivre Saint-Malo » rétorque ses défenseurs. Mais le prix à payer pour que Saint Malo vive effectivement de cela n’est plus dans nos moyens. C’est pourtant la même rengaine qui nous est serinée à chaque fois : une poignée d’emplois, peut-être, mais surtout une bonne dose de pollution et d’atteintes diverses à l’environnement, en plus de défigurer le paysage depuis le haut des remparts. La Timac-Agro, c’est aussi à coup sûr l’histoire d’une certaine influence sur une mairie inquiète de déplaire aux grands argentiers du pays malouins. Et si la mairie s’inquiète actuellement, c’est surtout pour le manque à gagner si d’aventure une justice aux ordres devait se résoudre à l’évidence : la pollution de la Timac empoisonne les citoyens malouins.

Face à une usine générant des nuisances devenues intolérables pour les riverains, un homme et son association ont pris les armes dans un combat écologique et pour un monde plus juste socialement contre le système judiciaire et politique malouin : Alain Guillard et les militants malouins qui se sont joints à son combat espèrent surtout désormais une prise de conscience de la municipalité sur ces questions touchant à l’homme, à son rapport à l’environnement et la politique de la ville. Derrière Alain Guillard, l’association Osons ! entend bien faire valoir les droits des Malouins sur ce dossier, sachant qu’elle n’est pas seule sur le coup : des écologistes à LFI en passant par le NPA et les communistes, les véritables forces de gauche sont rassemblées derrière Alain Guillard pour porter une autre vision de la société et des rapports entre l’homme et son environnement. Ce n’est peut-être pas le cœur du sujet lors des Municipales 2020, cela pourrait bien le devenir en 2026.

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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