Par Andrei Martyanov − Le 12 avril 2020 − Source Reminiscence of the Future
Rappelez-vous, dès le début, les gens qui ne traitent pas seulement de pétrole ou d’économie, mais aussi de géopolitique pratique, ont prédit et souligné que la Russie ne réduira sa production QUE lorsque les États-Unis s’y mettront aussi. Appelez ça comme vous voulez, OPEP++, Cartel, Toys R US, mais c’est en train de se produire. Rappelons ce qui a été souligné par beaucoup (moi y compris) :
La condition à Trump a été articulée, en fait, épelée de la manière la plus claire et la plus facile à comprendre : la Russie ne négociera qu’à la condition que les États-Unis se joignent à ces négociations et se montrent prêts à réduire leur propre production. C’est soit cela, soit les États-Unis réduisent leur production de la manière la plus incontrôlée possible en raison d’une dépression économique évidente qui se déroule sous nos propres yeux.
Les États-Unis ont donc fait le bon choix et s’y sont joints.
L’OPEP+ réduira de 9,7 millions de barils par jour la production pétrolière, juste en dessous de la proposition initiale de 10 millions. Les États-Unis, le Brésil et le Canada contribueront à la hauteur de 3,7 millions de barils supplémentaires à mesure que leur production diminuera. Les responsables de l’OPEP attendent toujours des informations supplémentaires de la part des membres du groupe des 20, bien qu’il ne soit pas certain que ces chiffres représentent des réductions réelles ou simplement une production ralentie en raison des forces du marché.
On ne vous l’avait donc pas dit ? Je comprends que la deuxième vague de questions assez raisonnables sur la façon dont on peut faire confiance aux États-Unis dans cette affaire arrive. La réponse à cela est sacrément simple : les États-Unis sont profondément investis dans cette coupe parce qu’il s’agit de la survie de l’industrie pétrolière américaine en tant que telle. C’est comme si une victime d’un tremblement de terre avait une de ses jambes complètement écrasée par un bloc de béton massif tombé et se trouvait face à deux options : soit mourir sur place avec sa jambe sous ce bloc, soit se faire amputer la jambe sur place (oui, cela a été fait dans la réalité et pas qu’une fois), car elle aurait été amputée de toute façon, et avoir une bonne chance de continuer à vivre. Oui, en tant que personne handicapée, mais toujours vivant avec la plupart des fonctions encore intactes. C’est une bonne analogie. C’est exactement comme ça que tout s’est passé.
Il y a encore des spéculations sur ce que sera la contribution américaine réelle aux réductions mondiales, mais il est clair qu’elle sera d’au moins 2 millions de bpj et peut-être même de 3 (en russe). Il s’agit d’un accord historique et d’un premier pas vers un cartel pétrolier mondial − l’objectif stratégique exact de la Russie qui est simplement fatiguée de soutenir les producteurs américains de pétrole et de gaz en jouant le jeu de l’OPEP. Maintenant, laissons les spéculations et les rumeurs, ainsi que les sauvetages de faces commencer, mais il est clair que MBS et les Saoudiens ont eu le cul à l’envers, comme on s’y attendait, et qu’ils ont fini par devoir assumer toute la responsabilité pour avoir déclenché la guerre contre le pétrole de schiste américain. Les gros bonnets, quant à eux, ont beaucoup à discuter, à part l’OPEP++, le pétrole et d’autres questions énergétiques. Mais c’est une autre histoire et elle est liée à noblesse oblige. Dans les actualités liées à cette question : Poutine s’est adressé hier, à la veille de la Journée russe de la cosmonautique (12 avril 1961, lancement de Gagarine dans l’espace), à l’équipage de l’ISS et a fait l’éloge de la coopération Moscou-Washington dans l’espace.
C’est une coïncidence mais je félicite également mes amis des confessions chrétiennes occidentales à l’occasion de Pâques (la fête orthodoxe orientale est le 19 avril) et comme on dit dans les pays slaves : Christos Voskrese (le Christ est ressuscité). Bonne santé et bonne chance à vous tous.
Andrei Martyanov
Traduit par Zokal, relu par Kira pour le Saker Francophone
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