par Marc Bonavi.
Ci-après vous pouvez lire la traduction d’une vidéo retranscrite publiée sur YouTube à partir du site russe d’information Vzgliad le 07/05/2020.
Il est absolument évident que les États-Unis en 2020 ont pris plus de 10 ans de retard dans le domaine des armements tactiques et stratégiques, conventionnels et nucléaires. Il semble ne rester aux décideurs américains que le dénis et la désinformation pour se soustraire à la réalité des faits. L’Europe pourrait en payer le prix.
La vidéo traduite et retranscrite (2 parties consécutives) nous montre très bien l’état de la situation à ce jour et nous protège des grossières balivernes russophobes de type « Skrypal » ou « MH17 » servies quotidiennement à volonté dans la plupart des médias mainstream euro-américains.
Le site Vzgliad est une source d’information très intéressante, pas du tout pro-kremlin. Elle produit quotidiennement un nombre important d’informations sur l’actualité et des analyses souvent poussées, ce qui peut expliquer la longueur de certains documents comme le texte de notre vidéo. Le site semble avoir choisi entre une information « efficace » et robotisée et la recherche pour comprendre. Il connaît 20 millions de visites par jour.
Vous pouvez regarder (et surtout écouter) directement la vidéo en russe à l’adresse suivante :
Site d’information Vzgliad : https://vz.ru
Je me permets quelques remarques après la transcription de la vidéo.
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Récemment, sur le polygone militaire de l’État du Nebraska des forces aériennes des États-Unis (USAF), un bombardier stratégique B-52-stratofortress mettait au point un type de bombardement. Ça ressemblait à un exercice habituel de l’aviation de combat auxquels procèdent régulièrement toutes les armées du monde.
Cependant, l’attention de tous les hauts dirigeants du Pentagone, parmi lesquels le Secrétaire à la Défense, Mark Esper, qui ne s’était pas privé de traverser tout le pays pour l’occasion, était précisément fixée sur ce vol d’exercice.
Quelques heures après les bombardements du B-52 se tint au Pentagone un briefing lors duquel le représentant du Département militaire indiqua le scénario que les appareils de l’aviation stratégique des États-Unis avaient suivi. Il se trouve que le bombardier avait à son bord une charge nucléaire qu’il a larguée avec succès sur le territoire de la Russie. La puissance de la charge était minimale. L’arsenal des forces aériennes américaines ne possède pas encore de telles ogives mais le travail pour sa mise au point bat son plein. Le territoire visé pour le bombardement nucléaire est le continent européen qu’un conflit militaire embraserait.
Le plus intéressant est que le scénario avait inclus la possibilité d’un développement du conflit en Europe menant à une guerre avec la Russie dans laquelle cette dernière a pris la décision d’utiliser des armes nucléaires de faible intensité sur des cibles dans l’espace de l’OTAN.
En d’autres termes, les exercices américains imitent la réponse des États-Unis à la soi-disant utilisation de l’arme nucléaire par la Russie en Europe. Le Secrétaire à la Défense et le chef de la Maison Blanche devaient ensuite décider des actions à exécuter dans cette situation.
La décision a été prise. Bombarder Moscou.
Nous reviendrons par la suite sur les raisons pour lesquelles l’armée de l’air américaine a dû répéter ce scénario de guerre à venir. Pour le moment, nous allons parler de ce qui se passait au même moment dans l’autre hémisphère de notre planète.
Par une curieuse coïncidence, parallèlement à l’exercice mené dans le Nebraska, le Commandement des Frappes globales de l’US Air Force (Air Force Global Strike Command – AFGSC), – il existe ce genre de choses au Pentagone -, a mené un entraînement avec le déploiement des forces du système de commandement de l’armée de l’air de réserve nationale et de bombardiers B-52-H qui ont effectué un vol selon le programme « Global Power Mission ».
Plus simplement, des bombardiers stratégiques nucléaires ont traversé l’océan atlantique avec, en tête, l’appareil de commandement en vol, et devaient lancer des missiles sur l’ennemi. Il s’agit de la solution adoptée par les forces de frappe des États-Unis en amont de l’utilisation d’autres armes aériennes et au sol et de la préparation à l’action en situation de crise.
Faut-il rappeler que les États-Unis d’Amérique ne peuvent frapper avec l’aviation stratégique venant de l’Atlantique qu’un adversaire, la Russie ? Les États-Unis voulaient démontrer à leurs alliés en Europe que l’apparition des bombardiers était le signe que l’Amérique, le cas échéant, viendrait à l’aide des pays de l’OTAN s’il y avait conflit avec la Russie.
