Pierre-Yves Rougeyron est président du Cercle Aristote, rédacteur en chef de la revue Perspectives Libres, et directeur des éditions du même nom. Diplômé de droit, de sciences politiques et de criminologie, ancien élève de l’EGE, il est actuellement étudiant en intelligence économique. Il a sorti en 2013 un ouvrage intitulé Enquête sur la loi du 3 janvier 1973.
R/ Que vous inspire la gestion calamiteuse de la Macronie de l’épidémie ?
Elle est logique. Emmanuel Macron est issu d’un anti-étatisme idéologique, il préfère la protection des flux à celle des français. Une fois cette grille de lecture assimilée on comprend qu’il n’y a rien d’illogique à la non-fermeture des frontières (pour protéger le marché intérieur européen), à l’absence de réserve stratégique (nous pourrons toujours les acheter car dans l’économie-monde tous s’achète) et les multiples conflits d’intérêts qui minent l’action de l’état au profit de la star-up nation. Au lieu de réagir par la politique on réagit par le procédural (appel d’offre ect..) et résultat on se fait coiffer par un chef de rayon à Carrefour plus habile pour trouver des masques qu »un diplomate ou hiérarque français.
R/ Notre dépendance à l’extérieur dans des domaines portant stratégiques ( comme les médicaments ou les masques) est révélatrice de la fin de notre souveraineté nationale et économique ? Plus largement, payons-nous 50 ans de désintrualisation au nom des principe de la rentabilité libérale ?
Oui, mais pas uniquement. Nous payons le changement de paradigme voulu par nos élites à partir des années 1970. Nous avions un triangle institutionnel que nous pourrions résumer à grands traits par : Plan (direction et prométhéisme politique et scientifique) – Banque de France (finance d’Etat relativement indépendante de la grande rente jugée responsable de la crise de 1929) – Protectionnisme (protection des standards sociaux). Nous avons décidé de changer vers Gouvernance (système adémocratique de gestion des populations à base d’extension des droits individuels et minoritaire pour accentuer les divisions horizontales et de d’expertocratie pour subtiliser la question démocratique)- marchés financiers (retour de la grande rente dans un système mondialisé qui lui permet d’échapper aux risques de punition qu’elle a connu après la crise de 1929 permis par l’existence d’une monnaie monde et d’une armée assez forte pour la maintenir)- libre-échange (garantie des flux physique et de la généralisation des standards sociaux régressifs comme normes de références). Nous aurions pu assumer un autre avenir fait de participation, de puissance et d’indépendance. C’est l’ensemble du système qui craque et dont la désindustrialisation est une conséquence.
R/ L’Union Européenne pourra t-elle survivre à la crise ?
Le despotisme tombe suite à un acte politique, il ne tombe pas sous son poids comme un fruit trop mur. Tant que cet acte n’est pas venu, l’UE et son tournant autoritaire en raison de sa germanisation sera là, moins forte mais toujours nuisible.
R/ La devise du cercle Aristote est une citation de Charles Peguy : « tout ce qui élève unit ». Comment mettre en pratique cette éthique dans la période actuelle ?
Rassembler, dialoguer, construire et se préparer à des soirs de batailles et des lendemains d’épreuves pourraient être un chemin si nous savons y trouver de l’effort, de l’unité, de la poésie et de la beauté pour résister à la noirceur de ce temps
Merci encore pour vos réponses
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