Lors d’une conférence de presse, le président américain a laissé entendre que le coronavirus pourrait être originaire du laboratoire P4 de Wuhan. En conséquence, il a dit vouloir imposer des « taxes douanières » à la Chine pour faire face à la crise.
« Oui. » C’est par ce simple mot que le président américain, Donald Trump, a répondu à la question d’un journaliste lui demandant si certains faits lui permettaient de « croire sérieusement que l’institut de virologie de Wuhan » était « à l’origine » de la pandémie de Covid-19 qui frappe la planète. « Et je pense que l’Organisation mondiale de la santé devrait avoir honte car elle se comporte comme une agence de relations publiques de la Chine », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse le 30 avril à la Maison-Blanche.
« C’est quelque chose qui aurait pu être contenu à l’endroit d’origine et je pense que ça aurait pu être jugulé très facilement », a-t-il encore tempêté, relançant le débat à propos de ce laboratoire situé dans la capitale du Hubei, région d’origine de la maladie, et qui alimente tous les fantasmes. Déjà le 15 avril dernier, le 45e président des États-Unis avait assuré mener « un examen très approfondi » de l’origine du Covid-19, laissant entendre qu’il aurait pu s’échapper de cet institut.
Donald Trump envisage des « taxes douanières »
Une thèse alors réfutée par le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, qui rappelait le lendemain lors d’un point presse que les responsables de l’OMS avaient « déclaré à plusieurs reprises qu’il n’y avait aucune preuve que le nouveau coronavirus [ait] été créé dans un laboratoire ». « Il est impossible que ce virus vienne de chez nous », avait également fait valoir Yuan Zhiming, directeur de l’établissement, le 18 avril, sur la chaîne nationale CGTN.
« Il n’existe à ce jour aucun élément factuel permettant de corroborer les informations qui ont récemment circulé dans la presse états-unienne établissant un lien entre l’origine du COVID-19 et les travaux du laboratoire P4 de Wuhan en Chine », avait de son côté assuré une source élyséenne auprès de l’AFP, le 17 avril, à propos des allégations de plusieurs médias outre-Atlantique comme le Washington Post ou Fox News. « De conception française », d’après le site du consulat de France en Chine, le laboratoire de haute sécurité biologique P4 avait reçu la visite, lors de sa cérémonie d’accréditation le 23 février 2017, du Premier ministre de l’époque, Bernard Cazeneuve, et de sa ministre de la Santé Marisol Touraine ou encore du PDG de l’Inserm, Yves Lévy, par ailleurs époux d’Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé.
Les justifications chinoises ne semblent pas avoir convaincu le président américain, qui a cette fois menacé Pékin de mesures de rétorsion. Évoquant la mise en place de « taxes douanières », Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait réitérer la stratégie employée lors de la guerre commerciale entre Washington et Pékin.
La présidentielle en ligne de mire
Toutefois, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a lui semblé vouloir faire baisser la tension. Interrogé le 30 avril, il a nuancé les propos du locataire de la Maison-Blanche : « Nous ne savons pas si cela vient de l’Institut de virologie de Wuhan. Nous ne savons pas si cela vient du marché ou même d’un autre endroit […] Nous n’avons pas ces réponses. C’est la raison pour laquelle le président Trump a clairement fait savoir que nous avions besoin de les avoir. »
Depuis le début de la pandémie, Donald Trump s’en prend régulièrement à la Chine, qu’il accuse de mentir sur le bilan humain des victimes, alors que les États-Unis comptent 63 000 décès des suites de la maladie. Il avait par ailleurs admis réfléchir au versement par Pékin de réparations, se chiffrant en milliards de dollars, afin de faire face à la crise causée par le coronavirus.
Et pour cause, le tsunami économique provoqué par la maladie a considérablement affaibli les États-Unis, avec plus de 30 millions de nouvelles inscriptions au chômage depuis la mi-mars, selon des chiffres publiés le 30 avril par le département du Travail. Une mauvaise nouvelle pour Donald Trump qui a misé sur la croissance et l’emploi pour briguer un second mandat. Il sera opposé en novembre à Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, actuellement empêtré dans un scandale d’agression sexuelle.
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