Campagne de dons – Juin 2020
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par ZZZ.
À l’approche du souvenir de l’Appel du 18 Juin 1940, il n’est pas superflu de revenir sur la vie et l’œuvre de celui qui incarna la Résistance française consécutive à la défaite militaire de 1940 face aux Nazis. Le général De Gaulle (1890-1970), a sauvé l’honneur de la France durant le conflit mondial mais il viendra une seconde fois à la rescousse de la Nation française en 1958. Pourtant, même si on tient compte d’erreurs somme toute humaines, il semble que les hommages rendus à lui semblent surfaits, faux voire teintés de critiques. Après le rappel des coups d’éclat de ce personnage emblématique intimement lié à l’Histoire de France, et celui d’inévitables imprudences, je présenterai l’héritage gaulliste dans la France contemporaine.
Hauts faits connus et moins connus du Général
Je précise d’emblée qu’étant non-français, je bénéficie, je pense, de davantage de détachement et d’objectivité que mes amis français à l’égard de leur ancien président. Parmi les actions héroïques de de Gaulle, peu se souviennent qu’il a participé à la Première Guerre Mondiale.
• Promu capitaine en janvier 1915, il est blessé à trois reprises,
• Fait prisonnier en 1916, il tente vainement de s’évader à cinq reprises ce qui en dit long sur le caractère du personnage et lui vaudra plusieurs décorations.
• Durant le second conflit mondial en mai 1940 le désormais colonel de Gaulle commande la 4ème Division Cuirassée. Il participe vaillamment à la bataille de France, permettant même d’arrêter l’offensive allemande à Montcornet avant de céder, à cause d’un manque de coordination au sein de l’Armée française, face à l’artillerie et l’aviation nazies. Le 25/05/1940, il est nommé général de Brigade.
• Refusant la politique de Collaboration défendue par le nouvel homme fort de l’État français, Philippe Pétain -et ancien mentor de de Gaulle- ce dernier lance depuis Londres son fameux Appel du 18/06/1940. Si le discours est peu suivi par la masse des Français, il est le point de départ de l’esprit de la Résistance.
• Par son courage, sa ténacité et sa persévérance, il se hausse à la tête de la France Libre puis de la France Combattante (1942) qui englobe la Résistance intérieure.
• Combattant aux côtés des Alliés, les troupes françaises ralliées à de Gaulle (dont des troupes coloniales), contribuent à la Libération de l’Europe du joug nazi. Ainsi, elles effacent la défaite militaire de 1940, atténuent la souillure de la Collaboration et surtout placent la France parmi les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale. Concrètement, la France obtient un siège permanent avec droit de véto au sein du Conseil de Sécurité de la fraichement établie Organisation des Nations Unies (ONU).
• De septembre 1944 à janvier 1946, de Gaulle dirige le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), évitant à la France de s’abaisser au rôle de vassal des États-Unis d’Amérique (EUA), lançant des réformes à caractère social inspirées par le Conseil National de la Résistance telles la création de la Sécurité Sociale et des nationalisations (dont la Banque de France). Ayant en horreur le système des partis, il démissionne le 20/01/1946, date à laquelle débute sa traversée du désert de 12 ans.
• En 1958, à la suite de graves troubles survenus dans l’Algérie française, il est rappelé par le Président Coty pour le poste de Président du Conseil. Il mène à bien, au risque de sa vie (4 tentatives sérieuses d’assassinat subies) la décolonisation de l’Algérie. À cet égard, les nostalgiques de l’Algérie française sont idiots. Si les Algériens étaient maintenus dans un statut de citoyens de seconde zone, cela aurait été inacceptable moralement, politiquement et diplomatiquement. Si, au contraire, on leur avait octroyé le droit de vote et tous les attributs de la citoyenneté à l’instar des Français de la métropole, Colombey-les-deux-Eglises aurait laissé place à « Colombey-les-deux-Mosquées » (du mot du Général lui-même) compte tenu de la dynamique démographique algérienne.
• Le Général instaure également la Vème République avec un exécutif fort qui évite l’instabilité gouvernementale propre à aux régimes parlementaires (Italie, Espagne, État sioniste).
• Par la pratique d’un capitalisme d’État qui concilie la loi de l’offre et de la demande et la préservation de secteurs stratégiques (énergie, transports, armes, etc), De Gaulle contribue grandement à la prospérité des Trente Glorieuses.
• Parmi ses brillantes et importantes actions durant ses mandats présidentiels, il y a le rapatriement de l’or français stocké aux États-Unis d’Amérique (EUA) contre livraison de l’équivalent en dollars américains[1]. Bien lui en a pris puisque en 1971 les EUA ont suspendu unilatéralement la conversion des dollars en or.
