Ce qui arrive à Ottawa…

Ce qui arrive à Ottawa…

Gardons en tête que ce qui se passe à Ottawa arrive dans un pays étranger, bien que les bulletins de nouvelles ne le laissent pas entendre. La démission de Chrystia Freeland n’est qu’une anecdote de plus dans la crise que Trudeau a provoquée dans le fédéralisme canadien. Quel meilleur argument pour quitter le Canada que la situation actuelle où se trouve le fédéral ? En effet, ce pays ingouvernable n’est pas à la hauteur de ce que les Québécois attendent d’un État. Et ce n’est pas Polièvre qui, à la tête d’un gouvernement du Canada, va rétablir les choses. Il ne va que les empirer. Comme Trump aux États-Unis. Au libéralisme étriqué ne peut pas succéder un libertarien sans que les choses aillent de plus en plus mal. À l’entendre, Polièvre règlerait toutes les difficultés au moyen d’une baguette magique démagogique faite de slogans creux de politicien qu’il croit dénoncer sans se cibler lui-même.

La déconfiture de Trudeau annonce la déconfiture du Canada et l’incapacité de gérer ce pays dans l’intérêt des Québécois. Personne n’a cru dans la réduction de la TPS et encore moins dans un chèque de 250 $. Tous les analystes s’entendaient pour avouer le peu d’envergure de la mesure pour sauver le gouvernement. Il y aura des élections et la fin du régime approche. Tous les indices annoncent que Trudeau sera battu.

Qu’y a-t-il à prévoir d’un tel nouveau gouvernement ? Que le Canada vire à droite et s’éloigne de ce que les Québécois veulent voir se dessiner à la tête d’un État qui n’intervient que pour diminuer ses dépenses et couper davantage. Les Québécois sont habités à ce que l’État intervienne pour solutionner les problèmes pas pour les aggraver. Et ce qu’ils ont vu d’un Trudeau, c’est qu’il agit au mieux lorsqu’il copie le Québec dans des mesures de longue date, comme les garderies ou la loi anti-briseurs de grève 30 ou 50 ans plus tard.

Ce qui domine au Canada c’est un suivisme dont nous pouvons très bien nous passer. Polièvre bloquera tout ça et, dans quelques années, les Canadiens se retrouveront avec un gouvernement qu’ils voudront battre. Et il n’y aura comme alternative qu’un Parti libéral revampé qui leur fera perdre leur temps pour réformer leur société. Plusieurs Canadiens progressistes envient le Québec dans sa manière de se gérer. Et ils n’ont pas tort, tellement la gouvernance du Canada retarde sur leurs besoins. Les monopoles encerclent le pouvoir sans qu’ils n’y puissent rien.

Les derniers reportages du Journal de Québec révèlent combien notre gouvernement peut être servile face aux grandes compagnies qu’il abreuve de nos taxes, mais, en même temps l’État nous permet une plus grande égalité synonyme de solidarité entre nous.

Qu’il y ait, comme à Ottawa, une grande promiscuité des grands monopoles n’empêche pas l’État de jouer un rôle que les Québécois mobilisés lui ont imposé au fil des ans. Cette proximité n’a pas été tolérée outre mesure et les différents gouvernements qui se sont succédé n’ont pas eu la marge de manœuvre pour se mettre au service du capitalisme entièrement. Ils ont dû composer avec une solidarité vigilante qui a toujours réclamé une juste part de la répartition de la richesse qui a façonné la société en une social-démocratie dont la droite ne cesse de se plaindre pour être trop socialiste.

Ainsi, comme société tout à fait distincte, les Québécois ne se reconnaissent dans le fédéral que grâce à une constante propagande, tantôt orchestrée par le pouvoir lui-même, tantôt relayée par des compradores installés au pouvoir tout provincial qui ne reflètent pas la mentalité d’indépendance que les Québécois ont manifestée contre la conscription ou dans les derniers référendums.

Encore, 37 % des Québécois optent franchement pour l’indépendance et il n’est pas dit que l’offre du prochain, annoncée par une victoire du PQ sur la CAQ, sera gagnée par un Canada en décrépitude comme celui de Trudeau. Imaginez un instant que le bloc joue son rôle d’indépendantiste véritable dans ce Canada dépérissant. Ce parti achèverait de démolir ce pays sans gouvernails qui ne sait plus où donner de la tête. À vrai dire, la tête de ce pays, menacé par un Trump de tarifs hors du commun, se décompose d’une telle manière que les Québécois pourraient bien ne pas y reconnaitre ce qu’ils demandent d’un État : un minimum de cohérence qui, sans que ce soit l’idéal, assure à l’État un fonctionnement qui finisse par les servir indépendamment de qui gouverne.

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