L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir, le 17 juin, qu’elle renonçait à poursuivre les essais concernant l’antipaludéen hydroxychloroquine, s’appuyant sur les résultats actuels des études Solidarity (un essai clinique international lancé par l’Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires), Discovery et Recovery.
The Solidarity Trial's hydroxychloroquine arm is being stopped, on the basis of evidence showing it does not reduce mortality for hospitalised #COVID19 patients.
— World Health Organization (WHO) (@WHO) June 17, 2020
«Les preuves internes apportées par l’essai Solidarity/Discovery, les preuves externes apportées par l’essai Recovery et les preuves combinées apportées par ces deux essais largement aléatoires, mises ensemble, suggèrent que l’hydroxychloroquine – lorsqu’on la compare avec les traitements habituels des patients hospitalisés pour le Covid-19 – n’a pas pour résultat la réduction de la mortalité de ces patients», a souligné Ana Maria Henao Restrepo, docteur à l’OMS, lors d’une visioconférence de presse depuis Genève.
Elle a précisé : «Sur la base de ces analyses et de l’étude des preuves produites […], après délibérations, il a été conclu que l’arme de l’hydroxychloroquine sera retirée de l’essai Solidarity.»
Des études critiquées par le professeur Didier Raoult
D’après Recovery, l’essai clinique lancé par l’université d’Oxford au Royaume-Uni, qui avait révélé ses résultats sur la molécule le 5 juin, l’hydroxychloroquine ne présente «pas de bénéfice» dans le traitement des «patients hospitalisés et porteurs du Covid-19».
Une étude mise en doute par le professeur Didier Raoult de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille, figure de proue de la communauté scientifique dans la défense de l’hydroxychloroquine. Le 16 juin sur Twitter, celui-ci s’est dit «choqué» par le nombre de décès relevés dans l’étude en comparaison à ses propres résultats dans la cité phocéenne.
We are shocked by the monstrous death rate in the SOC group of the RECOVERY trial:
41% in ventilated patients.
25% in the patients requiring oxygen.
13% in the group not requiring any intervention.
Rates @ Marseille:
ICU: 16%.
Hospital: 5%.
Treated: 0.6%.https://t.co/MVrkFZtwmNpic.twitter.com/6ht0lLHXiF— Didier Raoult (@raoult_didier) June 16, 2020
Il a également accusé le professeur Martin Landray, chercheur en chef de Recovery et Peter Horby, coresponsable de l’essai, de «n’avoir pas informé le public du taux de mortalité dans chacun des sous-groupes […] traités à l’hydroxychloroquine» afin d’«obtenir des résultats significatifs dans le groupe traité à la dexamethasone», le stéroïde mis en lumière par Recovery, le 16 juin, comme potentiel traitement au Covid-19.
Could @MartinLandray and @PeterHorby explain why they did not inform the public about the death rates in each of the subgroups (ventilated, requiring oxygen, not requiring any intervention) of the HCQ group? They did it to obtain significative results in the dexamethasone group.
— Didier Raoult (@raoult_didier) June 16, 2020
Quelques jours plus tôt, le 9 juin, Didier Raoult avait mis en ligne une vidéo pointant certaines limites, selon lui, de l’étude britannique, et plus globalement des essais cliniques face au Covid-19. Ses critiques visaient principalement «des essais qui ont été faits avant de commencer à comprendre la maladie» mais également les doses prescrites, bien supérieures aux siennes, d’après lui. «Nous donnons la dose […] de 600mg/jour […] En France, l’essai Discovery utilise une dose plus basse, 400mg/jour, et Recovery utilise une dose que personne n’a jamais utilisée de 2,4g le premier jour, soit quatre fois la dose [initiale]», avait-il alors regretté.
En revanche, en France toujours, l’annonce de l’OMS a fait le bonheur du médecin et entrepreneur Laurent Alexandre, qui s’est réjoui sur Twitter que «la mystification de Didier Raoult se termine».
L’Organisation Mondiale de la Santé arrête l’hydroxychloroquine à cause de son inefficacité dans le #COVID19
La mystification de @raoult_didier
se termine
https://t.co/RFVCgcE45c— Laurent Alexandre (@dr_l_alexandre) June 18, 2020
Toutefois, Ana Maria Henao Restrepo a précisé que la décision de stopper les essais sur les patients infectés hospitalisés ne concernerait pas l’usage ou l’évaluation de l’hydroxychloroquine en tant que traitement préventif du Covid-19.
La France avait décidé, le 28 mai dernier, d’interdire l’usage de l’hydroxychloroquine dans le traitement du nouveau coronavirus.