10 000 postes à pourvoir selon Legault
Le premier ministre François Legault a prié mercredi son homologue fédéral, Justin Trudeau, de maintenir le déploiement dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée(CHSLD) y restent jusqu’au 15 septembre, alors qu’un rapport des Forces armées canadiennes (FAC) dépeint la gestion déficiente de ces établissements au Québec. Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, estime que ce ne serait pas viable.
« Je peux vous assurer que nous ne pouvons pas rester aussi longtemps », a-t-il affirmé en entrevue à l’émission Power & Politics de CBC. « Présentement, notre personnel médical travaille 12 heures par jour, 7 jours par semaine. Il faut s’occuper d’eux aussi. »
Au bureau du premier ministre Trudeau, on a confirmé que la mission des militaires sera prolongée jusqu’au 21 juin et qu’ils pourraient rester à effectifs réduits par la suite. Finalement, ce serait plutôt le 12 juin date à laquelle prend fin l’entente avec le Québec, a-t-on indiqué jeudi.
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Le gouvernement Legault voulait profiter de ce soutien temporaire pour recruter pas moins de 10 000 préposés aux bénéficiaires avant qu’une seconde vague de la COVID-19 ne déferle. Le premier ministre met la gomme pour attirer de futurs employés du réseau des centres d’hébergement et de soins de longue durée.
Les candidats recevront une formation de trois mois rémunérée à hauteur de 21 dollars l’heure dans l’un des quelque 50 centres de formation professionnelle et des établissements à travers le Québec.
« S’ils réussissent leurs cours, après trois mois, bien là, ils vont gagner le nouveau salaire qu’on donne soit via les primes temporaires ou qu’on offre dans les conventions collectives, qui commence à 26 $ de l’heure, donc 940 $ par semaine, 49 000 $ par année. Donc, je pense, c’est une offre qui est intéressante », a fait valoir M. Legault.
Et il n’y a pas que l’argent, selon lui. S’« occuper des personnes vulnérables dans nos CHSLD », « il s’agit d’« un travail valorisant », a-t-il souligné.
Le chef du gouvernement s’est même dit disposé à changer le titre d’emploi « préposé aux bénéficiaires ». « On n’aime pas ça, “bénéficiaires”, là », a-t-il précisé.
« D’avoir des soldats dans nos CHSLD, ce n’est pas une solution à moyen ou à long terme ; c’est une solution à court terme », avait rappelé le premier ministre Justin Trudeau plus tôt dans la journée. Il compte soulever cette question lors de son appel hebdomadaire avec les premiers ministres des provinces et des territoires jeudi soir tandis que ceux-ci feront des « pressions importantes » pour qu’Ottawa augmente les transferts en santé.
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Problèmes de gestion
Plus tôt dans la journée, le gouvernement Legault avait rendu public le rapport des FAC sur la situation dans 25 CHSLD où 1050 militaires prêtent main-forte depuis le 20 avril. Non-respect des zones chaudes et froides pour éviter la propagation du coronavirus, manque d’assiduité d’employés, disparition d’équipement de protection… le rapport, moins accablant que celui de l’Ontario dévoilé la veille, détaille plusieurs problèmes de gestion.
« Je pense que c’est un jugement qu’on porte sur plusieurs années où on a négligé les CHSLD », a reconnu M. Legault en conférence de presse. « De dire qu’on est rentrés dans cette crise-là, puis que depuis cinq ans, 10 ans il nous manque 10 000 employés dans les CHSLD, ça, c’est gênant. »
Consultez le rapport des Forces armées canadiennes
Les militaires ont noté plusieurs problèmes. « Nous sommes témoins quotidiennement d’employés ne respectant pas les protocoles mis en place par l’établissement », peut-on lire dans l’annexe sur le CHSLD Vigi Mont-Royal, l’un des établissements problématiques, où 100 % des résidents seraient infectés.
Les FAC notent également « un manque d’équipement médical » lors des changements de quart de travail couplé à la disparition de 20 boîtes de masques de procédures et d’une livraison de narcotiques.
Elles ont même donné des leçons au personnel des CHSLD où elles ont été dépêchées. « L’enseignement sur le bon usage de l’équipement de protection individuelle est nécessaire. Le personnel militaire continue d’inculquer les bonnes pratiques », notent-elles dans un rapport truffé de fautes de français.
L’armée note également un retour des employés réguliers — qui avaient été mis à l’écart du combat par la COVID-19 ou encore la crainte d’être infecté par la COVID-19 — dans les établissements.
Avec Hélène Buzzetti
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