J’ai récemment consulté des études de cas portant sur les dommages cardiaques chez des personnes infectées par le COVID-19. En fait, en décembre dernier, un membre de mon entourage proche a subi une myopéricardite fulminante parallèlement à une étrange infection pulmonaire dont il s’est miraculeusement remis. Je considère le SRAS-CoV-2 (le virus qui provoque la maladie du COVID-19) comme un suspect probable dans la maladie de mon ami, même si cet épisode est antérieur au début officiel de la pandémie en Europe.
L’article suivant de LiveScience fournit quelques indices sur la manière dont le cœur et les poumons peuvent être gravement affectés en cas d’infection par le COVID-19 :
Un lien mystérieux entre le coronavirus et le cœur
« Nous voyons des cas de personnes qui n’ont pas de maladie cardiaque sous-jacente », qui souffrent de lésions cardiaques, a déclaré le Dr Erin Michos, directrice adjointe de cardiologie préventive à la Johns Hopkins School of Medicine. Les lésions cardiaques ne sont pas typiques dans les cas bénins de COVID-19, et ont tendance à se produire plus souvent chez les patients qui présentent des symptômes graves et qui sont hospitalisés, a-t-elle déclaré. […]
Les cellules cardiaques et pulmonaires sont recouvertes de protéines de surface connues sous le nom d’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) – ces molécules servent de « portes d’accès » permettant au virus de s’introduire dans les cellules. Mais cette enzyme est une « épée à double tranchant ». D’une part, la molécule ACE2 agit comme une passerelle pour que le virus pénètre dans la cellule et se réplique, mais d’autre part, elle sert normalement une fonction « protectrice », a déclaré le Dr Michos.
Lorsque les tissus du corps sont endommagés – soit par un virus invasif tel que le SRAS-CoV-2 soit par d’autres moyens, le processus naturel de guérison du corps implique la libération de molécules inflammatoires, telles que de petites protéines appelées cytokines, dans la circulation sanguine. Mais paradoxalement, trop d’inflammation peut en fait aggraver les choses. L’enzyme ACE2 agit comme un anti-inflammatoire, empêchant les cellules immunitaires d’infliger encore plus de dommages aux cellules du corps.
Mais lorsque le virus s’attache aux protéines ACE2, celles-ci sont mises hors service, ce qui réduit possiblement la protection anti-inflammatoire qu’elles procurent. Ainsi, le virus peut devenir un facteur aggravant, en endommageant directement les cellules et en empêchant le corps de protéger les tissus contre les dommages inflammatoires.
« Si le muscle cardiaque est enflammé et endommagé par le virus, le coeur ne peut pas fonctionner », affirme le Dr Michos.
Le nouveau coronavirus pourrait également endommager le cœur indirectement. Selon ce scénario, le système immunitaire du patient « se détraque », précise le Dr Michos. Ce scénario s’est produit chez certains patients vraiment malades qui ont des marqueurs inflammatoires très élevés – ou des protéines qui signalent des niveaux élevés d’inflammation dans le corps.
C’est ce qu’on appelle une « tempête de cytokines », ajoute le Dr Michos. Les tempêtes de cytokines endommagent les organes de tout le corps, y compris le coeur et le foie. On ne sait pas pourquoi certaines personnes ont une réponse aussi élevée par rapport à d’autres, mais certaines personnes pourraient y être génétiquement prédisposées, affirme le Dr Michos. […]
Il est vraiment difficile de déterminer si avoir plus d’ACE2 est utile ou nocif, car ces protéines sont le moyen par lequel le virus pénètre dans les cellules, mais on sait aussi qu’elles protègent les cellules contre les dommagess, déclare le Dr Michos.
Une prépublication sur le tabagisme et l’hospitalisation pour COVID-19 soulève la même question, à savoir si la passerelle de la molécule ACE2 est nocive ou bénéfique. Tout le monde sait que le tabagisme est nocif et qu’il est lié à de nombreuses maladies, n’est-ce pas ? Eh bien, ce qui est curieux, c’est que les fumeurs et les anciens fumeurs semblent mieux s’en sortir que les non-fumeurs, pour ce qui est des complications du COVID-19. L’article suivant « soulève l’hypothèse que la nicotine pourrait avoir des effets bénéfiques sur le COVID-19 » :
Konstantinos Farsalinos1, Anastasia Barbouni1, Raymond Niaura2
- University de West Attica, Athène, Grèce
- New York University, United States
Résumé
Le but de l’étude était d’examiner la prévalence de l’usage actuel de la cigarette électronique et du tabagisme actuel chez les patients hospitalisés atteints de COVID-19 en Chine, compte tenu de la forte prévalence du tabagisme dans la population du pays (26,6%, dont 50,5% chez les hommes et 2,1% chez les femmes). Une recherche systématique de la littérature (PubMed) a été effectuée le 1er avril. Sur 432 études, nous en avons identifié 13 examinant les caractéristiques cliniques d’un total de 5960 patients COVID-19 hospitalisés qui présentaient des données sur leur statut tabagique. Aucune étude n’a révélé l’utilisation de la cigarette électronique chez les patients COVID-19. La prévalence du tabagisme actuel variait de 1,4% à 12,6%. La prévalence groupée à effets aléatoires du tabagisme actuel dans l’échantillon total était de 6,5% (IC à 95% : 4,9-8,2%).
Cette analyse préliminaire ne soutient pas l’argument selon lequel le tabagisme actuel est un facteur de risque d’hospitalisation pour COVID-19. Au lieu de cela, ces observations cohérentes, qui sont encore soulignées par la faible prévalence du tabagisme actuel chez les patients COVID-19 aux États-Unis (1,3%), soulèvent l’hypothèse que la nicotine pourrait avoir des effets bénéfiques sur l’infection au COVID-19. Cela pourrait être attribué à ses effets immunomodulateurs et à son interaction avec le système rénine-angiotensine. Cependant, d’autres facteurs de confusion doivent être pris en compte, et on doit déterminer avec précision le statut tabagique déclaré. Toutefois, les résultats étaient remarquablement cohérents dans toutes les études et ont été récemment corroborés dans la première série de cas de COVID-19 aux États-Unis.
En conclusion, le conseil répandu d’arrêter de fumer comme mesure pour améliorer les risques pour la santé reste valable, mais aucune recommandation ne peut actuellement être faite concernant les effets du tabagisme sur le risque d’hospitalisation pour COVID-19. Aucune étude enregistrant le statut d’utilisation de la cigarette électronique chez les patients COVID-19 hospitalisés n’a été identifiée. Ainsi, aucune recommandation ne peut être faite pour les utilisateurs de cigarettes électroniques. Les observations susmentionnées, ainsi que les mécanismes potentiels par lesquels la nicotine interagit avec le processus inflammatoire et l’axe rénine-angiotensine-aldostérone impliqués dans le développement du COVID-19, justifient une investigation urgente des effets cliniques de la nicotine pharmaceutique sur la sensibilité au COVID-19, ainsi que sur la progression et la gravité de la maladie.
Pour expliquer pourquoi les fumeurs semblent mieux s’en sortir, les auteurs théorisent que la nicotine pourrait avoir des effets immunomodulateurs bénéfiques. Cependant, ils affirment également que les interactions entre la nicotine et l’axe rénine-angiotensine-aldostérone restent floues.
À l’autre extrémité de ce débat, l’article suivant publié dans The American Journal of Physiology considère que la nicotine a un effet néfaste sur l’organisme par le biais du même système :
La nicotine et le système rénine-angiotensine
doi.org/10.1152/ajpregu.00099.2018
Cette étude se concentre sur l’interaction entre la nicotine et le système rénine-angiotensine (SRA), l’un des plus importants systèmes de régulation des fonctions autonomes, cardiovasculaires et pulmonaires, tant dans le domaine de la santé que dans celui de la maladie. La littérature présentée dans cette étude suggère fortement que la nicotine altère l’homéostasie du SRA en régulant à la hausse l’axe des récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA)/angiotensine (ANG)-II/ANG II de type 1, et à la baisse l’axe des récepteurs compensatoires ECA2/ANG-(1-7)/Mas, contribuant ainsi au développement de la BPCO.
Cet article inclut un graphique illustrant ce que l’on sait sur la voie de la nicotine et de l’angiotensine :
Notez que, bien que les auteurs décrivent le système rénine-angiotensine comme l’un des plus importants systèmes de régulation des fonctions autonomes, cardiovasculaires et pulmonaires, tant pour la santé que pour la maladie, ils oublient quelque chose de fondamental. Le système de régulation le plus important de l’organisme est sans doute la branche parasympathique du système nerveux autonome, qui fait office de circuit automatisé anti-inflammatoire principal de l’organisme.
Le nerf vague est le cœur du système nerveux parasympathique. C’est le « système anti-stress » du corps. Le nerf vague est un nerf calmant et relaxant, qui s’étend de votre cerveau jusqu’à votre abdomen, se divisant en de multiples branches qui atteignent votre gorge, votre cœur, vos poumons et tous vos viscères. Il est également appelé « le vagabond », car il erre dans tout votre corps. Lorsque vous respirez profondément, ce nerf vagabond est activé et libère de l’acétylcholine, qui réduit la production de molécules inflammatoires comme les cytokines. Rappelez-vous la « tempête de cytokines » qui se produit dans les cas graves de COVID-19.
Les récepteurs de l’acétylcholine, également appelés récepteurs cholinergiques, se divisent en deux catégories, en fonction des substances chimiques qui imitent ou antagonisent l’action de l’acétylcholine sur ses cellules cibles. Dans les études classiques, la nicotine, isolée du tabac, était l’une des substances chimiques utilisées pour distinguer les récepteurs de l’acétylcholine. En effet, notre corps contient des récepteurs nicotiniques pour l’acétylcholine. Les fumeurs subissent souvent une légère altération temporaire de leurs capacités cognitives lorsqu’ils arrêtent de fumer, jusqu’à ce que leur corps se réadapte à l’arrêt de l’afflux de nicotine. Cette aggravation est due au fait que la nicotine agit comme un agoniste imitant les récepteurs d’acétylcholine, qui est importante pour l’apprentissage, la mémoire et les fonctions cognitives.
La production de cytokines, ainsi que le facteur de nécrose tumorale (TNF) et l’interleukine-6 (IL-6), nous protègent contre les agents pathogènes et favorisent la réparation des tissus, mais une libération excessive de cytokines peut entraîner une inflammation systémique, une défaillance d’organe et finalement la mort, comme c’est le cas chez certains patients atteints du COVID-19.
La régulation autonome de l’inflammation locale et systémique – c’est-à-dire le lien moléculaire entre le cerveau et le système immunitaire – se fait par la voie cholinergique anti-inflammatoire. C’est le mécanisme qui comprend le nerf vague et son neurotransmetteur, l’acétylcholine, un processus qui dépend de la sous-unité alpha-7 du récepteur nicotinique de l’acétylcholine (α7 nAChR).
L’acétylcholine a un effet inhibiteur direct sur la production de cytokines pro-inflammatoires, évitant ainsi les effets néfastes d’une production excessive de cytokines. La nicotine, l’agoniste prototype du récepteur nicotinique de l’acétylcholine, atténue la libération de cytokines telles que le TNF. La stimulation du nerf vague diminue l’inflammation sans effets secondaires indésirables sur les fonctions des organes telles que la respiration, le rythme cardiaque et la motilité intestinale.
Le graphique suivant, où une infection bactérienne favorise une production excessive de cytokines, résume la voie anti-inflammatoire cholinergique, qui est activée de manière endogène (interne) par l’acétylcholine (Ach), ou de manière exogène (externe) par la nicotine (Nic) :
La nicotine et l’acétylcholine utilisent le même récepteur, la sous-unité alpha-7 du récepteur nicotinique de l’acétylcholine (α7 nAChR). Ce récepteur – la clé d’activation de cette réponse anti-inflammatoire – est également essentiel pour la mémoire, la mémoire de travail, l’apprentissage et l’attention. C’est pourquoi tout un secteur pharmaceutique étudie ce mécanisme en vue de l’éventuel développement et de la commercialisation d’agonistes nicotiniques non dérivés du tabac en tant que médicaments anti-inflammatoires.
Ainsi, comment la voie anti-inflammatoire cholinergique dépendante du nAChR α7 peut-elle être si facilement négligée ou ignorée ?
En tant que neuralthérapeute, il m’est impossible de ne pas faire le lien. En fait, tous les neuralthérapeutes savent que le système nerveux autonome (ou système nerveux végétatif) est le système le plus sous-estimé de la médecine conventionnelle, mais il est pourtant au cœur de tout notre système : la rapidité avec laquelle nous guérissons des blessures, la perception de la douleur, le fonctionnement du système digestif, le rythme cardiaque, la régulation du stress et de l’inflammation, etc. Il relie tous les systèmes du corps, et les données montrent qu’il peut le faire de manière non linéaire.
Votre système nerveux autonome est la clé de la régulation de nombreux systèmes de votre corps, sinon de la plupart, et il fonctionne efficacement jusqu’à ce que telle ou telle affection devienne la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Même si une nouvelle maladie ou un nouveau symptôme paraissent banaux à première vue, s’ils surviennent après une série d’agressions antérieures contre votre système, il est probable que le système nerveux autonome se soit déjà « effondré » et ne régule plus le chaos dans votre corps.
