Tous les analystes s’entendent pour corroborer la thèse à l’effet que la démission fracassante de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a été l’élément déclencheur de la crise qui s’ensuivit au sein du gouvernement Trudeau. Par contre, il m’apparaît essentiel de remonter le temps pour parcourir les méandres qui ont conduit à cette saga catastrophique.
D’entrée de jeu, Chrystia Freeland, en tant que responsable du budget du gouvernement et, par le fait même en tant que cosignataire principale avec le premier ministre, a contribué de facto au déficit astronomique actuel de 62 milliards $. Dans ces conditions, il est à se demander pourquoi elle aurait démissionné en alléguant qu’elle était en désaccord avec le congé temporaire de TPS proposé par Justin Trudeau. En bref, d’où lui est venu subitement cet élan de parcimonie? Par ailleurs, nonobstant l’attitude pour le moins cavalière de Justin Trudeau à l’égard du manque de tact flagrant avec lequel il a signifié sa décision à Mme Freeland, il faut admettre que cette dernière a manqué de loyauté envers ses confrères libéraux en refusant le poste de responsable des Relations extérieures avec les États-Unis, une fonction que son expertise financière aurait pu avantageusement combler.
Venons-en maintenant à l’allocution prononcée par Justin Trudeau devant sa résidence annonçant sa démission en tant que chef du Parti libéral du Canada (PLC) et premier ministre du pays. D’abord, les faits parlent par eux-mêmes. Le PLC traîne loin derrière les Conservateurs dans les sondages depuis plusieurs mois. Ensuite, les commentaires d’un bon nombre de députés, voire de ministres, réclamant la démission de leur chef ne cessent de s’accumuler. Or dans sa conférence de presse du 6 janvier, Justin Trudeau argue que «C’est devenu clair que je ne peux pas être le chef dans les prochaines élections à cause des batailles internes.» À mon avis, un tel argumentaire dénote un manque flagrant de transparence compte tenu qu’il est en grande partie responsable des «batailles internes» auxquelles il fait allusion, lesquelles, de surcroît, sont étroitement liées à sa perte de leadership et de crédibilité auprès de son caucus.
Enfin là où le bât blesse avec le plus d’intensité réside dans son entêtement à ne reconnaître aucun sentiment de culpabilité au cours de la lente traversée dans le désert qui l’aura trituré depuis le début de cette crise infernale. Encore une fois, il aura perdu une belle occasion, et probablement la dernière, de faire preuve d’humilité et de sagesse devant ce fiasco lamentable.
Henri Marineau, Québec
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