John A. Macdonald est dans notre mémoire collective non pas pour les politiques autochtones qu’on lui reproche, mais bien parce que c’était un des fondateurs du Canada moderne.
Frédéric Bastien, professeur d’histoire au Collège Dawson
Permettez-nous de nous objecter : fondateur d’un Canada raciste qui plus est anti-francophone! D’ailleurs, on a pourtant bien renommé le square Dominion où se situe la statue plusieurs fois vandalisée, en Place du Canada !
Pourquoi devrait-on se laisser impressionner par le discours conservateur (on n’en attendait pas moins de lui !) du président Macron qui a assuré hier son soutien aux forces policières face aux manifestants contre le racisme et les violences policières en France ? Il s’est de plus prononcé sur le sujet de cette chronique en affirmant : « La République n’effacera aucun nom ni aucune trace de son histoire », en référence aux monuments liés à l’histoire coloniale ou à la traite esclavagiste récemment dégradés ou déboulonnés par des manifestants. La France « ne déboulonnera pas de statues », a renchéri Emmanuel Macron.
L’initiatrice autochtone d’une nouvelle pétition, Hannah Wallace, rappelle que la statue du fondateur de l’Université McGill, propriétaire d’esclaves noirs et autochtones, n’a pas sa place sur le campus. Si James McGill a effectivement un sombre passé colonial, l’université elle-même est déjà passablement confuse dans sa volonté de rebaptiser ses équipes de football et de hockey, les Redmen, compromise pour ce qui est de la première dans des initiations dégradantes qu’elle tente de faire oublier en s’enorgueillissant d’avoir « produit » Laurent Duvernay-Tardif. Mais une fois la bataille de la statue gagnée, ira-t-on jusqu’à débaptiser la plus célèbre des universités canadiennes?
S’INSPIRER DE CAS FACILES
On sympathise totalement avec la logique qui entraîne les mouvements mondiaux de contestation de figures historiques d’autorités compromises dans des actes racistes dégueulasses. C’est ce qui a motivé les Artistes pour la Paix à réclamer depuis des années qu’on rebaptise la rue Amherst en rue « Atateken », un nom mohawk en hommage à l’héritage autochtone de la ville de Montréal : sa mairesse Valérie Plante a inauguré le nouveau nom de rue dans la joie générale, assurée qu’on oubliera vite le général Jeffery Amherst s’étant « illustré » en offrant aux Autochtones des couvertes infestées par la variole, se méritant le surnom de « père de la guerre bactériologique canadienne ».
UNE SOLUTION
Devant les cas de vandalisme ou « corrections de l’histoire » qui se multiplient
1- en Grande-Bretagne à Bristol, un bronze du marchand d’esclaves E. Colston et à Londres une sculpture de Winston Churchill (aussi celle à Prague) qui selon The Guardian voulait utiliser un gaz extrêmement toxique, le diphénylaminechloroarsine, contre les tribus rebelles du nord de l’Inde : “Je suis fermement en faveur de l’utilisation de gaz toxiques contre les tribus non civilisées”, avait-il déclaré ;
2- en Belgique, la statue de Léopold II brûlée et aspergée de peinture rouge en symbole du sang des Congolais versé par les armées du roi colonialiste;
3- aux États-Unis, les statues de Christophe Colomb à Boston, à Miami et à Richmond, de même que celles de Jefferson Davis, président des États confédérés, en divers lieux.
4- en France, des milliers de cas depuis 1789 !!
Quelle serait donc notre solution ? Des musées pourraient ouvrir les portes de sections baptisées « les dinosaures de l’histoire » où ces œuvres d’art, représentant des personnages infâmes, seraient exposées avec des textes explicatifs ou même des vidéos historiques reconstituant leurs méfaits, apportant ainsi un enseignement vivant de l’histoire.
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