La crise de la COVID-19 aux États-Unis: Combien d’autres personnes innocentes doivent mourir?

La crise de la COVID-19 aux États-Unis: Combien d’autres personnes innocentes doivent mourir?

La COVID-19 balaie le territoire étasunien en laissant derrière lui des montagnes de cadavres. C’est tout simplement incroyable. Bientôt, des millions de personnes pourraient être infligée. Dieu sait combien de vies seront encore sacrifiées. Ce qui est effrayant, c’est l’assouplissement désordonné de l’isolement et de la distanciation sociale dans de nombreux États, ce qui ne manquera pas d’entraîner une nouvelle vague de personnes infectées et de décès. Les États-Unis sont le pays le plus riche du monde. En 2019, leur PIB était de 21,4 billions de dollars ; son PIB par habitant était de 65 000 dollars. Militairement, c’est le pays le plus puissant du monde et de l’histoire de l’humanité. Il est donc normal que le monde s’attende à ce que Washington montre comment combattre l’ennemi global, la COVID-19. Le monde est déçu. Il est inquiet. Mais il espère voir les Étasuniens vaincre le virus, avec dignité, en tant que citoyens de la nation la plus puissante dans le monde.

Ce document soutient que les facteurs suivants sont responsables pour les performances moins qu’adéquates de Washington : le mépris envers la Chine, l’héritage contre-productif du néo-libéralisme et la compétence douteuse du leadership de Washington.

Pour conclure, j’ajouterai quelques mots sur les messages possibles de la COVID-19 à la société étasunienne.

Le mépris envers la Chine

Depuis que Trump a pris le pouvoir à Washington en 2016, la Chine est considérée comme une menace sérieuse pour la domination mondiale de Washington. Washington a déployé tous les moyens possibles pour discréditer le régime chinois, déstabiliser l’économie chinoise et isoler la Chine de la prise de décision internationale.

Aux yeux de M. Trump, le dénigrement de la Chine a un rôle très utile à jouer dans la dynamique de la crise de la COVID-19. Les États-Unis peuvent faire de la Chine le bouc émissaire, en générant un sentiment anti-chinois et en attribuant la mauvaise politique anti-virus de Washington à la Chine.

Le dénigrement de la Chine peut être un bon outil pour dissimuler l’échec de la politique étasunienne. Le dénigrement de la Chine a pris deux formes. Premièrement, Washington affirme que la propagation du virus aux États-Unis est due au manque de coopération de la Chine dans le partage d’informations sur le virus. Nous devons nous rappeler que c’est le 31 décembre 2019 que la COVID-19- le virus- a fait irruption dans la ville de Wuhan.

  • Le 3 janvier 2020, le Dr Robert Redfield, directeur du CDC américain
    (Centers for Disease Control and Prevention) avait connaissance des cas de pneumonie dans la ville de Wuhan.
  • Le 4 janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé sur les médias sociaux les cas du virus.
  • Le 6 janvier, le Centre national chinois de contrôle des maladies et de la prévention a déclaré une urgence de niveau 2.
  • Le 7 janvier, Xi Jinping a reconnu le danger du virus.
  • Le 8 janvier, le CDC américain a publié une déclaration mettant en garde contre la maladie.

En attendant, la question urgente était de savoir si le virus entraînait une maladie possible d’être transmise par contact humain. En fait, en raison de cette question, l’adoption des mesures adéquates a été retardé.

Cela est compréhensible, car les Chinois ne connaissaient pas la nature du virus jamais vu auparavant ; il aurait pu venir de l’extérieur de la Chine.

Finalement, le 28 janvier, on a découvert que le virus pouvait être transmis de personne à personne.

Les États-Unis étaient bien informés sur le virus, directement ou par l’intermédiaire de l’OMS. La Maison Blanche a créé un groupe de travail sur le coronavirus le 29 janvier sous la direction d’Alex Azar, secrétaire du HHS (Département de la santé et des services sociaux).

Le 30 janvier, l’OMS a déclaré l’urgence de santé publique de préoccupation internationale (PHEIC).  Le 31 janvier, le HHS étasuniens a déclaré l’urgence de santé publique.

La séquence de ces événements montre que la Chine a rapidement fourni les informations sur le coronavirus. Les États-Unis auraient pu prendre plus d’actions proactives basées sur ces informations. C’est ce qu’affirment les États-Unis.