• Enfin, la sortie spectaculaire de la France du commandement intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1966 traduit le panache de celui qui ne voulait pas être enfermé dans une logique binaire bloc Occidental-bloc de l’Est mais prônait une Europe de « Lisbonne à Vladivostok ».
Hélas, le Général n’était pas à l’abri de quelques maladresses aux conséquences plus ou moins graves.
Erreurs imputables à de Gaulle
Chronologiquement, je voudrais revenir sur les écrits de de Gaulle dans l’Entre-deux-guerres que je considère comme étonnamment maladroits.
• En effet, dans Vers l’armée de métier (1934) et la France et son armée (1938), de Gaulle défend l’idée d’unités blindées puissantes et en mouvement contrairement à la doctrine militaire défensive de l’époque matérialisée par la construction de la fameuse ligne Maginot. Si, dans le fond il a parfaitement raison, publier ces idées révolutionnaires consultables par tous ne peut laisser les ennemis de la France indifférents. Certes, les militaires allemands n’ont pas attendu les livres de de Gaulle pour mettre au point leur stratégie militaire offensive du Blitzkrieg (grâce surtout à la concentration d’unités blindées). On peut tout de même penser qu’ils ont été confortés dans leur méthode suite à la parution des écrits de de Gaulle. A mon humble avis, il aurait dû attirer l’attention de l’état-major par des écrits confidentiels.
• Après la Libération de la France, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de mai 1945 restent un point noir de l’Histoire de France. Sans entrer dans le détail du déroulement des évènements, il est inacceptable que des familles algériennes entières qui ont donné leurs fils pour la Libération de l’Europe et de la France soient endeuillées quelques semaines plus tard. Les forces de l’ordre, sous l’autorité du Général, ont eu la main lourde dans la répression des manifestations nationalistes et indépendantistes. Dans la même veine mais à une plus petite échelle, les violences policières à l’égard des manifestants algériens de Paris en octobre 1961 sont disproportionnées. Surtout que le préfet de police de Paris de l’époque est un certain Maurice Papon.
• Mais ce qui me parait un impair lourd de conséquences est la nomination d’un banquier non élu en la personne de Georges Pompidou comme chef du gouvernement en avril 1962. A mon sens, cela a ouvert la voie à la « loi du 03/01/1973 » et à l’explosion de la dette de l’État français qui se situe aujourd’hui autour de 120% du PIB alors que le taux d’endettement de l’État français ne dépassait pas 13,5% en 1969[2].
Voyons à présent ce qui reste du gaullisme dans la France de 2020
Que reste-il du gaullisme avec Macron l’anti-de Gaulle à l’Élysée ?
Franchement pas grand-chose. Le dernier coup d’éclat gaullien est sans doute le Niet français du duo Chirac-Villepin à l’ONU proféré au visage des Yannkees. Ces derniers souhaitaient une couverture juridique à leur énième agression de l’Irak en 2003 et en furent pour leur frais. À l’inverse, Sarkozy imposa en 2009 le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN tandis que tous les présidents, depuis la fin du mandat de M. Chirac, suivent aveuglément et docilement la ligne atlantiste et anti-russe tracée par les EUA. En 2014, l’aéroport de Toulouse a été cédé aux Chinois. La même année l’industriel Alstom a été bradé à un groupe états-unien. Plus récemment, avec la crise sanitaire mondiale on a vu le résultat de l’abandon de secteurs stratégiques entiers à l’étranger comme la fabrication de matériel médical vital en Chine et ailleurs. Tout cela pour réduire les coûts de production au mépris de l’intérêt national. Quand le Général ne jurait que par la souveraineté française, Macron n’a que l’Union Européenne à la bouche. Le président Macron est même allé jusqu’à nier l’existence d’une culture française qui ne serait qu’un appendice d’une supposée culture européenne commune.
Tant que la France n’aura pas recouvert tous les attributs de la souveraineté, y compris le monopole de frapper sa propre monnaie, je vois mal comment la situation pourrait être redressée.
Quant à moi, j’ai une suggestion à soumettre aux autorités françaises : rebaptiser l’Institut Français en Institut de Gaulle. À défaut de revenir aux fondamentaux politiques et économiques prônés par le Président de Gaulle, les responsables de l’État français peuvent a minima rendre hommage au plus illustre des Français -comme l’avait qualifié le Président Coty-. D’autant que De Gaulle est une figure emblématique de la France et un écrivain reconnu. Il existe bien l’Institut Cervantès d’Espagne ou l’Institut Confucius de Chine qui font rayonner l’image de leur pays respectif à travers le monde.
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[1] https://www.loretlargent.info/dossiers/charles-de-gaulle-et-sa-vision-sur-la-place-de-lor-dans-le-systeme-monetaire-mondial-22/
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_dette_publique_française#Sous_la_présidence_de_Charles_de_Gaulle
Source: Lire l'article complet de Réseau International