Par Charles SANNAT
Charles Sannat anime le site Insolentiae.com sur lequel il s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Vous pouvez vous abonner gratuitement à sa lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com.
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Sentez-vous le vent du changement ?
Il se lève déjà.
Certains l’attendent. D’autres le trouvent mauvais.
Tous, nous le subirons.
Ce vent porte un nom. « The Great Reset », ou la grande réinitialisation. La grande remise à zéro.
Du FMI au Forum économique de Davos, le sujet est lancé, officiellement.
De quoi s’agit-il exactement ?
Personne n’en sait rien en réalité, car c’est un sujet aussi secret… que public !
Nous parlons du grand reset parce que le sujet, comme vous allez le voir, est évoqué le plus sérieusement du monde. Mais ce qu’il signifie réellement, ce qu’il va impliquer dans nos vies, personne ne le sait, et c’est d’ailleurs ce qui peut inquiéter, car l’absence de transparence peut signifier que certains souhaiteraient cacher au plus grand nombre la réalité des projets funestes qu’ils nourriraient pour les peuples.
Le Grand Reset est le sujet de la vidéo et du JT de la semaine. Vous pouvez la visionner ici.
Traduction du discours de Kristalina Georgieva directrice générale du FMI prononcé le 3 juin 2020
La grande réinitialisation
Je remercie Son Altesse Royale le Prince de Galles et le professeur Schwab de nous avoir réunis.
Le moment est venu de réfléchir à ce que l’histoire dirait de cette crise. Et le moment est venu pour nous tous de définir notre propre rôle.
Les historiens vont-ils regarder en arrière et dire que c’était le moment d’un grand revirement ? Aujourd’hui, nous voyons des signes très inquiétants.
Cent soixante-dix pays vont terminer cette année avec une économie plus petite qu’au début de l’année, et nous prévoyons déjà qu’il y aura plus de dettes, plus de déficits et plus de chômage. Et il y a un risque très élevé d’accroissement des inégalités et de la pauvreté.
Si nous n’agissons pas.
Alors, que faudrait-il aux historiens pour considérer cette crise comme le moment d’un grand retour en arrière ?
Du point de vue du FMI, nous avons assisté à une injection massive de mesures de relance budgétaire pour aider les pays à faire face à cette crise et à passer à la vitesse supérieure pour que la croissance revienne. Il est d’une importance capitale que cette croissance conduise à un monde plus vert, plus intelligent et plus juste à l’avenir.
Il est possible d’y parvenir. À condition de se concentrer sur les éléments clés d’une reprise – et d’agir maintenant. Nous n’avons pas besoin d’attendre.
Au FMI, nous voyons des opportunités formidables.
Tout d’abord, permettez-moi de parler de la croissance verte.
Les gouvernements peuvent mettre en place des investissements publics – et des incitations aux investissements privés – qui soutiennent une croissance à faible intensité de carbone et à l’épreuve du climat.
Bon nombre de ces investissements peuvent déboucher sur une reprise riche en emplois – pensez à la plantation de mangroves, à la restauration des terres, au reboisement ou à l’isolation des bâtiments. Pensez aux secteurs clés pour la réduction de l’intensité de carbone dans lesquels le secteur public et le secteur privé peuvent investir.
Je tiens particulièrement à profiter de la faiblesse des prix du pétrole que nous connaissons aujourd’hui, pour éliminer les subventions néfastes et introduire un prix du carbone qui inciterait les investissements futurs.
Deuxièmement, permettez-moi de parler d’une croissance plus intelligente. Nous savons que l’économie numérique est la grande gagnante de cette crise. Mais nous ne devons pas laisser la fracture numérique se creuser de telle sorte que certains pays et certaines communautés prennent encore plus de retard. Cela apporterait plus de douleur que de gain à l’avenir.
Il est donc essentiel que des institutions comme le FMI soutiennent les investissements qui réduiront la fracture numérique – en partenariat avec la Banque mondiale et d’autres.
Nous devons également réfléchir soigneusement à la manière de faire en sorte que le bond de croissance et de rentabilité du secteur numérique se traduise par des avantages partagés par l’ensemble de nos sociétés.
Et cela m’amène à mon troisième point – la croissance.
Nous savons que, si elle est laissée à elle-même, cette pandémie va aggraver les inégalités. C’est ce qui s’est produit lors de précédentes pandémies.
Nous pouvons éviter cela si nous nous concentrons sur l’investissement dans les personnes – dans le tissu social de nos sociétés, dans l’accès aux opportunités, dans l’éducation pour tous et dans l’expansion des programmes sociaux afin de prendre soin des personnes les plus vulnérables. Nous pourrons alors avoir un monde meilleur pour tous.
Je voudrais conclure par un exemple du passé. William Beveridge, en pleine Seconde Guerre mondiale, a présenté son célèbre rapport en 1942, dans lequel il prévoyait comment le Royaume-Uni devait s’attaquer à ce qu’il appelait les « cinq maux géants ». Ce fameux rapport « Beveridge Report » a permis d’améliorer le pays après la guerre, notamment par la création du National Health Service qui sauve aujourd’hui tant de vies au Royaume-Uni.
Et mon institution, le FMI, a également été créée à cette époque, lors de la conférence de Bretton Woods.
Le moment est donc venu de passer à l’action et d’utiliser toutes les forces dont nous disposons pour tourner la page. Dans le cas du FMI, nous avons une capacité financière d’un billion de dollars et un engagement considérable sur le plan politique.
C’est le moment de décider que l’histoire considérera cela comme la grande réinitialisation, et non comme le grand retournement.
Et je tiens à dire haut et fort que le meilleur mémorial que nous puissions construire pour ceux qui ont perdu la vie dans la pandémie est de construire un monde plus vert, plus intelligent et plus juste.
Je vous remercie.
Une croissance plus verte, plus intelligente, et plus juste…
Je ne suis pas convaincu que le FMI comme institution soit le mieux placé pour parler de justice sociale et cela provoque en moi toujours un grand sentiment de gêne (et je reste pudique) car le FMI après chaque plan d’ajustement structurel violent imposé dans un pays, explique qu’effectivement, l’application de son plan a eu des effets sociaux très négatifs mais qu’ils ne pouvaient pas savoir… puis la semaine d’après ils recommencent la même politique ailleurs.
La potion amère du FMI est largement connue.
La croissance plus verte, cache évidemment le véritable sujet à savoir la nécessité de changer de modèle économique et de cesser de le baser sur la consommation de masse nécessitant une production de masse. La connaissance elle, comme l’intelligence peuvent croître indéfiniment. L’immatériel n’est pas limité contrairement au matériel.
Il faut donc cesser de faire croître la demande de biens matériels pour faire croître sans limite la connaissance et le savoir.
Et au passage, il faudra gérer la transition énergétique d’une économie profondément carbonée à une économie verte.
Vaste programme.
Davos 2021…. consacré à la Grande Réinitialisation ! « Un sommet unique pour débuter 2021 » !
Comme vous pouvez le voir sur cette copie d’écran, le FMI et le Forum économique de Davos marchent main dans la main, puisque l’annonce évoquée dans le dernier point du paragraphe ci-dessous que je reproduis était justement le discours de la Directrice Générale du FMI du 3 juin 2020.
- La « Grande Réinitialisation » (« Great Reset ») sera le thème d’un sommet unique qui aura lieu en janvier 2021, et qui sera convoqué par le Forum Économique Mondial.
- La « Grande Réinitialisation” est un engagement à construire conjointement et de manière urgente les bases de notre système économique et social pour un avenir plus juste, plus durable et plus résistant.
- Elle exige un nouveau contrat social centré sur la dignité humaine et la justice sociale, et dans lequel le développement économique n’empiète pas sur le progrès de la société.
- La crise sanitaire mondiale a mis à nu des ruptures de longue date dans nos économies et nos sociétés, et a créé une crise sociale qui nécessite de toute urgence la création d’emplois décents et significatifs.
- Le sommet se tiendra à la fois en présentiel et virtuellement, et mettra en relation les principaux dirigeants gouvernementaux et les chefs d’entreprises à Davos avec un réseau mondial de participants présents dans 400 villes du monde entier pour un dialogue tourné vers l’avenir et animé par la jeune génération.
- L’annonce de la « Grande Réinitialisation » sera faite par SAR le Prince de Galles et Klaus Schwab lors d’une réunion virtuelle aujourd’hui à 14h30, heure d’été d’Europe centrale, et peut être suivie ici.
Source site du World Economic Forum ici
Le programme est donc clair.
Nous allons vers une remise à zéro de notre système.
Cela sera douloureux, inutile de vous le dire.
Nous en reparlerons longuement, et notamment parce que je vous proposerai bien évidemment que l’on réfléchisse ensemble aux conséquences et aux effets de cette grande réinitialisation et aux contours que l’on pourrait tenter de lui dessiner, avec un objectif, savoir à quelle sauce nous serons mangés !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Source: Lire l'article complet de Strategika