Par Alexandre Gerbi
Une fois de plus, le 101e département français défraye la chronique. Hier pour sa submersion migratoire, ses bidonvilles, sa criminalité, son eau boueuse sortant du robinet ; aujourd’hui pour le cyclone qui l’a changé en champ de ruines. Mais dans l’ombre de Mayotte martyrisée, la Révolution anjouanaise de 1997, assassinée, se dresse comme un spectre. Même sur CNews qui pourtant parle de l’île avec bienveillance, les journalistes n’en pipent mot. Occultez cette Histoire que je ne saurais voir ! Ceux qui sont censés informer le peuple n’ont même pas l’excuse de pécher par ignorance. Nous l’avons assez répété depuis 2006, et encore l’an dernier sur Omerta. Même Wikipédia, pourtant peu encline à s’écarter de la doxa, en fait mention, ici, ici et là. Or cacher au peuple français cette réalité historique capitale, revient à l’empêcher de comprendre à ce qui se passe à Mayotte et ailleurs. Mais c’est le but recherché, me direz-vous. Il serait tellement navrant que la France renaisse de son outre-mer… Explication.
Si Mayotte était dans un état normal, le cyclone l’aurait éprouvée mais pas dévastée. C’est parce que Mayotte était déjà à l’agonie que la tempête l’a achevée.
La tragédie mahoraise est une métaphore. Dans cette Ve République consubstantiellement gorgée de mépris pour son outremer en dépit de sa tartufferie antiraciste (mais ces deux attitudes sont liées et se répondent), la petite rescapée de la grande lessive gaullienne (1958-1962, où la quasi-totalité des territoire africains furent largués par le Général, pour la plupart contre leur gré) est aussi l’incarnation des impasses, des hypocrisies et des lâchetés qui caractérisent profondément le régime…
La Révolution anjouanaise occultée
C’est si vrai que ledit régime, à travers ses médias et sa presse en l’an 2024, continue de falsifier le récit de l’histoire de ce département, comme il travestit du reste l’histoire générale de la décolonisation. C’est chez lui une vieille habitude, presque un réflexe… Ainsi la tragédie mahoraise est frappée du sceau du mensonge dans toute la presse et les médias.
Quel est ce mensonge ? Il procède par omission.
Personne n’explique nulle part qu’Anjouan et Mohéli, îles voisines de Mayotte, ont réclamé pendant des décennies leur retour dans la France.
Ces deux îles composent avec Grande Comore l’archipel du même nom, auquel Mayotte appartient également. En 1975, Grande Comore, Anjouan et Mohéli sont devenues indépendantes, à la différence de Mayotte qui choisit de rester française.
Mais Anjouan eut rapidement des regrets (sur place, la rumeur publique affirma même que le référendum de 1975 avait été truqué par Giscard, pour se débarrasser d’eux…) et souhaita retrouver la France. En 1981, soit six ans après leur accession à l’indépendance, un collectif réunissant près de 380 notables anjouanais écrivit dans ce sens au nouveau président Mitterrand. Leur demande resta lettre morte.
Cette aspiration fut souvent réaffirmée par la suite, dans des manifestations pro-françaises parfois spectaculaires. Elle a toujours été ignorée, refusée par Paris.
En désespoir de cause, au cours de l’été 1997, Anjouan puis Mohéli se soulevèrent. Ce fut la Révolution anjouanaise. Les deux îles, la plus petite suivant la plus grande, firent sécession de la république des Comores et proclamèrent unilatéralement, dans la foulée, leur rattachement à la France… Là encore, et malgré son caractère spectaculaire, l’Etat français ignora la revendication.
Dès avant cette année 1997, dans une démarche aisément compréhensible, des Anjouanais et des Mohéliens vinrent toujours plus nombreux s’installer à Mayotte, pour essayer de récupérer la France qui leur était refusée chez eux. L’échec de la Révolution « rattachiste » de 1997 ne fit qu’amplifier ce mouvement.
Tel est la réalité que les médias taisent : la submersion migratoire que connaît Mayotte est avant tout le fait, que cela plaise ou non, de Français revendiqués. Une revendication émanant d’un ancien territoire français, que les pouvoirs publics français ont choisi d’ignorer. Sans en informer le peuple français. Les Français n’étaient-il pourtant pas en droit de savoir que d’anciens compatriotes souhaitaient retrouver la France ? Libre au peuple français, le sachant, d’y consentir ou non.