Si la Chine avait fourni plus rapidement les informations concernant le coronavirus, ils auraient pu empêcher la pandémie. Mais, dans une situation où la Chine est confrontée à une maladie mystérieuse, il était peut-être normal qu’il ait fallu un certain temps pour mieux la comprendre.

En fait, M. Trump était très satisfait de la coopération de la Chine. Le 24 janvier, M. Trump a déclaré ceci :

« La Chine a travaillé dur pour contrôler le coronavirus. Les États-Unis apprécient leurs efforts et leur transparence. Tout cela fonctionnera bien. Au nom du peuple étasunien, je tiens en particulier à remercier le président Xi Jinping ».

Ainsi, les États-Unis étaient bien conscients du danger du coronavirus. Et, ils ont eu amplement le temps de se préparer à l’attaque du virus. Mais, pendant deux mois, les États-Unis et d’autres pays d’Europe n’ont pas été pro-actifs assez tôt. Ils auraient pu prévenir l’infection d’un grand nombre de citoyens.

On ne sait pas très bien pourquoi ces pays n’ont pas réagi plus tôt. Ils auraient pu penser que le virus serait confiné en Asie ou ils auraient pu avoir une confiance excessive dans la capacité de leurs systèmes de santé publics pour faire face à la crise.

M. Trump affirme qu’il ne peut pas faire confiance aux données statistiques chinoises sur le nombre de personnes infectées et de décès. Le nombre de personnes infectées et de décès semblent  peu nombreux, compte tenu de la population de la Chine. Mais il n’y a aucun moyen de savoir si les données sont fiables.

On peut aussi s’interroger sur la fiabilité des données américaines; nous avons des raisons de supposer que le nombre de décès aux États-Unis est très sous-estimé.

On peut se demander comment la mauvaise qualité des données chinoises sur le nombre de personnes infectées et de décès peuvent empêcher Washington de prendre une approche anti-virus plus efficace.

Deuxièmement, M. Trump a essayé de dire au monde que le coronavirus était originaire de Chine. Mike Pompeo, secrétaire d’État américain répète l’expression « virus de Wuhan », tandis que Trump semble adorer l’expression « virus chinois ». Les États-Unis prétendent que le virus est originaire de Chine.

Trump affirme, sans preuve, que le virus provient d’un laboratoire proche de la ville de Wuhan. L’argument de Trump et de Pompeo implique que le virus a été conçu ou fabriqué par l’homme. Mais les services de renseignement étasuniens et les scientifiques, dont le Dr Anthony Fauci, directeur du CDC, nient l’argument Trump- Pompeo.

D’importants documents ont été publiés par divers auteurs, dont des scientifiques asiatiques, par le Centre de recherche sur la mondialisation prétendant que le virus aurait pu être amené en Chine des États-Unis. Ce qui est important de souligner, ici, c’est que l’argument de Washington que le virus soit originaire de la ville de Wuhan ne peut être prouvé. S’il y a des preuves, il est temps de les mettre en évidence.

Bien sûr, il est important d’identifier l’origine du virus. Mais, nous devrions laisser aux scientifiques le soin d’identifier cette origine. Les politiciens ne devraient pas intervenir dans le débat. Avant tout, ils ne doivent pas utiliser le débat à des fins politiques. Le dénigrement de la Chine a un effet néfaste sur la guerre contre le virus.

Si les décideurs politiques à Washington peuvent essayer d’attribuer leur échec à la Chine, cela compromettra certainement l’efficacité de la lutte anti-virus.

Le dénigrement de la Chine suscite déjà, en Chine, un sentiment anti-Trump ; ce qui entraverait certainement les efforts concertés de Washington et de Pékin pour combattre le virus. Les États-Unis ont besoin de la Chine autant que la Chine a besoin des États-Unis pour l’information, la recherche scientifique et la production d’équipement.

Nous sommes confrontés à l’ennemi commun de l’humanité ; toutes les nations devraient s’unir pour combattre le virus. Sans l’étroite collaboration des deux nations les plus puissantes, il sera difficile de gagner la présente guerre anti-virus, sans parler de la possibilité de futures guerres contre un virus.

Il existe un autre danger de dénigrement de la Chine, qui génère des sentiments anti-chinois et mène à la la discrimination raciale anti-asiatique, ce qui nuit certainement aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre le virus.

En fait, à San Francisco, en l’espace de deux semaines, en avril, il y a eu 141 incidents marqués par la  discrimination raciale contre des Asiatiques. Cette discrimination se déroule dans les grandes villes du monde entier. C’est vraiment dommage, car il est temps de mettre en place une coopération unifiée de chaque étasunien.

