l’incident ayant opposé des bâtiments de surface des marines de guerre turque et française en Méditerranée illustre la fin non déclarée de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye.
L’illumination à trois reprises consécutives de la frégate française furtive multimissions de seconde ligne Courbet (F712) de la classe Lafayette par la frégate turque TCG Gokova (F-492) escortant des cargos remplis d’armes et de munitions en direction de la Libye n’est ni le premier incident de ce genre ni le dernier. Les armées de l’OTAN se battent entre elles en Libye et on a déjà rapporté qu’un scénario impliquant un éventuel combat aérien opposant des F-16 turcs ou des F-35 italiens contre des Rafale français, égyptiens ou émiratis n’est plus à exclure après le face-à-face des F-16C turcs et les nouveaux Mig-29 du LNA envoyés par la Russie pour tenter de limiter les très lourdes pertes subies par le groupe privé PMC Wagner.
Il faut dire que la tentation est trop forte du côté turc. Après avoir donné une raclée mémorable aux ukrainiens du groupe Wagner et aux égyptiens se battant sous l’uniforme des forces du Maréchal Khalifa Haftar, les turcs ont appris a éliminé les drones d’attaque émiratis de type Wing Loong (une autre frégate turque a abattu avant hier un drone d’attaque émirati Wing Loong au large de la base militaire de Watya, prise d’assaut par les forces du GNA de Tripoli avec l’aide décisive des forces spéciales turque) et surtout les Pantsirs S-1 de Haftar.
En tant que pays belligérant dans le conflit libyen depuis son origine, la France s’est positionnée du côté des forces du Maréchal Khalifa Haftar aux côtés de l’Egypte, les Emirats Arabes Unis et la Russie, après avoir perdu tous ses pions en Tripolitaine au bénéfice de la Turquie et de l’Italie. De ce fait, les turcs dénient à la marine française tout rôle neutre y compris au sein de l’opération maritime conjointe « Sea Guardian » et perçoivent la France comme un adversaire à éliminer du théâtre libyen au même titre que la Grèce. Cette vision est partagée en catimini par l’Italie dont les intérêts en Tripolitaine ont été rudement secoués par la guerre en Libye, laquelle est perçue comme l’une des inconséquences de la politique folle de Sarkozy bien que ce soient les États-Unis qui avaient sauvé le projet de changement de régime en Libye car les pays européens se sont montrés incapables de mener à bien ce projet dans un pays dépourvu de forces armées.
La guerre en Libye a surtout bénéficié à la montée en puissance de la Turquie et son déploiement régional. Les dirigeants turcs en remercient encore Sarkozy en utilisant une vieille blague ottomane sur le caractère soumis des juifs hongrois (Sarkozy se prétend d’une descendance juive hongroise et grecque). Cette donnée impensable n’aurait jamais été possible sans la gabegie des stratèges de l’OTAN.
La guerre en Libye est en train de causer la désagrégation de la plus grande alliance militaire de la planète.
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