Depuis une trentaine d’années, la cause est entendue chez les candides détracteurs de l’impérialisme américain : c’est le pétrole, ma bonne dame ! Quelques présidents texans, une pincée d’Halliburton voire, pour les plus cultivés, quelques gouttes de sauce aux Sept sœurs et vous avez la recette des guerres états-uniennes. Qui, c’est bien connu, ont invariablement lieu dans des pays producteurs aux réserves légendaires : Vietnam, Corée, Kosovo, Afghanistan, Syrie etc.
Un peu gênés, nos guérilleros de comptoir ont toutefois une dernière carte en main : le lobby pétrolier. Ah, le mot est lâché. Ce fameux lobby qui ourdit dans l’ombre les futures invasions US et tient dans sa main le Congrès, la Maison blanche, le Pentagone et – pourquoi pas après tout ? – la CIA. Plus on est de fous…
Si je force un peu le trait de manière caustique, il faut bien avouer que l’on retrouve cette légende urbaine dans une flopée de publications dites alternatives. Le fidèle lecteur sait, lui, que l’empire est au-dessus de ces enfantillages et qu’il s’agit avant tout de contrôle. Comme votre serviteur l’explique dans le livre :
L’arme énergétique est une pièce maîtresse du Grand jeu. Les Américains ne sont pas de simples voleurs de poules ; il s’agit ici de haute stratégie, bien plus cynique et géniale. En contrôlant les routes des hydrocarbures, les Etats-Unis tentent de conserver leur statut de première puissance mondiale, de plus en plus mis à mal.
Pour dresser une comparaison quelque peu triviale, imaginez quatre ou cinq colocataires dans une maison ne disposant que d’un seul réfrigérateur, fermé au cadenas. Celui qui posséderait la clé obtiendrait soudain un pouvoir considérable sur les autres, obligés de lui demander la permission de manger. De même, Washington fait tout pour conserver la clé de la nourriture énergétique mondiale afin de garder « alliés » et concurrents dans un état de dépendance.
Ce que le vénérable Henry Kissinger résumait d’un laconique « Contrôlez le pétrole et vous contrôlez les nations ».
Quant au fameux lobby pétrolier, censé faire la pluie et le beau temps, il brille surtout par son opposition ou sa soumission aux intérêts stratégiques américains, qui vont souvent à l’encontre de ses propres intérêts économiques. Sanctions contre l’Iran (où les majors ne rêvent que de faire des affaires), contre la Russie (où Exxon a perdu un milliard de dollars), BTC hors de prix contre lequel s’élevaient les compagnies participant au projet… La liste des désaccords est longue.
Elle vient encore de s’allonger au Venezuela, où Chevron tient tête aux diktats de Washington. Si le géant pétrolier californien doit, bon gré mal gré, respecter les sanctions contre Caracas, il refuse d’obtempérer aux injonctions donaldiennes de réduire ses activités en vue de quitter le pays ; il entend, au contraire, maintenir coûte que coûte sa collaboration avec PDVSA, la compagnie nationale vénézuélienne. Preuve supplémentaire s’il en fallait que lobby pétrolier et Deep State font souvent deux.
Puisque l’on est dans la région, terminons sur le troc en or mis en place entre Téhéran et Caracas. Nous assistons en effet, depuis quelques semaines, à un ballet incessant d’avions iraniens apportant de l’aide technique et matérielle, et repartant chargés de métal précieux. Petit pied-de-nez à l’empire…
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