Le néo-libéralisme et la COVID-19

Le néo-libéralisme est l’un des facteurs qui rendent la guerre anti-virus exceptionnellement difficile à gagner.

L’impact négatif du néo-libéralisme est la privatisation du système de santé public d’une part, et d’autre part, la création de l’immense armée de personnes à faibles revenus aliénées qui ont de la difficulté à participer à la lutte anti-virus et qui sont les cibles les plus vulnérables de l’infection virale.

Aux États-Unis, le néo-libéralisme est l’évangile de la privatisation des établissements du secteur public. Le credo sous-jacent est l’efficacité supérieure des entreprises privées par rapport aux entreprises publiques. Il faut ainsi définir l’efficacité comme telle.

Dans le contexte du néo-libéralisme, c’est le profit. Mais, la valeur des biens publics n’est pas le profit ; c’est la valeur du bien-être des personnes ; c’est la valeur du bien-être par dollar dépensé.

Le problème est qu’une fois que les biens publics sont privatisés, ils ne sont plus des biens publics à long terme ; ils ne se soucient pas du bien-être des gens.

L’un des biens public les plus important dans tous les pays est la santé publique.

Aux États-Unis, tout est privatisé ; même la prison est privatisée.

Le plus effrayant est le fait que le système de services médicaux est privatisé ; il n’y a pas de système de santé publique. Plus de 30 millions d’étasuniens n’ont pas d’assurance médicale. Aux États-Unis, chaque service médical est motivé par le profit. Les États-Unis ont le déshonneur d’être la nation pour laquelle le service médical est le plus cher des pays développés.

Le nombre d’Étasuniens n’ayant pas d’assurance maladie est passé de 10,9 % en 2016 à 13,7 % en 2018. Ceux qui ont une assurance maladie doivent payer un « co-paiement » et une lourde « déduction » de plus de 3 300 dollars par an en moyenne.

L’absence d’un système de santé publique signifie une pénurie chronique d’hôpitaux, de personnel médical et d’équipements médicaux. Par exemple, il y a 30 hôpitaux de moins par année;  il existe moins de 45 000 unités de soins intensifs (USI), alors que 2,9 millions sont nécessaires.

Seuls 160 000 ventilateurs sont disponibles en plus des stocks du gouvernement de 8 900. Mais, les États-Unis en ont besoin de millions pour faire face à la crise du coronavirus. La situation s’est un peu améliorée ces derniers temps.

Toutefois, il est vrai qu’un autre credo du néo-libéralisme est une croissance économique tirée par les exportations de des biens et des services. Pour exporter des biens, il faut faire des bénéfices. Pour faire le profit, il faut réduire le coût de production. Pour réduire le coût de production, il faut utiliser des technologies de pointe et réduire les coûts de main-d’œuvre. Pour économiser davantage sur le coût du travail, il faut développer la valeur globale et exploiter la main-d’œuvre et les matières premières de bon marché des pays en développement.

L’utilisation de la haute technologie crée du chômage ou du sous-emploiement. L’utilisation de la chaîne de valeur mondiale permet aux grandes multinationales de faire d’énormes profits, mais la délocalisation de la fabrication entraîne une diminution des emplois dans les pays développés.

En résumé, un des défauts du néo-libéralisme est la création de l’énorme armée de sans emploi et quasi-sans emploi. Le résultat final du néo-libéralisme est l’écart croissant entre les revenus. L’indice populaire de l’inégalité de la distribution des revenus est le coefficient Gini. Plus le coefficient de Gini est élevé, plus l’écart de revenu en faveur de la tranche de revenu supérieure est important. Le coefficient de Gini varie de zéro à 100.

Le Gini actuel des États-Unis est de 50, ce qui correspond au niveau du Gini des pays en développement. C’est tout simplement incroyable !

N’oubliez pas que les États-Unis est le pays le plus riche du monde, et pourtant il est aussi pauvre qu’un pays en développement en ce qui concerne le Gini.

En 2018, 1 % de la classe de revenu supérieure possédait 70 % du patrimoine des ménages.

Les 50 % d’Américains les plus pauvres n’ont pas vu leurs revenus augmenter depuis trente ans. Le salaire minimum reste fixé à $7,25.

L’inégalité de la répartition des revenus, combinée à l’absence d’un système de santé publique rend la lutte contre le coronavirus terriblement difficile.

