Discours du Secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, le 14 décembre 2024, au sujet des développements récents au Liban et en Syrie.
Source : Axis of Tabyeen
Traduction : lecridespeuples.substack.com
Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des mondes, et que la paix et les bénédictions soient sur le plus noble des créatures, notre maître (le Prophète) Muhammad, sur sa famille pure et immaculée, sur ses compagnons pieux et choisis, ainsi que sur tous les prophètes et les justes jusqu’au jour de la résurrection. Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.
Je vais aborder quatre points :
- Notre évaluation des événements et de l’agression contre le Liban, ainsi que de notre situation actuelle et future.
- L’avenir de la Résistance au Liban.
- Le plan d’action du Hezbollah pour les étapes à venir.
- La position [de la Résistance] face aux évolutions en Syrie.
I — L’agression contre le Liban : causes et conséquences
Je commence par notre évaluation des événements [concernant le Liban] et de notre situation actuelle et future. Soutenir Gaza était un acte noble et élevé. C’est un devoir pour nous, mais aussi pour l’ensemble de la nation [musulmane], pour tous les Arabes et tous les musulmans. Lorsqu’ils [les Arabes et les musulmans] ont manqué à leurs obligations, les sionistes sont devenus tyranniques, faisant ce qu’ils voulaient, devenant des pharaons sur cette terre.
Nous nous attendions à une agression contre le Liban — cette agression criminelle et usurpatrice d’« Israël » — à tout moment. Cependant, nous ne savions pas quand les sionistes choisiraient d’agir. Cette situation s’est manifestée avant le Déluge d’Al-Aqsa et s’est poursuivie après. L’agression a eu lieu en septembre. Bien que nous ignorions la date précise, cette attaque n’était en réalité pas liée au soutien à Gaza, mais au projet expansionniste d’« Israël ». L’ennemi cherche à éliminer toute Résistance susceptible de faire obstacle à son projet expansionniste dans la région.
Qu’a accompli l’ennemi avec son agression contre le Liban ?
En toute clarté, [l’ennemi] a réussi à assassiner des dirigeants du Hezbollah, notamment son Éminence, le Maître des Martyrs de la Nation [musulmane], Sayed Hassan Nasrallah — que Dieu, l’Exalté, lui accorde Sa satisfaction — ainsi que d’autres cadres et combattants. Il a également pénétré notre réseau de communication et détruit des appareils tels que les bipeurs. Ce sont là certaines de ses réalisations, et le prix à payer a été élevé et douloureux pour nous.
Cependant, l’ennemi n’a pas atteint ses objectifs lors des opérations de fin septembre. Il a ensuite perpétré des crimes brutaux contre nos civils, nos villages, nos maisons, contre des personnes désarmées, des enfants et des femmes. Ces crimes visaient à briser la Résistance, mais ils ont échoué malgré les lourds sacrifices que nous avons consentis. Les crimes israéliens n’ont donc rien d’une réussite.
De notre côté, nous avons empêché l’ennemi d’atteindre son objectif : anéantir la Résistance et la « broyer », comme il l’a affirmé à plusieurs reprises. Les combattants résistants l’ont stoppé sur le champ de bataille [à la frontière libanaise], et nos roquettes ont frappé le front intérieur (les territoires occupés). Nous avons infligé de grandes souffrances à l’ennemi et provoqué le déplacement de plus de 200 000 colons. De plus, la Résistance a tué des centaines de soldats ennemis, en a blessé des centaines d’autres et causé d’importants dégâts économiques, sociaux et divers à l’intérieur d’« Israël ».
En résumé, nous avons réussi à empêcher l’ennemi d’atteindre son objectif de briser la Résistance, et il nous a infligé des pertes en ciblant nos dirigeants et nos moyens de communication. Nous avons tenu bon, et notre peuple a consenti de grands sacrifices pour préserver la Résistance. Je tiens ici à saluer ces braves, ces protecteurs de la Résistance, qui l’ont portée et considérée comme leur unique et fondamental choix face à cette confrontation. Ils ont soutenu les combattants héroïques qui ont tenu leurs positions sur le champ de bataille.
