Syrie : Que se passe-t-il dans Alep et sa région ? par Mouna ALNO-NAKHAL

Syrie : Que se passe-t-il dans Alep et sa région ? par Mouna    ALNO-NAKHAL

Revue de presse

Le 28 novembre à 18H39, le chercheur syrien Basel al-Khatib décrivait la situation brièvement et en ces termes :

Tableau général et contexte stratégique :

• Opérations ordonnées par les sionistes…

• Mot de passe : « Al-Assad joue avec le feu », (phrase prononcée le 26 novembre 2024 par Netanyahou lorsqu’il a annoncé son accord sur le cessez-le-feu au Liban, Ndt)…

• Attaque des campagnes d’Alep et d’Idlib par des troupeaux terroristes…

• Attaque planifiée censée se transformer en une guerre d’usure longue et cruelle et dont l’exécution était prévue pour le cas où la Syrie participerait directement à la guerre contre l’entité sioniste…

• C’est donc une attaque qui se prépare depuis longtemps…

• L’attaque est actuellement gérée par une cellule d’opérations comprenant des sionistes, des Turcs, des Étasuniens, des Britanniques et des Ukrainiens…

• Tous les équipements, munitions et armes, que les Étasuniens ont transportés ces derniers temps vers leurs bases illégales en Syrie étaient destinés aux terroristes afin de préparer cette attaque…

• Les Turcs participent directement en personnel et en armement…

• Les Ukrainiens participent en tant qu’officiers du commandement opérationnel…

• L’attaque n’est qu’une étape de la guerre contre Gaza et le Liban, dans le prolongement de la guerre majeure qui a débuté contre la Syrie en 2011 et pour les mêmes objectifs. En un mot : nous sommes toujours en guerre…

• Une opération avec de nombreux participants, chacun ayant un objectif distinct de l’autre…

Situation tactique sur le terrain :

• Les terroristes ont fait quelques progrès au cours des premières heures en raison de l’ampleur et de la violence de l’attaque…

• Une attaque à laquelle ont participé des terroristes (d’élite), acheminés des quatre coins de la planète, d’une grande expérience et d’un haut niveau de formation…

• L’armée s’est retirée de la première ligne de front afin de préserver la vie des soldats et absorber le choc…

• L’avancée des terroristes le long des lignes de front a été stoppée…

• Les terroristes ont subi de lourdes pertes, que ce soit au niveau de leurs forces d’attaque, de leurs positions arrière ou de leurs lignes de ravitaillement…

• Intervention massive et écrasante des forces aériennes syriennes et russes…

• Décision stratégique russe prise au plus haut niveau : écrasement des terroristes quoi qu’il en coûte et soutien maximum à l’armée syrienne…

• La Russie considère que cette bataille est sa bataille, comme si elle se déroulait à la périphérie de ses villes.

• Décision iranienne similaire, quoi qu’il en coûte…

• Mobilisation des forces syriennes et de ses auxiliaires sur tous les axes de combat…

• La contre-attaque est désormais proche…

• Une zone d’exclusion aérienne totale sera imposée dans le nord de la Syrie par les forces aériennes russes et syriennes ainsi que par les drones iraniens…

• La contre-attaque syrienne ne se contentera pas de la reconquête des zones dans lesquelles les terroristes sont entrés, certaines ayant déjà été reconquises à l’heure où j’écris ces mots. Elle pourrait se transformer en une libération globale, possibilité que je n’exclus pas…

• Rassurez-vous, notre armée est aux commandes…

• Vos hommes, vos fils, vos pères et vos frères sont présents et piétinent le front de ces crapules infidèles avec dans leurs cœurs assez de rage et de détestation pour occire tous les terroristes de la planète…

• Tout ce que vous pourrez entendre d’autre sur ces événements ne sera que mensonges malfaisants. Je ne vous ai jamais dit que la vérité. Si Dieu le permet, je continuerai toujours à vous dire la vérité…

• Rassurez-vous…

• Nous allons certainement gagner…

• Prière de diffuser ce message autant que possible.

source : Basell.alkhateb

*

Et le 29 novembre, M. Nasser Kandil ancien député libanais et rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa publiait un article intitulé : « Déplacement de la guerre du Liban vers la Syrie ».

Ce n’est pas un hasard si les brigades du terroriste Abou Mouhammad al-Joulani ont attaqué Alep dès que la « brigade Golani » (brigade d’infanterie israélienne également dénommée 1ère Brigade) est entrée en soins intensifs après son échec dans la guerre contre le Sud-Liban. Autrement dit, la guerre contre la Résistance libanaise reportée depuis la défaite de l’armée israélienne en juillet 2006 en attendant le moment opportun.

La guerre est, en effet, un plan permanent pour l’entité sioniste comme le prouve ce que vit la région depuis l’opération « Déluge al-Aqsa » à partir de Gaza. Néanmoins, il est évident que tout ce que l’entité d’occupation a commis contre les pays de la région n’aurait été possible sans une planification conjointe américano-israélienne.

De même, la guerre contre la Syrie est clairement israélienne, quels qu’aient été ses différents partenaires allant de Washington à Ankara en passant par les groupes terroristes et certaines capitales arabes ayant participé avec leur argent, leurs médias et leurs fatwas. Une guerre dont l’objectif est de détruire les forces de la région afin de remplir les conditions de l’hégémonie israélienne : le « Grand Israël » via l’occupation territoriale ou le Puissant Israël via l’influence régionale. D’ailleurs, si la guerre contre la Syrie avait réussi à atteindre ses objectifs, il n’y aurait pas eu de guerre contre la Résistance au Liban. Et si la guerre contre le Liban avait réussi cette fois-ci, il n’y aurait pas eu une nouvelle guerre contre la Syrie immédiatement après le cessez-le feu annoncé le 26 novembre dernier.

Et le Front Al-Nosra, lequel a lui-même annoncé via un communiqué officiel le changement de son nom en « Hay’at Tahrir al-Cham » [HTS] après s’être présenté comme la branche d’Al-Qaïda en Syrie et avoir prêté allégeance à son chef Aymanal-Zawahiri, est celui-là même que l’ancien ministre israélien de la Guerre, Moshe Ya’alon, a reconnu comme allié dans une déclaration de 2014 du fait, selon ses propres termes, de sa contribution à la protection des frontières orientales de l’entité sioniste.

Le Front Al-Nosra est celui-là même dont la Turquie réclame l’intégration au processus de la solution politique en Syrie depuis qu’il a changé de nom, vu qu’il figurait sur les listes terroristes. Et c’est celui-là même qui a lancé hier l’attaque majeure, couverte par les tirs de drones turcs, contre les positions de l’armée syrienne.

Le Front Al-Nosra est celui-là même que les États-Unis ont également cherché à intégrer dans la gouvernance syrienne en incitant l’ancien envoyé de l’ONU, Staffande Mistura, à présenter un projet de solution politique qui lui accorderait l’autonomie dans les zones syriennes se trouvant sous son contrôle.

Par conséquent ce n’est pas un hasard, non plus, que la Turquie – un membre de l’OTAN qui n’a pas rompu ses liens avec Israël par solidarité avec Gaza comme l’ont fait des pays d’Amérique latine – soit d’accord avec les États-Unis qui dirigent l’OTAN, ainsi qu’Israël qui en profite, pour un tel usage du Front al-Nosra.

En effet, le conflit en, avec ou sur la Syrie, n’est ni un conflit pour le pouvoir, ni une affaire intérieure, ni une guerre civile. Ceux qui défendent de tels récits prouvent leur parti pris contre la Syrie ; autrement dit, pour le bloc israélo-turco-étasunien. C’est pourquoi les forces de la Résistance, l’Iran et la Russie n’ont pas hésité à se ranger du côté de la Syrie.

Et c’est pourquoi la deuxième bataille d’Alep, qui vient de commencer, apparaît comme une tentative de modifier les résultats de la première bataille d’Alep. Et ceci dans l’espoir que l’armée syrienne et ses alliés soient épuisés ou désintégrés après des années de guerre ; les brigades du Front al-Nosra étant censées compenser ce que l’armée israélienne n’a pas réussi à réaliser au Sud Liban et qu’elle a besoin de récupérer ses forces, raison pour laquelle Netanyahou aurait accepté le cessez-le-feu.

source : Al-Binaa

*

Quant à Nasser Charara, rédacteur en chef du magasine Al-Hadeel, nous retenons de son article, publié ce même 29 novembre, quatre remarques principales :

En arrière-plan de la reprise de la guerre en Syrie, 72H après le cessez-le-feu sur le front libanais, l’intention d’attaquer le poumon fournissant l’oxygène au Hezbollah est évidente.

Diriger la guerre vers la Syrie en la concentrant sur Alep oblige les alliés du gouvernement syrien à déporter leur poids de la zone de conflit avec Israël, c’est-à-dire du sud de Damas limitrophe des frontières du Golan occupé, vers les régions du nord syrien ; ce que veut Israël et que Moscou ne désapprouverait pas.

Le message reçu par la Russie, suite à l’attaque de Hay’at Tahrir al-Cham et ses alliés sur Alep, est essentiellement une mise en garde consistant à mettre le président Poutine devant la possibilité d’un glissement vers un combat sur deux fronts : l’Ukraine puis la Syrie. Et le but du message est de lui faire comprendre qu’il s’approche d’une saison de concessions à Israël et aux États-Unis en Syrie, et de concessions à l’administration Trump et aux Européens en Ukraine ; le seul moyen de réussir à éteindre les incendies qui l’assiègent.

Quant à Erdogan, avec l’avènement de la présidence Trump et l’éventualité d’un retrait militaire américain de Syrie, il cherche à devenir la clé de la solution politique entre « l’opposition armée » et l’État syrien, tout comme il cherche à ce que la Turquie devienne l’État chargé de régler la situation compliquée au nord de la Syrie et de superviser les dispositions de sécurité aux frontières syriennes avec l’Irak et La Turquie.

source : Al-Hadeel

*

Mais ce 30 novembre, d’après al-Mayadeen TV et nombre de sources régionales :

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a affirmé que son pays n’est pas impliqué dans les conflits en cours à Alep, mais prend des précautions pour empêcher une éventuelle vague de déplacés. Il aurait ajouté que l’artère qui maintient en vie les groupes terroristes dans la région est entre les mains des États-Unis d’Amérique sans le soutien desquels ils ne peuvent continuer à avancer plus de trois jours, et aurait assuré que la Turquie ne permettra jamais à la structure terroriste en Syrie de devenir un État.

source : تركيا : لسنا منخرطين في الصراع الدائر في حلب ولن نسمح بأن يتحول الإرهاب إلى دولة

Traduction Deepl :

Turquie : Nous ne sommes pas impliqués dans le conflit à Alep et nous ne permettrons pas au terrorisme de devenir un État



Et la question devient : mais alors, d’où vient l’armement lourd utilisé au début de l’attaque ? Des États-Unis ? De l’Ukraine ? De la France comme certaines sources l’affirment ? De la Turquie quoi qu’en disent ses représentants, vu que sans sa frontière ayant servi de passoire à tous les terroristes venus du monde entier, la Syrie n’en serait pas là où elle est rendue ? De tous ces pays réunis ?

Quoi qu’il en soit, la propagande et la désinformation ont atteint des sommets afin d’égarer les Syriens et probablement de les pousser à fuir leur terre et, une fois de plus, les pousser à l’exil. Des bruits ont couru que les terroristes sont entrés dans Hama et Damas, ce qui vient d’être nié par Al-Akhbariya TV et le journaliste syrien Haydar Mustapha circulant dans les rues de la capitale.

Finalement, pour le moment le brouillard reste épais et les cœurs noués.

À suivre…

»» https://reseauinternational.net/syrie-que-se-passe-t-il-dans-alep-et-sa-region/

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

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