Comme nous l’avons vu plus haut, tout est en grave pénurie. Il n’y a pas suffisamment d’hôpitaux, sans parler des unités de soins intensifs (USI) ; le nombre d’infirmières et de toutes les autres ressources humaines liées aux soins de santé sont en grande pénurie.

Les gouvernements des États et les villes demandent l’aide de Washington en vain. Les gouvernements des États, les administrations municipales et les hôpitaux doivent y avoir accès, sans l’aide de Washington, à des masques, des ventilateurs, des gants, des robes et autres équipements.

Même si tous ces équipements sont disponibles, un grand nombre d’Étasuniens sont au chômage et sans économies et ne peuvent donc pas avoir de tests ou d’évaluation et ne peuvent donc pas procéder à l’isolement ou la distanciation sociale. Étant pauvre, se faire dépister coûte cher; vivre dans un logement surpeuplé rend la distanciation sociale difficile ; n’ayant pas d’économies ils doivent aller travailler, la quarantaine n’est pas facile.

La direction de Washington

Les médias mondiaux semblent suggérer à juste titre que la lutte de l’administration contre la COVID-19 n’a pas été très fructueuse, car Trump n’a pas su démontrer les compétences suivantes :

  • Le respect à la science et aux professionnels de la médecine et de la santé publique ;
  • L’approche apolitique du problème, la transparence dans le traitement des données et la facilité de communication entre le gouvernement et la population ;
  • La capacité à coordonner les efforts sectoriels et régionaux de la lutte contre le virus ;
  • La capacité à mobiliser les citoyens pour participer à la lutte contre le virus.

Respect de la science et des professionnels de la médecine et de la santé publique

L’une des principales caractéristiques du briefing quotidien de la Maison Blanche est le manque de respect du président Trump vis-à-vis les conseils de la science médicale et des experts de la santé publique ; il exprime souvent ses opinions personnelles sans un apport scientifique ou professionnel.

Cette attitude aurait pu retarder tout le processus de la guerre contre les virus. Dès janvier-février 2020, Trump a été averti six fois (8, 25, 30 janvier et 21, 23 et 25 février) par ses proches conseillers sur la propagation de la COVID-19. Cependant, M. Trump n’a pas pris cet avis au sérieux pour certaines raisons. Il aurait déclaré que les experts lui avaient dit que le virus ne toucherait pas les États-Unis. On se demande sur quel terrain ses conseillers l’aurait conseillé.

Finalement, le 13 mars, M. Trump a déclaré l’état d’urgence nationale et a timidement commencé à « ré-agir » et non à « agir pour ». En d’autres termes, Trump a perdu un mois entier avant de réagir. Personne ne sait combien de personnes aux États-Unis étaient déjà infectées.

Dans la littérature sur les maladies épidémiques, il y a le coefficient R0 (reproduction) qui est le multiplicateur de la propagation du virus. Si le coefficient de trois jours R0 est 3, cela signifie que le nombre à triplée tous les trois jours. Le premier jour, il y a une personne infectées. Le troisième jour, il y aura 3 personnes infectées ; le sixième jour, 9 personnes ; le neuvième jour, 27 personnes ; le douzième jour, il y aura 81 personnes infectées. Si nous avons 100 personnes infectées le premier jour, dans 12 jours, nous aurons 8 100 personnes infectées. Ainsi, R0 est un indicateur très important de l’étendue de la propagation du virus. Par exemple, si R0 est de 5,7, pas moins de 82 % de la population doit être vaccinée. On estime que le multiplicateur pour la COVID-19 est d’environ 3. Il n’y a aucun doute qu’un très grand nombre de personnes aux États-Unis pourraient avoir été infectées en raison de la réaction retardée de l’administration fédérale.

La politisation de la guerre contre le virus

Une chose qu’un dirigeant national ne devrait pas faire, pendant l’urgence de la pandémie est la tentation de trouver un équilibre entre les différentes intérêts. Les grandes entreprises pourraient vouloir retarder la mise en place de la structure de l’entreprise en raison de la crainte de perdre des bénéfices à cause du verrouillage. Trump pourrait vouloir maximiser ses apparitions publiques à la télévision afin de gagner l’élection présidentielle. Les chefs religieux peuvent demander à Trump de laisser l’église ouverte pendant la crise pour des raisons religieuses et financières.