On connaît à peu près le même tableau sur le flanc sud. Ces deux dernières semaines, l’aviation stratégique des États-Unis vole régulièrement depuis la base de Diego Garcia vers le Nord. Un ou deux B-52 se dirigent grosso modo jusque la frontière avec l’Afghanistan, puis font demi-tour et rentrent à l’île perdue au milieu de l’Océan indien.
Il n’est pas exclu que les aviateurs américains perfectionnent depuis ces frontières un futur lancement de missiles sur le territoire de la Fédération de Russie. Il est fort probable que les missiles que le Pentagone planifie de lancer sur la Russie soient équipés de charges nucléaires et que ce peu être justement ces charges de faible puissance dont nous rappelle sans cesse l’existence le commandement militaire américain.
Très récemment, le Sous-Secrétaire à la défense américain, John Rood, a déclaré que les sous-marins américains étaient dotés d’ogives nucléaires de faible puissance, chacune représentant 5 kilotonnes équivalents TNT. Pour la comparaison, c’est quatre fois moins puissant que la bombe larguée sur Hiroshima.
Apparemment, on met au point quelque chose de similaire pour l’aviation, mais pourquoi précisément de basse intensité ?
Ils n’ont pas besoin, comme l’on dit, d’une terre brûlée. Ils veulent débarquer sur un territoire qu’ils auront frappé. Le sous-sol est préservé, la terre également, on peut encore y faire quelque chose, on peut en extraire des matériaux ou l’utiliser pour d’autres choses encore.
Le sens de l’arme nucléaire est dans sa force destructrice. Le monde entier est accoutumé depuis longtemps à ce qu’une guerre nucléaire est synonyme de fin du monde. Cependant, ces derniers temps, les Américains travaillent activement les cerveaux européens en leur inculquant qu’il est possible de contrôler l’échelle d’une catastrophe nucléaire.
Les exercices dans le Nebraska ne sont qu’un épisode, cela dit important, dans le flot de toutes les manœuvres aériennes menées par les États-unis, notamment directement à nos frontières. On vole particulièrement beaucoup aux confins de l’Occident et au-dessus de la mer Baltique. C’est vrai que, selon la version des fonctionnaires otaniens, les vols quotidiens d’avions de combat le long des côtes russes ne sont que des actions pacifiques pour protéger les frontières des Pays baltes.
Selon les données du Ministère de la défense russe, seulement au cours des dernières semaines, notre système de défense anti-aérienne a détecté au minimum 22 avions de reconnaissance et 8 drones à nos frontières, les appareils se rapprochaient à de multiples reprises. Ils volaient, qui plus est, au-dessus de notre territoire. Ces cas existent. Il est probable qu’ils continuent à le faire, sachant que ces actions sont appelées « sondage permanent de nos potentialités ».
L’objectif des États-Unis est actuellement de repérer et d’évaluer nos capacités d’interception à une hauteur minimale et une hauteur maximale. Pendant ces opérations, les Américains utilisent une technologie inhibant les matériels radio-électroniques et testent leur efficacité.
Les vols de l’aviation militaire des États-Unis et de l’OTAN à nos frontières sont menés depuis longtemps. Cela entraîne parfois ouvertement certaines provocations. Il y a seulement trois mois, un Stratofortress de l’aviation stratégique américaine des États-Unis provenant de la Grande-Bretagne, au cours de son premier vol au-dessus de l’Europe et, plus précisément, aux frontières occidentales de la Russie, s’est de manière démonstrative perfectionné en bombardant avec des armes nucléaire la base principale de la flotte de la Baltique. Il a largué la bombe ou son camouflage dans des eaux neutres mais le fait reste un fait.
Tout cela sans compter tous les entraînements suivis pour des objectifs futurs. Un peu plus tôt, un autre bombardier nucléaire B-52 a imité le largage d’une bombe sur les côtes de la Crimée. C’est vrai qu’il n’est pas entré dans l’espace aérien russe. Les avions américains apparaîtront périodiquement sur tout le périmètre délimitant nos frontières. En faisant cela, ils cherchent un maillon vulnérable de notre système de défense anti-aérienne. Mais je pense qu’ils n’y arriveront pas parce qu’aujourd’hui, il n’y a pas de trous noirs dans notre système de défense comme cela pouvait être le cas dans les années 1990.