Votre nouvelle maladie par ailleurs banale pourrait – pour un praticien allopathe incapable de l’identifier par des tests standard comme l’endoscopie, l’échographie, les scanners, etc. – sembler sans rapport avec des problèmes systémiques ou chroniques. Mais c’est probablement parce que ce praticien n’a pas une « vue d’ensemble ». La thérapie neurale, également connue sous le nom de médecine régulatrice, est basée sur l’activation du système parasympathique « antistress » et de sa voie anti-inflammatoire cholinergique, de sorte qu’une personne puisse mieux réguler le stress et la maladie.
Le système nerveux autonome est un important réseau de fibres nerveuses partant du cerveau et s’étendant dans tout le corps ET vice versa, les neurones atteignant la plupart des organes de notre corps. Ces neurones libèrent des substances chimiques qui affectent les cellules cibles de nos organes. Cela signifie qu’indépendamment des substances chimiques qui affectent les cellules cibles telles que le système rénine-angiotensine, qui est un sujet brûlant dans les dernières publications de plusieurs revues à comité de lecture, le système nerveux autonome demeure le « cerveau » qui régule les processus tels que la vasoconstriction ou la vasodilatation (rétrécissement ou dilatation des vaisseaux sanguins).
Le système nerveux autonome régule toutes les fonctions involontaires de notre corps – par exemple les yeux, les glandes (salivaires, lacrymales, sudorales), les vaisseaux sanguins, le cœur, le larynx, la trachée, les bronches, les poumons, l’estomac, les glandes surrénales, les reins, le pancréas, l’intestin, la vessie et les organes génitaux externes. Il est divisé en deux sous-systèmes apparemment opposés : le système sympathique et le système parasympathique. Le système sympathique est associé à une réaction de lutte ou de fuite face à un danger telle qu’une infection. Au contraire, le système parasympathique, comme nous l’avons vu plus haut, est associé à la croissance, la restauration et la régénération.
C’est pourquoi l’activation de la branche parasympathique du système nerveux autonome nous aide à réduire l’inflammation incontrôlable. Elle met un frein à l’hyperactivité de la branche sympathique en réponse à un stress trop important dû à une infection virale.
Revenons au principal point d’entrée du COVID-19 dans les cellules : l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) :
On sait que l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) est présente dans la plupart des organes. L’ACE2 est fixée à la membrane cellulaire des cellules épithéliales alvéolaires du poumon, des entérocytes de l’intestin grêle, des cellules endothéliales artérielles et veineuses et des cellules des muscles lisses artériels dans la plupart des organes. L’expression de l’ARNm de l’ACE2 se trouve également dans le cortex cérébral, le striatum, l’hypothalamus et le tronc cérébral.
Le cortex cérébral, le striatum, l’hypothalamus et le tronc cérébral sont riches en neurones cholinergiques, et font tous partie de notre système nerveux. Ils sont également liés à notre moi conscient, à notre apprentissage et à notre mémoire.
Comme je l’ai dit au début de cet article, un membre de mon entourage proche a survécu à une myocardite fulminante d’origine virale et à une étrange pathologie pulmonaire. Il est sorti de l’unité de soins intensifs et est rentré chez lui, avant que sa fièvre ne réapparaisse quelques semaines plus tard. Il a reçu un traitement au pipéracilline-tazobactam qui a porté ses fruits. Il ne fume pas non plus, et il a failli mourir. Il a également reçu plusieurs séances de neuralthérapie (parmi de nombreuses autres interventions thérapeutiques) pour l’aider à lutter contre sa tempête de cytokines. La bonne nouvelle est que, depuis lors, il s’est parfaitement rétabli et est très satisfait du fonctionnement de son cerveau. Ses capacités de réflexion n’ont jamais été aussi bonnes. Pas mal pour quelqu’un qui a plus de 75 ans et qui gagne sa vie en faisant des mathématiques et de la physique !
Références supplémentaires
- Pavlov, Valentin A. The cholinergic anti-inflammatory pathway. Brain, Behavior, and Immunity 19 (2005) 493 – 499.
- Rosas-Ballina, M. et al. Cholinergic control of inflammation. Journal of Internal Medicine, 2009: 265; 663-679.
- Van Westerloo, David J., The vagal immune reflex: a blessing from above. Wiener Medizinische Wochenschrift (2010) 160/5 – 6:112 – 117.
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)