La recherche d’un équilibre entre ces différents intérêts est la meilleure façon d’accélérer la propagation du virus. Dans la lutte contre le virus chaque minute compte. Dans la guerre anti-virus, sauver des vies devrait être la première priorité nationale. Il est compréhensible que le gouvernement souhaite assouplir les mesures d’immobilisation et de distanciation sociale pour redresser l’économie en déclin et aider le nombre de chômeurs qui a augmenté en flèche. Mais, le timing est important. S’il est trop tôt, il y aura une autre vague d’attaque du virus. D’autre part, s’il est trop tard, l’économie sera détruite davantage.

Chaque pays doit choisir le moment et l’ampleur de l’assouplissement en fonction du coût acceptable pour la population. Toutefois, la priorité devrait être de sauver des vies, car les vies perdues ne peuvent pas être restaurées, alors que l’économie brisée peut être récupérée.

Une autre image désagréable du briefing est l’attitude arrogante de Trump envers les journalistes. Il demanderait aux journalistes de faire l’éloge de ses actes avant de poser des questions ; cela est sûrement motivé par des raisons politiques. Lorsque les journalistes demandent des données ou des preuves de ses affirmations, il montre même de l’hostilité envers ces derniers. Il n’est pas transparent, il se contredit souvent.

– Mauvaise coordination des efforts de guerre contre les virus

Les États-Unis comptent cinquante États et un certain nombre de villes métropolitaines. Le coronavirus ignore les frontières de délimitation des États ; il aime voyager d’un endroit à l’autre. Par conséquent, la seule façon de vaincre le virus, c’est d’avoir une approche unifiée de tous les États et de toutes les villes. Nous avons donc besoin d’une autorité centrale unique qui devrait coordonner les efforts des États et des villes en matière de lutte contre le virus. Cette autorité est le gouvernement fédéral.

Le gouvernement fédéral doit coordonner l’ensemble du processus de lutte contre le virus, de l’identification des personnes infectées jusqu’au stade de guérison des victimes. L’accès aux équipements médicaux peut varier d’un État à l’autre et de ville en ville, en fonction de la capacité financière de chaque État et de chaque ville d’une part, et d’autre part, les conditions dans lesquelles le virus se propage. Malheureusement, il n’y a pas de véritable coordination entre les gouvernements.

A l’heure actuelle, il n’y a pas de véritable coordination dans la distribution des tests, dans les règles quant au confinement, dans l’hospitalisation et dans la guérison des personnes infectées, dans la production et la distribution d’équipement.

Ce qui est alarmant, c’est ceci. En l’absence d’une politique unifiée, dans certains des États membres, les clubs de golf restent ouverts. Dans certains autres États, il n’y a pas de distanciation ou de verrouillage social efficace. La coordination du gouvernement fédéral est si mauvaise que le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo propose la création d’une coordination interétatique pour la lutte anti-virus pour la région du Nord-Est. Tout comme le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, pour la région du sud-ouest. Mais, ils ont encore besoin de la coordination fédérale et des efforts de coordination interétatique.

-La participation volontaire des citoyens à la lutte contre le virus

L’une des qualités du leader national en temps de crise est la mobilisation de la population pour les efforts unifiés de gestion de la crise ; c’est la condition nécessaire au succès de la lutte. Pour vaincre le virus, les gens doivent être unis. Mais, les États-Unis sont peut-être l’un des pays les plus divisés du monde.

La culture américaine est essentiellement basée sur la compétition dans tous les domaines de l’activité humaine. C’est un pays où les forts règnent sur les faibles, où les riches sont indifférents aux pauvres et où la couleur de la peau détermine la hiérarchie. Dans cette situation, la marginalisation et l’aliénation des gens deviennent un problème social difficile.

Ce qui est triste, c’est que sous le néo-libéralisme, les groupes marginaux sont devenus plus marginaux ; les personnes aliénées sont devenues encore plus aliénées. Dans ces conditions, il est très difficile de s’attendre à voir la coopération unifiée des populations pour la lutte contre le virus. En effet, il y a des signes que la population ne respecte pas les lignes directrices émises par le gouvernement fédéral. Il est tout simplement incroyable de voir que tant de gens se moquent de l’instruction du gouvernement sur la quarantaine et la distanciation sociale. Dans certains États, des foules lourdement armées protestent contre l’instruction du gouvernement sur l’auto-quarantaine et la distanciation sociale. Cela montre à quel point les gens ont très peu confiance en leur gouvernement.

Les leçons de la crise du coronavirus pour la société étasunienne

Une chose est sûre, c’est que pour toutes ces raisons, il sera difficile d’empêcher la propagation du virus aux États-Unis. Néanmoins un jour, elle sera terminée.

Mais quelle leçon pouvons-nous tirer de l’expérience de la crise du coronavirus ? S’il y a une leçon à tirer de cette crise, c’est bien le besoin criant des investissements importants pour la sécurité des personnes. L’Amérique a investi fortement pour la sécurité militaire et la suprématie mondiale. Malheureusement, cette politique a entraîné la négligence d’autres types de sécurité, à savoir la sécurité des revenus, la sécurité physique et la sécurité de la santé publique.

La sécurité des revenus aux États-Unis est en mauvaise, voire en très mauvaise condition. Comme nous l’avons vu plus haut, les États-Unis souffrent de distribution de revenus injustes. L’absence de sécurité des revenus pour la population n’est pas seulement injuste, mais elle pourrait aussi conduire à une stagnation économique de plusieurs décennies, car c’est ce qui s’est passé au Japon.

Un autre phénomène terrible en Amérique est le manque de sécurité physique et de sécurité psychologique. En fait, la société américaine est la plus dangereuse parmi les pays développés. Le nombre de meurtres de masse est de 415 par an, soit 1,13 par jour. En 2019, pas moins de 39 052 ont été tués par la violence armée ; le nombre d’armes par habitant est de 1,25. La préparation de la sécurité sanitaire publique aux États-Unis est urgente, car la prochaine pandémie mondiale ne manquera pas d’arriver.

En ce qui concerne la santé publique, les Étasuniens devraient se libérer de la religion du néo-libéralisme qui a détruit ce secteur. Ces trois types de sécurité sont quelque chose que même un pays pauvre s’efforce d’assurer. Mais, il est tout simplement incroyable que dans un pays où le PIB par habitant est de 65 000 dollars, ce soit difficile à fournir. Donc, on se demande pourquoi ?

La triste réponse c’est les investissements massifs dans les muscles militaires. Le budget annuel de la défense nationale s’élève à plus de 738 milliards de dollars en 2020 contre seulement 260 milliards de dollars en Chine. Pas moins des trois quarts du « budget discrétionnaire » est destiné à l’armée.

Washington justifie de lourds investissements militaires et des dizaines de guerres menées depuis la Seconde Guerre mondiale au nom de la sécurité de la défense nationale. Mais ces guerres sont-elles nécessaires ? Les guerres sont justifiées s’il y a des ennemis qui menacent les États-Unis. Y a-t-il un pays qui peut constituer une menace réelle pour les États-Unis ?

Même la Chine ne peut être une menace militaire, car elle ne veut pas la guerre avec les États-Unis ; son PIB se rapproche de celui des USA, mais, en ce qui concerne le PIB par habitant, il s’agit toujours d’un pays à revenu intermédiaire. La Chine souhaite vivre dans un ordre mondial pacifique.

On espère qu’une fois cette crise du virus terminée, les Étasuniens pourront persuader leur gouvernement de réduire les dépenses militaires et investir massivement pour assurer la sécurité des revenus, la sécurité physique et la sécurité de la santé publique.

L’histoire nous montre que les grands changements dans la société ne se font pas seulement par les  politiciens en raison de leurs liens politiques et intérêts financiers ; seuls les gens ordinaires peuvent le faire avec l’aide d’un réel leader. Nous l’avons vu en Corée du Sud.

Pr Joseph H. Chung

Article original en anglais :

The COVID-19 Crisis in the U.S.: How Many More Innocent People Have to Die?

Traduit par Maya pour Mondialisation

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Le professeur Joseph H. Chung est professeur d’économie et co-directeur de l’ Observatoire de l’Asie de l’Est (OAE) du Centre d’Études sur l’Intégration et la mondialisation (CEIM), Université du Québec à Montréal (UQAM).  Il est associé de recherche du Centre de Recherche sur la mondialisation (CRG)


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À propos de l'auteur Mondialisation.ca

Mondialisation.ca est devenu une importante source d'information sur les grands thèmes d'actualité tels que les enjeux de « la guerre au terrorisme » lancée par les États-Unis ainsi que les guerres au Moyen-Orient. Depuis 2005, Mondialisation.ca a publié de nombreux articles d'analyse et des nouvelles qui sont peu couvertes par les grands médias.

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