Le peuple syrien s’est libéré des Assad mais leurs chantres campistes feignent de l’ignorer…
Des milliers et des milliers des Syriens de tout âge qui dansent et qui s’embrassent, qui pleurent et qui chantent, qui brandissent le nouveau drapeau du pays et qui célèbrent la fin de la tyrannie, au centre des villes syriennes mais aussi à Paris, à Istanbul et à Moscou, à Berlin ou à Stockholm, partout de par le monde où se sont réfugiés les presque 7 millions de Syriens chassés de leur pays depuis 2011. Et des milliers des Syriens qui franchissent les frontières même à pied, et retournent dans leur pays après un très long exil forcé. Mais aussi, des milliers des Syriens qui cherchent leurs proches emprisonnés, torturés ou disparus dans les geôles et dans les innombrables fosses communes du régime !
Ces terribles scènes de joie mais aussi d’indicible douleur humaine qui ne peuvent que bouleverser et émouvoir profondément tout être humain tant soit peu sensible, laissent pourtant de marbre ceux de par le monde – de droite et d’extrême droite comme de gauche – qui ont peur et haïssent les révoltes populaires et ne voient en elles que des « complots » des puissances plus ou moins occultes. Faisant preuve d’une totale insensibilité, ceux-là préfèrent ne rien dire de ces scènes de joie et de douleur du peuple syrien en chair et en os. Pas un mot. Rien que des théories complotistes qui les amènent à inventer actuellement une Syrie sans Syriens, où s’affrontent uniquement des… intérêts géostratégiques étrangers. Exactement comme ils avaient inventé et défendu hier une Syrie de rêve où le clan des Assad ne massacrait pas ses sujets mais jouissait de leur soutien enthousiaste ! Et ce faisant, ils se posent en négationnistes, dignes successeurs et clones de leurs si tristement célèbres ancêtres qui n’ont rien vu, les uns des camps d’extermination nazis, et les autres des goulags staliniens !…
Évidemment, ils ne voient rien parce qu’ils ne veulent pas voir ce qui infirme leur vision du monde. Alors, ils remplacent la lutte de classes par la lutte des camps impérialistes adverses, allant même jusqu’à découvrir des vertus progressistes et…anti-impérialistes à l’un de ces camps non moins barbare et impérialiste que l’autre ! Et comme ils veulent que leurs actes soient conformes à leurs théories, ils deviennent les adorateurs et les propagandistes de ces barbares et obscurantistes dictateurs « anti-impérialistes » et n’hésitent pas à se mettre à leur service en défendant leurs élucubrations réactionnaires et leurs crimes !
Alors ce n’est pas du tout surprenant qu’à la racine de leur dérive qui fait d’eux des auxiliaires des dictateurs sanguinaires et réactionnaires, se trouve le fait qu’ils ne croient pas en la capacité des ceux d’en bas de se révolter et de faire des révolutions. C’est pourquoi ils ne voient dans les insurrections populaires que des « complots » et des manipulations des masses ignares par les puissants ! Comme par exemple dans le cas des révoltes populaires du « Printemps Arabe », qu’ils réduisent à un… « complot » des services étasuniens. Ce qui les amène à proclamer que les masses des opprimés ne sont, et ne peuvent être, que des simples figurants de l’histoire. Et aussi et surtout, que seuls les tout puissants services secrets impérialistes sont capables de faire l’histoire ! Manifestement, une telle profession de foi conspirationniste se situe aux antipodes de l’affirmation de Marx que « les hommes font leur propre histoire »…
Ce n’est donc pas un hasard que ce qui caractérise leur façon de penser le monde actuel et d’agir en conséquence c’est leur conception policière de l’histoire. C’est pourquoi leur première réaction face à un quelconque mouvement populaire, c’est de se demander… « qui est derrière lui ? ». Car il leur est impossible d’admettre que ceux d’en bas, les travailleurs, les femmes, les jeunes ou les peuples opprimés puissent se révolter pour prendre leur sort entre leurs mains, sans être manipulés par personne. Voici d’ailleurs la raison qui explique – au moins en partie – leur aversion pour les mouvements sociaux et altermondialistes qu’ils regardent toujours avec suspicion, étant dans l’impossibilité de déceler… « qui est derrière eux »…
Toutefois, force est de constater que leur conception policière de l’histoire et leur insensibilité sont bien sélectives. Par exemple, ceux qui d’habitude se disent antifascistes et n’hésitent pas de taxer de « fasciste » ceux qui n’aiment pas (par exemple, le président Ukrainien Zelensky), « oublient » et passent sous silence le fait – nullement insignifiant – que l’organisateur du terrible appareil de répression du régime des Assad a été Aloïs Brunner, le dirigeant nazi le plus recherché après la chute du Troisième Reich. Bras droit d’Adolf Eichmann et qualifié à juste titre de “boucher de Salonique” par les très rares survivants (seulement 4 % du total !) de la grande communauté juive de cette ville appelée aussi “Jérusalem des Balkans”, Brunner qui a trouvé asile à Damas auprès de Hafez Assad lequel l’a protégé bec et ongles jusqu’à sa mort en 2010, a été un monstre sadique qui aimait torturer avec ses mains, et a “enseigné” personnellement les pires tortures aux tortionnaires syriens…
Les voilà donc maintenant, tous ces « amnésiques » complotistes et autres compagnons de route du très sanguinaire et corrompu régime des Assad dont ils « oubliaient » systématiquement les horreurs, qui font la fine bouche devant les célébrations de peuple syrien enfin libéré de ses bourreaux. Sans doute, c’est le comble de l’hypocrisie.(1) Oui, le peuple martyrisé de Syrie aura un calvaire à surmonter. Mais, qui oserait prétendre que ceux, la Russie de Poutine en tête, qui ont maintenu ce régime en vie en rasant les villes syriennes et en massacrant par centaines de milliers leurs habitants, ne soient pas les premiers et plus grands responsables de ses malheurs d’hier et d’aujourd’hui ?
Note
1. Il a suffi que Deutsche Welle dénonce, preuves a l’appui, la diffusion par Tik Tok de quelques photos et vidéos truqués des prisons de régime syrien, pour que la plupart des grands médias grecs titrent que tout ce qu’on raconte et montre sur les geôles-« boucheries » des Assad sont des mensonges. Évidemment, ces médias grecs qui sympathisent depuis longtemps avec Trump, Netanyahou et surtout avec Poutine, ont « oublié » de citer la conclusion de l’enquête de DW. Le lecteur attentif comprendra le pourquoi de cet « oubli » en lisant cette conclusion très instructive : « La diffusion de fausses informations sur les atrocités sape non seulement les efforts visant à les documenter et à enquêter sur celles-ci, mais elle entrave également que leurs auteurs en soient tenus pour responsables. Une telle désinformation peut conduire à un phénomène connu sous le nom de déni des atrocités, où la crédibilité des véritables violations des droits de l’homme est remise en question, affaiblissant ainsi les efforts de justice et obscurcissant la vérité. »
Détail plus qu’éloquent qui montre que cette « désinformation » fait, malheureusement, un tabac en Grèce : selon un dernier sondage, les dirigeants étrangers les plus populaires en Grèce, sont d’abord Poutine et ensuite Trump…
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir