« Pour Yaacov Katz, du Jérusalem Post, cette stratégie est très dangereuse : “En transformant son procès en une équation binaire : ’eux ou nous’, Benyamin Netanyahou tente de créer un narratif selon lequel son procès n’a pas pour objet la corruption dont il est accusé, mais, en réalité, le fait qu’il est le chef de la droite. Ainsi trace-t-il une ligne claire entre ceux qui le soutiennent et ses opposants. Une rhétorique susceptible de saper les fondements de toute démocratie, surtout dans un pays comme Israël qui n’est pas doté d’une constitution et où la séparation des pouvoirs est souvent ténue”. »
La démocratie israélienne montre ses limites : un Premier ministre corrompu jusqu’à l’os, sans même parler de sa politique colonisatrice sanglante et de son terrorisme sous faux drapeau, est malgré tout élu, réélu, et la justice, alignée sur la politique de colonisation et de persécution des Palestiniens, fait traîner les choses.
Il n’y a pas de justice en Israël, sinon les Palestiniens ne seraient pas persécutés, point barre.
« Le nombre de colons a triplé, car ces routes ont rendu indolore la navette entre leur domicile dans les Territoires et leur travail en Israël. Les colonies sont devenues la banlieue de Tel-Aviv »https://t.co/UJS6raSlj2
— Guillaume Gendron (@g_gendron) May 26, 2020
On appréciera dans l’article la citation sur i24 du grand ami de Jeffrey Epstein, le « grand avocat » Alan Dershowitz, proche (forcément) de Netanyahou :
« Israël devrait avoir vraiment honte ! C’est le premier pays au monde à traduire en justice un leader politique à la recherche d’une couverture favorable dans les médias… Cela ne peut être considéré comme un crime. »
Ne pas rater en renvois le rappel de qui est Alan Dershowitz…
– La Rédaction d’E&R –
La photo, d’abord : elle a été prise dans le tribunal avant le début de l’audience. On y voit Benyamin Netanyahou, sans masque, entouré de plusieurs ministres, les fidèles parmi les fidèles, bouche cousue. Car, Covid-19 oblige, ils portent le fameux masque bleu chirurgical. Tous, debout, en un groupe compact, ils écoutent, sans broncher, leur Premier ministre qui, devant la caméra, accuse :
« La gauche et les médias dont la seule volonté, dit-il, est de [le] renverser, [lui] et le camp de droite, au mépris de la volonté du peuple ». Puis vient le tour des policiers et procureurs qui « ont conspiré, inventé ces folles accusations » contre lui et décidé de « ce procès délirant ».
Une conspiration dont le but est non seulement d’entraîner sa propre chute, mais aussi de contrecarrer son intention d’empêcher tout démantèlement de colonies israéliennes en Cisjordanie.
Comme en écho, dehors, rue Salah-A-Din, à Jérusalem Est, là où se trouve le tribunal de district, plusieurs centaines de ses partisans, parfois venus de très loin, scandent des slogans dont le point commun est leur amour pour « Bibi » et leur haine des juges et procureurs. Ils sont aussi nombreux ceux qui reprennent un tweet de Yaïr Netanyahou, le fils aîné.
Il y qualifiait son père de « nouveau Dreyfus ». Enfin, ce fut l’audience qui n’aura duré qu’une cinquantaine de minutes. Prochain rendez-vous : le 26 juillet. Il s’agira cette fois encore d’une audience purement technique. Le Premier ministre ne devrait se présenter devant les juges que début 2021. La date reste à fixer.
D’ores et déjà, on le sait, ce procès s’annonce très long. Certains experts parlent de plusieurs années jusqu’au verdict. Ne serait-ce qu’en raison du nombre de témoins cités à la barre : 331. Un défilé qui ne devrait commencer, dans le meilleur des cas, qu’à la fin du printemps prochain. Et puis il faudra compter avec la volonté de la défense de faire traîner les choses, autant que faire se peut. Sans rire, un expert n’a pas exclu que cela puisse mener jusqu’à une nouvelle élection de Benyamin Netanyahou, dans trois ou quatre ans… Mais, et il faut le rappeler : par ce procès, la justice israélienne montre que nul n’est au-dessus de la loi, pas même le Premier ministre en exercice.
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