Source: Macleans
Auteurs: Nick Taylor-Vaisey et Jason Markusoff
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Huawei, un géant mondial des télécommunications ayant des liens étroits avec l’État chinois. […] En plus d’être qualifiée de menace pour la sécurité nationale par les chefs d’espionnage occidentaux, la société fait l’objet d’une enquête aux États-Unis depuis des années.
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À l’automne 2018, le chef des espions du Canada, s’exprimant lors d’un atelier international sur la cybersécurité à Ottawa, a fait une déclaration surprenante. David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, a déclaré à l’auditoire que l’ambition de la Chine en matière de cyberespionnage était la plus grande menace pour les démocraties occidentales. Le National Post a déterré des exemplaires de son discours, qui avertissait spécifiquement que les investissements étrangers de la Chine dans les réseaux de cinquième génération, ou 5G, introduisaient « de nouveaux risques d’espionnage et de perturbation ». Il n’est pas le seul à le croire. Huawei est un élément essentiel de la lutte sino-américaine, dont les responsables des services de renseignement occidentaux ont longtemps averti qu’il constituait une menace pour la sécurité nationale.
Avec tout cela en arrière-plan, le gouvernement fédéral est confronté au dilemme de savoir s’il faut autoriser les opérateurs sans fil à utiliser le matériel Huawei dans ses réseaux 5G. Le géant chinois de la technologie est l’un des trois principaux fournisseurs mondiaux […] de ce prochain bond en avant en termes de vitesse et de capacités de données […]
Les responsables américains ont exprimé de vives inquiétudes quant à la possibilité pour Huawei de faire partie de la nouvelle infrastructure technologique. […] Le « cheval de Troie Huawei » pourrait permettre aux services de renseignement chinois d’exploiter directement le cœur des données des Canadiens, a averti l’automne dernier le conseiller à la sécurité nationale de Trump, Robert O’Brien, lors d’un forum sur la sécurité à Halifax. Huawei professe son indépendance vis-à-vis de l’État autoritaire, mais la loi chinoise peut désormais obliger les entreprises à participer aux opérations de renseignement.
Laisser Huawei aider à construire un réseau 5G pourrait conduire les États-Unis à restreindre le partage de renseignements avec le Canada, ont averti certains législateurs […] La décision du Canada quant à l’addition de Huawei dans son infrastructure 5G défavorisera donc soit les Chinois, soit les Américains, dépendamment du choix.
La firme de technologie s’est déjà implantée au Canada depuis son arrivée à Ottawa en 2008 […] Huawei Canada affirme investir chaque année des millions dans les universités canadiennes. Alykhan Velshi, vice-président des affaires corporatives chez Huawei Canada, dit que son entreprise a déjà passé 12 ans à construire le secteur des télécommunications au nord de la frontière. « Nous employons plus de 1 200 Canadiens », dit-il. « En collaboration avec nos partenaires canadiens, nous avons aidé à construire les réseaux sans fil 4G LTE et 3G sur lesquels les gens comptent aujourd’hui à travers le pays. »
La décision actuelle de la société d’approfondir ces racines est une réponse partiellement redevable à son refus chez des meilleures universités de recherche américaines. Huawei a versé des millions dans les écoles américaines au cours de la dernière décennie, mais l’année dernière, Princeton, Stanford et Berkeley, entre autres, ont rompu leurs liens suite aux pressions de Washington et de la nouvelle loi fédérale interdisant aux bénéficiaires de fonds fédéraux d’utiliser l’équipement ou l’infrastructure de Huawei.
Huawei Canada insiste sur le fait qu’il travaille depuis des années en collaboration avec le Centre canadien de la sécurité des télécommunications, le service fédéral d’espionnage électronique. « Nous sommes en contact régulier avec le gouvernement et ses agences de sécurité », explique Velshi. « Nous leur avons répété à maintes reprises que lorsqu’il est question de la sécurité du réseau 5G, nous sommes prêts à subir tous les tests et à répondre à tous les critères pour les assurer de l’engagement de Huawei en matière de sécurité et de protection de la vie privée. »
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L’opinion répandue dans les cercles chinois est que le Canada est la « patte de chat » des États-Unis — un partenaire subalterne qui suit aveuglément ses préceptes, explique Wesley Wark, expert en sécurité nationale et professeur invité au centre de gestion publique de l’Université d’Ottawa. Le dilemme de la 5G pourrait être une chance pour le Canada de montrer ses capacités de décision souveraine, dit-il. Wark souligne qu’il ne pense pas qu’Ottawa devrait tenir compte de son dilemme des prisonniers dans sa décision 5G. Mais si cela peut montrer à la Chine, par acte ou par rhétorique, qu’elle décide de se libérer de l’influence américaine, « ce serait merveilleux si cela créait une ouverture pour que les Chinois repensent la détention des deux Michaels », dit-il.
Wark croit que le Royaume-Uni pourrait avoir donné au Canada une voie à suivre avec une décision de compromis qui semble avoir apaisé la Chine (mais pas les États-Unis). Le Royaume-Uni désigne Huawei comme un « fournisseur à haut risque » qui ne peut pas construire son système 5G de base ou tout équipement autour d’une infrastructure gouvernementale critique, mais peut fournir du matériel périphérique — des équipements comme des antennes qui ne font que transmettre des données entre les utilisateurs et le cœur sécurisé. Cette route peut s’avérer attrayante pour le Canada, car les majors des télécommunications Telus et Bell ont toutes deux déclaré qu’elles chercheraient différents fournisseurs pour leurs cœurs 5G, mais souhaitent pouvoir incorporer des équipements Huawei ailleurs dans le réseau.
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