Le problème est que nos opérateurs de la défense anti-aérienne ne peuvent savoir exactement si, à bord des avions, se trouvent des bombes d’entraînement ou de véritables armes et ne connaissent pas les objectifs du vol. Et si l’appareil suivi exécutait la première frappe d’une guerre à-venir ?
Nous n’avons que quelques secondes pour prendre une décision. Nos moyens de défense anti-aérienne, terrestres ou aériens, sont en état d’alerte. Si l’équipage d’un bombardier stratégique B-52 viole notre espace aérien et ne répond pas à nos injonctions et aux opérations de nos chasseurs, la cible est automatiquement détruite. Il n’y a pas d’autre solution. Moscou, dans cette situation, ne prendra aucun risque de laisser frapper notre territoire et certaines cibles stratégiques. De fait, toute provocation est susceptible de se terminer par la destruction de l’avion militaire, ce qui est un motif réel pour déclencher une guerre.
Avant les prochains grands exercices des États-Unis et de l’OTAN, les protecteurs de l’Europe, le vieux monde enflait à vue d’œil de troupes américaines et de matériels militaires. Ces deux derniers jours, on a illico déchargé dans un port européen trois navires de transport, l’Endurance, l’Integrity et le Green Bay.
Ils ont traversé l’océan en transportant les pièces de deux divisions blindées de l’armée américaine. Il reste un quatrième navire chargé de tanks et de véhicules blindés qui est sur le chemin de l’Europe.
Rappelez-vous de l’histoire de l’exercice dans le Nebraska qu’a suivi le chef du Pentagone Mark Espers. Évidemment, cela ne concerne pas une frappe à l’aide de projectiles atomiques de faible puissance sur des cibles russes.
Après le début des actions militaires de grande échelle en Europe, c’est un fait que si les grandes puissances initient une guerre, celle-ci devrait très rapidement se transformer en guerre nucléaire.
C’est quelque chose qui n’a jamais vraiment été plaisant pour les habitants du continent. Mais voilà qu’on a des projectiles de faible puissance. Il s’agit en fait de la tentative des États-Unis de convaincre les Européens. Allons ! N’ayez pas peur. Nous pouvons organiser une guerre nucléaire sans faire de dégâts sur l’écologie et avec peu de victimes parmi les populations civiles et il sera possible, de concert, d’habituer le monde entier à ce qu’un échange de frappes nucléaires est quelque chose de désagréable mais pas mortel, surtout si la puissance des projectiles utilisés se mesure non pas en millions de tonnes équivalents TNT mais seulement en quelque 2 000 tonnes. C’est une logique de fer !
Il n’est possible de vaincre la Russie qu’avec l’arme nucléaire et, maintenant, son emploi ne produira aucune catastrophe. On peut donc faire la guerre. Seulement, la Russie ne partage pas cette vision des projectiles à faible charge nucléaire. 1 kilotonne, 2, 3 kilotonnes ? Cela n’a pas d’importance. Notre réponse sera dévastatrice. À ce propos, l’Europe ne sera pas seule à être atteinte. Il est étonnant que Washington ait déjà oublié les propos de Vladimir Poutine tenus il y a un an : « La Russie sera contrainte de créer, produire et déployer des types d’armements qui peuvent être utilisés non seulement vis-à-vis de territoires d’où proviennent directement les menaces, mais également contre les centres où les décisions se prennent ».
La décision de l’emploi des armes nucléaires se prend à un endroit, au-delà de l’océan. Le fondement de la politique militaire américaine est la sécurité de son propre territoire. Les Américains préparent assurément l’Europe à être de nouveau un champ de batailles. Ils considèrent naïvement, pour une raison inconnue, que s’ils emploient une arme nucléaire de basse intensité en Europe contre la Russie, ils s’en tireront avec un échange de frappes entre la Russie et l’Europe. L’Amérique au-delà de l’océan s’en sortira indemne.
La possession par les Russes d’armes qui atteignent tranquillement l’Amérique du Nord est un facteur très désagréable qui ruine le dessein qu’ont les États-Unis de pouvoir faire la guerre en terres étrangères et, si possible, à travers des mains étrangères, ou plutôt des armées étrangères.*
À savoir que les promesses d’inviolabilité des États-Unis mêmes s’avèrent parfaitement illusoires. Mais les États-Unis se bornent à penser que dans une possible guerre, la terre que l’océan sépare des États-Unis peut être sacrifiée. Encore une fois, on se rappelle de l’histoire des exercices de bombardement nucléaire dans l’État du Nebraska. Le territoire américain ne figure pas dans le scénario des manœuvres. Selon le plan du Pentagone, périr ou s’en sortir dans le chaudron nucléaire ne doit concerner que l’Europe.
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La naissance d’une arme hypersonique russe impossible à intercepter n’a pas seulement démontré au monde la supériorité de la Russie dans les nouvelles technologies de fusées. L’hypersonique russe menace littéralement de dévaster Washington.
Selon une évaluation de la commission budgétaire du Congrès des États-Unis, il faudrait au Pentagone ni plus ni moins 1 trillion 200 milliards de US Dollars ($ 1 200 000 000 000) pour moderniser totalement leurs forces nucléaires stratégiques, ce qui est, pour les dix prochaines années selon toute vraisemblance, l’unique réponse américaine possible à nos Kinjals, Iskanders, Tsyrkons et autres Avangardes, tous rapides comme l’éclair. Ce chiffre du budget nécessaire est déjà en lui-même astronomique. Cela va sans dire qu’au fur et à mesure de la réalisation de ce programme de modernisation, le budget augmentera à plusieurs reprises.
Pendant longtemps les Américains ne se sont pas pressés pour procéder à une telle modernisation. Ils pensaient que les fusées russes seraient bientôt toutes rouillées et tomberaient en poussière. Mais, comme on dit, la partie est terminée.
Leurs propres missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III sont en service depuis déjà 49 ans. Les sous-marins nucléaires stratégiques lanceurs d’engins du type Navaga, 38 ans, alors que les bombardiers stratégiques B-52 datent, eux, de 64 ans et tout cela avec en fond le réarmement rapide de nos forces nucléaires stratégiques avec des systèmes et des complexes de nouvelle génération qui doit être être entièrement complété dans le cadre de l’actuel programme étatique d’armement en 2027 mais qui devrait être complété certainement avant.
L’autre jour, le haut commandant en chef des forces armées unies de l’OTAN, le Général Curtis Scaparrotti, a exprimé l’opinion de l’élite militaire et politique américaine sur ce sujet. Il a déclaré : « Nos forces nucléaires stratégiques se trouvent dans un état critique. La modernisation de la triade nucléaire est vitale pour les États-Unis afin que ne vienne à l’idée chez nos adversaires qu’il leur est possible de nous porter impunément une frappe et de conquérir le leadership ».
Récemment, lors des auditions au Congrès par le Comité aux affaires des forces armées, un autre Général américain a soutenu Scaparrotti, le Directeur du Département de la planification stratégique du Pentagone, Richard Clarke.
Clarke constatait que « Maintenir en service les missiles intercontinentaux Mituteman III (n’était) plus efficace. Les systèmes de guidage et les moteurs des missiles de ce type ont vieilli, sont depuis longtemps utilisés et ont vécu leur siècle. Si ces systèmes commencent à tomber en panne, leur remplacement nécessaire pour maintenir prêts au combat les missiles sera très coûteux.
La variante optimale est la prolongation de la durée de service des Minuteman III jusqu’à ce que soient adoptées des missiles stratégiques de nouvelle génération. Mais cela exige du temps. Nous prévoyons de commencer le réarmement au début des années 2030 et de l’accomplir en 2036 ».
Figurez vous que la Russie aura totalement réarmé toutes ses forces stratégiques nucléaires dans 7 ans alors que Washington planifie de commencer ce processus complexe seulement dans 11 ans. S’il peut et réussit à remplacer les Minuteman avant 2036, les sous-marins stratégiques porteurs de charges de type Navaga ne pourront prendre leur retraite définitive avant 2042. On ne parlera pas ici du délais d’obsolescence des antiques B-52 stratégiques.
En outre, Moscou ne va pas, pendant tout ce temps, rester bras croisés. Il ne nous reste qu’à deviner les nouveaux systèmes stratégiques que vont d’ici-là concocter les scientifiques, les ingénieurs d’étude et les techniciens russes.
Il ressort n’importe comment que le retard des États-unis sur la Russie dans ce secteur ne fera que croître dans les 25 prochaines années, sans parler de nos nouveaux missiles hypersoniques que les Américains ne peuvent intercepter et, plus encore, ne peuvent détecter.