À ceux qui nous demandent : « Pourquoi avez-vous souffert tout cela ? », je réponds que l’alternative aurait été la reddition et la perte de tout. Mais jamais nous ne nous rendrons, et jamais nous n’accepterons l’humiliation. La Résistance du Hezbollah ne permet pas de telles choses.
Et ici, à ceux qui estiment que le problème survenu au Liban réside dans l’ampleur des pertes — [ils demandent] : « Ô Hezbollah, que faites-vous face à ces lourdes pertes ? » La vraie question devrait être : « Que faisons-nous face à cette grande agression ? » L’agression est le véritable problème ; la confrontation [de cette agression] ne l’est pas. [Dieu] l’Exalté a dit dans Son Livre glorieux : « Ne faiblissez pas et ne vous affligez pas : vous aurez le dessus, si vous êtes fidèles. Si une blessure vous atteint, une blessure semblable a déjà atteint [ces gens] ; et Nous faisons alterner ces vicissitudes parmi les hommes… » [Coran, s. 3, v. 139-140]. Louange à Dieu qui nous a soutenus, louange à Dieu qui nous a permis de triompher, louange à Dieu qui nous a accordé une véritable victoire dans cette confrontation.
L’ennemi « israélien » a compris que l’horizon de la confrontation avec la Résistance du Hezbollah était bloqué, et il s’est donc orienté vers un accord pour mettre fin à l’agression. Pour mémoire, cet accord a été présenté par Hochstein et négocié entre « Israël » et les États-Unis. Il a ensuite été soumis à l’État libanais et à M. [Nabih] Berri. Le président [du Parlement] Berri a émis des observations, tout comme nous. Nous avons modifié ce que nous pouvions dans cet accord. Ainsi, c’est Hochstein qui l’a proposé, et nous l’avons accepté avec les détails que nous y avons ajoutés.
Qu’est-ce qui a poussé l’ennemi à conclure un accord et à mettre fin à l’agression ? Trois facteurs de force et de fermeté [de notre part] ont conduit l’ennemi, ainsi que ses soutiens, au désespoir de continuer [leur agression].
- Le premier facteur est la constance légendaire des combattants de la Résistance sur le champ de bataille.
- Le deuxième facteur est le sang des martyrs et leurs sacrifices, menés par le sang du Maître des Martyrs de la Résistance, Sayed Hassan Nasrallah — que Dieu, l’Exalté, lui accorde Sa satisfaction —, qui ont donné une grande motivation à nos hommes, à notre nation [de l’Islam] et à notre peuple [pour rester] fermes et résister [à cette agression].
- Le troisième facteur est la gestion politique globale et efficace de la « bataille des puissants », fondée sur le combat et la résistance, qui a conduit à ce résultat.
L’ennemi a été contraint de recourir à un cessez-le-feu en raison de [notre] force et de [notre] fermeté.
Nous estimons que la Résistance a triomphé, car l’ennemi n’a pas pu atteindre son objectif principal, qui était l’élimination du Hezbollah. Il n’a pas non plus réussi à faire revenir [ses] colons sans [parvenir à] un accord, ni à ouvrir la voie à la création d’un « Nouveau Moyen-Orient » par la porte du Liban. Nous avons été une barrière infranchissable, empêchant cet objectif d’être réalisé via le Liban.
La Résistance est restée sur le champ de bataille jusqu’au dernier moment [de la guerre], et les combattants ont continué à résister sur la ligne de front, la tête haute, avec une grande force. L’imam Ali — que la paix soit sur lui — a dit : « Lorsque Dieu a observé notre sincérité, Il a infligé la défaite à notre ennemi et nous a accordé la victoire. » [Nahj al-Balagha, Sermon 56]
Cet accord vise à mettre fin à l’agression ; il ne s’agit pas d’un accord destiné à mettre fin à la Résistance. Cet accord est une mise en œuvre exécutive dérivée de la résolution 1701 [de l’ONU], limitée à la zone située au sud du fleuve Litani. Conformément à cet accord, « Israël » se retire jusqu’à la frontière libanaise, et l’armée libanaise se déploie [dans cette zone] en tant qu’unique autorité armée, de sorte qu’il n’y ait ni individus armés ni armes [visibles] dans cette zone.