Du moins si nous sommes bien en démocratie…
Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes… à sens unique
Les médias se livrent à un grave et curieux manquement en ne mentionnant jamais la Révolution anjouanaise de 1997, pourtant dûment documentée. Mais cette occultation n’est pas si mystérieuse.
Sous la Ve République, le mouvement des populations ultramarines est déclaré grand et noble élan vers la liberté lorsqu’il prend la sortie, mais il est réputé vil intéressement dans le sens contraire.
En 1997, à Moutsamoudou, capitale d’Anjouan, la Marseillaise scandée par la foule, les manifestations pavoisées de drapeaux tricolores et les « Vive la France ! » badigeonnés sur les murs n’y changent rien. La volonté de retrouver la France, cher ami, ne peut être inspirée que par une soif de RSA et d’avantages, n’est-ce pas, matériels ou financiers, que procure notre passeport. Le patriotisme des Anjouanais et autres Mohéliens pour la France, vous n’y pensez pas sérieusement ? L’affaire est entendue. Par conséquent, le peuple français n’a pas besoin d’être informé de ces fariboles.
C’est ainsi que tout retour d’Anjouan et de Mohéli dans la France fut refusé. Ces deux îles se sont donc progressivement déversées dans Mayotte. Qui déborde. De 45 000 habitants en 1975, elle est passée aujourd’hui à plus de 300 000, peut-être 400 000 habitants, voire davantage. Personne ne sachant plus très bien compter dans le chaos bien antérieur au cyclone.
Île minuscule, d’une superficie équivalente à vingt kilomètres sur vingt, Mayotte a donc vu sa population multipliée par dix en un demi-siècle. S’ajoutant à l’incurie de l’Etat dans tous les domaines, ce phénomène l’a conduite dans une situation pas si loin de l’apocalypse…
Si nos gouvernement n’avaient pas été complètement irresponsables…
Si nos gouvernements n’avaient pas été complètement irresponsables, ils auraient entendu l’appel des Anjouanais et des Mohéliens.
Sinon en 1981, quand Mitterrand ignora la lettre des 380 notables.
Mais au moins en 1997, lorsque la Révolution anjouanaise se propagea à Mohéli.
Au lieu de désavouer les deux petites sœurs de Mayotte, le gouvernement français aurait dû entrer en discussion avec le gouvernement comorien pour trouver une solution conforme à l’intérêt de toutes les parties et, aussi, au droit international : en l’occurrence, le fameux droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Soit il en eût résulté le rattachement d’Anjouan et de Mohéli à la France, et partant le tarissement immédiat de la plus grande partie du flux migratoire en direction de Mayotte. Et nous ne serions pas aujourd’hui dans la situation lamentable, catastrophique que nous connaissons. Bien entendu, la France compterait, quelle horreur, deux départements d’outre-mer supplémentaires.
Soit Anjouan et Mohéli seraient restées séparées de la France malgré leur volonté d’en faire partie, c’est-à-dire au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au plan symbolique, démonstration eût été ainsi faite que la voix des peuples n’a en réalité aucune importance en ces questions décoloniales, comme on le sait depuis au moins la Loi 60-525. Plus concrètement, il eût fallu dès lors instaurer un ordre implacable à Mayotte à l’encontre des migrants, à commencer par un dense et permanent réseau de gardes-côtes, la suppression du droit du sol, les expulsions systématiques de tous les clandestins. A ce prix, on eût pu espérer préserver l’équilibre démographique et social sur l’île aux parfums.
On sait que rien de tout cela ne fut fait.
Anjouan et Mohéli n’ont pas été départementalisées, et Mayotte a été progressivement submergée par l’immigration de masse en provenance d’Anjouan et de Mohéli, de Grande-Comore, enfin de l’Afrique entière.
La misère, les bidonvilles, la criminalité ont proliféré jusqu’à rendre infernale la vie des habitants.
Le cyclone et les mensonges ont fait le reste.
Mais surtout, les médias dévoyés, continuez de bien taire la Révolution anjouanaise de 1997. Il ne faudrait surtout pas que le peuple français comprenne enfin et réfléchisse… Ni que la France cesse enfin de rétrécir et de pourrir…
Taisez-la bien…
Alexandre Gerbi
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