Tous ces Kinjals et ces Tsyrkons, même dotés d’ogives conventionnelles non-nucléaires, ont les caractéristiques se rapprochant, de par leur efficacité au combat, des complexes stratégiques thermonucléaires. Si on y ajoute les missiles de croisière Kalibres et les missiles stratégiques de croisière Kh-101 avec une portée allant jusqu’à 5 500 km, le tableau ne va pas forcément plaire à notre Oncle Sam.
En août de l’année passée, le commandant de la défense aérospatiale des États-Unis, le Général Terrence J. O’Shaughnessy, parlait déjà de cela. Il disait : « Nous devons fondamentalement revoir nos approches de la défense du territoire américain. Auparavant, nous pensions que les océans qui nous entourent et nos pays alliés rendaient notre territoire hors d’atteinte au Nord et au Sud pour les types d’armes conventionnels, mais tout change. Maintenant, nous avons des adversaires qui sont effectivement capables d’atteindre notre territoire ».
Six mois après, O’Shaughnessy précisait quel était l’adversaire qui l’inquiétait le plus.« Le peuple Américain doit faire face à de nouvelles épreuves. Il suffit de rappeler les nombreuses déclarations agressives et les actions provocatrices de la Russie. Nous n’avons pas été confrontés à une telle augmentation systématique et ciblée des menaces depuis les temps de la Guerre Froide alors en fièvre. Il nous faut nous poser une question : nos effort sont-ils suffisants dans les conditions actuelles qui changent rapidement ?
Les missiles nucléaires intercontinentaux russes nous menacent depuis plus de 50 ans, mais aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire, Moscou a des missiles capables, avec des charges conventionnelles, de frapper en profondeur le territoire américain.
Ces possibilités conventionnelles croissantes de la Russie donnent à Moscou tout une série d’opportunités qu’elle ne pouvait avoir auparavant pour conclure pratiquement tout conflit à son avantage. C’est précisément la menace la plus sérieuse à laquelle il nous faut nous confronter aujourd’hui. Si nous voulons préserver nos capacités de défense, nous devons rapidement investir pour cela ».
À ce propos, le Pentagone peut investir autant d’argent qu’il le souhaite dans son programme de réarmement, il ne pourra pas, de toutes les façons, rattraper la Russie au moins pendant 15 ans, voire plus.
Le chef du commandement des forces armées des États-Unis, le Général John Hyten, s’exprime : « C’est déplorable, – prévient-il, mais la Russie met au point des missiles hypersoniques. Nous n’avons aucune défense qui pourrait empêcher l’emploi de ces armes contre nous. Aujourd’hui, nous pouvons répondre à ce défi lancé par les Russes seulement avec notre potentiel nucléaire balistique. Ce sont précisément les possibilités militaires de la triade nucléaire américaine qui nous permettent de réagir adéquatement à toute menace. Mais les éléments de notre triade prennent de l’âge.
Il en va autrement des missiles russes.
Lorsqu’ils ont installé leurs missiles de croisière en Syrie, étrangement, nous n’avons pas réagi à l’installation là-bas de cet élément de l’armement nucléaire russe. Nous n’avons rien entrepris en retour.
C’est pourquoi le programme de modernisation de nos forces nucléaires stratégiques est la condition sine qua non pour protéger notre nation du potentiel croissant de la Russie qui représente la plus grande menace pour les États-Unis ».
On ne sait pas de quels missiles de croisière nucléaires russes le Général Hyten veut parler mais ce n ‘est pas grave. Comme on dit, « la peur accroît notre vue ». Cependant, le sens important des propos tenus est parfaitement clair. L’Amérique a pris désespérément du retard sur la Russie en matière de missiles à fort potentiel, que ce soit dans le domaine des systèmes nucléaires stratégiques traditionnels comme des nouveaux missiles hypersoniques qui, s’ils peuvent porter des charges nucléaires, n’en cèdent néanmoins en rien, même avec une charge conventionnelle, à l’efficacité d’une bombe atomique.
Que peut faire Washington contre cela ?
Washington semble ne pas en avoir la moindre idée, c’est pourquoi il tente de dissimuler sa consternation par de la propagande bon marché comme le fait l’actuel Secrétaire d’État Mike Pompeo qui, lors d’une émission sur CNN, déclarait la bouche en cœur : « Les propos de Poutine sur les nouveaux missiles russes ne sont qu’une menace totalement infondée. La frime de Poutine, c’est du baratin pour convaincre le monde de ce qu’il nomme ses « nouvelles potentialités ». Mais nous allons trouver le moyen d’obliger la Russie à admettre notre leadership ».
Le chef actuel du Pentagone, Patrick Shanahan, s’efforce de reprendre et fredonner les propos de Pompeo mais il lui faut tout de même être en bon terme avec la réalité. C’est pour cela que les choses ne sont pas si simples. En particulier, à une audition au Congrès, Shanahan a déclaré : « Malgré des difficultés financières et un faible volume de l’économie russe inférieur à celui de notre État du Texas, Moscou aspire de nouveau au statut de grande puissance quand bien même elle n’en a pas la capacité. La Russie tente de jouer victorieusement ses petites cartes stratégiques et modernise avec vigueur ses forces armées ».
Après cela, il dut tout de même admettre entre ses dents, sans enthousiasme, l’évidence. « En mars 2018, le Président de la Russie Vladimir Poutine a annoncé la mise au point de 6 nouveaux systèmes d’armes stratégiques, dont 5 capables de porter des charges nucléaires. Ces systèmes comprennent notamment des missiles hypersoniques capables de manœuvrer à une vitesse 10 fois supérieure à la vitesse du son et traversent sans encombre les moyens américains de défense anti-aérienne. Un de ces systèmes hypersoniques sera mis en service cette année ».
Voilà, Shanahan a admis à demi-mot la grandeur de la Russie devant les États-Unis d’Amérique.
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Pour la petite histoire, pensez-vous que tous les Européens, y compris les Français, sont prêts et veulent faire la guerre contre la Russie ?
Mais pourquoi, au juste, faire la guerre contre la Russie ? Parce que Poutine est méchant avec nous ? Parce que nous avons les moyens de dilapider notre argent aujourd’hui très virtuel ? Parce que nous voulons continuer d’essayer d’imposer maladivement au monde une puissance révolue ?
Plus encore, pouvons-nous continuer au début du XXIème siècle, à nous imposer à l’Autre et à tuer ou sanctionner l’Autre pour peu qu’il ne soit pas totalement conforme à nos jolis « plans » ? Le moment n’est-il pas venu, notamment avec les moyens de connaissance et de savoir dont on peut aujourd’hui facilement disposer, de faire en sorte que notre politique étrangère corresponde à nos souhaits les plus profonds, en espérant que ces souhaits reviennent à vouloir vivre en paix et à construire avec le monde, non pas notre monde ?
Encore une guerre en Europe ? Après les désagréments de Napoléon à Moscou ? Après la libération de l’Europe à Berlin par les troupes soviétiques ? Prendre encore une énorme patate dans le nez alors que ce que l’on nomme adversaire tente de construire avec nous le dialogue depuis au moins 1999 ? Les têtes dites « pensantes » de nos décideurs politiques ne sont pas en bonne santé.
Oui, l’Union Européenne actuelle pose problème. Elle a été travaillée depuis ses débuts pour être possédée par des clans occidentaux, le plus souvent anglo-saxons, et continue de l’être, d’abord contre l’Union Soviétique communiste et maintenant contre la Russie capitaliste. L’armée de l’Union Européenne est l’Otan, à savoir les États-Unis. Une guerre contre la Russie peut être déclenchée par nos technocrates européens parfaitement formatés. Peut-on faire dépendre de ces clans malsains notre propre vie, celle de nos parents, celle de nos enfants comme celle de l’Autre qui cherche à dialoguer avec nous depuis déjà tant de temps ?
Le COVID-19 ressemble un peu à une mauvaise piqûre de moustique à côté du développement des relations internationales que veulent conduire nos amis anglo-saxons et autres Macrons peu cérébrés en la matière. Il est vrai qu’une grave crise économique pourrait aider à faire accepter la mort aux peuples européens. Ce ne serait pas la première fois. Mourir de fin ou d’autre chose, après tout.
A l’heure où j’écris ce texte, il serait étonnant que les Russes n’aient pas déjà ciblés des objectifs concrets occidentaux majeurs, sans compter leur capacité de défense anti-aérienne faisant de nombreux jaloux. On peut même imaginer qu’en cas de guerre, les bases américaines à l’étranger et sur le sol yankee soient pulvérisées en quelques semaines, voire quelques heures. Je ne parle pas ici de l’Europe qui peut encore réfléchir. Le plus rapidement sera le mieux pour tout le monde.
On considère encore aujourd’hui la politique internationale, ou étrangère, comme un pré-carré des pouvoirs en place, que le peuple ne pourrait aborder ou évoquer. Seul le gouvernement doit gérer la politique étrangère et peut jouer avec nos vies. Rien de tel en matière de droit, rien de tel dans la constitution. En cas de guerre, l’État est là pour protéger le territoire national et les citoyens français, voilà tout.
Rappelons-nous de l’adhésion de la France au Traité européen de Lisbonne alors qu’un réferendum en 2005 l’avait refusé.
Cela ne nous dérange-t-il pas d’être gouverné par des personnes qui veulent s’enorgueillir de vouloir bombarder Damas en Syrie ? Peut-on réellement être fier d’un Président qui veut rester intransigeant face à une Russie menaçante ?
L’éducation de la société pourrait être une solution à une participation citoyenne à la gestion des affaires internationales. Au regard de l’information bombardée par nos grands médias et des programmes scolaires et universitaires « efficaces » promus aujourd’hui et se devant de réécrire l’histoire – dixit Bruxelles, le travail reste à faire.
La France ne peut plus suivre béatement les clans principalement anglo-saxons passionnés d’un monde globalisé où l’homme se doit d’être contenté, peu importe son histoire, peu importe sa pensée, peu importe ses espoirs et ses projets. Nous valons certainement plus qu’un dénominateur commun se résumant à la consommation.
La France ne peut plus suivre la morbide Union Européenne actuelle, quitte à ce qu’elle propose la fondation d’un espace européen de dialogue politique tourné vers l’harmonisation des relations internationales. La Chine, la Russie et bien d’autres pays encore ne seraient que preneurs. Continuer sur les pas de Charlemagne à avancer au monde sa propre religion avec l’épée, avec tous les résultats qu’on a connus jusqu’aujourd’hui, revient à être un peu têtu, ne trouvez-vous pas ?
Des organisations existent aujourd’hui, des sites internet diffusent des informations pouvant être intéressantes en matière de relations internationales. Mais toutes ces sources ne modifient guère en fin de compte le paysage politique. La culture anglo-saxonne dite « libérale », individualiste, n’est pas pour rien dans ce paysage très disparate alors qu’influencer certains point de la politique internationale menée par nos gouvernants exigerait une fédération des pensées et des moyens. On pourrait alors parler, pourquoi pas, d’un RIC – politique internationale.
Le changement de paradigme, de fait nécessaire aujourd’hui, de plus en plus prôné, se heurte à ce que nous cherchions dans la majorité des cas à vouloir trouver des solutions à nos problèmes grâce à des outils qui nous sont extérieurs, des techniques, des slogans, alors qu’un véritable changement ne viendra que par le dialogue et un travail intérieur. Peut-être n’avons-nous plus le temps d’attendre pour commencer à agir dans ce sens. Ce sera de toutes les façons un travail de long terme devant se fonder sur le processus, la conscience, et non le résultat. Si cela peut nous permettre d’éviter de créer, comme à l’accoutumé, des guerres.
Oui, nous serions alors amenés à lâcher du lest dans nos relations du « désordre atlantique ». Est-ce si grave ? Faut-il attendre que cet ordre comprenne qu’à l’échelle de l’histoire, il n’est que temporaire et ethnocentrique ?
Je serais particulièrement ravi de réactions par rapport à cette idée de construction d’une « entité plurielle fédératrice » qui conseillerait, informerait et formerait dans le domaine des relations internationales. Vous l’aurez compris, cela ne va pas dans le sens d’une globalisation ou d’un mondialisme dictatorial, n’en déplaise à ses lobbyistes, ni dans le sens de rentabiliser les heures de travail coûte que coûte. La matière est plus complexe que la comptabilité.
D’après moi, il serait très regrettable d’attendre de se manger quelques Iskanders, quelques Poséïdons ou autres Sarmates, pour commencer à réaliser ce que le monde et reste.
Qu’en pensez-vous ?
Avec tout mon respect.
Marc Barnovi
traducteur littéraire du russe au français. Spécialiste des relations internationales, de la Russie-Eurasie. Vit a cheval sur la France et la Russie depuis 25 ans
illustration : Un B-52 en action héroïque et consciencieuse pour un monde libre
envoyé par Bertrand Hedouin
Source: Lire l'article complet de Réseau International