L’accord n’a aucun lien avec les affaires intérieures du Liban, les relations entre la Résistance et l’État [libanais] ou l’armée, ni avec la présence des armes [de la Résistance]. Toutes ces questions nécessitent un dialogue et des discussions internes.
Pendant cette période, nous avons supporté des centaines de violations « israéliennes » afin de faciliter l’application de l’accord et d’éviter d’y faire obstacle. Cela nous a également permis d’exposer l’ennemi « israélien » et de placer toutes les parties concernées face à leurs responsabilités. Le gouvernement est chargé de surveiller et d’empêcher les violations, tandis que le comité dédié au suivi de l’accord a pour mission de veiller à la mise en œuvre de celui-ci et de prévenir les violations « israéliennes ».
Quant à nous, Hezbollah, nous surveillons ce qui se passe et agissons selon notre évaluation de ce qui est le mieux dans l’intérêt général. Voilà pour le premier point.
II — Quel avenir pour la Résistance ?
Il semble nécessaire de mieux comprendre la réalité de la Résistance. Qu’est-ce que la Résistance ? La Résistance, c’est à la fois une foi et une préparation. Une foi en Dieu, le Très-Haut, en la liberté, la dignité, et en la défense de la vérité, de la terre et de la patrie : « Toute puissance appartient à Dieu, à Son Apôtre et aux croyants… » [Coran, s. 63, v. 08]. Et une préparation, à travers les armes et les ressources, pour protéger cette foi face aux ennemis. Car ces derniers ne s’arrêteront jamais d’eux-mêmes : ils continueront d’agresser, de chercher à transformer les doctrines, à manipuler les opinions et à ébranler les convictions ; ils voleront les richesses et les ressources. Comment leur faire face ? Avec des mots ? Cela ne suffit pas. Avec des plaintes ? Cela ne suffit pas non plus. La seule option est de les confronter en se dotant de la force adéquate.
Nous avons répété maintes fois, et je le redis aujourd’hui : la Palestine est le cœur de la lutte pour la libération dans cette région. Pourquoi ? Parce que l’« Israël » agressif, qui occupe la Palestine, fait de cette occupation un point de départ pour dominer toute la région. Il est donc crucial que nous affrontions ensemble cette tumeur cancéreuse, afin d’enrayer son expansion d’un côté et de mettre fin à son occupation de l’autre. Chacun doit contribuer selon ses capacités, ses circonstances et sa réalité, plutôt que de rester passif et laisser « Israël » nous détruire, un par un.
La légitimité de la Résistance réside dans sa foi en sa cause, quelle que soit l’importance de ses ressources, qu’elles soient abondantes ou limitées. Quand nous parlons de Résistance, nous parlons de confrontation, de droits, de terres, et d’un peuple qui cherche à récupérer ce qui lui revient et à s’opposer à des ennemis qui veulent l’en priver. Cette légitimité s’inscrit dans la foi, l’humanité, la morale universelle et à tous les niveaux.
La Résistance ne triomphe pas en infligeant un coup de grâce à son ennemi ; elle gagne point par point. Elle peut durer dix ans, cinquante ans, ou plus encore – nul ne le sait. Ce qui importe, c’est qu’elle persiste, qu’elle continue de résister, qu’elle renverse l’idole, le tyran et l’occupant. La Résistance connaît des victoires, mais aussi des revers, manche après manche ; c’est la nature même de son combat. Ce qui compte, c’est sa constance, sa capacité à se maintenir sur le terrain malgré des ressources parfois limitées.
Lorsque la Résistance fait des sacrifices, cela ne signifie pas qu’elle a échoué, mais qu’elle paie le prix de sa continuité. Ces sacrifices permettent à la Résistance de se structurer, de tenir debout. Quand l’ennemi frappe la Résistance, tue ses membres et l’assiège par la force ou le contrôle des ressources, que cherche-t-il ? À saper ses fondations, à briser sa volonté pour provoquer son effondrement. Ainsi, les sacrifices sont le prix naturel de la pérennité de la Résistance.
L’Imam Khomeini, que Dieu sanctifie son âme noble, a dit : « Tant que nous sommes dans la vérité, nous sommes victorieux. » Voilà la véritable victoire. Être victorieux, c’est rester inébranlable. Être victorieux, c’est maintenir la Résistance. Être victorieux, c’est ne pas céder aux voix discordantes rongées par la déception, le désespoir, la peur et la terreur. L’essentiel est de demeurer dans la vérité. Comme l’a dit Ali al-Akbar, fils de l’Imam al-Hussain, à Karbala – que la paix de Dieu soit sur lui – : « Ne sommes-nous pas dans la vérité ? Alors cela ne nous dérange pas de mourir en étant véridiques. »
Sur cette base, la Résistance du Hezbollah continue avec foi et préparation, et les sacrifices qu’elle consent ne font qu’accroître notre responsabilité face à cet ennemi expansionniste. Rien ne peut freiner cet ennemi hormis la Résistance, et la libération des terres ne peut se faire que par la Résistance. Les leçons de l’Histoire sont claires : le Liban a-t-il été libéré autrement que par la Résistance ? « Israël » a-t-il quitté la zone frontalière occupée sans la Résistance ? Comment avons-nous pu contenir « Israël » pendant 17 ans, de 2006 à 2023, si ce n’est grâce à la Résistance ? La victoire de juillet 2006, qui a mis un terme au projet du « Nouveau Moyen-Orient », n’a-t-elle pas été rendue possible par la Résistance ?
Nous ne disons pas : « Venez à la Résistance pour l’établir. » Nous disons : « Venez à la Résistance qui existe déjà, qui a prouvé son efficacité, et qui a démontré que cet ennemi ne reculera jamais et ne quittera jamais les terres autrement que par la Résistance. »
Elle [la Résistance] est donc permanente et, à chaque étape, adopte ses propres méthodes et approches. Cela signifie que la Résistance ne se limite pas à une seule forme de confrontation. Si, par la volonté de Dieu, des évolutions ou certaines conditions surviennent, nous adaptons certaines méthodes et approches. L’essentiel est que la Résistance perdure, mais ses méthodes et approches s’ajustent à chaque étape, et c’est sur cela que nous travaillons.
Oui, nous avons défendu le Liban. Nous l’avons défendu parce que l’agression récente visait le Liban, pas seulement nous, même si nous étions directement ciblés. Cette agression contre le Liban, nous l’avons repoussée et stoppée aux frontières grâce à la résistance légendaire des combattants, à leur constance, au soutien de notre peuple, de nos proches, et à la solidarité de tous les peuples libres du Liban. Je considère que tous les Libanais qui ont accueilli, soutenu, espéré la victoire de la Résistance et qui se sont opposés à « Israël » sont des partenaires à part entière dans ce processus de victoire, car ils ont soutenu la Résistance et se sont tenus à ses côtés.
Sans la fermeté des combattants de la Résistance en première ligne, « Israël » aurait atteint Beyrouth et amorcé les étapes suivantes : l’installation de colonies au Sud-Liban, l’affaiblissement des capacités du Liban, et la prise de contrôle de sa politique et de son avenir. Nous ne parlons pas d’un ennemi inconnu ni d’idées irréalisables. Regardez les crimes de cet ennemi, qui n’ont pas d’équivalent. Voyez ce qu’il fait à Gaza : 150 000 martyrs et blessés, une destruction presque totale de la région. Il déclare lui-même : « Je ne veux pas quitter Gaza. » Il affirme vouloir transformer le nord de Gaza en une zone démilitarisée, sans civils, sans habitants, sans maisons, sans vie. C’est lui qui projette de coloniser Gaza. C’est aussi lui qui dit vouloir annexer la Cisjordanie et qui s’y emploie sous la couverture du plus grand criminel, les Etats-Unis, qui le soutiennet de toutes ses ressources. Si le budget de la défense des États-Unis est de 850 milliards de dollars, il est entièrement mis au service d’« Israël ». Si les deux partis américains [démocrate et républicain] servent « Israël », si environ 500 avions ont acheminé des armes et des munitions à l’entité israélienne, ainsi qu’une centaine de navires, cela signifie que les crimes auxquels nous assistons sont perpétrés par les Etats-Unis et décidés par eux, qui offrent toujours leur couverture.
N’avez-vous pas vu ce qui s’est passé en Syrie ? Ils ont détruit toutes les capacités de l’armée syrienne sous prétexte de défense préventive, sous prétexte de crainte pour l’avenir, sous divers arguments, avec la complicité directe des Etats-Unis. Cela prouve la politique expansionniste de cet ennemi, qui vise à anéantir toute la région, dès qu’il en a l’occasion. Dans d’autres pays arabes, un par un – je ne vais pas les nommer ici – ils agiraient de la même manière. Ils convoitent tous les pays arabes, d’abord ceux qui les entourent, puis ceux plus éloignés. Nous faisons face à un ennemi expansionniste dangereux, qui a occupé une partie du Golan sur des centaines de kilomètres. Que fait le monde ? Pourquoi cette occupation ? Quel « danger » justifie ces actes ? Il n’y en a pas, mais ses intentions expansionnistes se réalisent dès qu’il en a l’opportunité.
Nous devons donc poursuivre la Résistance. Oui, la Résistance, avec son peuple et l’armée [libanaise], a empêché l’ennemi d’atteindre ses objectifs expansionnistes au Liban. Ce ne sont pas des slogans. Pourquoi dis-je « avec son peuple et son armée » ? Parce que notre armée est une armée nationale. Elle a payé un lourd tribut avec des dizaines de martyrs parce qu’elle est présente sur le terrain. C’est notre armée qui se déploiera dans le Sud pour expulser « Israël ». C’est notre peuple qui a fait preuve de cohésion, d’unité et de coopération jusqu’à ce que nous obtenions ce résultat.
En conclusion : le Hezbollah est fort et se remet de ses blessures. Le Hezbollah continue, la Résistance continue, et le Liban, avec ses éléments de force, persiste. Le Liban est fort grâce à son armée, son peuple et sa Résistance, qui empêchent la sédition de se répandre au sein de cette trinité [Armée-Peuple-Résistance] et dans le pays. Ceux qui espéraient la fin du Hezbollah ont vu leurs espoirs déçus. Ceux qui comptaient sur « Israël » pour faire basculer l’équilibre politique au Liban en leur faveur ont échoué dans leur lecture et dans leurs choix. Ceux qui considèrent le Hezbollah comme une force efficace et influente dans la vie politique constateront de notre part un accueil et une coopération pour le bien d’un Liban fort et stable, politiquement, économiquement et socialement. Le Liban se relève grâce à tous ses fils et toutes ses composantes.
III — Quel est le programme d’action du Hezbollah pour la phase à venir ?
Je le résumerai en cinq points principaux, qui constituent le programme de travail sur lequel nous allons nous engager et [grâce auquel nous serons] des partenaires clés dans la construction de l’État :
- Mise en œuvre de l’accord au sud du fleuve Litani.
- Reconstruction, avec le soutien de l’État chargé de cette tâche, et en coopération avec tous les pays, organisations, nations sœurs et amis souhaitant aider le Liban dans [sa] reconstruction.
- Travail assidu pour élire un président le 9 janvier afin de remettre en marche les rouages de l’État.
- Participation, par le biais de l’État, à un programme de sauvetage économique, social et de réformes, basé sur l’appartenance nationale, l’égalité devant la loi et l’accord de Taëf, tout en s’attaquant à la corruption et en traduisant les corrompus en justice.
- Dialogue constructif sur les questions sensibles.
Naturellement, plusieurs questions sensibles nécessitent un dialogue. Par exemple :
- Quelle est la position du Liban concernant l’occupation « israélienne » de son territoire ? Nous voulons engager un dialogue pour unifier notre vision : comment faire face à cette occupation et libérer la terre, sans accepter sa pérennité.
- Comment renforcer l’armée libanaise pour qu’elle devienne un pilier de protection du Liban ?
- Quelle stratégie de défense pour le Liban, intégrant la Résistance et le peuple comme soutien à la libération ?
Ces enjeux, parmi d’autres, appellent une concertation entre Libanais.
IV — La Syrie
Nous avons soutenu la Syrie en raison de sa position de confrontation avec « Israël » et de sa contribution au renforcement des capacités de la Résistance via son territoire, au profit du Liban et de la Palestine. Cependant, le régime actuel est tombé aux mains de nouvelles forces. Il serait prématuré de les juger avant leur stabilisation, la clarification de leurs positions et l’organisation du régime syrien.
En attendant, voici nos attentes et espoirs :
- Que le nouveau régime et le peuple syrien choisissent une coopération entre les deux peuples et les deux gouvernements du Liban et de la Syrie, basée sur l’égalité et l’échange de capacités.
- Que toutes les parties, sectes et composantes de la société syrienne participent à la formation et à la gouvernance du nouveau régime, afin que le pouvoir en Syrie repose sur ses citoyens et non sur la domination d’un groupe sur un autre.
- Que la nouvelle direction considère « Israël » comme un ennemi et refuse toute normalisation des relations avec lui.
Ces points détermineront la nature de notre relation avec la Syrie. Le peuple syrien a le droit de choisir ses dirigeants, son régime, sa constitution et son avenir. Nous espérons qu’il fera des choix libres, non influencés par des pays extérieurs poursuivant des ambitions en Syrie ou servant l’ennemi « israélien ».
Certes, nous avons perdu une voie d’approvisionnement militaire à travers la Syrie, mais cette perte n’est qu’un détail dans l’œuvre de la Résistance. Peut-être que ce nouveau régime restaurera naturellement cette voie, ou bien nous trouverons d’autres chemins. La Résistance est flexible, elle ne s’arrête à aucune limite spécifique. L’essentiel est qu’elle perdure. Ses méthodes et itinéraires peuvent changer, mais elle s’adapte pour renforcer ses capacités et répondre à ses besoins par tous les moyens nécessaires.
Nous pensons que la situation en Syrie n’aura pas d’impact négatif sur le Liban. Au contraire, l’ennemi est désormais préoccupé par la Syrie, où des conditions spécifiques prévalent. Nous prions pour que — si Dieu le veut — la Syrie émerge stable et unifiée, suivant la volonté de son peuple.
Globalement, la région traverse une période de pression intense. Les Etats-Unis et « Israël » contrôlent de nombreux chemins stratégiques, ce qui engendre une pression à l’échelle régionale. Toutefois, nous croyons que les forces actives de la région resteront présentes et agiront en conséquence. Il revient à ces forces de réévaluer leurs stratégies et méthodes. Si un modèle précédent s’avère inefficace, il faut l’ajuster, combler ses lacunes et s’adapter aux nouvelles réalités.
Nous espérons que l’analyse de ces développements majeurs aboutira, si Dieu le veut, à des résultats positifs.
En conclusion, j’adresse tous mes vœux de paix, d’une paix entière, à tous les amoureux de la liberté et de la libération. J’adresse tous mes vœux de paix, d’une paix entière, aux nobles martyrs. J’adresse tous mes vœux de paix, d’une paix entière à notre peuple qui s’est sacrifié, a lutté et a tant donné. Et j’adresse mes salutations de paix aux résistants légendaires qui nous ont permis de garder la tête haute. La Résistance continue, si Dieu le veut.
Que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa miséricorde et Ses bénédictions.
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples